Ca fait suer, la canicule - Philippe Aalberg
L'été, il est parfois compliqué de travailler, de réfléchir, et tout simplement d'être efficace dans une salle de classe. Professeur comme élève, certains cours sont plus difficiles à suivre lorsque les températures augmentent. À titre d'exemple, l'été 2019 a connu de très hautes températures, où le thermomètre a pu monter jusqu'à 42°C.
Et il en va de même pour les salariés allemands, dont le temps de travail diminue à mesure que les températures augmentent. C'est donc naturellement qu'à l'école, le "Hitzefrei" est mis en place, de sorte à garantir une efficacité décuplée, mais surtout, optimisée, en cours.
Qu'est-ce que le Hitzefrei en Allemagne ?
Le "Hitzefrei" se compose de deux termes typiquement allemands :
- Die Hitze : la chaleur,
- Frei : libre.
Plus concrètement, la traduction française pourrait donc être : "libre pour cause de chaleur". Il s'agit là d'un mot un peu magique pour tous les élèves et les écoliers allemands, puisqu'il leur permet de "sécher les cours", en tout cas de ne pas aller en classe.
Comment ? En Allemagne, quand le directeur de l'école proclame « Hitzefrei », il accorde officiellement aux élèves l'autorisation de partir du cours. Le cri libératoire résonne alors dans les couloirs : Hitzefrei ! Les écoliers allemands sont libérés si, à 11 heures, le thermomètre accroché dans une salle de classe témoin affiche plus de 25 degrés.
Mais la législation et l'application de la réglementation varie d'une région à l'autre, d'un Land à l'autre, et même d'une école à l'autre. Car oui, le Hitzefrei n'a pas de réelle base fixe.
Parfois il faut qu'il fasse 25 ou 26 degrés à l'intérieur, parfois 27 degrés à l'ombre dans la cour, mais le résultat est le même : la cloche sonne à la fin de la 4e ou de la 5e heure de cours – soit vers 11 heures ou midi au lieu de 13 ou 14 heures si la direction juge qu'il fait trop chaud pour travailler.
L'Allemagne part donc du principe que trop de chaleur nuit au travail des enfants et qu'il vaut donc mieux les renvoyer à la maison. Le Hitzefrei existe aussi, un peu, voire beaucoup plus rarement, comme disposition du droit du travail, dans les entreprises, pour les employés, comme nous l'évoquions, mais ça n'est pas le sujet aujourd'hui !
On l'aura donc compris, ce principe de partir de l'école lorsqu'il fait trop chaud a, sur le papier, tout pour plaire. Mais développé à l'échelle d'un pays, il connaît des limites et des contraintes, qui le rendent complexe à plus d'un titre.
La complexité du Hitzefrei en Allemagne
En Allemagne, le Hitzefrei est donc un concept que l'on trouve formidable, mais il s'avère qu'il est également très complexe. Et oui, tout ne peut pas être si simple !
Certains jours d'été, les élèves des écoles construites en dur, spacieuses et bien fraîches, envient sûrement leurs camarades qui cuisent dans des préfabriqués à toit plat. Une certaine inégalité qui rend le concept de Hitzefrei un peu plus discutable à certains égards.
Par ailleurs, qui choisit la salle témoin, de sorte à décider quand et comment appliquer le Hitzefrei ? Si le directeur est un mauvais coucheur, ça ne fait pas un pli : c'est la salle du rez-de-chaussée exposée au nord. Avec lui, il ne fait jamais trop chaud.
Et puis, il faut également souligner qu'il y a les disparités nord-sud du pays : en été, les élèves du nord de l'Allemagne sont moins gâtés que ceux du sud, même si, en hiver, ils peuvent se rattraper avec le « schneefrei » : libre pour cause de neige. Et oui, ce concept se décline en Allemagne en fonction des saisons !
Les plus mal lotis restent les élèves de 6-7 ans – les premières et deuxièmes classes. Comme ils n'ont pas le droit de rentrer seuls à la maison, ils sont consignés dans un bâtiment étouffant, sous la responsabilité d'instituteurs en nage que la mesure ne concerne pas.
Il en va de même pour les lycéens à partir de 16-17 ans. Ces jours-là, pas question pour eux de partir à la piscine à vélo ! Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'en Allemagne, à 16 ans, ils pourraient théoriquement être dans la vie active, et que la mesure ne s'applique pas au milieu du travail.
Une petite injustice que l'on pourrait donc reprocher à l'Allemagne.
Dans certaines écoles, les parents doivent signer une autorisation de sortie spéciale Hitzefrei pour leurs chérubins en début d'année. Mais que fait l'élève de son autorisation si, le jour J, ses parents ne sont pas à la maison à midi ? Comment rattraper les cours perdus ? Qui se charge d'annuler les bus de ramassage scolaire ?
Comme vous pouvez le constater, le système si bien huilé peut dérailler rapidement en cas de Hitzefrei. Mais il n'en reste pas moins que nous, les petits Français, nous pouvons envier les Allemands. En premier lieu, contrairement à eux, nous avons école toute la journée. De plus, dans un deuxième temps, nous n'avons jamais Hitzefrei !
Imaginez un peu : si une telle mesure existait, nous ferions l'école buissonnière la moitié de l'année, du moins dans le sud de la France ! Est-ce que ça ne mérite pas une manifestation ? Nous voulons le « hitzefrei »« hitzefrei » « hitzefrei » ! Entre la France et l'Allemagne, notre coeur balance !
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