"Cette obscure clarté qui tombait des étoiles"
(Pierre Corneille)
Il s'agit d' "appareiller", de joindre deux mots qui viennent de registre contraires, comme "obscure" et "clarté" dans ce célèbre vers de Corneille (le Cid) : l'obscur est naturellement sombre et non clair ; et la clarté éclaire, mais n'obscurcit pas. Cette union de mots contraires frappe l'imagination, et cette rencontre bizarre provoque d'un côté le sentiment de l'étrangeté et, de l'autre, le sentiment d'une beauté presque surnaturelle.
L'oxymore est proche du paradoxe, et crée un heureux effet de surprise. Il fait surgir des images d'une grande force poétique, en exprimant ce qui est inoui (jamais encore entendu), inconcevable ordinairement, et permet aussi de traduire des émotions et des sentiments contradictoires (un plaisir qu'on redoute et désire tout à la fois sucite, chez Flaubert, un effroi voluptueux).
Le nom oxymore, du grec oxumôron, est d'ailleurs lui-même une alliance de mots contradictoires puisqu'il est formé de oxus, "pointu" ou "subtil", et de môros, "émoussé", "stupide".
Un affreux soleil noir
Quelques oxymores choisis :
Elle se hâte avec lenteur. (la tortue de la fable de La Fontaine)
Un affreux soleil noir d'où rayonne la nuit (Victor Hugo, les Contemplations)
Cette petite grande âme venait de s'envoler (Victor Hugo, les Misérables)
Une sublime horreur (Balzac, le Colonel Chabert)
Sa belle figure laide sourit tristement (Alphonse Daudet, le Petit Chose)
Un silence assourdissant (Albert Camus, la Chute)
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