Ce texte qui ouvre le conte de Voltaire décrit la société du château de TTT dans laquelle vit Candide. Elle se présente comme un paradis terrestre digne des contes de fée. Cependant, il apparaît progressivement que ce monde n'est pas parfait, et que cette société a des aspects grotesques et artificiels, notamment en ce qui concerne les raisons qui président à son organisation ( voir philosophie optimiste héritée de Leibniz ).

Pour illustrer cette dimension ironique du regard sur ce monde parfait, on étudiera deux axes : dans un premier temps, on analysera la parenté du texte à l'égard du conte traditionnel, et dans un second temps, on verra comment les effets de mise à distance créent une faille dans la perfection de ce faux paradis terrestre.

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C'est parti

I : LES ÉLÉMENTS DU CONTE TRADITIONNEL

Ce début de texte a ceci de très caractéristique qu'il emprunte les marques du conte traditionnel.

1 : Des personnages schématiques.

Les noms choisis ont une dimension symbolique ; ce sont des « noms portraits ».

- « Thunder-Ten-Tronck » renvoie à des sons « durs », germaniques, « Thunder » = tonnerre.

L'allitération en T renforce la cacophonie du nom et connote une dimension déjà grotesque.

- Candide est un nom qui ne sonne pas germanique, mais qui préfigure son caractère naïf et ingénu et prépare sa physionomie. ( voir « candidus, a, um » en latin qui signifie « blanc », « vierge », du mal qui règne dans le monde. « qui ne sait pas » ).

Certains personnages sont réduits à un détail. « Cunégonde » est renvoyée à la nourriture « fraîche, grasse, appétissante » et au domaine de la sensualité. La « baronne » est réduite à son poids. Les personnages sont donc en quelque sorte des marionnettes sans grande physiologie ou épaisseur.

2 : Un cadre idyllique... ou presque !

Le cadre renvoie également à l'univers du conte. La scène se situe dans un château, décor du conte par excellence, les repères temporels sont absents comme dans le conte : on repère la formule « il y avait » qui rappelle « il était une fois » dans le conte traditionnel. Le cadre de ce conte semble figé. Voit le temps verbal ( imparfait ) qui renvoie à un aspect duratif de l'action. L'action est habituelle et générale. L'univers décrit semble immobile, existant de toute éternité.

Rien ne vient perturber ce cadre où tout semble aller pour le mieux depuis toujours.

3 : Un monde idéal.

Le vocabulaire utilisé est mélioratif. « Droit, bon et honnête, Monseigneur, une très grande considération, honneur, dignité » … « respectable, digne, toute la bonne foi, admirablement ». Ce vocabulaire est présent dans l'ensemble du texte.

On remarque également le rôle des superlatifs : « le plus simple, un des plus puissants, meilleur, le plus beau, la meilleur ». L'usage des superlatifs renvoie à un éloge outrancier qui instille déjà une dimension ironique à l'intérieur du texte.

Ce monde idéal est également incarné par le profil harmonieux de la famille du baron. De plus, c'est une famille qui appartient à la noblesse, dont on peut supposer qu'elle ne connaît pas de difficulté particulière.

BILAN : Ce texte emprunte donc au conte traditionnel par certains aspects, mais il en est aussi une parodie : l'utilisation du stéréotype, qu'il concerne les personnages ou le cadre, est un point d'appui pour la critique propre au conte philosophique.

II : LES EFFETS DE MISE À DISTANCE ( PAR RAPPORT AU CONTE TRADITIONNEL )

1 : Des failles qui introduisent le doute dans cet univers idyllique.

Alors que le cadre renvoie au conte et donc à l'absence de cadre spatio-temporel précis, la situation dans laquelle se déroule l'action est précisée : la « Westphalie » ( qui se trouve en Allemagne ).

Ce détail réaliste rompt avec l'univers traditionnel du conte, qui court-circuite le merveilleux.

De plus, le narrateur introduit une modalisation ( « je crois » ), introduisant le doute par rapport à la réalité décrite ( NB : « modalisation » = façon pour le narrateur d'introduire son jugement dans son discours ). Le narrateur nous invite en tant que lecteur à prendre de la distance par rapport à la réalité décrite.

Enfin, des entorses sont faites à l'étiquette, au protocole : la description commence par le portrait de Candide ( qui est le « bâtard » … ), alors que traditionnellement on commence par le portrait du personnage le plus important hiérarchiquement ( le baron ).

C'est donc pour le narrateur une façon d'introduire un doute concernant la légitimité du pouvoir du baron, et une façon aussi de mettre en avant dès le départ, le personnage de Candide, dont la naïveté fait difficilement croire au sérieux et à la légitimité de son rôle héroïque.

2 : Le Grotesque.

On perçoit des failles dans le monde « parfait » de TTT, mais certaines mentions du texte vont même jusqu'à donner une dimension grotesque aux personnages et à leur situation sociale.

LES PERSONNAGES : Le baron a un nom ridicule ( lourdeur ), de plus « ils riaient de ses contes » détruit l'image traditionnelle de la noblesse en suscitant l'hilarité de ses gens. De fait, l'expression antiphrastique « le fils en tout digne de son père » reçoit donc un éloge ambigu, étant donné ce qu'on sait déjà du père... ( ironie du narrateur ).

Les deux femmes sont réduites à des détails physiques ridicules.

« Pangloss » ( étymologiquement, peut signifier « celui qui parle à tout moment », « bavard impénitent ». Sa pseudo science est réduite à une « cosmolonigologie » ( ligne 36 ) : ceci renvoi à l'ambiguïté d'une science très compliquée, mais aussi au mot « nigaud » ( idiot, bête ). Cette science serait donc ridicule, comme le personnage de Pangloss lui-même.

LES QUARTIERS DE NOBLESSE : 71 : nombre de quartiers, la mère de Candide n'en a qu'un de plus ( 72 ). On peut noter la disproportion entre la cause ( un quartier de moins ) et l'effet ( le refus du mariage et de la reconnaissance de Candide ).

3 : L'usage perverti du rapport de causalité.

Le troisième mode de mise à distance est celui qui consiste à créer des rapports de cause à effet dans ce texte, la plupart ineptes et ridicules. « Parce que » ( ligne 11 ) voir quartier de noblesse / refus. « Car » ( ligne 16 ) puissance du baron ( porte-fenêtre / tapisserie ). « s'attirait par là » ( ligne 25 ) poids de la baronne en relation avec la considération attribuée.

Le dernier paragraphe est la preuve « qu'il n'y pas d'effet sans cause » et son corollaire : on est en face au meilleur des mondes et des maîtres.

Ces preuves, censées prouver la grandeur du baron, montre en fait que son pouvoir repose sur les apparences et sur des signes extérieurs futiles et dérisoires.

4 : L'illusion du pouvoir nobiliaire ( fondé sur les apparences ).

« Monseigneur » est en principe une appellation réservée aux princes et aux ducs, pas aux barons ( plus bas dans la hiérarchie ).

Distinction entre la fonction ( les choses à et le titre utilisé pour les nommer : « tous les chiens » → « meute » / « ses palefreniers » → « ses piqueurs » / « vicaire » → « grand aumônier » ( premier aumônier de la cour des rois de France ).

On observe la disjonction entre ce que sont réellement les choses ( assez misérables ) et le nom qu'on leur donne ( trop valorisant ). Cela traduit un monde plus médiocre qu'il ne semble. C'est l'arme essentielle utilisée par Voltaire qui consiste en une ironie savamment distillée dans des décalages entre ce qui est dit et ce qui est suggéré.

CONCLUSION : Il s'agit du texte liminaire du conte de Voltaire, qui révèle le cadre dans lequel évolue Candide. C'est un monde où dominent les apparences, et dans lequel le pouvoir ne repose sur aucun fondement solide. C'est également un monde où règnent les préjugés ( rôle de la généalogie ) et qui se révèle figé, donc amené à disparaître... ce que la suite de l’œuvre va s'employer à illustrer.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !