Les meilleurs professeurs de Français disponibles
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4.9
4.9 (144 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Angélique
5
5 (62 avis)
Angélique
25€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Chrys
5
5 (201 avis)
Chrys
87€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4.9
4.9 (144 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Angélique
5
5 (62 avis)
Angélique
25€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Chrys
5
5 (201 avis)
Chrys
87€
/h
Gift icon
1er cours offert !
C'est parti

Texte

« PAIX, s. f. (Droit nat. politique. & moral.) : c'est la tranquillité dont une société politique jouit ; soit au-dedans, par le bon ordre qui règne entre ses membres ; soit au-dehors, par la bonne intelligence dans laquelle elle vit avec les autres peuples. Hobbes a prétendu que les hommes étaient sans cesse dans un état de guerre de tous contre tous ; le sentiment de ce philosophe atrabilaire ne paraît pas mieux fondé que s'il eût dit que l'état de la douleur et de la maladie est naturel à l'homme. Ainsi que les corps physiques, les corps politiques sont sujets à des révolutions cruelles et dangereuses ; quoique ces infirmités soient des suites nécessaires de la faiblesse humaine, elles ne peuvent être appelées un état naturel. La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ; c'est une maladie convulsive et violente du corps politique ; il n'est en santé, c'est-à-dire dans son état naturel, que lorsqu'il jouit de la paix ; c'est elle qui donne de la vigueur aux empires ; elle maintient l'ordre parmi les citoyens ; elle laisse aux lois la force qui leur est nécessaire ; elle favorise la population, l'agriculture et le commerce ; en un mot, elle procure au peuple le bonheur qui est le but de toute société. La guerre, au contraire, dépeuple les États ; elle y fait régner le désordre ; les lois sont forcées de se taire à la vue de la licence qu'elle introduit ; elle rend incertaines la liberté et la propriété des citoyens ; elle trouble et fait négliger le commerce ; les terres deviennent incultes et abandonnées. Jamais les triomphes les plus éclatants ne peuvent dédommager une nation de la perte d'une multitude de ses membres que la guerre sacrifie. Ses victimes mêmes lui font des plaies profondes que la paix seule peut guérir. Si la raison gouvernait les hommes, si elle avait sur les chefs des nations l'empire qui lui est dû, on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre. Ils ne marqueraient point cet acharnement qui caractérise les bêtes féroces. Attentifs à conserver une tranquillité de qui dépend leur bonheur, ils ne saisiraient point toutes les occasions de troubler celle des autres. Satisfaits des biens que la nature a distribués à tous ses enfants, ils ne regarderaient point avec envie ceux qu'elle a accordés à d'autres peuples ; les souverains sentiraient que des conquêtes payées du sang de leurs sujets ne valent jamais le prix qu'elles ont coûté. Mais, par une fatalité déplorable, les nations vivent entre elles dans une défiance réciproque ; perpétuellement occupés à repousser les entreprises injustes des autres ou à en former elles-mêmes, les prétextes les plus frivoles leur mettent les armes à la main. Et l'on croirait qu'elles ont une volonté permanente de se priver des avantages que la Providence ou l'industrie leur ont procurés. Les passions aveugles des princes les portent à étendre les bornes de leurs États ; peu occupés du bien de leurs sujets, ils ne cherchent qu'à grossir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux. Ces passions, allumées ou entretenues par des ministres ambitieux ou par des guerriers dont la profession est incompatible avec le repos, ont eu, dans tous les âges, les effets les plus funestes pour l'humanité. L'histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. L'épuisement seul semble forcer les princes à la paix ; ils s'aperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s'est mêlé à celui de l'ennemi ; ce carnage inutile n'a servi qu'à cimenter l'édifice chimérique de la gloire du conquérant et de ses guerriers turbulents ; le bonheur de ses peuples est la première victime qui est immolée à son caprice ou aux vues intéressées de ses courtisans. »  

Étienne Noël Damilaville, Encyclopédie, 1751

Qu'est-ce que L'Encyclopédie de Diderot ?
Une édition de L'Encyclopédie

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé
Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

Un petit mot sur l’encyclopédie 

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est, comme son nom l'indique, une encyclopédie française, éditée en 1751 et 1772 dont Denis Diderot menait la direction, en compagnie partielle de Jean Le Rond d'Alembert. Initialement, il ne s'agissait que d'un projet de traduction : Diderot et d’Alembert devaient refondre certains articles de l’encyclopédie anglaise de Chambers de 1728. Rapidement néanmoins, le projet change d’orientation pour devenir une véritable Encyclopédie ou Dictionnaire universel des sciences, art et métiers. Y collaborent notamment Diderot, d’Alembert, Dumarsais, d’Holbach, Rousseau, Voltaire et Damilaville. Cet ouvrage théorique et pratique en 17 volumes (1751-1772) ne compile pas les savoirs mais en dresse un inventaire raisonné. Célébration de la science, il affirme le progrès de la raison et la place centrale de l’homme. Influencée par la méthode de Pierre Bayle (précurseur des Lumières), maintes fois censurée car jugée subversive, l’Encyclopédie représente la somme des idées et des combats philosophiques des Lumières. C'est ainsi un ouvrage décisif du XVIIIème siècle, en plus d'être la première encyclopédie française. Elle synthétise les connaissances du temps, représentant un considérable travail rédactionnel.

« Un tribunal (...) condamna un célèbre astronome pour avoir soutenu le mouvement de la terre, et le déclara hérétique (...). C'est ainsi que l'abus de l'autorité spirituelle réunie à la temporelle forçait la raison au silence ; et peu s'en fallut qu'on ne défendit au genre humain de penser. »

Discours préliminaire de l'Encyclopédie, Alembert, 1751

Un petit mot sur Damilaville

Étienne Noël Damilaville, (1723-1768) est un écrivain français, essentiellement connu pour avoir été l'ami et le correspondant de Voltaire. Comme le montre le présent article, il a également collaboré à l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert, ayant notamment écrit l'article Paix. Il fut d'abord garde du corps du roi, puis Premier commis au bureau de l'impôt du Vingtième ; cette fonction lui donnait le droit d'avoir le cachet du contrôleur-général des Finances pour affranchir la correspondance qui sortait de son bureau. Premier commis au bureau de l'impôt du Vingtième, il avait pour Voltaire un double avantage : acquis aux idées philosophiques, il disposait du sceau du ministre pour affranchir sa correspondance. Grâce à lui, Voltaire put faire circuler lettres et pamphlets à l'abri de toute censure.

Qui est l'auteur de l'article Paix dans L'Encyclopédie ?
Etienne Damilaville

1ère analyse méthodique

Pourquoi et comment l’encyclopédiste condamne-t-il la guerre ?

Si nous respectons l'ordre, nous pouvons envisager l'analyse de l'article au travers de deux questions :

  • Pourquoi condamner la guerre ?
  • Comment la condamne-t-il ?

Il est intéressant de souligner que l'analyse de cet article nous pousse vers l'analyse de la condamnation de la guerre. En effet, pour l'auteur, la paix se définit, d'emblée, comme l'état contraire de la guerre ; et, pour justifier, expliquer la paix, il faut donc condamner la guerre.

La guerre est contraire à la raison

1)      La guerre fait abstraction de la pitié, c'est-à-dire du sentiment humain 2)      La guerre est condamnable par la simple analyse des effets contre-productifs qu'elle produit : le dépeuplement, la liberté des citoyens compromise, la perte des hommes, l'impossibilité d'accéder au bonheur, la spoliation (= action de déposséder par violence ou par ruse, Larousse) des biens 3)      Utilisation du conditionnel pour figurer une situation utopique

Le comment : mise en pratique de la rhétorique

1)      Des paroles qui choquent à dessein 2)      Des paroles faites d'image (penser aux Fables de La Fontaine) 3)      Métaphore filée médicale 4)      Relation de cause à effet entre la guerre et la paix. Eloge de la paix et blâme de la guerre. Ouverture : Damilaville utilise une littérature explicite alors que d’autres utilise une littérature implicite avec Candide de Voltaire.

Commentaire composé rédigé, un autre plan possible

Introduction

Le XVIIIème siècle est marqué par l’apparition de l’esprit des Lumières, qui se caractérise par une pensée libre, libérée de tous les préjugés et de toutes les croyances. On interroge, on examine, on observe, mais surtout on refuse les ‘a priori’, les préjugés. Deux de ces nouveaux esprits, Diderot et D’Alembert, décident de créer un ouvrage qui rassemblerait toutes les connaissances du monde,  L’Encyclopédie. Si, à l’origine, l’Encycopédie ne devait être qu'une simple traduction de la Cyclopaedia de Chambers parue en Angleterre en 1751, Diderot qui dirigeait le projet décida d’en faire un ouvrage révolutionnaire. Il voulait ainsi rassembler et mettre à jour toutes les connaissances de son siècle afin d'instruire les hommes et ainsi les rendre plus vertueux et plus heureux. L’article « Paix », qui est attribué à Damilaville, haut fonctionnaire des Finances et ami de Diderot, répond à ces exigences. Cet article contient une condamnation sans équivoque de la guerre et des ambitions conquérantes des monarques, ce qui est une constante des écrivains des Lumières.

Qui est l'instigateur de L'Encyclopédie ?
Denis Diderot, rédacteur de L'Encyclopédie

Problématique

De fait, comment s'articule l'argumentation condamnatoire de la guerre dans un article intitulé "Paix" ?

Annonce du plan

Dans un premier temps, nous verrons comment se déploie la rhétorique persuasive dans l'article. Dans un second temps, il s'agira d'analyser comment la guerre est condamnée par l'auteur.

Une réthorique persuasive

La rhétorique est l'art de la parole ; elle est ici mis en œuvre à la fin de convaincre, de persuader du bienfondé du propos qui s'engage pour la paix.

Opposition entre la guerre et la paix

Il s'agit ainsi tout à la fois d'une plaidoirie pour la paix et d'un réquisitoire contre guerre. La figure de style utilisée est ainsi une antithèse, dès le premier paragraphe. Pour l'auteur, la guerre signifie malheur et dégradation tandis que dans la paix réside la clef du bonheur, et la prospérité. Pour soutenir son propos, l'auteur utilise plusieurs figures de style (avec antinomie continue, fondée sur le connecteur "au contraire", au milieu du paragraphe) :

  • Métaphore filée : la guerre est une « maladie convulsive », la paix est la bonne « santé », donc « l'état naturel »
  • Les antithèses :
    • La guerre provoque le « désordre » tandis que la paix favorise « l'ordre »
    • La paix est bonne pour le commerce ; la guerre le fait « négliger »
    • La paix est bonne pour la justice et l'établissement des « lois », tandis que la guerre les impose (jeu avec le mot « force », figure en chiasme)

En résumé, la guerre est néfaste, toutes considérations confondues, tandis que la paix n'est que bienfaits.

Opposition entre hypothèse et réalité

Le second paragraphe utilise également le procédé de l'antithèse, en opposant cette fois l'hypothèse et la réalité. L'hypothèse est marquée lexicalement par l'introduction du « Si », dès le début du paragraphe. En outre, l'hypothèse est manifeste par :

  • L'imparfait de l'indicatif : « saisiraient », « regarderaient », « sentiraient », …
  • La forme négative des formules au conditionnel

Tandis que la situation réelle est constituée de verbes au présent.

Violente mise en accusation de la guerre

Quelle est la portée argumentative de l'article Paix ?
Felix Valloton, Verdun, 1917
Damilaville entreprend alors la dénonciation des causes de la guerre, ainsi que de ses responsables et de ses conséquences.

La guerre est propre à l'homme

Dès la première phrase, la guerre est considérée comme une chose humaine : « La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ». On soulignera le présent de vérité générale. La paix est la "raison" tandis que la guerre, c'est le vice, provoqué par un penchant qui n'est pas contrôlé. Voilà pourquoi c'est une maladie ; elle est convulsive, et les rend pareils aux animaux (« bêtes féroces », « carnage »). Qui est visé ? Les responsables sont, selon l'article :

  • Les chefs des nations, les souverains "Ils ne saisiraient point toutes les occasions..." (= répétition de l'acharnement de ces hommes.)
  • Les princes  (= autre catégorie visée)
  • Les courtisans (= bénéficient de la guerre : vue intéressée)
  • Les ministres ambitieux

Sans donner de noms, Damilaville accuse implicitement. Il les accuse d'être guidés par la passion, et non pas la raison (« les passions aveugles des princes », avec la personnification de la passion). Fureurs de la guerre, acharnement, bête féroce (= car ceux qui font la guerre st des bêtes féroces, des hommes sans âmes.) Pour éviter la censure, Damilaville parle d'une nation en général même si seuls quelques hommes sont visés. De plus, il fait remarquer que le roi de France n'est pas visé : c'est une critique des princes.

Des conséquences déplorables

Finalement – comme de juste – l'auteur finit sur les conséquences, qui servent encore son propos. La fin de l'article est ainsi marquée par le champ lexical de la destruction avec « paix violées », « champ dévasté  », « villes réduite en cendres  », « carnage inutile », etc. Surtout, ce sont les peuples, les petites gens, qui sont les premières victimes, désignées fréquemment : « dépeuple », « perte d’une multitude de ses membres », « victimes », « sang de leur sujets », « sang du citoyen », etc. Cela est d'autant plus grave que leur mort est une chose inutile : « dépeuple » , « perte d’une multitude de ses membres » , « victimes » , « sang de leur sujets » , « sang du citoyen ». Les hommes ne sont là que des objets manipulés pour les bons désirs des princes. L'utilisation du pluriel contribue en outre à amplifier l'impression désastreuse des conséquences de la guerre.

Conclusion

C'est ici un article polémique comme bien d’autres qui traite un sujet cher aux philosophes des lumières : la guerre et ses atrocités. Diderot va peut-être plus loin que d’autres dans l’attaque puisqu’il ne se contente pas de décrire la guerre mais il dénonce également les responsables. Les motifs qui les poussent à guerroyer font apparaître leur inconscience, leur manque d’humanité et leur égoïsme. La condamnation des princes est donc sans appel. L’article « paix » fait ainsi partie de ceux qui ébranlent le pouvoir des princes, il permet aussi de dégager l’idéal encyclopédique d’une société harmonieuse où tout tendrait vers le bonheur.

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

Aucune information ? Sérieusement ?Ok, nous tacherons de faire mieux pour le prochainLa moyenne, ouf ! Pas mieux ?Merci. Posez vos questions dans les commentaires.Un plaisir de vous aider ! :) 4.50 (2 note(s))
Loading...

Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.