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C'est parti

Contextualisation temporelle

Qui est l'autrice d'Enfance ?
Nathalie Sarraute

Nathalie Sarraute est née à Moscou sous le nom de Natalyia Tcherniak en 1900. Elle vient d'une famille juive plutôt bourgeoise. On lui doit de nombreuses œuvres et notamment Tropismes, L’Ère du soupçon, Enfance et L’Usage de la parole. C'est à 83 ans qu'elle publie Enfance.

Elle meurt en 1999, à l'âge de 99 ans.

Dans la mesure où Enfance est la narration de l'enfance de l'autrice à partir de ses souvenirs, il nous semble important de rappeler ici quelques repères chronologiques de ses débuts dans la vie :

  • 18 juillet 1900 : Naissance de Nathalie Tcherniak à Ivanovo-Voznessensk, près de Moscou. Son père, Ilya Tcherniak, docteur ès sciences et ingénieur chimiste, a fondé une usine de colorants chimiques destinés aux textiles. Sous le pseudonyme de Vichrovski, sa mère, Pauline Chatounovski, écrira plus tard des nouvelles et des romans.
  • 1902 – 1906 : Ses parents divorcent. Sa mère s’installe à Paris avec Nathalie et son futur mari, Nicolas Boretzki, rue Flatters dans le cinquième arrondissement. La première langue de Nathalie est le français. Elle passe un mois par an avec son père, soit à Ivanovo, soit en Suisse.
  • 1906 - Février 1909 : C'est le retour en Russie, à Saint-Pétersbourg, avec sa mère et Nicolas Boretzki.
  • 1907 : Pour des raisons politiques, son père, jugé indésirable en Russie, est contraint d’émigrer à Paris où il fondera une plus petite usine de matières colorantes à Vanves.
  • Février 1909 : Nathalie quitte Saint-Pétersbourg pour passer, en principe, six mois chez son père à Paris, le temps d’un séjour à Budapest de sa mère et de son beau-père, envoyé en mission pour écrire une histoire de l’Autriche-Hongrie. Nathalie restera en fait définitivement à Paris avec son père. Elle ne retournera plus en Russie avant 1936.
  • Août 1909 : Naissance d’Hélène, « Lili », sa demi-sœur.
  • Juillet 1912 : Études primaires à l’école communale de la rue d’Alésia.
  • Octobre 1912 : Entrée au lycée Fénélon ; fin de Enfance : « C’est peut-être qu’il me semble que là s’arrête pour moi l’enfance… quand je regarde ce qui s’offre à moi maintenant, je vois comme un énorme espace, très encombré, bien éclairé… »

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Structure de l'œuvre

Enfance contient 70 chapitres encadrés par 3 pages d'introduction et ½ page de conclusion.

Chaque chapitre correspond à une unité mémorielle : il s'agit en apparence d'une unité dramatique autonome. Ce livre se présente de fait comme un recueil de souvenirs autonomes, un album d'images, ou, pour utiliser les mots de l'auteur, de tropismes.

Ces souvenirs ne sont pas classés, classifiés : ils sont restitués sans réel axe logique, chronologique ou psychologique. Cela signifie le refus de l'autrice de reconstituer l'enfance après coup. S'il y a un parti-pris, c'est donc celui de rendre au souvenir sa spontanéité et l'intensité du point de vue.

Nous pouvons néanmoins catégoriser les chapitres comme il suit :

Chapitre 1 à 26 :

  • De 2 à presque 6 ans : avec Papa seul et Maman et Kolia
  • De 6 ans à 8 ans ½ : Papa et Véra / Maman et Kolia

Chapitre 27 à 70 :

  • Chez son père, abandon progressif de la mère
Où se déroule Enfance ?
Le Jardin du Luxembourg, lieu de nombreuses promenades avec le père

Des chapitres liés par associations d'idées :

  • Chapitre 28 avec la maison russe // Chapitre 29 avec la maison natale quittée à 2 ans
  • Chapitre 52 qui devrait succéder au chapitre 27 mais en continuité avec chapitre 50 et 51 (les blessures)
  • Chapitre 66, juste après le départ de la grand-mère (chapitre 59) qui fait écho au thème du départ et de l'injustice au chapitre 65

Résumé du livre

Étant donné le caractère éclaté du processus autobiographique mis en place par Nathalie Sarraute, il nous semble que le plus judicieux pour rendre compte du contenu d'enfance est un tableau.

Tout d'abord, le livre fait intervenir les personnages suivants :

  • Nathalie Sarraute enfant : Natalya Tcherniak
  • Son père, Ilvanov Tcherniak
  • Sa mère, Pauline Chatounovski
  • Véra, sa belle-mère
  • Hélène, sa demi-sœur, fille de Véra, surnommée Lili

Ainsi, nous avons, chapitre par chapitre :

ChapitreLocuteursÉvénements
1Narrateur double1- Discussion sur l'autobiographie
2- En Suisse, avec son père : déchirera-t-elle le canapé ?
2Narrateur doubleUne autre année, un hôtel en Suisse avec son père avec le respect de la promesse à la mère
A Paris avec sa mère
3Narrateur doubleRue Flatters, chez sa mère (Paris) : les sensations liés à l'histoire que lui conte sa mère
4Narrateur doubleAvec la bonne au jardin du Luxembourg
Souvenirs imprécis des jeux
5Narrateur doubleAblation des amygdales avec le mensonge de la mère
6Narrateur doubleCharme de la mère et respect de ses paroles (« Si tu touches à un poteau... »)
7NarrateurEnvie d'une frère ou d'une sœur, avec la mère agacée
8Narrateur doubleRussie, chez l'oncle et la tante, avec la mère (« les beaux souvenirs d'enfance »)
9Narrateur doubleLa maison de bois « conte de Noël » avec la blancheur
Le père et sa patience, Moscou, lui qui chante une berceuse et attend que l'enfant s'endort
10NarrateurChez les grand-parents paternels : narratrice qui a peur sans raison
11Narrateur doubleJardin du Luxembourg avec son père : exemple de leur complicité (« Est-ce que tu m'aimes ? »)
12Narrateur doubleLa manège à Paris
13NarrateurLa honte expérimentée lors d'un mariage
14NarrateurVisite au père rue Boissonnade avec une jeune femme qui la fait danser
15NarrateurExpérience de l'extase/de l'indicible, au jardin du Luxembourg, avec son père et la jeune femme
Saint-Pétersbourg
16Narrateur doubleA Saint-Pétersbourg, avec la mère et Kolia
Affection de l'enfant
17Narrateur doubleGentillesse de Kolia avec la sensation de l'enfant comme un « corps étranger » entre la mère et Kolia
18Narrateur doubleSouvenir de lecture (Le prince et le pauvre)
19NarrateurLe découpage des pages des livres
20Narrateur doubleLe « Monsieur » et l'écriture d'un roman
21NarrateurLe tableau qui effraie
22Narrateur doubleLa poupée « plus belle que maman » ; admiration pour la mère ; énervement de la mère
23NarrateurAnnonce du départ pour Paris chez son père
24NarrateurAucun souvenir des préparatifs de voyage
25Narrateur doubleLa détresse durant le voyage
26NarrateurUne petite gare (Berlin) et rencontre avec un ami de la mère
Paris avec le père
27NarrateurAccueil étrange du père et sensation du changement de Véra
28Narrateur doubleLes maisons « mornes »
Lettre de l'enfant pour sa mère où elle explique son malheur ; dénonciation de la « trahison » de la mère et réconfort du père
29Narrateur doubleA Meudon : Véra est enceinte (« Hélène »)
30Narrateur doubleChangement de chambre pour laisser la place au nouveau-né
Le poids des mots
31NarrateurChez des amis Pereverzev
32NarrateurÉpisode des cartes postales venant de la mère : « Elle a oublié qui j'étais »
33Narrateur doubleLe narrateur et sa rancœur pour sa mère malgré leur ressemblance
34Narrateur doubleLe difficile poids des mots
35NarrateurNouvel apprentissage de l'écriture à l'école pendant le cours Brébant
36Narrateur doubleLes « idées » qui disparaissent
37Narrateur doubleMonsieur Laran et Pierre rendent visite
38Narrateur doubleLa « passion unique » de Véra et Lili
39NarrateurLes goûters passés avec Véra
40Narrateur doubleVéra sentie comme parfois « toute jeune »
41Narrateur doubleLes cigarettes du père qui sont faites par Véra
42Narrateur doubleL'oncle Iacha a envoyé une carte postale
43NarrateurLa colère du père à cause du vol d'un sachet de dragées
44Narrateur doubleLa bonne Adèle fait une remarque désobligeante
45Narrateur doubleLe T
46Narrateur doubleL'école avec les dictées et les devoirs avec le père
47Narrateur doubleLa mère propose de la ré-accueillir. Réponse de l'enfant : « C'est ici que je veux rester. »
48NarrateurLucienne Panhard
49Narrateur doubleLa récitation
50Narrateur doubleRéflexion sur les mots à partir des paroles en russe de Véra
51Narrateur doubleLili a abimé l'ours en peluche Michka
52Narrateur doubleAvant la naissance de Lili, avec l'enfant disant à Véra qu'elle est bête
53Narrateur doubleLes exilés de Russie qui rendent visite au père
54Narrateur doubleVéra et ses pleurs
55Narrateur doubleA propos des rédactions
56NarrateurVera refuse que l'enfant l'appelle maman
57NarrateurL'enfant qui joue à la maîtresse
58Narrateur doubleL'enfant a de la fièvre à Meudon, le père la soigne
59Narrateur doubleLa grand-mère rend visite ; tristesse associée à son départ
60Narrateur doubleLa religion
61Narrateur doubleLes différentes maitresses
62Narrateur doubleL'émotion vécue grâce aux maîtresses
63NarrateurInfluence du cinéma sur les cauchemars de l'enfant
64Narrateur doubleLes retrouvailles difficiles avec la mère (indifférence ressentie par l'enfant)
65NarrateurSaint-Georges de Didonne, trois ans plus tard avec le retour et le départ de la mère (+ déclaration de guerre)
66Narrateur doubleLili doit apprendre l'anglais : la narratrice adore cette langue
67NarrateurSarcasmes du père au sujet de Rocambole
68Narrateur doubleLa fabrique du père à Vanves ; le lien particulier entre elle et lui
69NarrateurEntre elle et Véra :
« - Est-ce que tu me détestes ?
- Si je n'étais pas un enfant... »
70Narrateur doubleL'annonce de la rentrée à Fénelon puis le tramway qui l'emmène au lycée :
« C'est peut-être qu'il me semble que là s'arrête pour moi l'enfance... »

Pistes d'analyse

L'originalité indéniable de ce livre est l'intégration d'une deuxième voix, propriété de l'auteur, mais également autre, qui crée la possibilité d'un dialogue, pour signifier le travail sur la mémoire, le processus de précision du souvenir.

La première voix assume ainsi la conduite narrative, tandis que la seconde est l'objecteur de conscience, qui interroge toujours la véracité du discours. Cette seconde voix peut tour à tour freiner l'élan de la première, l'enjoindre à approfondir ou la mettre en garde contre une potentielle surinterprétation.

Cette méthode nous donne à lire deux livres : d'une part, un récit sur l'enfance et, d'autre part, un témoignage sur la méthode d'investigation du passé élaborée par l'auteur pour pallier les écueils liés à l'entreprise autobiographique.

Où se déroule Enfance ?
Saint-Pétersbourg, où vit la mère de la narratrice

Ressusciter les « tropismes »

Nathalie Sarraute définit sa démarche comme suit, à la toute fin de son livre :

« m’efforcer de faire surgir quelques moments, quelques mouvements qui me semblent être intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs blanchâtres, molles, ouatées qui se défont, qui disparaissent avec l’enfance… »

L'autrice cherche ainsi à explorer les sensations éprouvées pendant l'enfance, qui n'ont pas été encore formulées, et dont la formulation lui apparaît pourtant nécessaire pour saisir la manière dont elle a vécu les premières années de sa vie.

Celle-ci sont appelées tropismes, c'est-à-dire les réactions causées par des agents physiques ou chimiques (à travers les différents sens, donc) extérieurs. La narratrice cherche ainsi à saisir les réactions profondes et dissimulées de cet enfant.

Les tropismes sont retranscrits à l'aide d'images ou de descriptions et peuvent êtres heureux ou malheureux ; ils permettent d'aller au fond de l'individu et de faire renaître les sensations de l'enfant.

Ainsi, le travail de l'autrice est de trouver les mots et les images capables de rendre l'intériorité. Tandis que la petite fille était incapable de mettre en mots, la femme écrivaine a la possibilité de cette tentative. Ce mouvement est explicite dans Enfance.

Exemple :

    « - Des images, des mots qui évidemment ne pouvaient pas se former à cet âge-là dans ta tête …

        - Bien sûr que non. Pas plus d’ailleurs qu’ils n’auraient pu se former dans la tête d’un adulte … C’était ressenti, comme toujours, hors des mots, globalement … Mais ces mots et ces images sont ce qui permet de saisir tant bien que mal, de retenir ces sensations »

Et cette recherche s'inscrit jusque dans le style. L'écriture doit en effet développer le flux d'impressions ayant traversé l'esprit de l'enfant, loin d'être clairement conscient. L'autrice se met alors en quête de reconstituer une conversation de sous-entendus, qui voudrait dévoiler le vrai sens des mots utilisés jadis.

Exemple, avec l'une des formules les plus intenses parmi celles que recèlent la langue :

« Tout est gris, l’air, le ciel, les allées, les vastes espaces pelés, les branches dénudées des arbres. Il me semble que nous nous taisons. En tout cas, de ce qui a pu être dit ne sont restés que ces mots que j’entends encore très distinctement : « Est-ce que tu m’aimes, papa ?... » dans le ton rien d’anxieux, mais quelque chose plutôt qui se veut malicieux... il n’est pas possible que je lui pose cette question d’un air sérieux, que j’emploie ce mot « tu m’aimes » autrement que pour rire... il déteste trop ce genre de mots, et dans la bouche d’un enfant...

— Tu le sentais vraiment déjà à cet âge ?

— Oui, aussi fort, peut-être plus fort que je ne l’aurais senti maintenant... ce sont des choses que les enfants perçoivent mieux encore que les adultes.

Je savais que ces mots « tu m’aimes », « je t’aime » étaient de ceux qui le feraient se rétracter, feraient reculer, se terrer encore plus loin au fond de lui ce qui était enfoui... Et en effet, il y a de la désapprobation dans sa moue, dans sa voix... « Pourquoi me demandes-tu ça ? » Toujours avec une nuance d’amusement... parce que cela m’amuse et aussi pour empêcher qu’il me repousse d’un air mécontent, « Ne dis donc pas de bêtises »... j’insiste : Est-ce que tu m’aimes, dis-le-moi. – Mais tu le sais... – Mais je voudrais que tu me le dises. Dis-le, papa, tu m’aimes ou non ?...sur un ton, cette fois, comminatoire et solennel qui lui fait pressentir ce qui va suivre et l’incite à laisser sortir, c’est juste pour jouer, c’est juste pour rire... ces mots ridicules, indécents : « Mais oui, mon petit bêta, je t’aime. »

Comment est représenté l'enfance par Nathalie Sarraute ?
Tête d'enfant, par Gustave Courbet (1865)

Une innovation dans le procédé autobiographique

Dès les premières lignes, l'enjeu est clair pour Nathalie Sarraute, qui se place elle-même comme sceptique vis-à-vis du genre autobiographique :

  « - Alors, tu vas vraiment faire ça ? « Evoquer tes souvenirs d’enfance » … Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »… il n’y a pas à tortiller, c’est bien ça.

- Oui, je n’y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi … »

Consciente des écueils auxquels elle se risque dans cette entreprise, l'autrice refuse plusieurs choses.

Le cliché, d'abord, l'image d’Épinal :

« - ce que je crains, cette fois, c’est que ça ne tremble pas … pas assez … que ce soit fixé une fois pour toutes, du tout cuit, donné d’avance…

   - Rassure-toi pour ce qui est d’être donné … c’est encore tout vacillant, aucun mot écrit, aucune parole ne l’ont encore touché … »

Puis, aussi, les souvenirs préfabriqués, déjà construits par la tradition familiale, les "beaux souvenirs" ratifiés par la loi littéraire :

« Ce vers quoi nous allons, ce qui m’attend là-bas, possède toutes les qualités qui font les « beaux souvenirs d’enfance » … de ceux que leurs possesseurs exhibent d’ordinaire avec une certaine nuance de fierté. Et comment ne pas s’enorgueillir d’avoir eu des parents qui ont pris soin de fabriquer pour vous, de vous préparer de ces souvenirs en tous points conformes aux modèles les plus appréciés, les mieux cotés ? J’avoue que j’hésite un peu … »

Nathalie Sarraute se heurte donc consciente aux risques d'une autobiographie artificielle, construite a posteriori selon ce qui arrange, ce qui permet de combler les trous d'une mémoire forcément défaillante.

Ainsi, on peut voir la « voix narratrice » reprocher à la « voix critique » de la pousser avec ses interrogations à recréer de toute pièce des « replâtrages » ou « raccords » :

« En tous cas rien ne m’en est resté et ce n’est tout de même pas toi qui vas me pousser à chercher à combler ce trou par un replâtrage »

Cela explique la construction du livre, qui s'est refusé à arranger le souvenir.

Et, en dernier lieu, l'autrice s'érige contre l'impératif esthétique qui sous-tend normalement la mise en mots :

« - Mais comment, par où la saisir pour la faire tant soit peu revenir, cette nouvelle vie, ma vraie vie …
- Fais attention, tu vas te laisser aller à l’emphase…
 »

Ou encore :

 « - Ne te fâche pas mais ne crois-tu pas que là, avec ces roucoulements, ces pépiements, ces tintements de clochettes, tu n’as pas pu t’empêcher de placer un petit morceau de préfabriqué… c’est si tentant … tu as fait un joli petit raccord, tout à fait en accord…
- Oui, je me suis peut-être un peu laissée aller…
»

Il faut en définitive retenir que Sarraute entreprend un récit à double sens, double comme le nombre de narrateurs qui se présentent au lecteur : d'abord, un récit d'enfance ; et, aussi, un témoignage sur la méthode d'investigation du passé.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.