Chapitres
Dans ce cours, nous allons voir ensemble comment rédiger correctement un commentaire composé pour un extrait de roman.
Nous allons présenter une méthode générale en nous appuyant sur un exemple, pour mieux faire comprendre les subtilités de cet exercice.
Le texte qui nous servira de fil rouge est extrait de L’Etranger, d’Albert Camus :
Situation de l’extrait étudié : Meursault est un homme sans passion, qui laisse couler sa vie apparemment sans émotion. Il a enterré sa mère quelques jours auparavant et se retrouver, en compagnie de sa nouvelle petite amie, chez un homme qu’il connaît à peine pour passer une après-midi à la plage. Alors qu’il se promène tout seul sur le rivage, il retombe sur un Arabe croisé quelques heures auparavant, qui avait paru menaçant.
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire. J'ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. À cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Fin de la première partie de L'Étranger, Albert Camus, 1942
La lecture de l’extrait
La première chose à faire pour commenter un extrait de texte, c’est évidemment… de lire l’extrait en question !
Pour cette étape de lecture, mieux vaut être rigoureux. Ainsi, il faut prendre le temps de découvrir le texte soumis à l’étude, et le relire plusieurs fois, pour réaliser plusieurs tâches successives.
Première étape : découvrir le sujet
Le paratexte
Le paratexte, c’est tout ce qui entoure l’extrait, mais qui ne fait pas vraiment partie de l’extrait.
Il s’agit par exemple du chapeau potentiel (c’est-à-dire un petit texte écrit en italique qui situe l’extrait dans le roman), du titre de l’œuvre dont le texte est extrait, du nom de l’auteur, de la date de publication, etc.
Ici, il y a un chapeau qui nous renseigne sur la place de l’extrait dans l’histoire, et qui nous donne des informations sur le personnage concerné. On sait donc que Meursault est « est un homme sans passion, qui laisse couler sa vie apparemment sans émotion ». Ça pourra nous être utile !
En outre, on nous donne le titre de l’œuvre, l’écrivain, et la date de publication : il s’agit d’un extrait de L’Etranger, situé à la fin de la première partie, et c’est un texte écrit par Albert Camus en 1942.
On peut déjà rapprocher le titre, « étranger », de l’information « un homme sans passion »…
Première lecture
La deuxième étape d’une bonne lecture, c’est évidemment… lire le texte !
Ainsi, la toute première chose à faire, c’est de lire l’extrait présenté, en ayant posé son stylo, et en se concentrant sur son plaisir. Cette première lecture permet de s’imprégner globalement du texte et de se laisser suggérer des choses par lui.
En effet, commenter un texte, c’est chercher à savoir ce qu’il veut dire, et comment il le dit. Et pour savoir cela, il faut l’écouter et s’écouter soi-même ! Autrement dit, il faut répondre à la question : quelle est l’impression que me laisse ce texte ?
Après l’avoir lu une première fois, il faudra donc le lire une deuxième fois, et cette fois s’armer d’un stylo.
Deuxième lecture
Le stylo, au cours de cette deuxième lecture, doit servir à souligner les mots qui vous paraissent importants. C’est ce qu’on appelle les « mots-clés ».
Comment savoir s’ils sont importants ? Il faut s’appuyer sur (au moins) trois choses, à partir de la question centrale « Qu’est-ce que le texte montre ? » :
- les indices donnés par le paratexte
- vos connaissances personnelles
- votre intuition
Dans le texte qui nous occupe, on peut par exemple relevé, pêle-mêle, les mots ou expressions suivantes :
« plage vibrante de soleil », « à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de rire », « j’ai attendu », « brûlure du soleil », « gouttes de sueur », « le front surtout me faisait mal », « à cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter », « c’était stupide », « Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant », « c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front », « un voile tiède et épais », « aveuglés », « rideau de larmes et de sel », « cymbales du soleil », « glaive éclatant », « épée brûlante », « yeux douloureux », « tout a vacillé », « souffle épais et ardent », « le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu », « c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. », « j'avais détruit l'équilibre du jour », « c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. »
Si vous ne parvenez pas à trouver suffisamment de mots ou expressions « clés » à la deuxième lecture, relisez l’extrait autant de fois que nécessaire. Et voici quelques conseils pour les obtenir :
- Reprenez le travail à son début comme s'il s'agissait de la découverte du texte.
- « Videz votre tête » des informations perçues lors de la première lecture.
- Évitez d'être influencé par votre première approche.
Deuxième étape : problématique et axes de lecture
Une fois les mots et expressions clés relevés, ceux-là doivent vous aider à trouver deux choses :
- une idée principale qui parcourt le texte en entier, et qui correspondra plus ou moins à votre problématique
- des idées secondaires (« axes de lecture ») en lien avec la problématique, et qui aident à traiter celle-ci
La problématique et les axes de lecture composent ce qu’on appelle « le plan ».
Attention ! Un texte n’a jamais qu’une seule problématique. C’est à vous de défendre au mieux, en argumentant dans votre commentaire, la problématique que vous aurez choisie, notamment grâce aux idées secondaires que vous traiterez paragraphe par paragraphe dans votre rédaction !
Le commentaire est organisé par un plan en deux ou trois parties, lesquelles contiennent elles-mêmes deux ou trois sous-parties.
Ce plan doit être :
- progressif : les arguments doivent se suivre de manière logique. Attention : le commentaire ne suit pas, très souvent, la même progression que le texte !
- équilibré : les parties qui le composent doivent avoir une taille plus ou moins équivalente.
- justifié : il répond à une problématique littéraire, c'est-à-dire une question qui entend englober les enjeux du texte.
L’idée générale ou la problématique
La problématique d’un texte, c’est la question que vous allez présenter à la fin de votre introduction, et qui servira de fil conducteur à votre analyse.
Autrement dit, c’est une question qui répond à la question : « Quelle est l’impression que me laisse le texte ? »
Pour la formuler, il faut s’aider d’au moins trois choses :
- le paratexte
- vos connaissances personnelles
- les mots et expressions relevées
Par exemple, dans l’extrait suivant, on peut élaborer la problématique en émettant les hypothèses suivantes :
Indices | Données | Hypothèses |
---|---|---|
Le paratexte | Meursault est un homme sans passion, qui laisse couler sa vie apparemment sans émotion. Il a enterré sa mère quelques jours auparavant et se retrouver, en compagnie de sa nouvelle petite amie, chez un homme qu’il connaît à peine pour passer une après-midi à la plage. Alors qu’il se promène tout seul sur le rivage, il retombe sur un Arabe croisé quelques heures auparavant, qui avait paru menaçant. | Meursault est un homme étrange, mal inséré dans la société. Il est potentiellement perturbé par la mort de sa mère. |
Le paratexte | Fin de la première partie de L'Étranger, Albert Camus, 1942 | C’est la fin d’une partie : il y a donc un basculement dans l’histoire. Le titre du roman renseigne sur la personnalité du personnage principal : il s’agit d’un « étranger » (mais à quoi ?) |
Mes connaissances personnelles | Mes cours de littérature, mes cours d’histoire, mes autres lectures | Roman écrit en 1942, en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale L’Etranger fait partie du « cycle de l’absurde », une période d’écriture d’Albert Camus (voir Mythe de Sysyphe et Caligula) |
Mots et expressions clés | « plage vibrante de soleil », « à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de rire », « j’ai attendu », « brûlure du soleil », « gouttes de sueur », « le front surtout me faisait mal », « à cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter », « c’était stupide », « Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant », etc. | Forte présence du soleil, avec un vocabulaire relatif à l’agression et à la douleur Formules de la causalité Formules du basculement Forte présence de la subjectivité, absence de l’altérité |
À partir de ces trois hypothèses, une problématique pertinente pourrait donc être :
En quoi peut-on dire que ce passage constitue un moment charnière de l'histoire de Meursault ?
Mais attention ! Cette problématique n’est pas la seule possible ! À partir des mots que vous aurez relevés, de votre propre intuition et de votre culture personnelle, on pourrait en trouver d’autres, comme par exemple :
- En quoi le meurtre de l’Arabe est-il absurde ?
- Dans quelle mesure cet extrait montre-t-il l’étrangeté de Meursault au monde ?
- etc.
Axes de lecture
Les axes de lecture, ce sont les idées qui doivent vous servir à répondre à la problématique générale. Formellement, ils constitueront les parties distinctes de votre commentaire composé et seront faits de plusieurs paragraphes.
En général, il faut en trouver deux (minimum) ou trois (maximum). Et pour les trouver, c’est encore une affaire de lecture et d’intuition !
Il faut donc relire l’extrait à commenter pour y trouver des idées secondaires (et distinctes les unes des autres !), en lien avec la problématique générale.
Cette fois, il faut s’armer de deux ou trois stabilos pour avoir une couleur pour chaque idées secondaires. On surlignera donc les mots et les expressions qui semblent correspondre à une même idée secondaire avec une même couleur.
Pour ce faire, on peut aussi s’aider des questions générales suivantes :
- Où : où cela se passe-t-il ?
- Quand : à quel moment, dans quelles circonstances ?
- Comment : De quelle sorte, sous quelle forme, quelles ressemblances, quelles différences, quel rapport avec l'idée générale ?
- Pourquoi : pour quelles raisons, dans quel but ? Quelles sont les causes, les conséquences, qu'est-ce que cela a ou va provoquer ? Quels sont les avantages, les inconvénients ? ...
Pour notre texte, on peut alors déceler les « axes de lecture » suivants, à l’appui de relevés de texte spécifiques :
Axe de lecture | Sous-idées (paragraphes de l’axe de lecture) | Lien avec la problématique | Extraits du texte correspondants (non-exhaustifs) |
---|---|---|---|
Une atmosphère pesante (1er axe) | La présence du soleil | Le soleil est une présence étouffante, qui peut expliquer l’acte meurtrier | Cinq fois le mot « soleil » Le soleil modifie la perception de Meursault, se réfléchit sur le couteau |
Une atmosphère pesante (1er axe) | Les sensations de Meursault | Le personnage est tout entier absorbé par ses sensations, il perd en lucidité | Les signes de l’inconfort, de la perturbation, sont nombreux : « se pressait », « la brûlure », « j’ai senti », « le front surtout me faisait mal », « yeux douloureux », « J’ai touché », « j’ai crispé », ... « Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front », ce qui signifie que Meursault entend des cymbales résonner dans sa tête |
Le mécanisme tragique (2eme axe) | L’hamartia (erreur irréfléchie qui déclenche le mouvement sans retour) | À partir de là, Meursault voit sa vie basculer | « Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. » Présence de connecteurs logique (« C’est alors que … », …) |
Le mécanisme tragique (2ème axe) | L’aveuglement | Meursault agit sans avoir conscience de la portée de ses actes | on peut relever deux sortes d'aveuglement : Le soleil, qui éblouit. La sueur, qui agit comme un voile (« la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais »). |
Le mécanisme tragique (2ème axe) | L’acte inexplicable | L’acte inexplicable rend le basculement encore plus irréversible | le narrateur lui-même avoue que le soleil ne peut pas justifier ses actes : « Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. » |
Le début de la fin (3ème axe) | La prise de conscience | Meursault se rend compte de l’irréversible et le rend perceptible au lecteur | Ces quatre coups supplémentaires sont un acte d'affirmation de soi. |
Le début de la fin (3ème axe) | Le changement de ton | Par une nouvelle écriture, Meursault du monde | À la fin, les phrases sont plus longues, le vocabulaire davantage imagé. |
Troisième étape : repérer les figures de style
Un texte littéraire, c’est aussi une histoire de forme !
Cela veut dire que l’auteur utilise des formes particulières pour exprimer des choses particulières. On regroupe ces procédés sous l’appellation « figures de style ».
Dans le tableau suivant, vous trouverez les plus fréquentes :
Figure de Style | Type | Utilisation | Exemple |
---|---|---|---|
Métaphore | Analogie | Rapprocher un élément d'un autre sans outil de comparaison | Une beauté divine. |
Allégorie | Analogie | Représenter une idée de façon imagée | Marianne est une allégorie de la République. |
Personnification | Analogie | Représenter une chose ou un animal sous les traits d'une personne | La chaise est habillée d’une toile. |
Comparaison | Analogie | Rapprocher un élément d'un autre en utilisant un outil de comparaison | Il est beau comme un dieu. |
Animalisation | Analogie | Représenter une chose ou une personne sous les traits d'un animal | Il avait les dents d’un loup. |
Antithèse | Opposition | Rapprocher deux mots très opposés pour souligner leur opposition | « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Corneille) |
Oxymore | Opposition | Alliance de deux mots de signification opposée | Un soleil noir. |
Paradoxe | Opposition | Affirmation allant à l'encontre de la logique | C’est le plus faible qui a gagné. |
Antiphrase | Opposition | Exprimer une idée par son contraire | Il est tout rouge, il ne s’est pas beaucoup dépensé. |
Métonymie | Substitution | Désigner une réalité par l'une de ses caractéristiques ou un terme ayant un lien logique avec elle | Il est mort par le fer. |
Périphrase | Substitution | Remplacer un mot par un groupe de mot de sens équivalent | Le pays du fromage est connu de tous. |
Hyperbole | Amplification | Exagération | En courant comme cela, tu m’as tué ! |
Gradation | Amplification/Atténuation | Progression croissante ou décroissante | Il est chétif, il est faible, il est mort. |
Anaphore | Amplification | Répétition de mots, groupes de mots ou d'une construction en début de phrase | « Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, / Mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire. » (Corneille) |
Litote | Atténuation | Dire le moins pour en comprendre le plus : atténuer une idée pour lui donner plus de force | « Va, je ne te hais point. » (Corneille) |
Prétérition | Atténuation | Faire semblant de ne pas vouloir dire quelque chose mais le dire quand même | « DUPOND : Mon cher, si vous comptez sur nous pour vous révéler qu'il s'agit de trafic d'avions, vous vous trompez lourdement. Motus et bouche cousue, c'est notre devise. » (Hergé) |
Euphémisme | Atténuation | Remplacer une réalité par une expression moins brute | Il nous a quittés. (pour dire : « Il est mort. » |
Juxtaposition | Construction | Allier deux groupes de mots sans mot de liaison | Je l’aime, je m’en vais. |
Asyndète | Construction | Absence de mots de liaison entre deux groupes de mots liés par le sens | Je l’aime, je la désire. |
Polysyndète | Construction | Exagération des mots de liaison entre plusieurs groupes de mots | « Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune. » (Racine) |
Attention ! Dans un commentaire de texte, on ne commente jamais la forme (comment est-ce dit ?) en l’isolant du fond (qu’est-ce que cela veut dire ?) ! Bien au contraire, une figure de style vient renforcer le sens des mots. Par exemple, quand on identifie la présence d’une métaphore, il faut expliquer pourquoi il y a une métaphore.
Ces figures de style, une fois trouvées, doivent donc être intégrées à votre développement selon la manière dont elles servent votre argumentation.
Pour notre texte, voici ce que l’on peut faire, suivant les axes de lecture que nous avons décidés :
Extraits du texte | Figure(s) de style | Axe de lecture | Effet(s) de la figure de style |
---|---|---|---|
« Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front » | Métaphore | « Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front » | Le soleil lui tape sur la tête et l’empêche de réfléchir |
« J’ai secoué la sueur et le soleil. » | Allitération (en s) | Une atmosphère pesante/Les sensations de Meursault | Renvoie bien l’impression d’assourdissement dont le narrateur est victime. |
« Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. » | Répétition | Le mécanisme tragique/L’hamartia | Le pas fait passer du côté irréversible de l’acte |
« J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour » | Métaphore | Le mécanisme tragique/L’hamartia | Meursault a détruit sa vie par l’acte meurtrier |
« Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. » | Métaphore | Le mécanisme tragique/L’aveuglement | Le soleil et la sueur l’empêchent de voir correctement, et d’être lucide |
« J'ai secoué la sueur et le soleil. » | Métaphore | Le mécanisme tragique/L’aveuglement | Meursault se fait de nouveau voyant, après l’acte accompli |
« Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais a la porte du malheur. » | Comparaison | Le début de la fin/La prise de conscience | Meursault vient de basculer dans la partie infernale de son existence |
« Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. » | Métaphore | Le début de la fin/La prise de conscience | Référence à l’Apocalypse de la Bible |
« glaive éclatant », « rideau de larmes et de sel » | Métaphores | Le début de la fin/Le changement de ton | Symboles du nouveau Meursault, utilisateur d’un nouveau langage |
La rédaction du commentaire
Une fois toutes ces lectures réalisées, et les passages correctement identifiés pour appuyer votre raisonnement, il ne vous reste plus… qu’à écrire vous-même !
Consignes générales
Pour rédiger un commentaire composé, il est bon d’avoir en tête quelques « règles » générales qui vous assureront la sympathie de votre correcteur… et donc des points faciles !
Ainsi, le commentaire composé répond à une forme bien particulière. Il contient :
- Une introduction
- Un développement qui comprend deux ou trois axes de lecture, sous-divisés chacun en deux ou trois sous-parties
- Une conclusion
En outre, des règles de présentation sont incontournables :
- Saut de lignes entre : introduction et développement ; chaque partie ; développement et conclusion.
- Evidemment, chaque paragraphe débute par un alinéa !
Ces règles de présentation sont également utiles pour structurer sa pensée ; en cela, il ne faut pas les négliger, d'autant qu'elles rapportent facilement des points !
Généralement, pour le bac de français, le commentaire composé fait entre une et deux copies doubles.
L'introduction
L'introduction est une partie très formalisée qui comprend quatre étapes. Au début de chacune d'elle, il faut revenir à la ligne de manière à ce que l'introduction soit une partie formée de plusieurs blocs.
Contextualiser l'œuvre
Si possible, il faut replacer l'extrait étudié dans le contexte de l'œuvre à laquelle il appartient. D'abord, parler de l'auteur ; ensuite, du courant littéraire ou de l'époque ; enfin, de l'Histoire, ou du contexte particulier de sa création.
Albert Camus est un écrivain français du XXème siècle, qui a articulé sa création littéraire à travers deux cycles : l'absurde, qui vient du décalage entre un besoin d'idéal et le monde réel, et la révolte, qui doit nous faire affronter notre destin, malgré toute l'absurdité de l'existence.
L'Etranger, paru en 1942, appartient au cycle de l'absurde. Il y présente un homme happé par des circonstances extérieures qu'il ne parvient pas à dominer et qui l'entraineront jusqu'à une condamnation à mort.
Détailler les caractéristiques de l'extrait
Pour cela, il suffit de répondre à plusieurs questions :
- Quelle est la place de l'extrait dans l'œuvre (incipit ? Excipit ? Scène particulière ? Place du poème dans le recueil ? etc.) ?
- Quel est le thème de l'extrait ?
- Quel est le genre de l'extrait (poésie ? roman ? théâtre ? essai ? etc.) ?
- Quel est le registre littéraire de l'extrait (comique, lyrique, argumentatif ? etc.)
Dans le passage qui nous occupe, le personnage narrateur Meursault est retourné seul sur la plage après une altercation opposant son ami Raymond et deux Arabes. L'un deux est le frère de l'ancienne femme de Raymond. Le narrateur a sur lui le revolver de son ami. Il avait forcé celui-ci à lui remettre pour éviter un débordement. Par hasard, il rencontre l'un des deux Arabes.
Toute la progression dramatique de ce texte semblera alors reposer sur le hasard de la rencontre. Il s'y trouve pourtant de nombreux éléments qui font du dénouement la suite logique d'une fatalité pesant sur le personnage.
Annonce de la problématique
Le détail des caractéristiques doit amener logiquement à une question qui délimite les enjeux du texte : cela s'appelle la problématique. Il faut l'énoncer clairement, tout en l'ayant amenée de manière cohérente par rapport à ce qui a précédé dans la présentation de l'extrait.
Dès lors, en quoi peut-on dire que ce passage constitue un moment charnière de l’histoire de Meursault ?
Annonce du plan
L'introduction se termine sur l'annonce du plan. Il faut éviter une formulation trop lourde du type « En partie un, …. En partie deux… ». Le plan, ce sont les deux ou trois axes qui ont été décidé après avoir l'analyse qui a suivi les différentes lectures du texte.
Il faut l'énoncer de façon claire, limpide.
Dans un premier temps, nous verrons tout l'effet de l'atmosphère pesante sur Meursault. Il faudra voir ensuite comme atmosphère pesante ajoute au mécanisme tragique qui se fait jour ici. Nous analyserons enfin les signes montrant qu'il s'agit du « début de la fin ».
Le développement
Le développement suit les axes de réflexion établis. Entre chaque partie, il faudra sauter une ligne ; entre les différentes argumentations à l'intérieur de chaque partie, il faudra revenir à la ligne.
Généralement, il faut travailler les transitions pour que le propos paraisse logique et clair. Nous parlons à la fois des transitions entre les parties, mais aussi des transitions à l'intérieur même des parties, puisque celles-ci doivent contenir des sous-parties, qui correspondent à des mouvements différents de l'analyse.
C'est ici que l'on mêle forme et fond, en s'appuyant au maximum sur le texte (citer, citer, citer !), sans jamais paraphraser et en justifiant toujours ses idées (à partir du texte !).
La conclusion
Pour la conclusion du commentaire, il faut procéder en deux étapes :
- Résumer ton développement en insistant un peu plus sur la pertinence de celui-ci vis-à-vis de la problématique choisie
- Elargir la conclusion à l'aide d'une ouverture : elle fait appel à la culture générale en créant un prolongement thématique ou littéraire avec le texte étudié.
En définitive, ce passage nourri par le thème du meurtre pose le problème de la responsabilité. Meursault se sent être manifestement un personnage étranger à ses propres actes, ce qui ramène, pour la première fois aussi explicitement, au titre du roman. Ici, les images symboliques et la menace d'un environnement hostile pèsent sur le roman comme une fatalité, renforçant le statut d'étranger du narrateur principal.
Résumé en tableau de la méthode du commentaire composé
Partie du commentaire | Visée | Informations indispensables | Écueils à éviter |
---|---|---|---|
Introduction | - Présenter et situer le texte dans le roman - Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique) - Présenter le plan (généralement, deux axes) | - Renseignements brefs sur l'auteur - Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?) - Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?) - Les axes de réflexions | - Ne pas problématiser - Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur |
Développement | - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible - Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif) | - Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.) - Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond) - Les transitions entre chaque idée/partie | - Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux - Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser - Ne pas commenter les citations utilisées |
Conclusion | - Dresser le bilan - Exprimer clairement ses conclusions - Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.) | - Les conclusions de l'argumentation | - Répéter simplement ce qui a précédé |
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