Le rapport entre Sganarelle et Don Juan repose sur le contraste : contraste dans l'emploi des pronoms personnels ( Don Juan tutoie et Sganarelle vouvoie ), ce qui montre le respect des catégories sociales et de leur représentation. Le contraste est aussi lisible dans les modalités : Sganarelle interroge pour connaître le fond de la pensée de Don Juan, et c'est Don Juan qui répond.
Sganarelle représente le valet un peu maladroit, impressionnable et bigot, mais de bon sens face à l'individualisme forcené de son maître.
Le valet sert ici de faire-valoir à la personnalité du maître. Molière cherche à camper les ridicules, à dévoiler l'aveuglement de Don Juan, très actif en parole, mais sans prise sur l'action. Don Juan est un pécheur endurci qui refuse d'entendre les avertissements.
En général, Molière reprend les emplois traditionnels de la commedia dell'arte. Souvent, chez Molière, le valet est intriguant, stratège de l'action, en général au service d'un jeune maître amoureux dont il sert l'intérêt ( Scarpin, La Flèche ). Mais il existe aussi chez Molière, des valets balourds, héritiers de l'arlequin ( La Merluche dans l'Avare, ou Sganarelle dans Don Juan ).
La figure de la servante ( comme Dorine dans Tartuffe ) prend aussi chez Molière un rôle essentiel : c'est elle qui fait preuve de clairvoyance et qui incarne le bon sens. C'est cette figure que reprendra Beaumarchais avec le personnage de Suzanne, servante vive, habile et intelligente.
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