Chapitres
- 01. Situation
- 02. Vocabulaire
- 03. Structure
- 04. Analyse de chaque partie
- 05. Variété
Situation
Voltaire 1694-1778, XVIIIes, de son vrai nom François Maris Arouet, fait carrière dans les lettres. Au cours de sa vie, il dut s’exiler en Angleterre pendant trois ans puis en Hollande parce que ses œuvres ne plaisaient pas à la politique de l’époque.
Il écrit des contes philosophiques, comme Candide en 1759, Zadig ; des tragédies, comme Œdipe et Zaïre ; des épopées ; un dictionnaire philosophique ; des essais historiques ; des poèmes…
Dans Candide, il évoque son exil en Hollande, et parle du tremblement de terre de Lisbonne qui l’a marqué.
Courant littéraire : les Lumières
Vocabulaire
La meule : corps solide servant à broyer, à aiguiser, à polir
Les fétiches : objet, animal auxquels on attribue des propriétés magiques, bénéfiques
Dix écus patagons : monnaie espagnole
Structure
L’énonciation
Apologue :
- récit des circonstances l.1 à 4
- Dialogue Candide / le nègre (long monologue (ou tirade) du nègre) l.4 à 30
- Réflexion / morale de Candide (épilogue) l.31 à 37
Voltaire ne veut pas raconter une histoire, mais veut frapper l’imagination et la réflexion du lecteur. Il dénonce donc implicitement l’esclavage.
Analyse de chaque partie
L’énonciation : met en place le cadre spatio-temporel : Surinam (nom de la ville et du pays) en Amérique du Sud. Cet extrait se déroule après le passage de Candide au pays merveilleux de l’Eldorado. → contraste entre les deux pays.
Personnes isolées, simplifiées (caractéristiques du conte)
- Candide : personne naïve, simple, innocente
- Cacambo : valet, adjuvant de Candide
- Le nègre : pas de nom, le nègre représente tous les esclaves (ce n’est pas péjoratif), et montre que les esclaves n’ont pas d’identité
- Pangloss : (absent dans l’extrait), représentent ceux qui pensent tout savoir
- Mr. Vanderdendur : (absent dans l’extrait), cruel, méchant, nom à consonance hollandaise
→mise en place d’un récit assez simple
Récit des circonstances : l.1 à 4 Et début du dialogue Candide / le nègre l.4 à 15
→ Point de vue interne (celui de Candide)
« Moitié de son habit » l. 2 →personne pauvre
Code noir (=droits et devoirs des esclaves et des maîtres, paru en 1685)
→« Il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite » l. 3-4
→ « On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. » l. 10-11
Lorsque les maîtres leur coupaient la main et la jambe, c’était par mesure d’hygiène.
« Il manquait » → tournure impersonnel
Le nègre est décrit comme une moitié d’homme. Candide est debout et le nègre au sol → soumission du nègre.
Le nègre accepte son sort « C’est l’usage » l. 10, ces mots sont utilisés pour choquer le lecteur.
Candide est choqué « Eh ! Mon Dieu ! » l.4-5 ; « Etat horrible » l. 6 ; « Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide qui t’a traité ainsi ? » l. 8-9
Candide trouve monstrueux l’état de l’esclave et a un discours pathétique, contrairement au nègre.
Voltaire montre le tableau choquant d’une réalité historique poussée à l’extrême.
La tirade du nègre l. 9-30, mise en place de la réflexion sur le statut d’esclave
1erargument : l. 23-24 « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous » → litote (dire moins pour dire plus)
Le chien → meilleur ami de l’homme
Le singe → le plus proche morphologiquement de l’homme
Le perroquet → parle comme les hommes
C’est pour cela qu’il compare ces animaux aux hommes, cela montre que le traitement des esclaves est monstrueux.
Les maîtres ont fait croire aux parents que leurs enfants seront plus heureux en tant qu’esclave et ont donc abusé des familles.
→ Réflexion sur le plan moral
2eargument : argument religieux : les fétiches hollandais (péjoratif et ironique de Voltaire)
La 1èrechose faite a été de convertir les esclaves au catholicisme
« Tous enfants d’Adam » l. 26 → vient de la bible (c’est ce que disaient les missionnaires et les religieux aux familles pour qu’ils vendent leurs enfants)
3eargument : argument qui pousse le développement logique du raisonnement et montre l’absurdité :
« C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe » l.15
→ sens propre de « prix » : le sucre n’est pas cher en Europe, car ce sont des esclaves qui travaillent
→ sens figuré de « prix » : le prix de la vie, car on leur coupe leurs membres
→mise en évidence de l’aspect monstrueux
→ Logique implacable et froide
Voltaire ne donne pas d’arguments de façon explicite, mais par l’intermédiaire de personnes qui expliquent.
Réflexion / Morale de Candide l. 31 à 37
Idée de Leibniz : Dieu s’arrange pour que les choses soient les moins mal possibles.
Exclamation de Candide « O Pangloss ! … à ton optimisme » → 1eremise en question de l’optimisme
Pangloss « Soutenir que tout est bien quand on est mal » l.35 →antithèse
« Il versait des larmes … dans Surinam » l. 36-37
→pléonasme : « versait des larmes » et « pleurant »
→ Chiasme : versait (verbe), regardant (Génitif), pleurant (Génitif), entra (Verbe)
→prise de conscience de Candide, puis va dans Surinam
→ Roman d’application : roman qui met en scène en jeune homme, Candide, qui ne connaît rien à la vie et qui va évoluer par rapport à ce qu’il va vivre
C’est une étape essentielle dans la vie de Candide, puisque c’est la 1erfois qu’il prend conscience et donc qu’on ne peut pas dire que « tout va pour le mieux »
L’apologue permet donc une double leçon :
→ Leçon explicite formulée par Candide : dénonciation par le récit de la philosophie de l’optimisme
→ Leçon implicite : l’esclavage
La lutte contre l’esclave est très importante pour les philosophes des Lumières, afin de montrer les causes et les conséquences de l’esclavage, mais sans commentaires. (Abolition de l’esclavage : 1848)
Malgré cela, Voltaire était riche et bourgeois et avait des entreprises qui fonctionnaient avec des esclaves.
Variété
Registre : pathétique
Discours : direct, indirect
Niveau de langue : soutenu et courant
Figures de rhétoriques : litote (l.23-24), pléonasme et chiasme (l. 36-37)
Conclusion : un apologue représentatif des philosophes des Lumières du XVIIIe s : « imagination et réflexion du lecteur »
Candide est un conte philosophique, assimilé à l’apologue. La lutte contre l’esclavage n’est pas donnée directement mais à travers l’histoire, le discours du nègre et la prise de conscience de Candide.
Le but étant de persuader, de faire imaginer et réfléchir le lecteur : Voltaire met en œuvre une histoire en 35 lignes, avec l’esprit des Lumières (faire réfléchir le lecteur)
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