L'expression « Les Lumières » Aufklärung en allemand, désigne une période qui se confond avec le XVIII siècle  et un vaste mouvement européen de transformation profonde des mentalités, des mœurs, des croyances et des valeurs, débouchant sur une véritable mutation de la conception du monde et sur un évènement d'une portée immense : La Révolution Française.

Un mouvement littéraire c'est une tendance évolutive commune à plusieurs écrivains voir artistes à privilégier, à une époque donnée et en relation avec elle, certains sujets, certains choix d'écritures, des idéaux.

Un philosophe est un intellectuel qui démêle les causes, les prévient et il s'exprime avec connaissances. Pour un philosophe, c'est la raison qu'il le pousse à dire ce qu'il penses, Il agit en connaissance de cause et ne juge pas sans connaître.

Les femmes des Lumières, ce sont évidemment au premier chef celles qui ont contribué au l8e siècle au mouvement des Lumières. Elle l' ont fait quelquefois, rarement puisque les fonctions dirigeantes, leur échappaient presque partout, par leur action au sommet de l'Etat. L'esprit critique à l'œuvre au 18e siècle a ouvert le débat, ou plutôt de multiples débats, sur les éléments et les fondements de la différence entre hommes et femmes comme sur le rôle social respectif des deux sexes.

Un salon littéraire est une réunion d'hommes et de femmes de lettres se rencontrant régulièrement, dans un milieu intellectuel, souvent mondain, pour discuter d'actualité de l'époque concernée, philosophie, littérature, morale, etc. Les salons sont tenus essentiellement par des femmes, souvent issues de la bourgeoisie( Mme du Duffand, Mme Lambert, Mme Tencin, Mme Geoffrin, Louise D'Epinay etc.) Pour réussir un salon, la maîtresse du lieu devait s'attacher les services d'un philosophe qui lançait les débats et dirigeait le salon. Ce philosophe attirait alors les intellectuels qui restaient pour les charmes de la maîtresse des lieux et la vivacité des échanges.

Pour Convaincre, il s'appuyer sur des arguments logiques présentés dans une argumentation sans faille. Elle doit s'étayer sur la justesse des arguments et des exemples, ainsi que sur l'emploi de raisonnements logiques appropriés dont la structure est bien mise en évidence. La visée didactique est importante et donc emploiera de préférence ce registre de manière à bien se faire comprendre et entendre de son interlocuteur qui ainsi adhérera avec sa raison et son intelligence à la thèse défendue par l'argumentateur.

Persuader, c'est jouer sur une autre corde qu'on pourrait appeler la sensibilité, les sentiments. Il s'agit de trouver chez l'interlocuteur, ce qui pourrait le plaire, le séduire pour l'amener à penser comme vous. D'une certaine manière, il s'agit de trouver ce qui pourrait le faire plaisir ou au contraire ce qui pourrait le choquer, de manière à le faire changer d'avis et à le conduire là où vous voulez le mener. Ici on déploie tout l'art de la rhétoriques et on joue sur divers registres, du comique au lyrique, suivant la situation que l'argumentateur a identifiée.

Délibérer, c'est débattre de deux opinions différentes en vue de prendre un décision. Et c'est ce dernier point qui différencie ce mode d'argumentation des deux autres.

Diderot réalisa un ouvrage considérable pour l'époque, la création de l'Encyclopédie. C'est par le libraire Le Breton que tout commence. Il confie à Denis Diderot une responsabilité énorme en lui demandant de traduire un Dictionnaire des arts et sciences, la Cyclopædia de l'éditeur anglais Chambers. C'est ainsi que naît le projet de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

Au XVIII siècle, les femmes doivent se contenter d'une activité domestique, extérieure à la société civile, et sont donc considérées comme des mères ou ménagères, loin des fonctions sociales que certaines désirent. Cette identification de la femme à la communauté familiale dépouille la femme de son individualité. La femme est le principe spirituel (l'âme) du foyer, l'homme en est le principe juridique. Les mentalités sont forgées de croyances anciennes, sur les femmes notamment. Au 18ème siècle, même si la société chrétienne européenne a quelque peu évolué depuis le Moyen-Age, il est des mythes qui perdurent. Ainsi en est-il du mythe de la femme créée non en même temps que l'homme, mais à partir de l'homme... Sur ce mythe repose l'essentiel du comportement des hommes à l'égard des femmes : la femme doit tout à l'homme, elle lui est soumise... Sans oublier que la femme est le symbole du malheur du genre humain : en effet, n'est-ce pas, Eve qui, dans la mythologie judéo-chrétienne, incita Adam à manger le fruit interdit ? Femme faible de par sa constitution, femme tentatrice, femme fatale, les femmes, depuis des temps très anciens, sont cause de nombreux malheurs.

Marivaux, La Colonie, extrait de la scène XIII de « Arthénice – Messieurs, daignez répondre … » à « n'y perdront rien ». ( 1750 )

L'extrait de Marivaux est une comédie théâtrale sous forme argumentative. La scène se passe sur une île où sont abordés tous les personnages. Les hommes sont sur le point d'établir une constitution, les femmes veulent y participer, mais à cette époque les femmes sont soumises aux hommes.. La participation des femmes est nécessaire à la constitution et à la vie sociale, au nom de l'égalité des sexes. Marivaux montre des femmes déterminées, qui argumentent avec justesse mais il se moque légèrement de leurs excès. Il épingle également les hommes qui n'agissent que sous influence de la tradition et des préjugés. Il fait un premier pas vers un idéal d'égalité.

Pierre Carlet de Chamblin de Marivaux né en 1688 et mort  en 1763, est un écrivain français, il étudie dans son théâtre l'ambiguïté du sentiment amoureux, ce que l'on appelle le marivaudage. Il est élu en 1743 à l'Académie française.

Arthénice : à l'aide d'une juxtaposition, pose deux questions, elle utilise « daignez » à l'impératif d'un ton poli et tout en restant ferme en s'adressant aux hommes, elle est à la porte parole des femmes nobles en utilisant un langage soutenue, la première question, elle leur demande si ils vont travailler ensemble et la deuxième question, elle pensait qu'éventuellement les hommes répondraient une affirmation à la première question, de plus elle pose un ultimatum.

Hermocrate : réponse négative et brutale, sans nuance, une évidence, comparaison aux traditions, réponse comique et satirique.

Un autre homme : Il les remet à leur place, il développe le « rien » ( la réponse d'Hermocrate ) par un « c'est-à-dire ». Il énumère les tâches que doivent accomplir la femme, à tous les âges de la vie, il donne leur thèse défendue qui est : les femmes doivent être rester des mères de famille et ne pas participer à la vie politique.

Hermocrate : il n'y croit pas du tout , il ne prenne pas au sérieux « c'est une mauvaise plaisanterie-là ?» le « là » est péjoratif, il désigne l'affiche.

Madame Sorbin : pour madame sorbin, tout est dit et expliqué sur l'affiche.

Arthénice : elle explique par rapport à madame sorbin leurs revendications, qui est d'exercer tous les métiers comme les hommes ( trois domaines, trois répétition de « tout »,  montrent la souveraineté politique )

Hermocrate : étonné, incrédule, se contente de répondre le dernier mot de Arthénice à la forme interrogative, il montre la pauvreté des arguments des hommes, même genre de question à la ligne 27, c'est un comique de répétition.

Arthénice critique son éducation, elle veut dire qu'elles ne sont pas lâches par nature mais pas éducation.

Mme Sorbin : langage populaire, ses arguments ne sont pas crédibles elle compare de tuer un perroquet à un homme.

Arthénice : elle veut dire par là que les hommes ne les ont jamais imaginé se battre.

Mme Sorbin : énumération des métiers au féminin, revendication audacieuse, majuscules, insistances aux métiers.

Arthénice et Mme Sorbin tournent le stéréotype de la femme bavarde à leur avantage concernant le métier d'avocate.

Hermocrate : donne le premier argument des hommes, en s'abaissant aux femmes grâce à une métaphore vestimentaire.

Arthénice : relativise la coiffure et ne reconnaît pas la justice car elle a été pensé par la moitié des humains, elle propose donc une nouvelle justice sur un pied d'égalité, les femmes peuvent bien déformer la justice à leur image.

« On ne naît pas femme, on le devient » Simone Beauvoir

Dans la scène XIII, se passe une confrontation entre les hommes et les femmes, à la fois sérieuse et comique. Les hommes ne savent pas quoi répondre aux arguments solides des femmes , de chaque côté, ils utilisent des comiques de mots, de caractères mais ambivalent. Le discours des hommes est très pauvre car à chaque arguments des femmes, ils font un comique de répétition, en répétant la fin de la réplique précédente sous la forme interrogative et n'utilisent qu'un seul argument assez pauvre car il concerne juste l'esthétisme de la coiffe de la femme.

Rousseau, Emile ou de l'éducation, extrait du livre V (1762)  de « La femme et l'homme … » à « pour leur bonheur ni pour le nôtre. »

L'extrait de Rousseau est un traité d'éducation, c'est un texte argumentatif qui par ses registres didactiques veut défendre sa thèse qui est le fait qu'une femme doit être éduquée à seule fin de servir l'homme et de le rendre heureux. Le regard que porte Rousseau sur les femmes est radical : il adopte et même légitime une tradition qui fait de la femme un être inférieur. De plus, il veut que perdure cette société traditionnelle avec une stricte répartition des rôles qui profite à la seule gent masculine. Rousseau est considéré comme antiféministe et progressiste en matière éducative.

Jean Jacques Rousseau né en 1712 et mort en 1778, est un écrivain et un philosophe français genevois de langue française. En 1750, il obtint un succès de scandale avec le Discours sur les sciences et les arts. En 1755, dans son Discours sur l'origine de l'inégalité, il dénonce les méfaits de la société fondée sur la propriété, source d'inégalité. Il est aussi l'auteur des Confessions, qui est une autobiographie publiées vers 1782.

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I)                    L'expression de rapport de dépendance inégale de l'Homme et de la femme

Jeux d'opposition entre l'Homme et la femme :

Un chiasme (l 5-6) : « nous subsisterions plutôt sans elles qu'elles sans nous »

Proposition juxtaposée (l 3-5): «  les hommes dépendent des femmes par leurs désirs ; les femmes dépendent des hommes et par leur désirs et par leurs besoins »

Parallélisme (l 3-5): «  les hommes dépendent des femmes par leurs désirs ; les femmes dépendent des hommes et par leur désirs et par leurs besoins »

à il permet de mettre le groupe de mots nouveau en avant et donc de mettre en avant le fait que la femme subsiste à l'homme.

« Il suit de là que le système de son éducation doit être à cet égard contraire à celui de la nôtre : l'opinion est le tombeau de la vertu parmi les hommes, et son trône parmi les femmes.»

àl'adjectif « contraire » et l'antithèse entre le mot « tombeau » et le mot « trône » souligne l'opposition  de la vertu et de l'éducation de la femme qui doit se vouloir vertueuse et l'éducation de l'homme qui n'en a que faire de ce que pense l'opinion publique de lui.

Les femmes dépendent de l'opinion publique de la ligne 14 à la ligne 19.

Qualités

Image de ces qualités

Estimable « qu'elles soient estimées »
Belles « qu'elles plaisent »
Sages « reconnues par telles »
Honneur « réputation »

La femme doit disposer de qualités physiques ( la beauté, l'amabilité ) et des qualités morales ( la vertu, l'honneur ) mais dans cet extrait, il n'y a aucune allusion à ce que la femme se doit de tenir des qualités intellectuelles, la femme se définit par « leurs charmes et de leurs vertus » (l 11-12 ). Elle est présentée comme une marchandise, un objet de séduction « elles dépendent de nos sentiments, du prix que nous mettons à leur mérite » ( l 9-11)

II)                  Les Conséquences de cette dépendance de l'éducation des filles

Les femmes dépendent de leur jugement, des actions des hommes de leur bon vouloir, de leur sentiment. Il faut éduquer la femme à être au service de l'homme.

III)                Un portrait de vue unilatéral qui manque de solidité

Rousseau s'appuie sur la nature, la tradition pour cautionner sa thèse. Mais son nombre d'argument est faible, l'argument de la tradition est remise en cause par les philosophes des Lumières qui s'opposent au sexisme alors que rousseau approuve cette tradition, de plus son point de vue est unilatéral, car le point des hommes est le seul.

En Conclusion, dans cet extrait, une expression inégale d'une relation de dépendance entre les femmes et les hommes, qui permet à Rousseau d'affirmer que l'éducation des filles doit  être entièrement tourner vers la satisfaction de l'Homme mais son raisonnement n'est pas solide et se trouve être unilatéral.

Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville, extrait de « Permettez-moi d'oublier … » à «  l'animadversion des lois. » (1770)

L'extrait de Diderot est un plaidoyer, un apologue ( récit à visée argumentative) philosophique avec un registre polémique. Dans le dialogue de notre extrait, se passe une histoire, elle a été inspirée d'une nouvelle de benjamin Franklin publié dans un journal londonien en 1747. Diderot l'utilise dans deux de ces livres. Il trouve que les lois sont injustes envers les femmes qui ne doivent pas être punie à la place des hommes. Dans l'extrait, la femme est montrée comme une victime de la société et des hommes qui profitent d'elle. Diderot dénonce une société inique qui punit les victimes et récompense les criminels. Il défend l'équité judiciaire et l'importance de la loi naturelle et de la liberté qui va avec.

Denis Diderot né en 1713 et mort en 1784, est un écrivain et philosophe français. Déiste et matérialiste, il croit au progrès. Auteur protéiforme, il fut romancier, critique, d'art, essayiste, théoricien du théâtre, dramaturge et dirigea l'Encyclopédie.

Polly Baker défend sa thèse « Permettez-moi d'oublier un moment que la loi existe, alors je ne conçois pas quel peut être mon crime », elle emploie un verbe modalisateur qui le verbe « concevoir ».

Elle utilise un raisonnement inductif, c'est-à-dire qu'elle met en place des observations particulières pour aboutir à une conclusion de portée générale.

Son premier argument est politique, elle a peuplé la Nouvelle Angleterre « j'ai mis cinq beaux enfants, au péril de ma vie, je les ai nourris de mon lait, je les ai soutenus par mon travail et j'aurais fait davantage pour eux, si je n'avais pas payé des amendes qui m'ont ôté les moyens. » ( l 3-7 )

Son deuxième argument est moral, elle n'a pas corrompu un homme «  je n'ai enlevé aucun mari à sa femme ni débauché aucun jeune homme » ( l 9-10 )

Son troisième argument est social, elle est tout à fait capable d'être une bonne épouse, elle serait fidèle, capable de gérer le budget correctement, de travailler, elle se conduirait convenablement. « j'ai toujours désiré et je désire encore de me marier, et je ne crains point de dire que j'aurais la bonne conduite, l'industrie et l'économie convenables à une femme, comme j'en ai la fécondité. Je défie qui que ce soit de dire que j'aie refusé de m'engager dans cet état. » ( l 17-21 )

Son quatrième argument est du domaine religieux,  elle trouve que la justice humaine ne doit pas subsister la justice divine. «  On me répondra que j'ai transgressé les préceptes de la religion ; si mon offense est contre Dieu, laissez lui le soin de m'en punir ; vous m'avez déjà exclue de la communion de l'Eglise, cela ne suffit-il pas ? » (  l 35-38)

Son dernier argument est du domaine juridique, elle refait les lois à sa manière et renverse donc les choses vers les célibataires d'états. « Si vous faites des lois qui changent la nature des actions et en font des crimes, faites-en contre les célibataires dont le nombre augmente tous les jours, qui portent la séduction et l'opprobre dans les familles, qui trompent les jeunes filles comme je l'ai été, et qui les forcent à vivre dans l'état honteux dans lequel je vis au milieu d'une société qui les repousse et qui les méprise. Ce sont eux qui troublent la tranquillité publique. » ( l 45-52)

Elle persuade la tribune grâce à multiples stratégies :

♥        Elle se pose en victime

♥        Elle essaye d'attendrir les juges ( virginité, innocence, joue sur l'image maternelle, …)

♥        Elle n'hésite pas à accuser les juges, la société, le gouvernement de punir les victimes et récompenser les bourreaux

♥        « Si vous faites des lois qui changent la nature des actions et en font des crimes, faites-en contre les célibataires dont le nombre augmente tous les jours, qui portent la séduction et l'opprobre dans les familles, qui trompent les jeunes filles comme je l'ai été, et qui les forcent à vivre dans l'état honteux dans lequel je vis au milieu d'une société qui les repousse et qui les méprise. » ( l 45-51 ) C'est un plaidoyer pro domo ( période oratoire ).

Mots insistant sur l'état de victime de Polly Baker

Mots insistant sur les célibataires

♥        Groupes de deux mots

« par le fouet et par l'infamie » ( l 35 )

« qui les repousse et qui les méprise » ( l 51 )

Polly Baker défend sa thèse par différents moyens et stratégies. Elle s'attaque aux lois et ne conçoit pas avoir fait un crime « Permettez-moi d'oublier un moment que la loi existe alors je ne conçois pas quel peut être mon crime » ( l 1-3) Après avoir annoncer sa thèse, elle enchaîne plusieurs arguments qu'ils soient politiques, moraux, religieux, sociaux, juridiques sous l'organisation d'un raisonnement inductif qui aboutit à une conclusion. Tout au long de son plaidoyer, elle met en place des stratégies par les moyens de la persuasion en jouant la victime, en attendrissant les juges, en clamant sa virginité, son innocence, en jouant sur son image maternelle et en s'attaquant à la société qui punit les victimes et récompense les bourreaux.

Ce que Diderot essaye d'expliquer grâce à son personnage Polly Baker est que le code civil et le code religieux devraient respecter le code naturel. Il le dit dans le titre de l'extrait « Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idée morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas ».

Cet extrait ouvre sur l'extrait de « Emile ou de l'éducation » de Rousseau, qui lui défend la légitime tradition ainsi que la vertu de la femme honnête ou l'extrait de « Les Liaisons Dangereuses » de Laclos qui lui défend le libertinage.

Laclos Les Liaisons Dangereuses, Lettre LXXXI, La Marquise de Merteuil au vicomte de Valmont, extrait de « Mais moi … » à « que je voulais acquérir » (1782)

L'extrait de Laclos est un roman épistolaire où deux personnages, un homme et une femme, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil venant de l'aristocratie du XVIII siècle et faisant profession tous les deux de libertinage corresponde par lettres. C'est un texte à la fois narratif et argumentatif par un registre polémique. Laclos défend le fait que les femmes ne reçoivent pas une instruction convenable puisqu'elles doivent s'éduquer elles-mêmes, il y parvient grâce à son personnage féminin, la Marquise de Merteuil qui dans cet extrait fait part à Valmont la manière dont elle est parvenue à construire son éducation ainsi que sa personnalité. Mme de Merteuil méprise ses semblables qui restent dans l'ignorance et se laissent assujettir par les hommes. Laclos dénonce une société qui n'instruit pas ses filles et qui favorise le paraître et la dissimulation, il réclame une éducation égale. Il défend comme idéaux des Lumières, la liberté dans le désir de l'émancipation de Mme de Merteuil et l'importance de l'instruction.

Pierre Choderlos de Laclos est né en 1741 et il est mort en 1803. Il était écrivain français et militaire, il dirigea la bataille de Valmis, et il servit sous Bonaparte. Il publiera en 1782 Les Liaisons Dangereuses, qui est un romand épistolaire qui met en scène des héros cyniques et pervers et il écrit trois traités sur les stratégies militaires.

I)                    La lettre d'une femme qu se démarque des autres

Lettre épistolaire à elle se désigne par « je » et s'adresse par « vous » (l 1-2)

Questions : « mais moi » le lettre s'oppose grâce au pronom personnel tonique «  moi » aux autres femmes (l1)

« ces femmes inconsidérées » ( l 1-2 ), «  ceux des autres femmes » ( l5) elle utilise des pronoms péjoratifs

« reçus sans examen et suivis par habitude » (l 5-6) elle critique l'attitude passive des femmes et les éducateurs qui « donne au hasard » ( l5) ses principes

Femmes = « « étourdie ou distraite » ( l11) la marquise de Merteuil donne l'image d'être comme les autres femmes mais pour le seul but d'observer et réfléchir.

« j'étais vouée par état au silence et à l'inaction » ( l 9-10 ) l'utilisation de la voix passive met en avant le fait que les femmes subissent le mutisme lors qu'elle s'est battue contre l'état de la femme

« je dis » ( l4) , « je tachai » ( l19 ), « j'ai su ( l25 )» elle est le sujet de la lettre

« je suis mon ouvrage » ( l 7-8) elle montre son égocentrisme, par orgueil elle est la créatrice d'elle-même et elle se voit comme un démiurge

II)                  La base de sa réflexion d'elle-même

Curiosité à observation et s'instruire « Cette utile curiosité … de mon gré. » ( l 14-17)

Champ lexical de la rigueur et de la fabrication, son but : tuer la sensibilité perçue comme une faiblesse « règles » (l3), « principes » (l4),  « réflexions » ( l 7)

Démarche presque scientifique, champs lexical : «  je m'étudiais à » ( l 20 ),  « je me suis travaillée » (l 23 ) «  mes profondes réflexions » ( l 7 ), « observer et réfléchir » ( l 10  ), « curiosité » (l 14 ), « m'instruire » ( l 14), « j'en essayai à l'usage » (l 30), « expérience » (l39), « qu'aux premiers éléments de la science » ( l 43 )

Elle compte sur sa pensée «  je n'avais à moi que ma pensée, et je m'indignais qu'on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté » ( l 27-29 )

III)                La place de la dissimulation ( critique de la société )

Elle travaille sur elle-même : son regard, ses gestes, ses expressions du visage, ses discours, ses propos « sûre de mes gestes » ( l32),  « j'observais mes discours » (l 32-33), « l'expression  des figures et le caractère des physionomies » ( l37-38)

Champs lexical de la dissimulation : « cacher » ( l 13),   «  dissimuler » ( l 15 ), « à prendre l'air » (l20), « réprimer » (l24),  «  de plus me laisser pénétrer » ( l31),  « me montrer sous différentes formes » (l31-32)

Comparaison avec les politiciens, elle pense avoir le même atout qu'eux c'est-à-dire gouverner « je possédais déjà les talents auxquels la plus grande partie de nos Politiques doivent leur réputation » (l41-42)

Champs lexical de la pédagogie, elle apprend à se dissimuler « j'étais bien jeune encore et presque sans aucun intérêt » (l27)

Elle éprouve des expressions qui sont contraire aux siennes.

Laclos se dissimule derrière son personnage pour pouvoir critiquer la société.

La marquise de Merteuil met son intelligence au service d'un combat contre la gente masculine et ses représentant les plus prestigieux. Dans sa vie libertine, ni les sentiments ni la morale n'ont de place, tout repose sur l'idée que le libertin, le séducteur doit accomplir un prodige. Elle manipule les femmes comme les hommes.

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, articles VI à XVI, manuel de français p. 564-565 ( 1791)

L'extrait de Gouges est une déclaration des droits, cela est donc un texte argumentatif. Olympe de Gouges défend la thèse que la femme doit avoir les mêmes droits que l'homme et par conséquent, les mêmes devoirs. En creux, Olympe de Gouges signifie que les femmes ne sont pas traitées de façon équitable par la société. Elle a l'espoir que la société entendra ses revendications et bien évidemment appliquera son texte. Elle prône pour l'égalité, la liberté, la tolérance, et au final le bonheur.

Olympe de Gouges est né en 1748. C'est une femme de lettre, elle publiera en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne où elle y prônera l'émancipation de la femme. En 1793, elle montera à l'échafaud et sera condamnée à mort pour avoir soutenue les Girondins. Dans sa célèbre déclaration, elle affirmait – ironie du sort – « une femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune ».

Son texte est composé de dix sept articles et précédé par un préambule. Elle revendique l'égalité en droit de l'homme et de la femme. C'est un recueil de lois.

♥        Déclaration des droits : documents précédant une constitution qui énoncent les droit et les libertés reconnus aux citoyens.

Cette déclaration n'a jamais servi de base qu'elle qui soit, à une constitution. Elle est restée lettre morte.

Elle utilise la troisième personne, le présent gnomique ou le présent de vérité générale, d'un ton solennel, sentencieux, faussement neutre, car elle y défend sa thèse. Elle utile la forme déclarative (affirmative ou négative). Elle présente une mise en page numérotée. Elle s'adresse à tout le monde. Cette déclaration ne mentionne pas le lieu ni l'époque.

Domaine judiciaire ( Articles 7, 8, 9 )

Domaine économique ( 13, 14, 15 )

Domaine politique ( 6, 12, 16 )

Domaine moral-social ( 10, 11 )

Idéaux des Lumières :

♥        Egalité : elle inspire l'égalité des deux sexes et entre tous les citoyens « toutes les citoyennes et tous les citoyens », « égaux », « partage égal », « légalement » à pied d'égalité

♥        Liberté d'être oratrice sur la Tribune, liberté d'avoir sa propre religion et ne pas embrasser la religion de son mari.

Article 6La loi doit être l'expression de la volonté générale; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 7Nulle femme n'est exceptée; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi: les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

C'est une devoir, les femmes doivent obéir aux lois et subir les mêmes que les hommes.

Article 8La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes.

C'est un droit. On ne modifie pas la loi selon le crime ou le sexe.

Article 9Toute femme étant déclarée coupable; toute rigueur est exercée par la Loi.

Olympe de Gouges est juste et donc ne demande aucun traitement de faveur pour les femmes.

Article 10Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi.

Une femme peut avoir le droit de mourir pour ses idées. Parallélisme « échafaud », « tribune », droit échafaud= paradoxe.

Article 11La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Liberté de pensée, d'avoir ses idées religieuses.

Article 12La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure; cette garantie doit être instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de celles à qui elle est confiée.

Article 13Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, les contributions de la femme et de l'homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.

Les citoyennes payent l'impôt au même titre que les citoyens.

Article 14Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l'admission d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l'administration publique, et de déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôt.

Les femmes ont le droit d'accéder aux mêmes charges que le hommes. Elles doivent avoir le droit de répartir l'impôt car elles le payent.

Article 15La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration.

Elles ont le droit de déposer une requête.

Article 16Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à sa rédaction.

La Nation doit faire respecter les lois.

Ce texte, exigeant la pleine assimilation légale, politique et sociale des femmes, est le premier document à évoquer l'égalité juridique et légale des femmes par rapport aux hommes.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne constitue un pastiche critique de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui énumère des droits ne s'appliquant qu'aux hommes, alors les femmes ne disposaient pas du droit de vote, de l'accès aux institutions publiques, aux libertés professionnelles, aux droits de propriété, etc. L'auteur y défend, non sans ironie à l'égard des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant ainsi que « la femme naît libre et demeure égale en droits à l'homme ».

L'on appelle volontiers « féministe » ce texte d'Olympe de Gouges. Pourtant, aucun des droits qui y sont déclarés n'est mis en avant comme étant un droit propre à la femme. Aucun droit spécifique à la femme, comparable à la manière dont un féminisme plus tardif a pu se représenter le droit à l'avortement, ou le droit au congé de maternité, par exemple, n'y figure.

BILAN SEQUENCE N°1 :

Tous ses auteurs pensent la différence féminine mais à l'aune du masculin, mise à part Olympe de Gouges. Si ce n'est Rousseau, les autres sont sensibles à l'injustice de leur sort comme Marivaux, sollicitent pour elles plus d'équité comme Diderot et réclament une éducation égale comme Laclos. Les auteurs des Lumières ont le mérite de soulever la question de la place de la femme dans la vie de la cité, mais seule Olympe de Gouges, à la fin du siècle, revendiquera l'égalité des deux sexes. Il semble que l'esprit des Lumières, pourtant nettement reconnaissable dans chaque texte, n'ait guère profité aux femmes.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !