Après les charges épiques de la cavalerie française et les efforts héroïques de l'infanterie de ligne, Ney réclame de nouvelles troupes à l'empereur afin de poursuivre la mise à mort de l'ennemi.

Le moment est venu, selon lui, de briser la ligne de bataille anglo-hollandaise, sévèrement ébranlée.. "Le centre de la ligne était ouvert, nous étions en péril" rapporte le capitaine Kennedy, aide de camp du Lt. general Alten, commandant la 2e division d'infanterie britannique.

Dissimulés par le brouillard des canonnades précédentes, cinq bataillons de la Moyenne Garde prennent position dans les fonds de la Haie Sainte.

Napoléon a accepté de donner au Maréchal cette sublime réserve non sans réticences. Mais que peut-il faire à ce stade du combat ? si ce n'est d'engager sa précieuse Garde car d'une part, il veut agir avant l'arrivée du Ier corps prussien de Ziethen, débouchant déjà de Smohain, d'autre part, il faut profiter de la confusion qui règne dans les lignes anglaises meurtries pour lui porter le coup décisif.


Ainsi, les vétérans de la Garde impériale gravissent comme à la parade le plateau de Mont Saint-Jean, ralentis au fur et à mesure, par les tirs implacables des artilleurs anglais ainsi que par l'amoncellement de corps et de cadavres de chevaux au travers de leur parcours.

Malheureusement pour eux, un capitaine de carabiniers français trahit ses camarades et prévient Wellington de l'attaque imminente. Sachant que le Ier corps prussien appuie son aile gauche, le duc dégarnit aussitôt ce secteur pour renforcer ses positions entre les fermes de la Haie Sainte et d'Hougoumont.

Il demande aux brigades Adam et Colin Halkett, ainsi qu'aux Guards de Maitland de réoccuper la crête du plateau qu'elles avaient abandonnées pour ne pas s'exposer aux tirs adverses.
Il les fait soutenir à leur droite par la brigade hanovrienne W. Halkett et la brigade allemande Duplat. L'Ouest de la route de Bruxelles, demeure défendu par les bataillons décimés de Kruse, d'Ompteda et du contingent Brunswickois.

Il est alors 19 Heures 30.

Les 2900 hommes de la Garde impériale, progressent en échelon et obliquement face à la ligne rouge surplombant la colline. Une batterie à cheval de la Garde, constituée de 6 pièces de 8 livres, menée par le colonel Duchand, accompagne leur mouvement.

Le Maréchal Ney les entraîne.

Le reste de l'armée a reçu l'ordre de seconder l'attaque mais elle ne parvient pas à bouger aussi rapidement que la Garde qui marche pour ainsi dire seule à l'encontre de son destin.


Et c'est le choc !
Le 1er bataillon du 3ème Grenadiers, sous les ordres de Friant met en fuite les bataillons Brunswickois et prend d'assaut les batteries Cleeves et Lloyd. Il se dirige ensuite sur la gauche de la brigade Colin Halkett qu'il culbute. Les 73ème et 30ème anglais refluent en désordre sans demander leur reste. Mais Friant s'affaise grièvement blessé.

L'unique bataillon du 4ème Grenadiers (le second bataillon a été décimé lors de la bataille de Ligny) avance sur la crête appuyé par les feux de la batterie de Duchand. Il se porte à droite de la brigade Halkett pour seconder le 3ème Grenadiers. Il enfonce les 33ème et 69ème régiments britanniques.

Le général Halkett est touché par une balle au moment où il saisit le drapeau du 69ème pour rallier ses hommes.

Deux autres bataillons, ceux du 3ème Chasseurs, conduits par le général Michel, marchent vers le chemin d'Ohain. Arrivés sur l'éminence, ils se heurtent aux 2000 gardes de Maitland, dissimulés dans les blés.

La garde anglaise

Les Anglais, formés en ligne sur quatre rangs se sont relevés simultanément pour tirer. La première salve fauche 300 hommes dont le général Michel. Les officiers français, désappointés, s'efforcent de rassembler les survivants et de les déployer en ligne afin de répondre aux décharges ennemies.

Pendant la manoeuvre, ils reçoivent la mitraille des batteries Bolton et Ramsay.

La confusion règne dans les rangs du 3ème Chasseurs.

Les 2000 Britanniques profitent de cet instant pour les charger. Un bref corps à corps s'ensuit. Les vétérans du 4ème Grenadiers, qui se retrouvent isolés, lâchent pied devant la déroute de leurs camarades.

Le 4ème Chasseurs qui se tenait en retrait (échelon de gauche) vient à leur secours et repousse les hommes de Maitland. Les unités de la Garde impériale gravissent à nouveau la colline, baïonnette au canon...

La division hollando-belge du général Chassé, jusqu'alors en réserve à Braine-l'Alleud, surgit pour leur barrer la route. Postée sur le flanc droit des Français, elle les fusille à bout portant de concert avec la batterie belge Krahmer, également venue en renfort. Pour soutenir leur feu, la Brigade hanovrienne de William Halkett s'est postée aux abords d'Hougoumont pour tirer sur l'arrière des Français.

Le général Mallet s'écroule à la tête du 3ème Chasseurs. La Garde est bloquée sur place et tente de riposter à cette flambée de fusillade.

Le Colonel Colborne, surnommé par ses hommes "le mangeur de feu", engage son régiment, le 52ème Oxfordshire Light Infantry, pour maintenir la pression sur les survivants des 3e et 4e Chasseurs. Le 4e Chasseurs résiste quelques temps et met 150 hommes hors de combat au 52e, mais il finit par se replier en bon ordre face au millier de soldats que constitue ce régiment britannique.

Pour la première fois dans l'histoire militaire impériale, la Garde napoléonienne chancelle, acculée par le nombre. Mais, contrairement à ce qui a été souvent écrit, la garde ne déroute pas. Ce sont, expliquera plus tard le général Drouot qui chargeait avec elle, les blessés qui se retiraient pour ne pas gêner leurs camarades.

Le duc de Wellington comprenant toute la portée de cet évènement, ordonne à l'ensemble de ses troupes de contre-attaquer partout.

Ce mouvement général achève de démoraliser l'armée française qui lutte depuis le matin avec un courage surhumain, l'incroyable vient en effet de se produire : les Invincibles de la vieille garde eux-mêmes ont échoué. Alors, aggravé par les cris de " Trahison ! ", qui sortent de partout et de nulle part, un vent de panique s'empare de cette armée.


Pour l'Empereur, les espoirs de victoire sont consummés d'autant plus qu'à la place des soldats du maréchal Grouchy, il voit déboucher sur le champ de bataille Blücher et ses masses prussiennes.
En conséquence, la retraite s'impose. Encore faut-il qu'elle se déroule dans de bonnes conditions.
Pour tenter de protéger le chemin de la retraite, c'est à dire la route de Charleroi déjà pleine de fuyards, Napoléon sacrifie le reste de sa réserve, en l'occurence quatre bataillons de la sublime Vielle Garde qu'il positionne en avant de la Belle Alliance.

Le 2e bataillon du 3e Grenadiers qui se trouve isolé à l'extrême gauche des autres bataillons, subit à lui seul les charges des Hussards de Vivian, les tirs à mitraille de la batterie Gardiner (Royal Horse Artillery) et les feux de la brigade du Colonel W. Halkett.

Décimés, éreintés, les 550 hommes du 2e bataillon reculent et périssent juqu'au dernier.

Le 1er bataillon du 2e Grenadiers (Christiani), le 2e bataillon du 1er Chasseurs (Cambronne) et le 2e bataillon du 2e Chasseurs (Pelet-Clozeau ) rallient les quelques survivants de la Moyenne Garde, rejetée du plateau. Ils tentent en vain d'endiguer le flot rouge de la marée anglaise de part et d'autre de la chaussée. Contraints de faire front à la cavalerie de Vivian, ils se mettent en carrés et se replient lentement vers Rossomme.


La Brigade Adam les talonne, soutenue par de l'artillerie à cheval. Les carrés français, au départ sur trois rangs, se forment sur deux rangs puis ils se transforment en triangle au fur et à mesure des pertes.

Des officiers britanniques avec un drapeau blanc s'avancent à leur rencontre et leur demandent de se rendre. C'est à ce moment là que le général Cambronne répond "merde!" et entre ainsi dans la légende napoléonienne. Respectant leur célèbre devise : "la Garde meurt mais ne se rend pas !", ces héros continuent de se battre.

Cambronne, blessé à la tête, sabré au bras droit et ayant également reçu un coup de baïonnette à la main droite et d'autres blessures à la jambe, s'écroule inanimé. Il se fait ainsi capturé par les hommes du bataillon "Osnabrück" de H. Halckett. Vers 20h30, ses camarades survivants du 1er Chasseurs profitent de la tombée de la nuit pour s'échapper.

A Caillou, où l'Empereur passa la nuit avant la bataille, les Prussiens, oubliant que le chirurgien de la garde, Larrey, a soigné leurs propres hommes, feront brûler vifs les blessés français avant de se lancer à la chasse aux survivants.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !