Il se présente comme un découvreur de la pensée politique et il cristallise ainsi à sa manière un certain nombre d'innovations dans ce domaine (modernité).

Les interprétations les plus courantes à son sujet, sinon les plus pertinentes, se divisent en celles qui en font le héraut (officier d'armes) du machiavélisme pour qui la fin justifierait les moyens (par exemple Léo Strauss) tandis que d'autres en font un représentant éminent du courant du républicanisme (par exemple Jean-Jacques Rousseau).

 La modernité politique souffre d'une surcharge sémantique.

Certains la considèrent comme le désenchantement du monde mais pour d'autres elle renvoie à la sortie du théologico-politique c’est à dire la séparation du juridique et du théologique.

Sortir du théologico-politique, cela signifie que l’espace politique, la catégorie politique, est un espace soustrait à l’emprise du religieux c’est à dire un espace désenclavé du religieux.

Un peu plus tard, on dira que c’est un espace désenchanté, sécularisé ou laïc (même si sécularisation ne signifie pas laïcisation).

Cela signifie que cet espace politique qui se constitue dans la dynamique de la sortie du théologico-politique est un espace dans lequel les normes ne sont plus imposées par le théologique, ce qui veut dire que progressivement l’espace du politique est un espace dans lequel nous avons à choisir nos normes, nos valeurs, en fonction des critères qui nous appartiennent, qui sont en quelque sorte des critères humains.

→ C'est donc le mouvement par lequel se constitue progressivement, historiquement et sur une longue durée l'autonomie de la sphère politique à l'égard du religieux.

Machiavel rejetait la philosophie politique classique et traditionnelle qui lui semblait inutile car selon lui le problème de la justice de l'ordre social on ne peut le résoudre correctement qu'en partant de la question : comment les hommes vivent-ils en fait ?

L'expression désenchantement du monde a été définie en 1917 par le sociologue Max Weber pour désigner le processus de recul des croyances religieuses et magiques au profit des explications scientifiques. Le concept est étroitement lié aux idées de sécularisation et de modernité.
La révolte réaliste de Machiavel contre la tradition conduisait à substituer le patriotisme ou les simples vertus politiques à l'excellence humaine ou plus précisément aux vertus morales et à la vie contemplative.

La pensée de Machiavel se rapproche ainsi de ce qui est en fait.

Le désenchantement du monde : on peut s'appuyer sur 2 auteurs que sont Max Weber et Marcel Gauchet (cf. le désenchantement du monde, Gallimard) qui en font une notion générique désignant le processus de sortie de la religion.

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C'est parti

Le désenchantement du monde selon Max Weber

Chez Max Weber, il y a 2 significations complémentaires :

  • Une signification très technique qui vaut dans le domaine de l'étude des religions c’est à dire démagnification du monde et élimination de la magie en tant que technique de salut. C'est un processus qui commence avec la prophétie du judaïsme antique et lui paraît avoir été largement accompli au sein du protestantisme acétique.

=>Weber a également écrit un livre sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, autrement qui porte sur le développement du capitalisme comme rationalisation de la pensée éco. Il voit dans l’épisode de la réforme et dans l’avènement du protestantisme une étape absolument fondamentale de rationalisation, ou autrement dit de désenchantement du monde.

  • Une signification plus large et plus métaphorique (à partir des années 1913) qui renvoie à la méprise du religieux sur les représentations générales que les hommes se font de leur vie et du monde en général à l'égard du religieux. Ds sa conférence sur l'éthique du savant, Weber utilise souvent plusieurs notions de manière interchangeable telles que la rationalisation, l'intellectualisation et le désenchantement du monde qui renvoient au même processus de modernité.
Le mot enchantement est né du latin incantare, qui signifie "ensorceler" , prononcer une parole censée produire des effets immédiats dans le monde
→ Monde dans lequel règne la conviction que ce qui se passe sur Terre est en droit explicable par des lois et ce qui est connaissable par la science est maîtrisable par la technique.

Dans la description que fait Weber, il met l'accent sur la pensée technoscientifique et sur le fait que dans ce monde désenchanté est capable d'expliquer toute une série de choses et de les maîtriser mais cela ne signifie pas qu'on soit capable de les comprendre.

Intellectualisation ou rationalisation du monde

Dans Le métier et la vocation de savant (Livre I du Savant et le politique), Max Weber présente le désenchantement du monde comme le produit du processus d’intellectualisation qui accompagne la formation de l’Occident moderne.

Ainsi, intellectualisation ou rationalisation sont des termes qui peuvent parfois être considérées comme synonymes de désenchantement dans les textes de Weber car ils désignent le même processus de formation.

Un monde intellectualisé, rationalisé, désenchanté, est un monde dans lequel les hommes ont la conviction que tous ce qui se passe, advient sur terre, peut être connaissable, c’est à dire que tout ce qui advient est provoqué en quelque sorte par des lois de la science.

Cela veut dire que, en droit, même si nous ne la connaissons pas tout de suite ou pas encore, il y a une explication scientifique à tout ce qui se passe.

Par conséquent, tout ce qui se passe est logiquement à terme maitrisable par la technique qui utilise cette science.

 Cela veut dire aussi que progressivement une vision du monde scientifique rationaliste se déploie extraordinairement impressionnante dans sa capacité de fournir les causes.

Mais un monde rationalisé, désenchanté, intellectualisé extraordinairement impressionnant dans la recherche des causes peut être également un monde qui peine à trouver du sens, parce que la recherche des causes, ce n’est pas du sens.

La quête du sens

Si l’on reste dans le cadre rigoureux et exigeant de l’explication scientifique, on ne peut pas trouver de sens car seul quelqu'un qui serait capable d’intégrer cet évènement dans un roman, un mythe, un récit des origines, une théologie pourrait donner du sens.

Les causes ici se substituent au sens. Cependant si, à partir de cet exemple, on extrapole à l’échelle de fonctionnement de sociétés occidentales (et c‘est le propos de Max Weber), on se rend compte que ses sociétés qui fonctionnent historiquement de plus en plus à la rationalité scientifique multiplient les enchainements de causes et d’effets mais sont de moins en moins capables de donner un sens global à leur existence, tout simplement parce que dans les sociétés humaines ce sens global, que l’on appelle parfois le sens ultime ou le sens du sens, nous ne sommes pas capables d’y répondre.

Le désenchantement du monde de Weber est assez précisément cela, c’est à dire que c’est une situation dans laquelle nous avons une pensée technoscientifique qui est extrêmement importante mais qui pourtant laisse le monde dans une sorte de quête du sens, de vide.

Max Weber fonde le concept de "désenchantement du monde" (Entzauberung der Welt).
Pourquoi est-on sur terre ?

La science pourrait s’aventurer à en dire les causes, c’est à dire l’origine de la vie, mais elle ne peut pas en dire les finalités.

Le désenchantement du monde produit cette espèce de béance du sens (absence de sens général d'un phénomène) qui fait que, de plus en plus, on peut dire par exemple qu’il se passe des choses, des phénomènes que l’on peut expliquer mais on semble de moins en moins capables de leur donner du sens comme le faisait les pensées traditionnelles.

C'est l’éradication de l’évidence. Ainsi, la finalité d’une vie n’est pas inscrite dans l’ordre du cosmos, ni dans l’ordre d’un destin religieux ou de quelque chose qui nous dépasse. Penser l’inverse, c’est penser dans un cadre de pensée plutôt traditionnel.

 Le désenchantement du monde selon Marcel Gauchet

Marcel Gauchet reprend la grande perspective weberienne mais l'appelle « l'épuisement du règne de l'invisible » et ajoute l'idée qu'il y aurait une véritable révolution anthropologique au travers de laquelle les hommes reconstruisent en quelque sorte leur séjour sur la Terre à l'écart de la dépendance divine.

Il semble donc que l'expérience religieuse soit universelle ou co extensible à l'humanité et sur ce constat on aurait une trajectoire singulière caractérisant la modernité occidentale qui ferait que notre monde serait en rupture par rapport aux organisations sociales anciennes fondées sur l'hétéronomie (opposé à l'autonomie).

Autonomie et hétéronomie

Notre monde serait en quelque sorte en rupture par rapport à toutes les autres organisations sociétales anciennes parce que progressivement nous en sommes venus à penser notre existence sur terre, notre existence politique, en termes d’autonomie. Cela signifie qu’il nous faut introduire la distinction tout à fait fondamentale de l’autonomie et de l’hétéronomie.

Une société hétéronome, c'est une société qui obéit à des lois qu'elle pense comme situées à l'extérieur d'elle-même (cosmos, nature, mythe...), quelque part dans un lointain passé.

C’est l’idée que l’ordre du monde, dans sa perfection, dans sa grandeur, dans sa beauté, est quelque chose qui nous précède, qui nous préexiste et qui est situé en dehors de nous, tout ce que nous avons à faire étant de nous conformer à cette perfection que nous allons découvrir (par la science, la sagesse, etc.).

C’est aussi l’idée que la norme, la loi, la valeur, sont en quelques sortes données, qu’elles sont éventuellement transcendantes et il s’agit de se conformer à quelque chose qui nous précède et sur lequel on n’a pas prise.

Une société autonome, c'est une société dans laquelle les hommes ont la faculté de se donner à eux mêmes leurs propres lois, de déterminer leur existence sans aller chercher un modèle dans la nature ou dans le cosmos.
A cet égard, Marcel Gauchet écrit à la fin du Désenchantement du monde que « la genèse du fait démocratique ne peut s'entendre sur la longue durée que comme la mise en place d'une forme subjective de fonctionnement social. L'avènement de la démocratie c'est le passage de la société de religion c'est à dire de la société assujettie à la société sujette »

=>L’avènement de la démocratie ici est lié à ce basculement d’une très grande profondeur et d’une très grande ampleur dans le fonctionnement même de la société.

On passerait alors d’une société hétéronome à une société autonome.

Un monde sorti de la religion au sens où en parle les auteurs c’est à dire le désenchantement du monde n'est pas une société dans laquelle il n'y a aucune croyances mais celles-ci ne structurent plus le monde collectif. Le statut des croyances a donc changé.

Gauchet met alors l'accent sur un élément qu'est la naissance de l'État et son affirmation car cela lui apparaît comme une innovation politique majeure de l'histoire occidentale. Toute la période est ainsi marquée par le développement du pouvoir politique, son autonomisation croissante et l'affirmation de formes particulières telles que la monarchie, ce qui a donné naissance à la notion souveraineté.

Remarques

Parler de société qui fonctionne à l'hétéronomie et de société qui fonctionne à l'autonomie ne veut pas dire que d’un côté il y a un peuple d’esclaves et de l’autre un peuple d’hommes libres.

Dans les sociétés qui se réclament de l’autonomie et qui se pensent sur le mode de l’autonomie, il y a évidemment très peu de moments dans lesquels nous soyons libres et autonomes.

Néanmoins cette distinction autonomie/hétéronomie fonctionne ainsi, c’est à dire sur la façon dont les sociétés se pensent elles-mêmes.

=>Mais ce n’est pas parce qu’on pense que l’on est autonome qu’on l’est.

Ainsi, pour Kant, tous les outils pour être libres sont à notre disposition mais on s’en sert rarement.

Dans les sociétés qui fonctionnent à l’hétéronomie, c’est la tradition (religion, cosmos, etc.) qui fixent en quelque sorte la norme. Il y a toujours une marge d’exclusion ou de manœuvre.

Dans les sociétés qui fonctionnent à l’autonomie, nous avons un autre type de détermination des normes puisque la norme est déterminée par l’argumentation car on peut difficilement, aujourd'hui, convaincre un interlocuteur par le biais de la tradition (« c’est ainsi parce que mon grand-père pensait ainsi ») car ce type d'argument nous paraît souvent peu légitime.

Dans ce sens, le désenchantement du monde signifie cet espace de basculement, ce passage de l’hétéronomie à l’autonomie, c’est à dire à une autre manière de penser la cité ou les hommes, une autre manière de prendre les décisions dans cette cité et de les légitimer.

Cela ne veut pas dire qu’on en ait fini des croyances religieuses, traditionnelles, cosmogoniques, mythologiques, etc. et on peut tout à fait soutenir aujourd'hui la thèse de la sortie du religieux, comme le fait Marcel Gauchet, sans pour autant dire que les croyances traditionnelles ont disparues.

En effet, dire que nous avons basculé dans un monde désenchanté et que nous sommes sortiS du religieux veut juste dire que nous sommes sortis de l’hétéronomie au sens où la cité politique n’est plus structurée, organisée, par le religieux.

Le constat que fait Marcel Gauchet dans son livre ne consiste pas à dire, comme on le disait autour de 1900, que «Dieu est mort».

Cela veut simplement dire que les dieux sont devenus impuissants car ils n’ont plus la capacité d’organiser la vie de la cité, autrement dit, la cité politique vit sans eux même si toute une série d’individus continue de vivre en cultivant des croyances religieuses ou traditionnelles.

 Le désenchantement du monde comme condition d'existence de la science politique

C’est très important pour toutes sortes de raisons. Si l’on veut qu’il y ait quelque chose comme une modernité politique ou comme une pensée politique, voire comme une science politique, il faut que l’on puisse penser l’ordre de la cité et la politique de manière suffisamment autonome.

Pour discuter politique nous irons chercher du côté des textes relevant de notre tradition.

Pour qu’il puisse y avoir quelque chose comme une science politique, il faut que le politique soit pensé comme distinct ou séparé d’autre chose, séparé du reste (du religieux ici).

Nous verrons que c’est exactement l’effort que l’on constate chez Machiavel.

En effet, nous verrons que Machiavel s’emploie précisément à autonomiser la politique, à la fois comme action (action politique pensée suivant ses propres critères comme l’efficacité), et comme savoir politique effectivement conçu comme une discipline de l’esprit autonome, en gros la science politique n’est pas la théologie, ni la morale.

Une action peut être très bonne moralement et désastreuse politiquement.

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Simon

Juriste et ancien élève de l'UPPA et de la Sorbonne, je mets à dispositions mes TD, notes et fiches de cours pour aider les étudiants. N'hésitez à poser vos questions en commentaire : On essaiera de vous aider en faisant de notre mieux !