George Orwell, Eric Blair de son vrai nom, né le 25 juin 1903 et mort le 21 janvier 1950, est un écrivain anglais, dont l'œuvre porte la marque des engagements. Il a notamment combattu avec véhémence toutes formes d'impérialisme et de totalitarisme, surtout à travers ses livres.

La ferme des animaux, paru en 1945, est l'un de ceux-là. L'auteur y décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent pour chasser les hommes et prendre le pouvoir.

Il s'agit en fait d'un apologue (c'est-à-dire un court récit en prose ou en vers, dont on tire une instruction morale, d'après la définition du Larousse) sous la forme d'une fable animalière : Orwell fait de cette société une satire de la Révolution russe de 1917 et une critique du régime stalinien, alors en place depuis 1927.

Qui est l'auteur de La fable des animaux ?
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C'est parti

Résumé du roman par chapitre

Chapitre 1

Monsieur et madame Jones sont deux Anglais propriétaires d'une ferme qui s'appelle Le Manoir.

Une nuit, alors que le fermier vient de se coucher, les animaux sont convoqués par le plus vieux des cochons, Sage l'Ancien. Dans la grange se retrouvent donc Malabar, Douce et Lubie, des chevaux de trait ; Benjamin, un âne un peu bourru ; Edmée, la chèvre blanche ; Filou, un chien, et Fleur et Constance, deux chiennes ; et puis encore une chatte, d'autres cochons, des moutons, des vaches, des poules, des canards, des oies et des pigeons.

Sage veut leur raconter son rêve de la nuit précédente, qui a été une véritable révélation : il a compris que l'Homme était un ennemi incapable qui les exploitait à son seul profit. Il leur présente un monde dans lequel tous les animaux se retrouveraient libres, débarrassés du joug humain : ils pourraient travailler dignement, avoir des loisirs, mourir plus tard, et profiter de plein d'autres joies.

Lorsque deux rats étrangers à la ferme débarquent pour écouter le discours, ils sont même acceptés par un vote collectif. Aussi tous les « camarades » chantent-ils à l'unisson un chant partisan pour marquer leur appartenance à une même communauté :

Bêtes d’Angleterre et d’Irlande,

Animaux de tous les pays,

Prêtez l’oreille à l’espérance

Un âge d’or vous est promis.

.

L’homme tyran exproprié,

Nos champs connaîtront l’abondance,

De nous seuls ils seront foulés,

Le jour vient de la délivrance.

.

Plus d’anneaux qui pendent au nez,

Plus de harnais sur nos échines,

Les fouets cruels sont retombés

Éperons et morts sont en ruine.

.

Des fortunes mieux qu’en nos rêves,

D’orge et de blé, de foin, oui da,

De trèfle, de pois et de raves

Seront à vous de ce jour-là.

.

Ô comme brillent tous nos champs,

Comme est plus pure l’eau d’ici,

Plus doux aussi souffle le vent

Du jour que l’on est affranchi.

.

Vaches, chevaux, oies et dindons,

Bien que l’on meure avant le temps,

Ce jour-là préparez-le donc,

Tout être libre absolument.

.

Bêtes d’Angleterre et d’Irlande,

Animaux de tous les pays,

Prêtez l’oreille à l’espérance

Un âge d’or vous est promis.

Le vacarme réveille le fermier qui, croyant à un renard, tire à l'aveugle. Les animaux se séparent pour regagner leurs habitats respectifs en vue de la nuit.

Chapitre 2

Trois nuits plus tard, Sage l'Ancien meurt paisiblement. C'est alors que Napoléon, Boule de neige et Brille-Babil, trois cochons, s'activent. Ils développent tout un système philosophique sur les principes énoncés par le mort, qu'ils nomment l'« animalisme ».

Ils se heurtent d'abord aux réticences des uns et des autres, et notamment de Moïse, le corbeau apprivoisé. Lui veut rester fidèle à Mr et Mme Jones.

Les événements permettent néanmoins l'accélération des choses. En effet, Mr Jones boit de plus en plus et s'occupe de moins en moins des animaux. Leur charge revient aux ouvriers agricoles, qui les négligent aussi. Le manque de soin et l'absence de nourriture finissent par les rendre furieux ; ils attaquent les hommes qui, apeurés, prennent la fuite, tout comme Mme Jones (suivie par Moïse) qui a vu les scènes de terreur.

Les trois cochons annoncent aux autres qu'ils ont appris à lire grâce à un livre récupéré jadis dans les ordures. Ils décident pour les autres de rebaptiser le lieu « Ferme des animaux » et finissent par inscrire sur un mur, au bout de trois mois d'études, les sept grands commandements du nouveau système :

  • Commandement n°1 : « Tout deux pattes est un ennemi » ;
  • Commandement n°2 : « Tout quatre pattes ou volatile est un ami » ;
  • Commandement n°3 : « Nul animal ne portera de vêtements » ;
  • Commandement n°4 : « Nul animal ne dormira dans un lit » ;
  • Commandement n°5 : « Nul animal ne boira d'alcool » ;
  • Commandement n°6 : « Nul animal ne tuera un autre animal » ;
  • Commandement n°7 : « Tous les animaux sont égaux ».

Ils développement également un nouveau drapeau, symbole de la lutte animale, qu'ils dressent fièrement au milieu de l'ancien domaine des Jones.

Que raconte la ferme des animaux ?
Le drapeau de la « ferme des animaux » tel qu'il est décrit par Georges Orwell (crédits : RootOfAllLight, Wikipédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Animal_Farm_Flag.svg)

Dans le même temps, les vaches se sentent mal car personne ne les trait. Alors les cochons s'en occupent et laissent le lait ainsi obtenu de côté, ne sachant quoi en faire. Pourtant, le soir de ce jour-là, les seaux remplis disparaissent...

Chapitre 3

Sous la direction des cochons, les animaux s'occupent du foin, et c'est heureux : leur récolte arrive plus vite et plus grosse qu'à l'époque des hommes. Aussi les animaux sont-ils heureux : ils mangent à leur faim et résolvent sans difficulté les problèmes qui se déclarent. Tout semble aller pour le mieux, même si certains, comme la chatte et Lubie la jument en font moins que les autres. Il y a aussi les deux cochons Boule de neige et Napoléon qui ne cessent de se quereller, se perdant dans des désaccords interminables.

Boule de neige crée néanmoins des commissions afin d'éduquer les autres animaux. Des cours de lecture y sont notamment proposés à tous. Mais à part les cochons, les autres animaux ont du mal à retenir plus de quelques mots ou plus de quelques lettres. Alors les 7 commandements sont résumés dans une seule maxime :

Quatre pattes, oui ! Deux pattes, non !

Les oiseaux sont gênés par cette formule puisqu'ils se considèrent comme bipèdes eux-mêmes. Boule de neige les rassure en leur disant que, dans leur cas, les ailes sont considérées comme des pattes.

De son côté, Napoléon entreprend de former les jeunes, mais ne prend en charge que les neufs chiots de Constance et de Fleur, les chiennes de la ferme.

Les cochons commencent doucement à profiter d'un régime alimentaire privilégié : ils détournent des pommes au motif que ces aliments leur sont essentiels pour la santé. Et on découvre également le mystère de la disparition du lait : il est chaque jour mélangé à la pâtée des cochons. Cela est nécessaire, explique Brille-Babil, pour qu'ils gardent leurs capacités intellectuelles et évitent ainsi le retour des Hommes...

Chapitre 4

L'hymne révolutionnaire de la ferme des animaux commence à parvenir aux oreilles des animaux des fermes de la région. Les humains s'en effraient et mentent à leurs bêtes pour contenir leurs envies.

Jones, quant à lui, veut reprendre son bien. Il s'arme en compagnie de ses voisins Pilkington et Frederick et part affronter ses anciennes bêtes. Mais ces dernières sont bien préparées, sous le commandement de Boule de Neige. Elles repoussent les hommes, non sans dommages : un mouton est tué, Boule de Neige est blessé.

Les animaux fêtent leur grande victoire. Ils décorent Boule de Neige et Malabar pour leur bravoure et font des funérailles pour le mouton tué. Cette bataille restera gravée comme la « Bataille de l'étable ».

Chapitre 5

Alors que l'hiver commence, Lubie la jument disparaît. On l'avait aperçue quelques jours auparavant avec un homme ; Douce a aussi trouvé du sucre et des rubans cachés sous la paille de son box. Elle a donc préféré repartir vers le monde des Hommes.

L'hiver est long et rigoureux. Les animaux souffrent du froid, tandis que les cochons sont manifestement les décideurs de la ferme.

Boule de Neige souhaiterait faire construire un moulin à vent sur une colline adjacente ; il permettrait, selon lui, d'offrir plus de répit dans le travail des animaux. Mais Napoléon s'y oppose et tente de rallier les autres animaux à sa cause. Il est néanmoins impuissant face au charisme de son adversaire.

La ferme est soudainement envahie par neuf molosses qui attaquent les autres animaux. Ils finissent par prendre en chasse Boule de Neige qui doit prendre la fuite. Tous comprennent qu'il s'agit là des neuf chiots que Napoléon avait décidé d'éduquer ; ils ont grandi sous sa coupe et il en a fait des chiens de garde pour son propre compte.

Alors Napoléon annonce que le temps des débats publics est terminé ; il est désormais le chef et il décidera pour les autres. Si personne ne dit rien face aux chiens qui grognent, ils sont en outre convaincus par l'argument de Brille-Babil : tout vaut mieux que le retour des Jones.

La réunion du dimanche est maintenant ritualisée : les animaux saluent le drapeau de la ferme et défilent devant le crâne de Sage l'Ancien. Ils restent debout tandis que Napoléon se place sur une estrade, face à eux. C'est ainsi qu'il leur annonce que le moulin à vent sera construit. Cette lourde tâche aura pour conséquence une augmentation du travail et la baisse des rations alimentaires.

Napoléon déclare enfin que les réunions disparaissent. Tout sera dorénavant décidé par un comité de cochons.

Comment utilise-t-on l'impératif ?
Georges-Philibert-Charles Maroniez (1865-1933), Le Laboureur, vers 1900

Chapitre 6

Les mois passent et les animaux travaillent dur (y compris les dimanches) sous la direction de Napoléon.

Un jour, ce chef leur annonce qu'il peut y avoir un intérêt à fréquenter les hommes : le commerce. La réticence des habitants de la ferme est vite éteinte par les grognements des molosses.

Malgré ces nouveaux revenus, les autres animaux ne profitent pas d'une vie meilleure, contrairement aux cochons et aux chiens. Ceux-ci reçoivent de plus grosses rations de nourriture, dorment plus et ne travaillent pas - sauf à surveiller les autres.

Le quatrième commandement est bientôt modifié : les cochons pourront dormir dans des lits avec des draps. Ils investissent donc la maison des Jones. Et quiconque s'en indigne verra les dents des chiens.

En novembre, une forte tempête s'abat sur la ferme. Elle est si violente qu'elle détruit le moulin. Napoléon parvient à convaincre les autres que Boule de Neige est le responsable. On le condamne à mort, on offre une récompense. Et on se remet tout de suite au travail pour construire un nouveau moulin.

Plus d’atermoiements, camarades ! s’écria Napoléon. Le travail nous attend. Ce matin même nous allons nous remettre à bâtir le moulin, et nous ne détèlerons pas de tout l’hiver, qu’il pleuve ou vente. Nous ferons savoir à cet abominable traître qu’on ne fait pas si facilement table rase de notre œuvre. Souvenez-vous-en, camarades : nos plans ne doivent être modifiés en rien. Ils seront terminés au jour dit. En avant, camarades ! Vive le moulin à vent ! Vive la Ferme des Animaux !

Chapitre 7

L'hiver qui suit est tout aussi rude que le précédent. Les animaux, toujours plus rationnés, ne parviennent pas vraiment à reconstruire le moulin. Mais ils font comme si de rien n'était pour ne pas que les Hommes remarquent leur malheur.

Au bout d'un certain temps, Napoléon prend la décision de livrer des œufs aux humains en échange de provisions. Les poules s'y opposent d'abord mais elles sont bientôt obligées d'accepter : le chef supprime leurs rations et annonce que quiconque leur donnera un grain sera puni de mort. À cause de cette décision, neuf poules mourront ; le discours « officiel », néanmoins, accuse la maladie.

Selon ce même discours, Boule de Neige, bien qu'absent, est le responsable de tous les problèmes de la ferme. Il serait même l'espion du fermier Jones. Brille-Babil justifie par ce mensonge la bravoure du disparu pendant la Bataille de l'étable, tant louée par les autres animaux.

Arrive le moment où Napoléon déclare savoir que des traîtres sont cachés parmi eux. Ils torturent les cochons qui avaient contesté sa prise de pouvoir, les poulets de la révolte et trois moutons pour qu'ils avouent ; enfin, ces aveux obtenus, il les fait tuer par les molosses. Malabar lui-même est accusé mais il en fait fuir deux et en blesse un profondément.

Tous les animaux sont désormais lucides sur leur sort et en même temps impuissants. Douce tente bien, par nostalgie, de chanter leur hymne, Bête d'Angleterre, mais Brille-Babil l'interdit : il n'y a plus lieu de chanter ce chant révolutionnaire, puisque la révolution est finie.

À la place, Minimus, le poète, compose des nouveaux couplets qui seront chantés après le salut du drapeau, et qui commencent ainsi :

Ferme des Animaux, Ferme des Animaux

Jamais de mon fait ne te viendront des maux !

Chapitre 8

Les animaux travaillent toujours plus dur tandis que Napoléon devient un chef de plus en plus despotique. Il organise sa vénération, développe ses privilèges et se construit une garde rapprochée.

Au jour dit, le moulin est terminé. Napoléon annonce alors aux autres qu'il a vendu du bois au fermier Frederick. Mais il constate bientôt que ce dernier l'a floué : il l'a payé avec des faux billets. Le chef prononce sa condamnation à mort.

Le lendemain, c'est plutôt le fermier qui attaque la ferme. La bataille est rude, le moulin est détruit, mais les animaux sortent tout de même vainqueur. Certes, les pertes humaines et logistiques sont énormes, mais les cochons sont ravis de leur victoire. Si ravis qu'ils en viennent à la fêter - au mépris du cinquième commandement - avec une caisse de whisky qu'ils ont découverte. Napoléon ordonne même la production d'orge en vue de leur consommation future.

Le commandement est donc modifié en secret par Brille-Babil :

Quelques jours plus tard, la chèvre Edmée, en train de déchiffrer les Sept Commandements, s’aperçut qu’il en était encore un autre que les animaux avaient compris de travers. Ils avaient toujours cru que le Cinquième Commandement énonçait : Aucun animal ne boira d’alcool. Or deux mots leur avaient échappé. De fait, le commandement disait : Aucun animal ne boira d’alcool à l’excès.

Chapitre 9

Le cheval Malabar, qui compte parmi les plus travailleurs, a été blessé dans la récente bataille et devient vieux, mais veut toujours travailler. Il intègre donc l'équipe qui reconstruit le moulin.

L'hiver est une nouvelle fois très dur. Et les inégalités s'empirent : seuls les cochons et les chiens mangent correctement, tandis que les autres ont une vie rythmée par les cérémonies militaires. Et en avril, Napoléon gagne des élections présidentielles dans lesquelles il est le seul candidat.

Malabar n'a pas cessé de travailler et finit par tomber malade d'épuisement. Napoléon décide alors de l'envoyer à l'hôpital voisin pour qu'on le soigne. Benjamin, l'âne habituellement taiseux, s'aperçoit néanmoins que le fourgon venu le prendre appartient à l'abattoir. Il cherche à arrêter le convoi, ameute les autres, mais n'arrive à rien, tandis que Malabar est trop faible pour s'enfuir.

Trois jours plus tard, Brille-Babil annonce aux habitants de la ferme que leur compagnon est mort. Il décrit avec éloquence ses derniers instants et dément avec fermeté la rumeur de l'abattoir. Les autres souscrivent à cette déclaration et les cochons peuvent se saouler tranquillement avec l'argent obtenu de la vente du cheval à l'équarrisseur.

Chapitre 10

Les années ont passé. Tous les animaux ou presque ont oublié le temps des Jones. La ferme s'est enrichie jusqu'à devenir plus prospère encore que celles des Hommes. À l'intérieur, les porcs sont devenus très gras, symbole de leur enrichissement, tandis que les autres travaillent toujours plus dur.

Napoléon et ses comparses évoluent même jusqu'à marcher sur deux pattes. Les moutons, manipulés par Brille-Babil qui les a isolés pendant une semaine, répètent maintenant un autre slogan à tue-tête :

Quatre pattes, bon ! Deux pattes, mieux !

Et sur le mur, Benjamin déchiffre pour Douce une toute nouvelle devise :

TOUS LES ANIMAUX SONT ÉGAUX MAIS CERTAINS SONT PLUS ÉGAUX QUE D'AUTRES.

Napoléon a ainsi entamé de véritables relations avec les autres hommes, jusqu'à inviter Mr Pilkington pour jouer aux cartes. Mais malgré les promesses d'amitié éternelle, dans la ferme nouvellement (re)baptisée Ferme du manoir, les animaux laborieux observent par la fenêtre les querelles bruyantes des bipèdes que plus rien ne distingue.

Douze voix coléreuses criaient et elles étaient toutes les mêmes. Il n’y avait plus maintenant à se faire de questions sur les traits altérés des cochons. Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme ; mais déjà il était impossible de distinguer l’un de l’autre.

Quelle est la morale de la ferme des animaux ?
Max Liebermann, Schweinekoben, Wochenstube, 1887

Une réécriture de la Révolution Russe

Orwell, en écrivant La ferme des Animaux, réécrit en fait l'histoire de la révolution bolchevik, ses étapes et ses symboles :

  • les animaux chassant les Jones sont les bolcheviks chassant le tsar Nicolas II et sa famille en 1917
  • l'hymne Bêtes d'Angleterre rappelle l'Internationale qui fut l'hymne des révolutionnaires dès octobre 1917
  • la bataille de l'Étable fait référence à l'intervention internationale de 1918 pour contrer les bolcheviks
  • le drapeau de la ferme renvoie au drapeau de l'URSS
  • les cochons ne cessent d'interpeller les autres en utilisant le terme « camarade », comme les membres du parti communiste soviétique le faisaient
  • la lutte pour le pouvoir entre Napoléon et Boule de Neige est la même que celle ayant vu s'affronter Staline et Trotski après la mort de Lénine
  • Boule de Neige qui doit s'exiler, c'est Troski évincé par Staline en 1927
  • Napoléon fait exécuter gratuitement des animaux qu'il accuse d'être des traitres tout comme Staline l'a fait lors des « grands procès de Moscou » entre 1936 et 1938
  • les animaux de la ferme souffrent de la faim et rappellent ainsi les famines soviétiques, tandis que Staline (comme Napoléon et ses sbires) s'engraissait dans le faste

Les personnages, des caricatures

En tant que fable animalière, les personnages de la Ferme des animaux sont des caricatures : ils représentent des types d'humains particuliers qui visent à illustrer des traits de personnalité, comme l'avidité du pouvoir ou la docilité.

C'est d'autant plus vrai que certains d'entre eux sont des réécritures de personnages ayant réellement existé.

Les cochons

  • Sage l'Ancien est une combinaison de Karl Marx et de Lénine : il incarne les principes de la révolution et son crâne servira de relique pour toute la ferme.
  • Napoléon a l'air féroce : il est une allégorie de Joseph Staline et son nom fait directement référence à l'empereur français. C'est le méchant du livre qui confisque la révolution - comme le fit Napoléon Ier - pour son propre bénéfice, en utilisant la force (les neuf molosses).
  • Boule de Neige est le premier « chef » de la ferme une fois les Jones chassés. Il considère de fait les autres animaux comme ses égaux. Las, il doit s'enfuir pour échapper aux molosses de Napoléon et servira de bouc émissaire à celui-ci, lequel justifie tous les maux par son évocation.
  • Brille-Babil est un petit cochon blanc qui sert de second à Napoléon. Il parle si bien qu'il convainc systématiquement les autres animaux de la véracité des mensonges proférés par son maître.
  • Minimus est le cochon poète qui écrit le nouvel hymne national, Camarade Napoléon.

Les équidés

  • Malabar est un cheval de trait profondément gentil et travailleur. Il est aussi naïf et candide. Il assume une large partie du travail de la ferme et sa force physique effraie quelque peu les cochons. Il est finalement vendu à un équarisseur.
  • Lubie est une jeune jument égoïste et frivole. Elle quittera la ferme peu après la révolution, évoquant par là les émigrants qui quittèrent la Russie après 1917.
  • Benjamin est un vieil âne cynique, sage et lucide. Il fait partie des rares animaux ayant pu apprendre à lire. Meilleur ami de Malabar, il finit par comprendre la véritable situation de la ferme mais reste silencieux, comme s'il ne voulait donner à personne de faux espoirs.

Autres personnages

  • Moïse est un corbeau apprivoisé qui suit d'abord madame Jones lorsqu'elle s'exile et réapparaît après plusieurs années. Il incarne l'homme de foi et se contente de parler sans jamais travailler. Il charme en effet les habitants de la ferme avec l'existence d'un endroit merveilleux situé au-delà des nuages, la Montagne de Sucrecandi, là où les animaux pourront se reposer pour toujours après avoir durement travaillé sur terre...
  • Les neuf molosses furent d'abord des chiots mis bas par Fleur et Constance, les chiennes de la ferme, et récupérés par Napoléon pour lui servir de garde rapprochée. Ils représentent ainsi le NKVD, la police soviétique de Staline, qui le protège et qui tue pour lui.
  • Les moutons sont des animaux profondément bêtes qui soutiennent aveuglément Napoléon. Ils ne cessent de répéter les slogans développés par les cochons et favorisent une situation d'apathie générale.
  • Les poules sont les premières à se rebeller contre Napoléon. On leur avait promis qu'avec la révolution, elles pourraient garder leurs œufs.

Les buts d'Orwell

Dans une lettre à Dwight Macdonald datant du 5 décembre 1946, Georges Orwell explique ses buts :

« Bien sûr, j’ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution violente menée comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale, selon moi, est que les révolutions n’engendrent une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot. Le tournant du récit, c’est le moment où les cochons gardent pour eux le lait et les pommes. Si les autres animaux avaient eu alors la bonne idée d’y mettre le holà, tout se serait bien passé. Si les gens croient que je défends le statu quo, c’est, je pense, parce qu’ils sont devenus pessimistes et qu’ils admettent à l’avance que la seule alternative est entre la dictature et le capitalisme laisser-faire. [...] J’ai simplement essayé de dire : “Vous ne pouvez pas avoir une révolution si vous ne la faites pas pour votre propre compte ; une dictature bienveillante, ça n’existe pas.”. »

Et si vous souhaitez prolonger votre découverte, le film d'animation est disponible sur YouTube !

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !