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C'est parti

Présentation du roman

Ce roman est écrit par Émile Zola et publié en 1893.

Émile Zola en 1902
Émile Zola en 1902
C’est le vingtième et dernier roman de sa série œuvre-monde Les Rougon-Macquart. Il s’agit donc pour l’auteur naturaliste de donner une conclusion à l’histoire de sa famille, comme il l’écrit dans sa dédicace :

« C’est un des romans auxquels je tiens le plus, car c’est le résumé et la conclusion de toute mon œuvre. »

La série des Rougon-Macquart que clôt Le Docteur Pascal est ainsi caractéristique d’une volonté littéraire prégnante au XIXème siècle, celle d’une œuvre qui rivaliserait avec le monde. L’œuvre-monde est liée à l’entreprise réaliste, dans une dimension hyperbolique, fantasmatique :

« Expérience de totalisation : voilà le roman pensé comme vaste entité organique, qui mime jusqu’au délire la multiplicité et la complexité du monde. »

Jacques Dubois, Romanciers du réel

L'entreprise de Zola dans l'écriture des Rougon-Macquart peut se résumer par ce passage extrait de la préface La Fortune des Rougon :

« Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'œil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur. »

La Fortune des Rougon, 1871

C'est aussi la traduction de la volonté naturaliste de Zola, mouvement dont il est le principal chef de file, et qui peut se définir ainsi :

« Mon but a été un but scientifique avant tout : j'ai montré les troubles profonds d'une nature sanguine au contact d'une nature nerveuse. J'ai simplement fait sur deux corps vivants le travail analytique que les chirurgiens font sur des cadavres. »

Préface de Thérèse Raquin, 1867

L’œuvre-monde de Zola est donc l'occasion de développer ses thèses littéraires, qu'il cherche à fonder scientifiquement. Il profite d'ailleurs de cette dernière histoire au sujet du Docteur Pascal pour développer des théories sur l’hérédité provenant des travaux des docteurs Prosper Lucas et Bénédict Augustin Morel. Besoin de cours francais pour analyser l'oeuvre ?

Résumé du roman

L’intrigue se déroule entre 1872 et 1874, c’est-à-dire après la chute du Second Empire, qui correspond au cadre historique de l’ensemble de l’œuvre. Pascal Rougon est le fils de Pierre Rougon et de Félicité Puech. Il a cinquante-neuf ans quand commence le roman, vit à Plassans dans sa propriété de la Souleiade en compagnie de sa servante Martine et Clotilde, sa nière qu’il hébérge depuis ses sept ans. Là-bas, il travaille sans relâche sur l’hérédité à partir des données de sa propre famille. Il possède ainsi sur chacun de ses parents, proche ou lointain, des dossiers immenses, dans lesquels il recense les tares et autres atavismes. À ce titre, sa mère souhaiterait les détruire puisqu’ils représentent un danger vis-à-vis de la postérité de la famille.

Plan de Plassans, lieu fictif des événements que Zola situe en Provence
Plan de Plassans, lieu fictif des événements que Zola situe en Provence
Félicité parvient, en invoquant des raisons religieuses – il faudrait notamment sauver l’âme de Pascal en perdition -, à convaincre Martine et Clotilde de la nécessité de soustraire les dossiers à la vigilance du docteur. Mais celui-ci reste attentif, anxieusement conscient des plans de sa mère, et protège constamment l’accès à l’armoire qui contient ses recherches d’une vie. La première partie du récit correspond ainsi à la lutte acharnée entre Pascal, qui incarne la culture et le progrès scientifique, et les trois femmes, symbolisant l’obscurantisme et la tradition. La scène du basculement est celle de Clotilde parvenant à dérober la clef de l’armoire tandis que Pascal dort. Elle l’ouvre et alors qu’elle s’apprête à tout détruire, le docteur arrive à temps et l’en empêche. Sous l’impulsion de la colère et d’une fatigue mentale palpable, il lui raconte les histoires particulières de leur famille commune. Ce grand discours est l’occasion, pour les intérêts du récit, d’expliquer à Clotilde les destinées tragiques de ses parents ; pour Zola, c’est un résumé de toute sa série qu’il met en œuvre, confirmant par là le caractère conclusif de ce dernier roman. Cette bataille incessante a cependant raison de la santé du Docteur : il tombe dans un état d’épuisement qui l’immobilise grandement. Il se pense alors touché par le tragique propre à sa famille, s’accablant de son sang congénitalement maladif. Il est néanmoins soigné par Clotilde, qui se détourne de la religion pour s'investir dans le rétablissement de son oncle. Pascal, guéri, se retrouve empli d’une vitalité nouvelle et il associe ce renouveau à Clotilde, pour qui, se rend-il compte, il éprouve des sentiments amoureux. Apeuré, il tente de la faire se marier avec un confrère, mais celle-ci refuse et lui déclare plutôt son amour. C’est à l’occasion de cette nuit qu’il la déflore. La seconde partie du roman est l’histoire de cet amour incestueux, qui se partage entre une joie absolue et la peur de la séparation. Un an après le début de leur relation, Pascal est en effet victime de la faillite frauduleuse de son notaire. Il devient si pauvre qu’il doit se séparer de Clotilde, poussé en cela par sa mère Félicité qui s’inquiète du scandale et reprend l’espoir de détruire les documents compromettants. Clotilde est donc envoyée à Paris par le docteur pour s’occuper de son frère Maxime frappé d’ataxie. Resté seul avec sa servante, Pascal est détruit par le chagrin et meurt deux mois plus tard d’une sclérose du cœur. Avant de mourir, alors qu’il vient d’apprendre que Clotilde porte un enfant de lui, il l’appelle à son chevet mais celle-ci arrive deux heures après sa mort. Elle n’empêchera donc pas Félicité de détruire les documents tant convoités : seul l’arbre généalogique établi par le docteur Pascal réchappera de l’autodafé.
L'arbre généalogique des Rougon-Macquart
L'arbre généalogique des Rougon-Macquart
La scène finale du roman est aussi celle de l’œuvre fleuve des Rougon-Macquart : on y voit la naissance de l’enfant et un hymne à la vie :

« Et, dans le tiède silence, dans la paix solitaire de la salle de travail, Clotilde souriait à l'enfant qui tétait toujours, son petit bras en l'air, tout droit, dressé comme un drapeau d'appel à la vie. »

Le Docteur Pascal, Émile Zola

On peut y comprendre un détournement progressif de Pascal et de l’auteur d’une foi infaillible dans les progrès de la science vers l’acceptation par l’homme du mouvement de la vie et de la nature, toutes puissantes. Il écrira d'ailleurs, dans une lettre explicative à son ami J. Van Santen Kolff (Paris, 22 février 1893) :

« La vérité est que je conclurai par le recommencement éternel de la vie, par l'espoir en l'avenir, en l'effort constant de l'humanité laborieuse. Il m'a semblé brave, en terminant cette histoire de la terrible famille des Rougon-Macquart, de faire naître d'elle un dernier enfant, l'enfant inconnu, le Messie de demain peut-être. Et une mère allaitant un enfant, n'est-ce pas l'image du monde continué et sauvé ? »

Pistes d'analyse

Un exemple d’œuvre-monde naturaliste

L’œuvre-monde de Zola avait donc pour vocation à illustrer les caractéristiques du mouvement naturaliste. Néanmoins, le discours naturaliste théorise un roman qui n'a pas été écrit, peut-être un roman impossible, même si théorie et fiction participent de la même culture et d'un même imaginaire.

Le naturalisme se définit par ce qu'il refuse :

  • L'idéalisme mystique qui base les œuvres sur le surnaturel et l'irrationnel
  • Zola lui refuse les forces mystérieuses, en dehors du déterminisme des phénomènes.
  • L'idéalisme classique qui étudie lʼhomme abstrait, l'homme métaphysique
  • Le dogmatisme catholique qui affirme un absolu théologique (cf Pascal et sa position vis-à-vis de la dévotion de Clothilde et de sa servante)
  • Le réalisme s'il ne doit être qu'une copie impersonnelle de la réalité

Les Rougon-Macquart sont donc une tentative de totalisation, typique du XIXème siècle. Zola écrit à ce propos :

« J'ai toujours, comme nous disons, les yeux plus grands que le ventre. Quand je m'attaque à un sujet, je voudrais y faire entrer le monde entier. De là mes tourments, dans ce désir de l'énorme et de la totalité, qui ne se contente jamais. »


Emile Zola à J. Van Santen Kolff, Médan, 4 septembre 1891.

Le Docteur Pascal est ainsi marqué par la volonté d'apporter une conclusion à cette entreprise. Émile Zola insère donc dans cette oeuvres des rappels et résumés aux oeuvres précédentes, pour tenter de boucler la boucle :

  • Principe scientifique constamment rappelé par le Docteur Pascal
  • Intégration du mystère, de l'inconnu, du « reste à venir »
  • L'Histoire
  • L'art
  • L'aspect démiurgique

La science au cœur du récit

Entre 1859 et 1865, les grands savants ont changé le monde. Le docteur Pascal est fait à l'image de Claude Bernard ; le savant constitue bien avant l'écrivain la première esquisse de l'intellectuel : un Claude Bernard, un Pasteur sont célébrés comme emblèmes de la France et d'une nouvelle légitimité culturelle. Le savant désarme les passions politiques parce qu'il incarne la recherche de la vérité. A partir des années 1880, on constate une domination culturelle de cette image dans l'imaginaire social. Si certaines des thèses scientifiques développées par l'auteur paraissent aujourd'hui datées, le docteur Pascal - et à travers lui Zola - a l'intuition de principes aujourd'hui largement reconnus : en particulier bien sûr le rôle de l'hérédité dans la constitution de l'individu, essentiel mais non déterminant selon Zola puisque l'humeur du personnage, selon la théorie naturaliste, joue un rôle décisif. Il y a aussi l'éloge de la méthode scientifique, faite de rigueur et d'humilité, par contraste avec les prétentions de la religion. C'est un parallèle avec sa manière de créer car, comme le biologiste institue des expériences sur les animaux de son laboratoire pour découvrir les constantes de la vie organique, le romancier

« fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le déterminisme des phénomènes mis à l'étude. »

Le Roman expérimental, Émile Zola, 1880

On trouve donc chez l'écrivain une folle volonté de rivaliser avec les sciences en abandonnant ce qui fait le principe même de la fiction, l'imagination. La démarche scientifique ainsi conçue est un petit drame avec une péripétie centrale, un nœud qui transforme les données initiales.
Les développements à caractère médical sont très nombreux dans la dernière partie de l’œuvre :

  • Folie lucide de Marthe Mouret
  • Delirium tremens de Coupeau
  • Petite vérole de Nana
  • Chlorose de Catherine Maheur
Dans Le Docteur Pascal, Zola relève le défi du néo-mysticisme et prend la défense de la pensée rationnelle contre ceux qui proclament sa banqueroute et dont Clotilde, face à Pascal se fait un instant lʼinterprète. Il leur oppose plus nettement que jamais un double refus : celui des illusions mystiques et celui du scepticisme, triste envers de l'idéalisme, ainsi qu'un double acte de confiance dans l'usage méthodique de la raison et dans les vertus du travail.

Zola devant la mort

Pascal est un mélange de Rougon et de Zola. Il sʼagit dʼune projection de Zola parmi les Rougon-Macquart. C'est bien à lui que doit revenir vingt ans après le début, la mission de faire retour sur l’œuvre entière, d'en résumer la matière dans une œuvre unique et d'en démontrer l'unité de pensée et de méthode. De là, la relecture des romans précédents, les résumés et les graphiques, le recours à l'hérédité.

Lʼintrigue elle-même a une résonance autobiographique. En 1888, Zola rencontre la jeune Jeanne Rozerot qui lui donne deux enfants inespérés. À toutes les raisons que Zola avait de clore les Rougon-Macquart sur un acte de foi dans la vie s'ajoutait depuis 1888 sa propre métamorphose, la reconquête de sa jeunesse, le jaillissement retrouvé des joies charnelles, et plus encore peut-être le bonheur.
Jeanne Rozerot et Émile Zola en 1893
Jeanne Rozerot et Émile Zola en 1893
Le Docteur Pascal est aussi un plaidoyer pour sa propre histoire. Et alors qu'il se trouve à la fin de sa vie, il se retourne vers son accomplissement et s'interroge sur son sens, alors que la vie continuera sans lui, tandis que l'œuvre-monde ne peut rester qu'incomplète. Il trouve les mêmes réponses que celles faites trouver à son personnage :

« L'effort doit trouver en soi sa récompense, l'œuvre étant toujours transitoire et restant quand même inachevée. »

Le Docteur Pascal, Émile Zola

Alors que nous avons parlé d'un Zola radical dans sa méthode d'écriture et les thèses qu'il entend mettre en images, le roman finalement délivre un message plus ambigu. Car à ce combat du héros contre les tenants d'un système purement mauvais, Le Docteur Pascal oppose un conflit qui divise le héros lui-même. Pascal est à la fois l'homme de l'avenir et l'homme du passé. Ce roman de la science est un roman qui incarne la valeur de l'imaginaire. L'opposition que Zola a voulu ménager entre la quête du réel poursuivi par le savant et le besoin d'irréel incarné par Clotilde se trouve contrarié par la persistance avec laquelle s'affirment tout au long de l’œuvre les puissances du rêve. Clotilde est du côté du rêve et du désir :

« Le mystère tout de suite me réclame et m'inquiète. »

Le Docteur Pascal, Émile Zola

Et c'est par elle que Pascal échappe à la fatalité : Clotilde est dotée de la force nécessaire pour réaliser l'identité de la réalité et du rêve, et pour l'assurer de façon dynamique, en rapport avec l'écoulement universel de la vie.

L'aventure de Pascal avec Clotilde, cette nouvelle jeunesse qui lui arrive, symbolise l'éternité de la vie. Aussi le savant se transforme-t-il en poète de la vie, exaltant dans une vision cosmique « le flot de sève de l'éternelle vie ». Cette confiance aveugle en la vie ressemble fort aà du mysticisme et éloigne le roman de son objectif scientifique. C'est la trace du revirement plus nuancé de Zola quant à ses avis sur le naturalisme, dont il fera montre à la fin de sa vie. Ainsi, au banquet de l'association générale des étudiants, il avoue le 18 mai 1893 :

« À cette heure, je puis même confesser que, personnellement, j'ai été un sectaire, en essayant de transporter dans le domaine des lettres la rigide méthode du savant [...] J'ai personnellement regretté d'avoir été un sectaire, en voulant que l'art s'en tînt aux vérités prouvées, les nouveaux venus ont rouvert l'horizon, en reconquérant l'inconnu, le mystère et ils ont bien fait. »

En mourant et en renaissant sous l'aspect de l'enfant qu'allaite Clotilde, Pascal annule toute l'histoire des Rougon-Macquart. Cʼest un recours voyant à la tradition chrétienne. En conclusion, l'auteur de ce texte ne peut qu'encourager le lecteur à découvrir cette histoire foisonnante, qui nous fait nous retrouver bien loin de l'idée rébarbative dont souffre Zola : c'est un roman à la construction classique et entraînante, fondateur et mal reconnu.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.