Chapitres
La bioéthique en 2011
L'actualité : un premier bébé "médicament" est né en France en janvier 2011 ont clamé tous les médias en ce mardi 8 février 2011, jour de l'annonce officielle. Les professeurs FRYDMANN,chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine-Béclère à Clamart et le professeur MUNNICH, chef du service Génétique à l'hôpital Necker ont mené à bien ce projet rendu possible par la loi de bioéthique de 2004 et son décret d'application de 2006.
"Le petit garçon, Umut-Talha (en turc "notre espoir"), qui pesait 3,650 kg à sa naissance le 26 janvier dernier, est en très bonne santé"
Explication de la situation
Les faits : une famille a eu deux premiers enfants, un garçon et une fille atteints de la grave maladie génétique de béta-thalassémie. Cette maladie du sang provoque une grave anémie, mortelle si elle n'est pas traitée, car deux des quatre chaînes de l'hémoglobine normalement présente chez l'adulte, les 2 chaînes béta, sont mutées, tronquées. Cette maladie impose donc de fréquentes transfusions sanguines, mensuelles.
Protocole médical
Le protocole : Umut est un bébé conçu in vitro (FIVETE : fécondation in vitro et transfert d'embryon) par ICSI (injection intracytoplasmique du spermatozoïde) ayant passé très précocément un double DPI (diagnostic pré-implantatoire).
Grâce au prélèvement de deux cellules, on a vérifié avant d'implanter l'embryon
- qu'il ne portait pas la même maladie génétique que ses deux frère et soeur aînés
- qu'il était totalement HLA compatible avec sa soeur (on rappelle qu'il y a une chance sur quatre entre frère et soeur d'être 100% compatible). A sa naissance, ces cellules souches sanguines ont été prélevées dans le cordon ombilical et seront injectées prochainement à sa petite soeur qui devrait totalement guérir ainsi de sa maladie.
D'où la préférence du monde médical pour l'appellation de bébé "double espoir" car non touché par la maladie de son aîné et capable de le guérir alors qu'il est atteint d'une maladie génétique incurable.
PS Pour augmenter la probabilité d'une grossesse, deux embryons en fait avaient été implantés, tous deux exempts de maladie génétique, un HLA compatible et un autre non HLA compatible mais un seul s'est implanté et développé et, par chance, ce fut le premier.
Les problèmes éthiques
Les milieux catholiques dénoncent une instrumentalisation de l'être humain et s'oppose à cette technique.
Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD) déclare «On a franchi un pas excessivement grave. Avec un tel progrès, l'homme devient un objet de consommation et un matériau»
L'appellation de bébé "médicament" est certes maladroite et devrait laisser place à bébé "docteur" ou mieux encore bébé "double-espoir" car il n'a pas été conçu dans le seul but de soigner un individu.
La conception d'un embryon cloné dans le seul but de soigner un humain malade en tant que réserves de cellules souches régénératrices ("clonage thérapeutique") fait vivement débat mais il ne s'agit ici pas du tout de cela.
Un enfant ici a bel et bien été conçu pour lui-même. Umut n'a rien d'un clone et est fondamentalement différent génétiquement de ses frère et soeur, ne serait-ce que par l'hémoglobine correcte qu'il est capable de produire. Il possède les mêmes groupes tissulaires HLA que sa soeur aînée ce qui lui permettra de donner de ses cellules (en fait des cellules embryonnaires mais du cordon ombilical) . Mais chez les adultes, on sollicite souvent les propres frères et soeurs dans les greffes d'organes, de tissus et de cellules, justement pour leur compatibilité HLA.
Les risques de dérive existent toutefois -tant par le clonage thérapeutique que par le DPI- et la grande vigilance et sagesse des comités d'éthique devra continuer à veiller pour ne pas voir l'homme confectionner des bébés sur mesure, génétiquement programmés pour tout ou partie de leur génome (eugénisme)....
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