Historien contemporain de César et de Cicéron.

Il est issu d'un famille plébéienne provinciale sans doute aisée
puisqu'elle lui fit faire d'excellentes études comme en témoigne ce
qu'il fut. Il naquit à AMITERNUM en Sabine, partit pour Rome et y
suivit le cursus honorum d'un jeune homme aisé.

« Tout jeune encore, à mes débuts, je me suis, comme à peu près
tout le monde, jeté avec fougue dans la politique ; j'y ai éprouvé bien
des déboires…ma jeunesse, séduite par l'ambition, était faible devant
de tels vices et m'y retenait ; et, si je n'approuvais pas la mauvaise
conduite des autres, néanmoins un même désir des honneurs m'entraînait
et m'exposait, comme eux, aux méchants propos et à la haine. » Salluste, La Conjuration de Catilina, III.

Il fut QUESTEUR en 55  avant J.C. puis sept ans plus tard, il
devint TRIBUN DE LA PLEBE. Il fut le premier de sa famille à être entré
au Sénat, à ce titre, on peut le considérer comme un novus homo .
En 50  avant J.C., il en fut chassé par les censeurs Appius Claudius
Pulcher et L. Calpurnius Piso pour immoralité, on lui reprochait
d'avoir été l'amant de la fille de Sylla, Fausta, alors mariée à
Million, l'assassin de Clodius. On a même dit mais ce ne sont que des
racontars que Terencia quitta Cicéron pour lui ; d'ailleurs, il en fut
toujours l'ennemi. Mais revenons à son cursus honorum  ;
quand César l'emporta sur Pompée, il le fit élire PRETEUR et donc il
reprit sa place au Sénat. A sa sortie de charge, il reçut à gouverner
la province de Numidie nouvellement créée, ce pays ayant fait partie du
royaume de Juba I, ce dernier en avait été dépossédé car il avait
choisi le mauvais côté, le côté du perdant dans la guerre civile qui
opposait César à Pompée, il avait accueilli ce dernier après sa défaite
à Pharsale. Il pressura si bien cette province qu'il devint immensément
riche et grâce à l'appui de César ne fut jamais mis en accusation pour
la gestion de ce pays. Au moyen de cet argent, il se fit construire une
luxueuse résidence sur le Quirinal au milieu de magnifiques jardins ( Horti Sallustiani ) ;
à la mort de son protecteur, voyant qu'il ne pourrait jamais être
consul, il se retira de la vie politique et commença de rédiger ses
écrits.

« Dès lors, quand, après ces tracas et ces périls, je retrouvai
le repos et résolus de passer le reste de ma vie loin de la politique,
je ne songeai pas à laisser se perdre ces douces heures de loisir dans
l'inaction et la paresse, ni non plus à employer mon activité et mon
temps à l'agriculture et à la chasse, ces occupations serviles. Mais,
revenu aux entreprises et aux goûts dont m'avait détourné une fâcheuse
ambition, je projetai de raconter l'histoire romaine, par morceaux
détachés, en choisissant ce qui me paraissait digne de mémoire d'autant
plus que mon esprit était affranchi de tout espoir, de toute crainte,
de tout esprit de parti. » Salluste, La Conjuration de Catilina, IV.

Il ne fut jamais un homme de guerre : César lui confia sa flotte
qu'il devait conduire en Illyrie mais il fut battu par les Pompéiens
(49  avant J.C.), il lui donna un commandement en Campanie où il devait
mater des légions qui s'étaient mutinées, il échoua.

Il se tourna donc vers l'écriture. Il produisit de nombreux récits
historiques, il fut un des premiers historiens romain à écrire des
biographies, et le premier a rédigé ses textes et non pas comme les
annalistes à énumérer une longue liste de magistrats ou de faits. Seuls
deux écrits complets nous sont parvenus : «  La Conjuration de
Catilina » et «  La Guerre de Jugurtha ». Il donna aussi à ses lecteurs
une « histoire romaine » en 5 livres dont il ne nous reste que des
fragments.

« Son ouvrage le plus considérable ne nous est point parvenu.
C'étaient cinq livres d'histoires (Historiarum libri quinque) adressés
à Lucullus, et qui embrassaient une période de douze années, de 675 à
687. Ils étaient précédés d'une introduction sur les moeurs et la
constitution romaine, et d'un rapide exposé de la guerre civile entre
Marius et Sylla. Quels étaient le plan et la composition de cet ouvrage
dont nous ne possédons que quelques fragments dans le genre oratoire,
c'est ce qu'il est difficile de déterminer. Le président de Brosses a
essayé de le reconstituer, mais son travail, quoique fort remarquable,
est le plus souvent conjectural. On sait seulement que Salluste
traitait successivement de la guerre de Sertorius en Espagne, de
l'expédition de Lucullus contre Mithridate, de la guerre de Spartacus,
et de celle des pirates. Suivant toute probabilité, ces cinq livres ne
comprenaient pas toute l'histoire de Rome pendant une période de douze
années. » Albert Paul, « Histoire de la Littérature Romaine  », 1871.

On lui attribua aussi dans l'antiquité deux autres ouvrages dont
les historiens modernes lui réfutent la paternité : il s'agit de «  Epistolae de Republica  » (lettres à César) et d'une attaque et sa réponse contre Cicéron.

« …l'invective contre Salluste, mise sous le nom de Cicéron, n'a
aucun caractère authentique ; elle est l'oeuvre d'un rhéteur
quelconque, aussi bien que la déclamation de Salluste contre Cicéron,
dont parle cependant Quintilien… »

Idem. Déjà à la Renaissance , des humanistes, Juste Lipse en tête, refusent de voir dans ces écrits des œuvres à lui.

On le connaît un peu grâce à des fragments de sa biographie faite par
Suétone et conservé dans la « chronique » de Saint Jérôme.

On a dit de son style qu'il était archaïque, ce qui était
compréhensible pour quelqu'un comme lui qui aimait les vertus de la
Rome d'autrefois, et qu'il se distinguait par son laconisme et sa
concision ce qui permettait au lecteur de laissait vagabonder son
esprit. On a dit aussi que  son écriture devait beaucoup à la façon
d'écrire de Thucydide.

Les dates de rédaction de ses œuvres sont inconnues. Mais on pense
qu'il écrivit d'abord «  la Conjuration de Catilina » dans laquelle, il
fait un résumé de l'histoire romaine et expose, sa théorie de la
décadence de Rome :

« …chez les anciens Romains, le droit et le bien régnaient,
moins en vertu des lois que par une impulsion naturelle. Les disputes,
les désaccords, les compétitions étaient pour les ennemis du pays ;
entre eux les citoyens luttaient de vertu. On dépensait sans compter
dans les cérémonies religieuses, mais on économisait dans la vie
privée, et on gardait à ses amis la parole donnée…On vit croître
d'abord la passion de l'argent, puis celle de la domination ; et ce fut
la cause de tout ce qui se fit de mal. L'avidité ruina la bonne foi, la
probité, toutes les vertus qu'on désapprit pour les remplacer par
l'orgueil, la cruauté, l'impiété, la vénalité. L'ambition fit d'une
foule d'hommes des menteurs ; les sentiments enfouis au fond du coeur
n'avaient rien de commun avec ceux qu'exprimaient les lèvres ; amitiés
et haines se réglaient, non d'après les personnes, mais d'après les
conditions d'intérêt, et on cherchait plus à avoir le visage que le
caractère d'un honnête homme…l'autorité, fondée jusqu'alors sur la
justice et le bien, devint cruelle et intolérable. »

Où trouver un prof d'histoire pour vous expliquer tout cela ?

Salluste, Catilina, 9-10.

Il a été lui-même le témoin des évènements qu'il décrit. La fin de
son récit s'arrête à la bataille de Pistoia qui vit la mort  de
Catilina.

Après, il rédigea « la guerre de Jugurtha » où il voulut démontrer que la nobilitas était incompétente et que la corruption régnait partout :

« Avec nos moeurs actuelles, c'est de richesse et de
somptuosité, non de probité et d'activité, que nous luttons avec nos
ancêtres. Même des hommes nouveaux, qui jadis avaient l'habitude de
surpasser la noblesse en vertu, recourent au vol et au brigandage
plutôt qu'aux pratiques honnêtes, pour s'élever aux commandements et
aux honneurs… »

Salluste, Jugurtha, I, 4.

Pour ces écrits, il dit lui-même qu'il consulta les livres puniques,
on peut donc, à juste raison, penser qu'il écrivit après son
gouvernement de la Numidie.

Il dut rédiger son « Histoire » en dernier lieu ; elle continuait celle d'un autre historien des temps anciens : Sisenna .
On n'en a plus que des fragments conservés au Vatican. Elle devait
aller de la mort de Sylla (78  avant J.C.) à 67  avant J.C.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !