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C'est parti

Le poème

LA VILLE

Tous les chemins vont vers la ville.

Du fond des brumes,Là-bas, avec tous ses étages
Et ses grands escaliers et leurs voyages
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
Comme d'un rêve, elle s'exhume.

 

Là-bas,
Ce sont des ponts tressés en fer
Jetés, par bonds, à travers l'air;
Ce sont des blocs et des colonnes
Que dominent des faces de gorgones;
Ce sont des tours sur des faubourgs,
Ce sont des toits et des pignons,
En vols pliés, sur les maisons;
C'est la ville tentaculaire,
Debout,
Au bout des plaines et des domaines.

 

Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mâts,
Même à midi, brûlent encor
Comme des œufs monstrueux d'or,
Le soleil clair ne se voit pas:
Bouche qu'il est de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée,

 

Un fleuve de naphte et de poix
Bat les môles de pierre et les pontons de bois;
Les sifflets crus des navires qui passent
Hurlent la peur dans le brouillard:
Un fanal vert est leur regard
Vers l'océan et les espaces.

 

Des quais sonnent aux entrechocs de leurs fourgons,
Des tombereaux grincent comme des gonds,
Des balances de fer font choir des cubes d'ombre
Et les glissent soudain en des sous-sols de feu;
Des ponts s'ouvrant par le milieu,
Entre les mâts touffus dressent un gibet sombre
Et des lettres de cuivre inscrivent l'univers,
Immensément, par à travers
Les toits, les corniches et les murailles,
Face à face, comme en bataille.

 

Par au-dessus, passent les cabs, filent les roues,
Roulent les trains, vole l'effort,
Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues
Immobiles, de mille en mille, un fronton d'or.
Les rails ramifiés rampent sous terre
En des tunnels et des cratères
Pour reparaître en réseaux clairs d'éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C'est la ville tentaculaire.

[FIN DE L'EXTRAIT COMMENTÉ]

La rue – et ses remous comme des câbles
Noués autour des monuments –
Fuit et revient en longs enlacements;
Et ses foules inextricables
Les mains folles, les pas fiévreux,
La haine aux yeux,
Happent des dents le temps qui les devance.
A l'aube, au soir, la nuit,
Dans le tumulte et la querelle, ou dans l'ennui,
Elles jettent vers le hasard l'âpre semence
De leur labeur que l'heure emporte.
Et les comptoirs mornes et noirs
Et les bureaux louches et faux
Et les banques battent des portes
Aux coups de vent de leur démence.

 

Dehors, une lumière ouatée,
Trouble et rouge, comme un haillon qui brûle,
De réverbère en réverbère se recule.
La vie, avec des flots d'alcool est fermentée.

 

Les bars ouvrent sur les trottoirs
Leurs tabernacles de miroirs
Où se mirent l'ivresse et la bataille;
Une aveugle s'appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des boîtes d'un sou;
La débauche et la faim s'accouplent en leur trou
Et le choc noir des détresses charnelles
Danse et bondit à mort dans les ruelles.
Et coup sur coup, le rut grandit encore
Et la rage devient tempête:
On s'écrase sans plus se voir, en quête
Du plaisir d'or et de phosphore;
Des femmes s'avancent, pâles idoles,
Avec, en leurs cheveux, les sexuels symboles.
L'atmosphère fuligineuse et rousse
Parfois loin du soleil recule et se retrousse
Et c'est alors comme un grand cri jeté
Du tumulte total vers la clarté:
Places, hôtels, maisons, marchés,
Ronflent et s'enflamment si fort de violence
Que les mourants cherchent en vain le moment de silence
Qu'il faut aux yeux pour se fermer.
Telle, le jour – pourtant, lorsque les soirs
Sculptent le firmament, de leurs marteaux d'ébène,
La ville au loin s'étale et domine la plaine
Comme un nocturne et colossal espoir;
Elle surgit: désir, splendeur, hantise;
Sa clarté se projette en lueurs jusqu'aux cieux,
Son gaz myriadaire en buissons d'or s'attise,
Ses rails sont des chemins audacieux
Vers le bonheur fallacieux
Que la fortune et la force accompagnent;
Ses murs se dessinent pareils à une armée
Et ce qui vient d'elle encore de brume et de fumée
Arrive en appels clairs vers les campagnes.

 

C'est la ville tentaculaire,
La pieuvre ardente et l'ossuaire
Et la carcasse solennelle.

 

Et les chemins d'ici s'en vont à l'infini
Vers elle.

« La Ville », Les Campagnes hallucinées, Émile Verhaeren, 1893

Qui est l'auteur de La Ville ?
Emile Verhaeren, photo de Stefan Zweig

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire du poème

Introduction

Émile Verhaeren est un poète belge, né en 1855 vers Anvers et mort à Rouen en 1916. Parmi ses ambitions littéraires figurait la volonté de prouver que les villes pouvaient être des objets poétiques à part entière. Mais en les louant, il n'oublie pas non plus de les critiquer : il dénonce l'exode rural et le travail harassant des hommes, en insérant des images d'ordre fantastique.

Le poème « La Ville » rassemble tous ces aspects. Paul Verhaeren écrit un éloge ambivalent qui semble ne jamais pouvoir s'arrêter, à la manière de l'activité urbaine incessante.

Annonce de la problématique

Dès lors, dans quelle mesure la ville se présente-t-elle comme un objet ambigu, entre fascination et terreur ?

Annonce du plan

Notre analyse se concentrera sur la première partie du poème, jusqu'au deuxième vers disant « C'est la ville tentaculaire ».

Nous verrons d'abord que l'organisation urbaine décrite par le poète participe d'emblée à l'impression ambiguë. Nous verrons ensuite que cette organisation ambiguë donne naissance à une figure proprement monstrueuse et inquiétante.

Qui était Emile Verhaeren ?
Théo van Rysselberghe, La Lecture par Emile Verhaeren, 1903

Développement

Une organisation chaotique

La verticalité

La première caractéristique de la ville pour le poète, c’est sa dimension verticale.

Beaucoup de vers font ainsi référence à la hauteur, comme une ville qui irait toujours plus haut : « avec tous ses étages » au vers 2, « ses grands escaliers » au vers 3 (escaliers qui permettent de… monter !), « jusques au ciel » au vers 4, « colonnes » au vers 9, « des tours sur des faubourgs » au vers 11, impression accentuée encore par la préposition « sur » qui signifie l’accumulation verticale, « des toits » au vers 12, « sur des poteaux et grands mâts » au vers 19, …

Il y a d’autres mots, avec des natures spécifiques, qui renforcent encore l’impression de hauteur :

  • Les adverbes, tels que « « Debout » au vers 15, « Par au-dessus » au vers 41, qui décrivent les bâtiments urbains, toujours dirigés vers le haut
  • Les verbes, avec « exhume », au vers 5, et avec « dressant », au vers 43, conjugué au participe présent pour faire comprendre l’éternelle actualité d’être dressé

Cette verticalité est encore amplifiée par certaines hyperboles, par exemple au vers 5 : « jusqu'au ciel, vers de plus hauts étages ».

Cette verticalité vaut également pour les fondations. La dernière stance (groupe de vers formant un sens complet) fait ainsi comprendre qu’il y a une symétrie entre ce qui est émergé et ce qui est immergé, puisque sous le sol, il y a des « tunnels et des cratères ».

Il y a en fait trois espaces superposés :

  • Un espace aérien, avec les vers 41 et 42 : « Roulent les trains, vole l'effort,/Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues »
  • Un espace au sol
  • Un espace sous terre (« tunnels », vers 46)

Cela renvoie également à l’immensité de la ville, pour laquelle on trouve certaines formules explicites :

  • « du fond des brumes » au vers 2
  • « Vers l’océan et les espaces », au vers 30

Ce qui se joue, au sein de cette immense verticalité, c’est en fait l’impression de chaos.

Quelle est l'impression que dégage la ville au XXème siècle ?
The city, Fernand Léger, 1919
Un espace chaotique

À la lecture du poème, il y a indéniablement une impression hétéroclite, voire chaotique, qui se dégage.

De nombreuses choses s’accumulent dans cette ville, à travers le procédé de l’énumération désordonnée : il y a des « ponts », des « tours », des « toits », des « pignons », des « blocs », des « colonnes »…

Le poète évince volontairement les mots de liaisons (il n’y a pas de « et » par exemple) pour accentuer l’idée que les objets et les bâtiments sont enchevêtrés.

L’anaphore sur « Ce sont » (vers 8, 10, 12 et 13) a la même utilité : il y a plein de « Ce sont », au pluriel donc, qui sont posés là, comme tels, sans raison particulière si ce n’est la nécessité urbaine de l’activité. On peut également relever la présence de nombreux pluriels, qui viennent figurer le même débordement, la saturation de l’espace.

La versification participe également de l’effet chaotique : les vers qui se suivent n’ont que rarement un même nombre de pieds, ce qui renvoie au grouillement des rues, au débordement. Et lorsque par exemple la troisième strophe commence par un vers de deux pieds : « Là-bas », c’est pour inviter le lecteur à reprendre sa respiration avant l’arrivée débordante des « Ce sont », qui assaillent la vue et l’ouïe.

On peut s’intéresser également aux rythmes internes des vers, avec par exemple :

Par au-dessus, passent les cabs, filent les roues,

Roulent les trains, vole l'effort,

Le premier vers est bâti sur un rythme ternaire, sans mot de liaison, et les sonorités sont fuyantes, avec /s/ et /v/, tandis que le second vers, plus court, casse le rythme (il devient binaire) tout en gardant une certaine continuité (l’hémistiche est au quatrième pied).

Ainsi, à travers la poésie, le chaos devient une harmonie : celle de la ville.

Obscurité et bruit

Enfin, l’organisation de la ville est chaotique parce qu’il y règne l’obscurité, qui rend les choses difficilement percevables.

Le « soleil clair ne se voit pas » (vers 22), et « le charbon » et la « fumée » bouchent la vue (vers 23-24).

De même, le vacarme omniprésent semble rendre difficile le fait de se concentrer sur ce que l’on aperçoit. On pourrait ainsi relever l’ensemble du champ lexical du bruit : « bat » (vers 26), « sifflets » (vers 27), « sonnent » (vers 31), « entrechocs » (vers 31), « bataille » (vers 40), etc.

Le poète rend cette idée de bruit par les nombreuses allitérations sur des consonnes « dures », telles que le /r/ ou le /b/. Ainsi des vers 45-46-47-48-49 :

Les rails ramifiés rampent sous terre
En des tunnels et des cratères
Pour reparaître en réseaux clairs d'éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C'est la ville tentaculaire.

Transition :

L’ensemble de cette organisation bruyante et chaotique semble happer le lecteur (et donc les personnes) : c’est dire que la ville est monstrueuse (car cannibale) et en même temps attirante (puisqu’elle assimile ceux qui sont en son sein).

Une ville-monstre

La ville qui attire

La ville qui est construite de manière verticale renvoie alors au désir, puisque le désir est quelque chose qui monte.

Le poème s’ouvre bien sur l’image de l’attirance irrésistible :

Tous les chemins vont vers la ville

Cette affirmation semble sans retour : il est impossible d’échapper à la ville, qui attire tout le monde en son sein. Et pour cause : elle est « comme un rêve » (vers 5). La ville est donc ce qui nourrit les fantasmes et se « dresse », « s’exhume » : elle est à l’horizon de tous les regards, elle ce qui se trouve à la fin de tout voyage. L’idée de rêve est renforcée par la référence mythologique aux « gorgones » (vers 10) : on pense à un temple, et, par extension, au mont Olympe, qui abrite les dieux grecs.

Enfin, le poète réinsiste sur le fait qu’elle attire tous les regards avec l’image « Des clartés rouges/Qui bougent ». Il n’y a pas de couleur qui attire plus l’œil que le rouge, et le rythme de ces deux vers, passant de quatre pieds à deux pieds, participent de cette même mise en évidence.

Que la ville soit « tentaculaire » veut encore dire qu’elle attrape (avec ses tentacules) et qu’elle happe jusqu’en son sein. De fait, la ville, comme le désir et comme le monstre, est violente.

Pourquoi la ville est-elle un chaos ?
Boulevard Montmartre, matin, temps gris, Camille Pissarro, 1897
Une ville pleine de violence

La ville est ainsi comparée à un monstre violent en de nombreux endroits.

On pourrait relever les champs lexicaux qui ont trait à la violence : « monstrueux », « tentaculaire », « pliés », « vacarme », « éclairs », etc. De même, les sonorités violentes en /b/, en /p/ ou encore en /r/ (voyez les vers 47-48 : « Pour reparaître en réseaux clairs d'éclairs/Dans le vacarme et la poussière. ») renvoient à cette menace de tous les dangers.

Le monstre semble ainsi pareil à une pieuvre (« ville tentaculaire »), qui déploie ses tentacules : « ponts » au vers 8, « jetés » au vers 9 », « rails qui rampent » au vers 46. Il y a donc une idée de mouvements incessants qui figurent les tentacules d’une pieuvre se déplaçant dans l’immensité de l’océan. Enfin, les « ponts s’ouvrant par le milieu » achèvent de personnifier la ville, comme si ces ponts étaient la bouche par laquelle elle engloutissait les gens.

Car il est notable que pas une fois le poète ne fasse référence aux personnes qui peuplent cette ville... comme si elle était insaisissable pour l’Homme.

Une ville insaisissable

Il y a d’une part de nombreux éléments qui empêchent le regard (et donc de saisir la ville par la vue) : vers 2 « brumes », vers 23-24-25 « le soleil clair [...] charbon et fumées », au vers 23 « ne se voit pas », vers 24 « ferme pas », « brouillard » au vers 29.

La ville reste aussi insaisissable au sens où elle semble toujours très loin. Tel est le sens de la répétition de « Là-bas », au début du poème : « là-bas », dans un endroit que l’on ne peut pas déterminer, qui est au loin, mais qui n’est pas vraiment « là ».

De même, la formule hyperbolique et floue « vers de plus hauts étages » semble inviter à monter toujours plus haut, parce qu’il n’y a jamais de terme, jamais d'arrivée. Ainsi aussi de la formule « Au bout des plaines et des domaines » au vers 16, avec les déterminants indéfinis « des » qui ne donnent aucune indication précise de lieu.

Ce caractère insaisissable se confond avec la présence latente de la mort, signifiée par le mot « gibet » du vers 37 (comme dans l’expression « gibet de potence »), et qui désigne en fait les mâts des bateaux. Il y a encore le mot « exhume », normalement réservé au vocabulaire de la mort. On trouve aussi les couleurs de l’Enfer : le noir, le gris avec « brumes », « charbon », « fumées », « naphtes », « cubes d'ombre « , et le rouge avec « sous-sols de feu » vers 35, vers 38 « lettres de cuivre », « or » vers 22.

Où sont donc les humaines, au milieu de cela ? On les devine, mais ils ne sont jamais désignés explicitement : il y a par exemple le mot « effort » au vers 43, qui est un caractère humain, mais c’est bien tout. Ils sont engloutis dans cette ville théâtre des rêves et des cauchemars.

Conclusion

Dans le poème de Verhaeren, la ville est un monstre qui attire tous les Hommes. Elle est la destination de l’exode rural, porteuse de tous les espoirs, mais elle fait bien vite disparaître la singularité humaine au profit d’une activité chaotique.

Ouverture

On pourrait comparer cette vision de la ville à celle du poète romantique Charles Baudelaire, lorsqu’il décrit Paris dans ses Petits poèmes en prose.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.