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C'est parti

La fable

L'huître et les plaideurs

 

Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent
Une Huître que le flot y venait d'apporter :
Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;
A l'égard de la dent il fallut contester.
L'un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L'autre le pousse, et dit : « Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l'apercevoir
En sera le gobeur ; l'autre le verra faire.
- Si par là on juge l'affaire,
Reprit son compagnon, j'ai l'œil bon, Dieu merci.
- Je ne l'ai pas mauvais aussi,
Dit l'autre, et je l'ai vue avant vous, sur ma vie.
- Hé bien ! vous l'avez vue, et moi je l'ai sentie. »
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin1 arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin fort gravement ouvre l'Huître, et la gruge2,
Nos deux Messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d'un ton de Président :
« Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille. »

 

Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui ;
Comptez ce qu'il en reste à beaucoup de familles ;
Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles3.

Jean de la Fontaine, Fables, Livre IX, 1678

Lexique :

1 Perrin Dandin : personnage du roman de Rabelais, le Tiers Livre. Il s'auto-proclame juge pour en tirer un avantage personnel. Ce personnage apparaît également chez Racine dans Les Plaideurs.
2 la gruge : la vole, donc ici la mange.
3 Ne laisser que le sac et les quilles = prendre l'argent du jeu et ne laisser aux autres que les quilles et leur sac

Quelles sont les caractéristique du genre de la fable ?
Jean de la Fontaine est sans aucun doute le plus grand représentant du genre de la fable en France !

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Étude du paratexte

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, de l'auteur, de la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.). Le titre engage également vers des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire. En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes

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Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée. 1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème)
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comme le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique ou par titre les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, nous visons ici à une exhaustivité de l'analyse. Vos commentaires composés ne doivent pas être aussi longs que celui ici donné en exemple ; vous manquerez dans tous les cas de temps pour écrire autant !

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Commentaire composé du poème

Introduction

Jean de La Fontaine est un fabuliste du XVIIème siècle, resté notamment célèbre pour ses recueils de fables, publiés en trois tomes (1668, 1678 et 1693).

Celles-ci lui servent à dénoncer certains travers de son temps, à l’aide de métaphores et d’allégories. Elles doivent ainsi, selon le propre précepte de l’auteur, « plaire et instruire ». Il utilise souvent le règne animal pour représenter des classes sociales particulières. Ainsi, le lion de ses fables incarne souvent l’image du Roi.

Dans « L’huître et les plaideurs », il met néanmoins en scène trois humains. La morale de la fable est donc plus immédiate, car l’identification du lecteur est plus aisée. Cette fable semble en outre écrite en réponse à une autre fable sur le même thème écrite par Boileau en 1669, présente dans son recueil Epitres.

Il est question ici de deux Pélerins qui se disputent la propriété d’une huître. Un autre bonhomme arrive, qu’ils désignent comme juge pour décider à qui appartient la trouvaille. Mais celui-ci finira par la manger tout seul, à la place des deux marcheurs.

Que raconte la fable L'huitre et les plaideurs ?
L'huître et les plaideurs, Gouget, 1834

Annonce de la problématique

Comment La Fontaine ironise-t-il sur le principe de justice par l’écriture de cette fable ?

Annonce des axes

Nous verrons dans un premier temps que cette fable est menée de manière à séduire son lecteur, par son aspect narratif et son rythme enlevé. Puis il faudra montrer la manière dont l’auteur se plait à tourner en ridicule le principe de justice.

Un récit séduisant

Une structure classique

La fable « L’huitre et les plaideurs » obéit à une structure traditionnelle :

  • Le récit, du vers 1 au vers 21
  • La morale, du vers 22 au vers 25

Le récit commence par un complément circonstanciel de temps « Un jour », qui plante un décor similaire à celui du conte (« Il était une fois ... »).

De même, mettre en scène deux « Pèlerins » qui se disputent la possession d’un huître renvoie à l’univers fantaisiste du conte.

Mais au moment de la morale, la fable rappelle son but d’instruire : la Fontaine s’adresse directement à son lecteur en utilisant la deuxième personne du pluriel : « mettez », « comptez », « verrez ».

En outre, l’utilisation du présent de vérité générale (« ne laisse »), dans le dernier vers, confère à la fable une valeur intemporelle, qui affirme quelque chose de toujours vrai.

Mené de manière dynamique

Mais La Fontaine retient l’attention de son lecteur grâce à différents procédés qui rendent son récit intriguant et dynamique.

Il est intriguant, d’abord, car il répond à une structure narrative claire :

  • Dans les deux premiers vers se dessine la situation initiale : deux Pélerins, une huître
  • L’élément perturbateur est indiqué aux troisième et quatrième vers : les deux marcheurs convoitent tous les deux l’huître et veulent la manger (utilisation du mot « dent » au quatrième vers et du mot « proie » au cinquième vers)
  • Du vers 5 au vers 14 s’ensuivent les péripéties, racontées au présent (« pousse », « reprit », « dit ») ; surtout, le dialogue fait penser à une scène de théâtre, où les répliques de chacun s’entrechoquent et dynamitent l’altercation. De même, le décor est très sommaire (il y a juste « du sable »). On peut noter à ce titre l’utilisation de l’alexandrin, vers de douze syllabes qui est celui du théâtre classique de son époque.
  • Enfin, à partir du vers 14 se tient la résolution : en deux vers, la querelle se termine abruptement, avec Pierre Dandin qui mange l’huître que tout le monde désirait

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Et comique

Surtout, le lecteur s’amuse en lisant la fable, car La Fontaine utilise des procédés comiques propres au théâtre :

  • Comique de gestes : avec le vers « Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent », le lecteur peut imaginer deux visages rendus drôles par la gloutonnerie
  • Comique de situation : Pierre Dandin n’est pas juge et ce sont les deux Pèlerins qui « le prennent pour juge ». Aussi, alors que les deux Pèlerins se disputent pendant longtemps l’huître, le nouveau venu la gobe très rapidement, car tout se tient en un vers : « Perrin fort gravement ouvre l'Huître, et la gruge, »
  • Comique de caractère : on imagine les deux Pèlerins très gloutons, avec le champ lexical associé : « l'avalent, la dent, la proie, le gobeur, la gruge, le repas... »
  • Comique de mots : le dialogue entre les deux Pèlerins joue sur toutes les dimensions du sens. D’abord, c’est l’« œil » qui devrait compter, puis finalement sur celui qui le premier l’a « sentie ». En outre, les deux vers « Celui qui le premier a pu l'apercevoir/En sera le gobeur ; l'autre le verra faire. » vient annoncer l’ébahissement des deux Pèlerins qui « verront faire » Perrin Dandin.

Cette fable est donc très théâtrale, et le lecteur imagine aisément dans sa tête les actes de chacun. Mais la morale vient révéler le but ultime de cette fable : critiquer le fonctionnement de la justice.

L'Avare a-t-il été beaucoup joué au théâtre ?
Michel Aumont et Francis Huster réunis sur scène pour jouer l'Avare de Molière. Harpagon, agrippé à sa cassette, ne cesse de penser à qui pourrait bien le voler... (Mise en scène par Jean-Paul Roussillon et réalisé par René Lucot en 1973)

Une satire de la justice

Des personnages allégoriques

On peut d’abord noter que, comme dans toute fable, les personnages présents ont un intérêt allégorique, c’est-à-dire qu’ils viennent représenter des hommes et des femmes lambda.

L’huître est un objet de convoitise sans grand intérêt : elle ne contient pas grand chose à manger, n’est pas belle d’aspect. Elle vient représenter l’idée que la plupart des litiges judiciaires sont futiles.

Les deux Pèlerins sont plutôt deux promeneurs. Rien n’est dit sur leur sensibilité religieuse ; au contraire, leur convoitise est à l’opposé des valeurs de la chrétienté. C’est qu’ils incarnent plutôt des marcheurs lambda, eux-aussi, comme le laissent à penser l’utilisation des pronoms indéfinis « l’un », « l’autre » et, enfin, « Nos deux Messieurs ».

Pierre Dandin, quant à lui, est le nom d’un juge que l’on retrouve dans la pièce de Jean Racine de 1668, intitulée Les Plaideurs. Il est donc l’archétype du juge, à qui le procès rapporte plus qu’aux plaideurs. On soulignera également le terme de « Président » qui vient ironiser sur la posture orgueilleuse adoptée par cet homme.

Cette scène vient donc caractériser une banale scène de procès.

Une satire de la justice

La fable est dominée par le champ lexical de la justice : « juge », « ton de Président », « la cour », « plaider », « plaideurs ».

L’aspect comique a déjà été souligné dans sa dimension théâtrale. On peut néanmoins relever la manière dont La Fontaine joue sur le comique de mots et le patronyme du Dandin, avec le terme « dent », qui est tout l’objet de la dispute des deux Pèlerins, qui veulent manger l’huître : « dent », « incident », « regardant », « président ».

Surtout, cette scène en rappelle deux autres, fameuses dans l’histoire littéraire, qu’elle vient parodier :

  • Le jugement de Salomon, dans l’Ancien Testament, où deux femmes revendiquent un enfant. Le Roi ordonne alors de trancher l’enfant en deux, pour que se révèle l’instinct maternel de la vraie mère. Le partage de l’écaille de l’huître vient rappeler cette histoire.
  • Dans L’éthique à Nicomaque, le philosophe grec Aristote pose le principe de la justice comme « à chacun ce qui lui revient » (cuique suum). Le vers « A chacun une écaille » vient dénoncer un principe injuste.
Que raconte l'histoire du jugement du roi Salomon ?
Le jugement de Salomon, Nicolas Poussin, 1649

On remarquera enfin les deux alexandrins utilisés pour rendre la sentence de Perrin Dandin : « Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille / Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille »

Il s’agit là d’un discours injonctif qui représente la loi : il s’agit d’un simulacre (= qui a l’apparence de la réalité) puisque le juge fait semblant d’être impartial, avec la répétition du mot « chacun », et la périphrase « la cour » pour se désigner lui-même.

La cour n’a en réalité rien donné aux plaideurs, et a tout pris. Avec « Tenez », « donne » et « sans dépens », le juge se donne en outre une image généreuse complètement usurpée. Il y a une critique du vocabulaire de la justice, qui se donne pour ce qu’il n’est pas.

La morale vient mettre en garde les lecteurs contre cette apparence de la réalité judiciaire, avec l’utilisation d’impératifs (« Mettez », « Comptez », etc.). Il oppose notamment l’indigence et la pauvreté des plaideurs à la richesse des juges.

Conclusion

La Fontaine, dans cette fable, s’attaque aux travers de la justice. Il utilise pour cela une situation allégorique qui met en scène un objet futile de discorde, deux plaideurs crédules et un juge égoïste.

Si la scène est drôle au possible, s’appuyant sur les ressorts du théâtre, il n’en reste pas moins que les conséquences de ces dérives judiciaires rendent les gens plus pauvres et les juges plus riches. La Fontaine met en garde contre cette injustice.

D’ailleurs, dans « Les Animaux malades de la Peste », le fabuliste s’intéresse encore une fois aux simulacres de justice rendue par les plus forts, au détriment des plus faibles.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.