Chapitres
Le texte commenté
Méthode du commentaire composé
On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :
Partie du commentaire | Visée | Informations indispensables | Écueils à éviter |
---|---|---|---|
Introduction | - Présenter et situer le texte dans le roman - Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique) - Présenter le plan (généralement, deux axes) | - Renseignements brefs sur l'auteur - Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?) - Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?) - Les axes de réflexions | - Ne pas problématiser - Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur |
Développement | - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible - Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif) | - Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.) - Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond) - Les transitions entre chaque idée/partie | - Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux - Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser - Ne pas commenter les citations utilisées |
Conclusion | - Dresser le bilan - Exprimer clairement ses conclusions - Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.) | - Les conclusions de l'argumentation | - Répéter simplement ce qui a précédé |
Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.
En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !
Commentaire composé de l'extrait
Introduction
François de Salignac de La Mothe-Fénelon a écrit en 1699 Les Aventures de Télémaque. Il s’agit d’un pastiche (c'est-à-dire d'une réécriture qui imite) de L’Odyssée d’Homère, une épopée romanesque qui raconte les aventures de Télémaque à la recherche d’Ulysse, son père. Le jeune prince, accompagné de la déesse Minerve travestie sous les traits du sage Mentor, doit ce faisant faire face à de nombreuses situations.
Dans notre extrait tiré du septième livre, Adoam décrit aux deux voyageurs un pays du nom de la Bétique. Il semble s'agir d'un pays merveilleux où les gens vivent un perpétuel âge d'or, sans vice et sans malheur, tous heureux de travailler la terre et de se contenter de peu.
Annonce de la problématique
Dès lors, dans quelle mesure Fénélon parvient-il à convaincre des avantages de son utopie ?
Annonce du plan
Nous analyserons dans un premier temps les éléments de ce discours qui relèvent typiquement du topos du locus amoenus (= lieu agréable). Nous montrerons ensuite en quoi la société présentée peut faire office de modèle. Enfin, il s'agira de mettre en évidence l'aspect pédagogique de cette utopie.
Développement
Locus amoenus
Le locus amoenus est en littérature un topos, c'est-à-dire un thème récurrent et caricatural : il s'agit d'un « lieu agréable » souvent isolé du monde et assimilable au paradis sur terre.
Un lieu isolé et clos
Le pays que décrit Adoam semble béni des dieux, puisqu'il s'agit d'un « pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein ».
C'est un univers protégé du monde extérieur et de ses failles, qui semble même échapper aux caprices de la météo, puisque les
hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons n’y soufflent jamais. L’ardeur de l’été y est toujours tempérée par des zéphyrs rafraîchissants, qui viennent adoucir l’air vers le milieu du jour.
La terre y est source de vie, comme viennent le signaler au moins deux figures de style :
- la personnification du paysage : « dans les vallons et dans les campagnes unies »
- la métaphore filée de la fertilité : « Ainsi toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson ».
Enfin, si ce pays est isolé physiquement, il semble l'être aussi temporellement : « Ce pays semble avoir conservé les délices de l’âge d’or ». L'utilisation du présent place ces terres dans l'éternité, tout comme, tout au long du texte, la répétition des adverbes « toujours » et « jamais ».
Transition
En somme, ne serait-ce pas là le paradis sur terre ?
Le paradis sur terre
Car l'auteur y multiplie les références paradisiaques :
- la faune et la flore y sont si abondantes qu'il n'y a pas à faire d'efforts pour vivre : « Les montagnes sont couvertes de troupeaux. », « une double moisson » (cette figure de style est une surenchère), « grenadiers », « arbres toujours verts et fleuris », « lauriers, jasmins », ...
- tout accident y est impossible, comme le souligne la négation suivante : « Ainsi toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main ».
- tout est beau pour le regard, les sens sont stimulés : « Les chemins y sont bordés », ...
Il y a enfin une référence à l'Eldorado (« Il y a plusieurs mines d'or et d'argent dans ce beau pays »), ce mythique pays sud-américain où l'or serait omniprésent, et qui finit d'assimiler cette évocation au topos du locus amoenus.
Transition
Dans un tel pays d'abondance et de beauté, la société ne peut qu'être parfaite.
Une société modèle
De fait, Adoam ne décrit pas qu'un lieu parfait : il décrit également une société à l'image de cette perfection, et la pose comme lieu idéal de vie.
L'être à l'image du lieu
Ainsi, l'innocence et la bonté naturelle des personnages se fondent dans le décor : ils sont « simples et heureux dans leur simplicité ».
La description du lieu, qui occupe toute la première partie du texte, se révèle en fait une métaphore de la perfection de cette société. Car, en effet, ces habitants travaillent juste ce qu'il faut, n'en font jamais trop, et ainsi, ne connaissent pas le superflu. C'est ce que viennent signifier les nombreuses négations, depuis « mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l'or et l'argent parmi leurs richesses » jusqu'à « encore même la plupart des hommes en ce pays, étant adonnés à l'agriculture ou à conduire des troupeaux, ne laissent pas d'exercer les arts nécessaires pour leur vie simple et frugale. ».
En outre, le locuteur ne lésine pas sur les procédés laudatifs (= qui encensent, qui louent) ; il multiplie les adjectifs mélioratifs (« un pays fertile, un ciel doux, toujours serein »). Ces hommes et ces femmes sont avant tout caractérisés par leur simplicité, tels Adam et Ève qui vivaient nus au milieu des animaux.
Il s'agit ainsi d'une société d'agriculteurs presque primitive : « Ils sont presque tous bergers ou laboureurs. » Ils restent simples et chérissent cette simplicité. Or, cette absence d'ambition est une forme d'humilité, c'est-à-dire une vertu bienfaitrice, là où l'orgueil et l'envie ont été responsables de la Chute, selon le récit de la Bible.
Transition
Car ce qui caractérise l'idéal de cette société, c'est avant tout la modération.
Un idéal de société et de vie
Dans la présentation de ce pays transparaît donc un mépris du matérialisme et de l'accumulation. En effet, malgré les tentations qu'offre le lieu (« il y a plusieurs mines d’or et d’argent dans ce beau pays »), les habitants restent frugaux (« les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l’or et l’argent parmi leurs richesses »). La raison, c'est qu'ils sont mesurés dans leurs désirs, conscients des véritables biens :
ils n’estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l’homme.
Le symbole ultime, c'est l'utilisation de l'or pour fabriquer des outils agricoles : « nous avons trouvé l'or et l'argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue. ». L'agriculture - c'est-à-dire le travail de la terre - est symboliquement placée au-dessus de toute richesse. C'est dire que ces hommes et ces femmes privilégient ce qui est utile, que l'argent n'est pas une fin en soi.
Enfin, ce discours défend la vertu et la morale pour en faire des valeurs civilisationnelles : il faudrait rechercher une « vie simple et frugale » plutôt que de se lancer emporter par l'hybris (= démesure, en grec).
Transition
Ce que décrit néanmoins Adoam, c'est une utopie : un lieu qui n'existe pas et ne peut pas exister.
Un discours utopique
Cela étant, cette utopie a une valeur pédagogique. Fénelon, par la voix de son personnage, veut célébrer certaines valeurs et en dénoncer d'autres.
L'inverse du monde réel
Tous les avantages de la société utopique décrite ici découlent en fait des désavantages de la société réelle. C'est le sens de l'accumulation très négative que le texte déploie :
Au contraire, ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par l’ambition, par la crainte, par l’avarice, incapables des plaisirs purs et simples, puisqu’ils sont esclaves de tant de fausses nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur.
Ce faisant, le moraliste met en avant un paradoxe : l'homme moderne croit se libérer par le progrès mais ne fait que s'aliéner (= se perdre, se rendre dépendant) toujours plus.
La raison principale de cette aliénation, c'est l'envie d'accumulation, c'est la création du superflu :
Ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l’acquérir par l’injustice et par la violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu’à rendre les hommes mauvais ?
Fénelon dresse ainsi un tableau satirique et antithétique (sur la base de l'antithèse bien/superflu) d'une société absurde, mondaine, faussée.
Le lecteur, lisant ces lignes, profitent donc d'une leçon morale - car il s'agit d'un discours direct, comme si un professeur parlait. Ce pseudo-professeur enchaîne par ailleurs les questions rhétoriques (c'est-à-dire des questions dont les réponses sont évidentes) :
Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ?
Par là, alors qu'il passe de préoccupations physiques (« sains «, « robustes », ...) à des préoccupations morales (« libre », « tranquille »), il souligne l'absurdité de la vie moderne et européenne par rapport à celle de son utopie. C'est explicite, puisqu'il utilise des comparaisons (« plus sains », « plus robustes », « plus gaie », ...) qui invitent à des réponses négatives.
Le locuteur décrit cette tempérance par une douce personnification, puisqu'il dit que « toute l'année n'est qu'un heureux hymen du printemps et de l'automne, qui semblent se donner la main ». Bien loin de la guerre, c'est le mariage (« hymen ») qui caractérise cette terre.
Transition
Mais il s'agit bien d'une société utopique, qui comporte elle-même ses dangers : Fénelon ne cherche qu'à conscientiser ses lecteurs par cette peinture.
Ce qu'il faut prendre
La Bétique renferme en effet quelques dangers :
- une uniformisation des métiers et des gens : « Ils sont presque tous bergers ou laboureurs »
- une uniformisation des pensées : les pronoms personnels utilisés pour les décrire sont tous des pronoms personnels pluriels qui ne discriminent pas (« ils répondent en ces termes », comme s'ils n'avaient qu'une seule voix, qu'une seule pensée)
- le refus de l'industrie, pourtant capable de créer des choses belles et positives, ce que suggère le texte lui-même par l'emploi d'un vocabulaire positif et par la figure de l'accumulation : « des peuples qui on l’art de faire des bâtiments superbes, des meubles d’or et d’argent, des étoffes ornées de broderies et des pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l’harmonie charme »
- le risque de l'autarcie, de l'enfermement (et donc de la régression) : « ils ne faisaient aucun commerce au-dehors »
Au fond, ce que met en avant l'auteur, c'est que les Hommes font un usage immodérée de la création industrieuse, qui perd son sens pour l'être humain.
Conclusion
Fénelon, dans ce passage des Aventures de Télémaque, reprend à son compte le topos du « lieu agréable » pour présenter une société utopique dans laquelle les Hommes vivraient en harmonie avec la nature.
Ce qu'il met surtout en avant en s'emparant de ce sujet, c'est le danger de la démesure humaine, qui lui fait perdre le sens de ce qu'il entreprend. Par le rêve, il enjoint ses lecteurs à l'humilité, pour retrouver le plaisir de la sobriété et le vrai sens des choses.
Ouverture
On pourrait comparer ce « lieu agréable » à un autre lieu idyllique fameux de la littérature : le pays d'Eldorado tel qu'il est décrit à Candide dans le conte philosophique éponyme écrit par Voltaire (1759).
Si vous désirez une aide personnalisée, contactez dès maintenant l’un de nos professeurs !
Bonjour, je n’arrive pas a comprendre dans mes cours de Français on me dit d’utiliser les figures de style ou autres pour le commentaires de texte. Mais dans le votre de commentaire je n’en vois aucune…
Bonjour, pourriez-vous faire seulement une conclusion sur l’incipit de Cendrillon ?
je voulais savoir la synthèse sur la vie de Fénelon
merci hein, ça fait plaisir
Qui parle, raconte ? (auteur, narrateur
identifié ou non)
A qui s’adresse le texte? (lecteur
uniquement, personne réelle ou fictive,
groupe…)
Enjeux du texte : – quoi ?
de quelle manière ? (registres principaux,
champs lexicaux récurrents, syntaxe
particulière)
dans quel(s) but(s)? (faire réagir, faire
réfléchir, divertir…)
je doit répondre à ces questions pouvez vous m’aidez svp
comment faut il faire l’introduction pour un commentaire ?
Bonjour, il s’avère que toutes les réponses à vos questions sont dans le corrigé. Bonne journée.
bonjour,
il me faudrait une ouverture à ce texte car je dois faire une explication linéaire et je ne sais pas du tout quoi faire
bonjour, moi aussi j’ai une ouverture à faire sur ce texte et je sais pas du tout quoi mettre si quelqu’un peut nous aider