Décolonisation et émergence du tiers-monde

En une trentaine d'années à peine (1945-1975), les empires coloniaux ont disparu. Certaines décolonisations se sont déroulées pacifiquement, comme en Afrique noire française ; d'autres ont tourné au drame, comme en Algérie où la guerre d'indépendance a duré huit ans. La décolonisation a soulevé d'immenses espoirs : le « tiers-monde », comme l'on disait désormais, allait s'unir, peser sur les affaires du monde, s'enrichir ; encore trente ans après, la plupart de ces espoirs ont été cruellement déçus.

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C'est parti

1. Qu'est-ce qui déclenche la décolonisation dans l'après-guerre ?

La Seconde Guerre mondiale a dévasté et affaibli les grands pays colonisateurs, notamment la France et le Royaume-Uni, les rendant incapables d'affronter le coût de la répression des opposants à la colonisation. Certains milieux d'affaires soulignent que les colonies coûtent cher, et qu'il vaut mieux se tourner vers le commerce avec les États-Unis et vers la construction européenne. L'information ayant progressé, les opinions publiques occidentales comprennent progressivement que la colonisation n'apporte pas le progrès aux colonisés.

Par ailleurs, les colonisés sont un peu plus instruits et, dans certains pays, mieux organisés. Toujours du fait des progrès de l'information, il est impossible de les réprimer aussi brutalement qu'avant 1940.

Les États-Unis sont toujours aussi anticolonialistes, tout comme l'URSS, à l'apogée de sa puissance et de son prestige juste après 1945. L'ONU leur sert de relais : elle est de plus en plus hostile au colonialisme au fur et à mesure que des pays nouvellement indépendants la rejoignent.

2. Y a-t-il des différences entre les décolonisations ?

L'Asie est décolonisée dans les années 1940 et 1950, l'Afrique l'est pour l'essentiel entre 1957 et 1963, à l'exception des colonies portugaises qui n'accèdent à l'indépendance qu'en 1975.

Le Royaume-Unia tendance à quitter ses colonies dès que la situation s'y dégrade trop : ainsi elle abandonne l'Inde en 1947 et la Palestine en 1948 (sur le territoire de cette colonie, les sionistes proclament l'indépendance d'Israël). Dans les deux cas, les Britanniques laissent les populations locales s'entre-tuer : les hindous et les musulmans dans l'empire des Indes (qui éclate en deux pays, l'Inde et le Pakistan) ; les juifs et les Arabes en Palestine.

D'autres puissances coloniales, au contraire, ont tout fait pour conserver leurs empires, quitte à mener de cruelles et inutiles guerres coloniales. La France livre (et perd) deux de ces guerres, en Indochine en 1946-1954 (la guerre se solde par la défaite de Diên Biên Phu) et en Algérie en 1954-1962. Le Portugal combat l'indépendance de ses colonies africaines du début des années 1960 à 1975.

Cependant, cette distinction ne vaut pas pour tous les cas. Ainsi, en 1958-1960, la France accorde l'indépendance sans combat à ses colonies d'Afrique noire ; en revanche, le Royaume-Uni a mené quelques guerres coloniales, par exemple en Malaisie.

3. Dans quel état se trouvent les anciennes colonies à l'aube de leur indépendance ?

Les colonies qui ont connu des guerres, civiles ou coloniales, sont dévastées ; c'est le cas, par exemple, de l'Algérie.

Dans la plupart des pays, l'indépendance a été très mal préparée. Les nouveaux États manquent de cadres politiques ; parfois leurs dirigeants sont des guerriers, plus que des gestionnaires. Les populations, laissées dans l'ignorance par les colonisateurs, n'ont pas été éduquées à la démocratie : celle-ci risque donc de fonctionner de manière très formelle. L'économie, faite pour servir les intérêts de la métropole, doit être en grande partie restructurée. Les minorités privilégiées d'origine métropolitaine qui faisaient fonctionner l'économie moderne se sont enfuies ; ainsi en est-il des pieds-noirs d'Algérie.

Pourtant un immense espoir règne : puisque la colonisation a entretenu l'injustice et la pauvreté, l'indépendance ne peut qu'amener la prospérité et l'équité. Pour la première fois, les peuples de couleur vont être traités sur le même plan que les Occidentaux.

Dans les pays qui ont conquis leur liberté au combat, les populations et surtout les nouveaux dirigeants, issus de guérillas, ne rêvent que de rompre tous les liens avec l'ancien colonisateur. À l'indépendance, ils optent souvent pour une certaine autarcie économique et pour le socialisme ; certains se rapprochent de l'URSS.

4. Comment les anciennes colonies essayent-elles de s'organiser ?

Pour désigner les anciennes colonies, Alfred Sauvy (un géographe français) invente, en 1952, l'expression de « tiers-monde » (tiers signifiant « troisième ») ; en effet, les pays concernés ne sont ni des pays développés occidentaux, ni des pays communistes alignés sur l'URSS. Cette expression constitue une référence au tiers état français qui, s'étant uni, a fait la révolution de 1789.

L'ONUdevient leur tribune commune ; il y apparaît un « groupe afro-asiatique » qui défend plus particulièrement les intérêts des anciennes colonies. En 1964, l'ONU se dote d'une « agence » destinée spécifiquement au développement du tiers-monde (la Cnuced). Certains pays décident d'aller plus loin et de former, hors ONU, une organisation qui ne serait inféodée à aucun des deux blocs : c'est le mouvement des « non-alignés », apparu à la conférence de Bandung en 1955, conférence à laquelle participent 24 pays, dont l'Inde, la Chine et l'Indonésie.

Sur le plan économique, certains pays essayent de s'unir pour lutter plus efficacement contre l'« échange inégal ». Ainsi, en 1960, les principaux producteurs d'hydrocarbures forment l'OPEP, qui se bat pour faire monter le prix du pétrole, considéré comme injustement sous-évalué. L'OPEP arrive à ses fins en 1973 : le prix du pétrole quadruple ; mais cette évolution contribue à provoquer une crise économique mondiale.

5. Pourquoi ces efforts d'organisation ont-ils échoué ?

Il n'est pas facile d'agir lorsqu'on est pauvre : la plupart des anciennes colonies le sont restées, d'autant plus qu'après leur indépendance, elles ont souvent été très mal gérées (mauvais choix économiques, corruption, dictatures, etc.) et qu'elles ont dû affronter des problèmes urgents et dramatiques, comme l'explosion démographique.

L'écart de richesse entre pays développés et pays pauvres s'est donc plutôt accru. Les pays pauvres se sont massivement endettés. L'échange inégal existe toujours, parce que ce sont les pays riches, en tant que consommateurs, qui fixent les prix des matières premières produites dans le tiers-monde.

Tous les efforts d'union, aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique, ont échoué : ainsi le mouvement des non-alignés est pratiquement paralysé, et le prix du pétrole ne s'est maintenu à un niveau élevé que durant une dizaine d'années (1974-1986). Les pays du tiers-monde paraissent trop nombreux (plus de 100 dans les années 1980) et surtout trop divers pour pouvoir s'entendre : leurs intérêts divergent dans presque tous les domaines et, lorsque des problèmes urgents se posent, l'égoïsme l'emporte.

En particulier, malgré les efforts du mouvement des non-alignés, la guerre froide a déchiré le tiers-monde : certains pays ont choisi de se rapprocher de l'URSS, modérément (comme l'Algérie) ou de très près (comme Cuba et le Viêt Nam) ; d'autres sont restés fidèles à l'alliance avec l'Occident, comme le Maroc ou les pays d'Amérique du Sud. D'où de nombreux conflits, par exemple entre l'Éthiopie communiste et la Somalie pro-occidentale dans les années 1970. Il s'y ajoute des conflits locaux : ainsi, en 1980-1988, l'Iran et l'Irak se sont affrontés en une guerre qui a fait un million de morts.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !