Œuvre mêlant autobiographie et réflexions philosophies écrite par  Jean-Jacques Rousseau rédigée entre 1776 et 1778 et parue à titre posthume.

Les Rêveries du promeneur solitaire constitue le dernier de ses écrits, la partie finale ayant vraisemblablement été conçue quelques semaines avant sa mort, et l'œuvre étant inachevé.

Sa rédaction s'est établie tout au long des deux dernières années de sa vie, jusqu'à son refuge au château d'Ermenonville : la nature solitaire et, semble t-il, légèrement paranoïaque de l'auteur malgré une notoriété croissante, l'a contraint à cet exil après l'accueil de ses dialogues, et peut-être également la mort de Louis François de Bourbon (dit le Prince de Conti) durant l'été 1776.

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Présentation générale du texte

Les Rêveries du promeneur solitaire tiennent à la fois de l'autobiographie et de la réflexion philosophique : elles constituent un ensemble d'une centaine de pages, l'auteur employant très généralement la première personne du singulier et apportant par digressions quelques détails sur sa vie.
Le livre se compose de dix chapitres de taille inégale, ou promenades, comme autant de réflexions sur la nature de l'Homme et son Esprit. Rousseau, à travers cet ouvrage, présente une vision philosophique du bonheur, proche de la contemplation, de l'état ataraxique, à travers un isolement relatif, une vie paisible, et surtout, une relation fusionnelle avec la nature, développée par la marche, la contemplation, l'herboristerie que Rousseau pratique. Ces Rêveries cherchent à produire chez le lecteur un sentiment d'empathie, un huis-clos, qui permettrait à travers l'auteur de mieux se saisir lui-même.
Mais si l'œuvre fait historiquement suite au texte Les Confessions, il serait également réducteur de ranger les deux livres dans la même catégorie : ces dernières, également posthumes, voulaient d'abord faire la lumière sur le citoyen Rousseau et sur sa vie. Ici, il ne s'agit bien que d'une invitation au voyage... Une réflexion générale sur son mode de pensée.

Première promenade

"Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère de prochain d'ami de société que moi-même"
Ainsi débute le texte des Rêveries. Jean-Jacques Rousseau interpelle directement le lecteur, lui faisant part de sa retraite et de sa condition, se posant lui-même comme un vieil homme sans aucune illusion ni aucun espoir sur ce qui l'attend.
Rousseau pose le texte des Rêveries comme celui d'un homme apaisé, n'ayant plus aucune crainte qu'on le vole ou qu'on lui fasse de tort: non pas que l'intention manque à ses détracteurs, ses adversaires littéraires, mais qu'il n'en tire plus aucune peine. Sans le dire vraiment, il propose au lecteur de prendre la mesure de son tempérament comme les physiciens prennent celle de l'air.
Jugeant l'œuvre des Rêveries comme une thérapie personnelle, il les considère également implicitement comme ses dernières lignes.
Passages qui marquent cette promenade :
"J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes."
"Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher."
"Ces feuilles ne seront proprement qu'un informe journal de mes rêveries."
"Je fais la même entreprise que Montaigne, mais avec un but tout contraire au sien : car il n'écrivait ses Essais que pour les autres, et je n'écris mes rêveries que pour moi."

Quatrième promenade

Rousseau nous explique et justifie sa devise sur la vérité. S'il attache tant d'importance à la vérité, c'est qu'il a beaucoup souffert des calomnies qu'on diffamait pour ternir sa réputation, et parce qu'il en subit directement les conséquences. Peut-être est-ce aussi car il a peur d'être jugé. Il pense en effet que celle-ci n'est nécessaire que lorsqu'elle reflète la justice.Il essaye de nous convaincre qu'il a consacré sa vie à la vérité.
Et pourtant, il nous confie avoir dit un très grand nombre de mensonges au cours de sa vie et il n'éprouve aucun remord pour ceux-ci, à part pour un seul qui consiste à avoir nié le vol d'un ruban. Ce mensonge a causé le renvoi d'une servante. C'est pour les conséquences qu'ont eu ce mensonge, qu'il en a des remords.
Pour lui, il existe deux catégories de mensonges; la première est celle des mensonges qui affectent les autres, leur réputation, qui font du tort (par exemple : le mensonge qui cause le renvoi de la servante) . Ces mensonges-ci sont, pour lui, à condamner.
La deuxième catégorie englobe une autre sorte de mensonges, qui portent sur des choses indifférentes, et qui sont commis soit par plaisir, soit par réflexe (bonté et timidité). Il se retrouve lui-même souvent confronté à l'utilisation de ces mensonges, à cause de son tempérament timide. Il éprouve facilement de la honte dans certaines situations, il ment alors par réflexe ou par embrassement, mais pas de façon préméditée. Il n'ose pas se rattraper par la suite et avouer qu'il a menti, de peur de se faire un nouvel affront. Il se repentit de celui-ci sans oser le réparer.
Il a souvent été tenté de mentir sur des épisodes de sa vie lorsqu'il écrivait ses "Confessions", afin de donner une image positive de lui, mais il a préféré exagérer un peu ces situations, afin d'être un peu dur avec lui-même, et d'une certaine manière, de porter un jugement sur sa personne. Il a donc un peu tendance à être masochiste, en se rudoyant lui-même. Mais en mettant ainsi en évidence des mensonges superficiels, c'est un bon moyen pour cacher une vérité qui pourrait être plus grave.

Cinquième promenade

De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laisser de si tendres regrets que l'île St-Pierre [...] il m'eut suffit durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d'un autre état.
La Cinquième promenade fait l'éloge de la paresse

Dixième promenade

Promenade
finale, elle est aussi la plus courte de l'ouvrage car elle est
inachevée (Rousseau meurt avant d'avoir pu finir son œuvre). Rousseau
revient en quelques lignes sur le souvenir des Charmettes (à proximité
de la ville de Chambéry) et de son amour pour Mme de Warens, avant de
s'éteindre quelques semaines plus tard d'une crise d'apoplexie.

_________________________________________

Autre résumé et commentaire

Rousseau écrit Les
Rêveries du promeneur solitaire dans les deux dernières années de sa vie et
sa mort viendra interrompre l'oeuvre à la hauteur de la dixième promenade. Ce
texte autobiographique se présente comme un bilan des dernières années de sa
vie lorsque des événements objectifs joints à la maladie de persécution de
l'auteur l'amènent à un repli pathétique sur lui-même. Dès lors, l'intérêt de
ce texte est d'avoir recours au geste d'écrire qui vise en général un public
potentiel mais en même temps d'exprimer cette sécession du scripteur-personnage
avec le genre humain. On envisagera dans un premier temps comment le texte
s'oriente vers autrui ; puis comment s'inscrit le thème de la solitude. On sera
alors en mesure de préciser les nouvelles frontières du moi.

 Un texte liminaire

Bien que les " Promenades " se veulent un texte
que l'auteur a écrit pour lui-même, tout se passe en fait comme si le scripteur
cherchait à s'attirer la bienveillance d'un lecteur à venir. Paradoxe,
suspense, compte rendu méthodique d'une expérience sans exemple dans l'histoire
des hommes : tout suscite ici la curiosité et l'intérêt du lecteur.

Renversement

Ce tout début de la première promenade se doit de capter
favorablement l'attention du lecteur potentiel. Nous avons d'abord affaire à un
cas unique et exceptionnel:" Le plus sociable et le plus aimant des
humains en a été proscrit par un accord unanime "; c'est donc les qualités
mêmes qui définissent l'humanité et que Rousseau possédait à un haut degré
(" le plus... le plus... " ) qui l'ont condamné aux yeux des hommes :
le paradoxe aiguise alors l'intérêt du lecteur. Puis la logique de
l'argumentation : le terme technique " proscrit " place le débat à
son véritable niveau, qui est juridique, tandis que la décision des hommes est
attaquée dans ses fondements mêmes puisqu'elle est dénoncée selon le principe
de contradiction.

À partir de là, c'est l'homme seul qui possède la Vérité et
tous les autres ont tort ; un renversement symétrique se met donc en place : si
les hommes ont exclu Rousseau, Rousseau à son tour les déclare exclus de son
monde : " Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi
puisqu'ils t'ont voulu ", phrase où le rythme ternaire efface
progressivement la présence des hommes. On remarquera enfin que tout le poids
de la culpabilité est porté par les hommes puisque l'exclusion leur incombe
(dans un sens, comme dans l'autre : " ils l'ont voulu "), ce qui
laisse à Rousseau toute son innocence.

Suspense

Mais si le cercle se referme, il laisse Rousseau à
l'extérieur; et l'expérience de cette extériorité se présente comme inédite.
C'est ce que souligne avec une force remarquable la phrase d'attaque : "
Me voici donc seul sur ta terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de
société que moi- même. " Elle procède elle aussi à un renversement d'équilibre
puisqu'elle peuple le moi et concentre en lui la configuration des rapports
affectifs qui ont été abolis dans la sécession avec autrui. Mais surtout cette
phrase, commençant par " me ", finissant par " moi-même ",
dessine un autre cercle, une autre clôture. Rousseau en vient donc à une
expérience des limites où il doit partir à la reconnaissance de ce moi sans
autrui : " Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même ?
" Le questionnement est ici pathétique (plus que philosophique) : le moi
forme à nouveau une clôture tandis que le centre de la phrase se trouve
désancré.

Programme

Les " Promenades ", malgré la connotation du
délassement insouciant, obéissent à un projet : partir à la recherche de ce moi
coupé des autres. Mais tout se révèle en fait imposé à Rousseau : " voilà
ce qui me reste à chercher " ; " cette recherche doit être
précédée... " ; " C'est une idée par laquelle il faut nécessairement
que je passe... ". La modalité d'obligation appelle une méthode, une
exploration des événements qui ont précédé. Rousseau découvre alors qu'il doit
à nouveau s'orienter vers autrui, élaborer un mouvement " pour arriver
d’eux à moi " : nouveau paradoxe.

Le thème de la solitude

La solitude est présentée comme un état ancien, conçu comme
irréversible, et qui a été imposé par les hommes à Rousseau ; non voulue, elle
est source pour lui de torture morale et d'angoisse.

L'accompli

On sera frappé par le caractère accompli et irréversible
d'une telle position. L'emploi de " donc ", surprenant dès la
première phrase de l'oeuvre, renverse le système chronologique des causes et
des conséquences, ou plus exactement il installe entre la pratique de
l'écriture et la vie vécue une continuité consubstantielle, présentant les
Promenades sous le signe du constat., et sans doute aussi de l'examen de
conscience ; il est corroboré par le recours au formes composées des verbes qui
soulignent l'aspect accompli (" ils ont cherché ... ils ont brisé...
".

Mais le passé composé, s'il est un accompli, se trouve en relation
avec le présent de l'énonciation qui domine le texte et qui place le lecteur
dans la situation du destinataire de l'écriture. Ce qui suppose alors que, par
la médiation du texte, le lecteur des " Promenades " n'appartient pas
véritablement à l'humanité qui a condamné Rousseau. Celui-ci fournit les pièces
d'un dossier et son lecteur est appelé à rejuger l'affaire. Une phrase comme
" J'aurais aimé tes hommes en dépit d'eux-mêmes " rapproche la
situation de Jean-Jacques de la figure du Christ, qui lui aussi a aimé les
hommes " en dépit d'eux-mêmes ".

Une vision manichéenne

Est soulignée alors la foncière méchanceté de l'humanité :
" Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment
pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous
les liens qui m'attachaient à eux " ; on voit ici comment se dessine un
système manichéen (" haine "/" sensible " ; " briser
"/" attacher " ) qui dénonce les agresseurs. Observons à nouveau
comment l'innocence rousseauiste est préservée et comment les hommes, sujets
des verbes actifs, sont bien les seuls responsables de cette persécution.

L'intuition du fantastique

Enfin la position de Rousseau est telle que lui-même hésite
à y croire ; malgré des années de souffrance : " elle me paraît encore un
rêve ". Les marques de l'hésitation et de l'incompréhension abondent :
" étrange position " où l'antéposition de l'adjectif a une valeur
subjective et évaluative ; " Oui, sans doute ", où l'adverbe libère
des valeurs latentes d'incertitude ; " Tiré je ne sais comment... ".
Pour rendre compte de cette situation morale intenable il tente de la
transposer sur le plan physique : " Je m'imagine toujours qu'une
indigestion me tourmente " ; puis il revient à l'opposition imagée de la
veille et du sommeil pour illustrer le désordre de la pensée dans lequel il se
trouve, et renchérit sur le mode hyperbolique en évoquant ce mouvement "
de la vie à ta mort".

Le statut du " Je "

Situation du " Je "
En tant que texte autobiographique, le " Je "
désigne ici Rousseau ; il est difficile de parler de narrateur stricto sensu
car ce passage, où domine le présent de l'énonciation ou le présent
omnitemporel, ne relève pas du récit mais plutôt de la réflexion intime et du
journal. En tout cas, la forte présence du " Je " crée un effet de
proximité avec le lecteur, qui d'une part n'est pas sans analogie avec la
situation de la confession ; et d'autre part renforce la traduction de
l'angoisse (en particulier dans les deux dernières phrases).

- Passivité
Il faut remarquer la position passive de ce " Je "
surtout dans le second paragraphe où tout lui échappe et où il est dans un rôle
d'observateur passif (" je me suis vu ") de ce qui lui arrive.
Passivité rendue par les verbes d'état : " je suis dans cette étrange position
", " elle me paraît un rêve " ; par le participe adjectif
(" Tiré... " ) : la passivité est alors imposée par le rôle d'autrui.

- Réaction
Le " Je " se retrouve sans doute en position de
maîtrise lorsqu'il se propose d'analyser sa situation, c'est-à-dire dans une
position réflexive où l'écriture va jouer un rôle : " Voilà ce qui me
reste à chercher ". L'énergie du présentatif est bien réelle, pourtant on
observe que là encore la situation s'impose au " Je ". Il faut
peut-être alors voir dans l'ordre passif du " Je " la justification
profonde de l'innocence rousseauiste.

Conclusion

En faisant de cette solitude imposée par autrui un sujet de
réflexion et d'écriture, Rousseau parvient à retisser avec son lecteur les
"liens " qui avaient été brisés par les autres hommes. Le paradoxe
est que, en se présentant comme la victime passive de l'humanité, Rousseau
manifeste une force créatrice particulièrement active et efficace.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !