L'histoire de la république en France commence dès 1792, avec l'abolition de la monarchie à l'issue de la Révolution Française de 1789. La Iére république dura jusqu'en 1801 et fut suivie d'un Empire et de la Restauration, causée par l'attachement des Français à la monarchie qui les détacha de l'idée d'une république. Il faudra attendre la fin de la monarchie de juillet en 1848 pour que soit proclamée la IIème République. Mais ce nouveau régime politique suscita diverses réactions de la part des Français. Quelles relations entretiennent les Français avec leur république entre 1848 et 1914 ? Il y eut tout d'abord une période de désamour et d'hésitations entre 1848 et 1879 avant que le peuple français n'adhère et ne se convertisse à la république de 1879 à 1914.

La proclamation de la IIème République engendra tout d'abord un climat d'euphorie parmi les citoyens qui se rassemblent autour d'un idéal de fraternité. Mais très vite, des divergences d'opinion surgissent parmi les Républicains. Ni les libéraux ni les socialistes ne semblent convaincus par cette république. La question ouvrière les divise encore plus. Le gouvernement créé des ateliers nationaux, permettant aux ouvriers au chômage d'avoir un emploi. Mais ceux-ci sont vite fermés pour cause d'agitation, et les quartiers populaires s'insurgent. Les monarchistes, rejoints par les républicains modérés prennent peur et votent des lois empêchant une certaine liberté d'expression. Par ailleurs, le type de régime souhaité par les républicains est confus : il y aurait une Assemblée législative et un Président, mais les relations de ces deux organes avec les ministres ne sont pas très explicites. Malgré l'ambiance enthousiaste qu'a suscité la IIe république, elle apparait tout de même comme peu satisfaisante.
Louis Napoléon Bonaparte profite de cette situation instable pour conquérir le peuple et se faire élire Président de la république. Une fois les Français séduits, il fait un coup d'Etat le 2 décembre 1851 et installe un nouveau régime qui lui confère tous les pouvoirs. Le Second Empire est proclamé le 2 décembre 1852 : c'est la fin de la IIe république. On assiste alors à un retour au césarisme, un régime qui prétend créer un lien direct entre le souverain et le peuple, qui est en évolution permanente. Les derniers républicains sont éloignés, comme Victor Hugo qui est contraint à l'exil. Le régime de Napoléon III éloigne alors les Français de l'idée d'une république. Mais l'empereur déclare la guerre à la Prusse et est fait prisonnier le 2 septembre 1870.
La IIIe République est proclamée le 4 septembre. Mais cette nouvelle république connaît de nombreuses turbulences. La droite et la gauche sont très divisées et une insurrection populaire se déclenche à Paris en mars 1871 : c'est la Commune. Les Communards et les Versaillais se livrent des combats sans merci pendant la "semaine sanglante", du 21 au 28 mai 1871. Après ce début chaotique, la république commence enfin à se mettre en place. Adolphe Thiers est Président mais ne souhaite qu'une république conservatrice. Il est finalement écarté par la droite monarchiste et le général MacMahon le remplace, élu par l'Assemblée. Mais l'idée d'une restauration devient de plus en plus improbable et les royalistes se rallient à l'idée de la république de Thiers, conservatrice. Malgré les hésitations concernant le type de république, les lois constitutionnelles sont votées en 1875 et MacMahon démissionne face à l'avancée massive des républicains. Jules Grévy est élu Président et les assemblées vont s'installer à Paris.
Malgré l'échec de la IIe république, le retour à l'Empire et les difficultés de la IIIe république, celle-ci s'installe définitivement et les Français commencent à s'impliquer pour leur république.

Le vrai lancement de la république a lieu en 1879 : Jules Grévy et les républicains, qui se qualifient d'opportunistes, votent un ensemble de lois ayant pour but de renforcer la démocratie libérale et de laïciser la société. Ils croient en la science et mènent une politique anticléricale. L'école est rendue laïque, gratuite et obligatoire pour les enfants de six à treize ans en 1881-1882 et forme les élèves à devenir de bons citoyens. En 1905, l'Eglise est définitivement séparée de l'Etat. Une fois la république installée, les Français s'en imprègnent.
Tout d'abord au sein de la vie politique, les débats entre la droite et la gauche se multiplient. Les principaux sujets sont l'impôt sur le revenu, le droit de vote des femmes et le service militaire. Les Français se rassemblent autour de valeurs communes et adoptent des symboles issus de la Révolution de 1789, notamment l'adoption de la Marseillaise comme hymne national ainsi que Marianne, allégorie de la république qui rejette toute personalisation du pouvoir. La liberté de la presse et la création de partis politiques comme la SFIO contribuent à la démocratisation de la vie politique. La république n'est ainsi plus contestée, mais tous les Français ne sont pas "convertis" pour autant.
De nombreux scandales éclatent et l'antiparlementarisme se développe. Le général Boulanger en est le chef et rallie tous les sceptiques, comme les monarchiste ou les gens d'extrême gauche. Il prévoit alors un coup d'Etat mais y renonce finalement et s'exile en Belgique. Mais l'antiparlementarisme est relancé en 1892 par le scandale de Panama : de nombreux hommes politiques sont soupçonnés d'avoir accepté des pots-de-vin de la part de la Compagnie du canal de Panama, ce qui remet en cause l'intégrité de la classe politique. L'affaire Dreyfus, en 1898, provoque une grave crise et divise les Français. Le capitaine Dreyfus est accusé de trahison, mais des intellectuels comme Zola ainsi que des hommes politiques comme Jaurès dénoncent un antisémitisme de la part des juges.
Mais malgré ces affaires compromettant la République, celle-ci finit tout de même par l'emporter.

Malgré une longue période de doutes et d'instabilité, la République a finalement réussi à s'imposer dans l'esprit des Français, qui ont adopté de nombreuses mesures pour faire vivre leur république. Cette unicité du peuple français se poursuit notamment en 1914, au début de la Iere Guerre Mondiale, avec l'"Union Sacrée" des Français autour de la Mère Patrie et de la République.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !