Extrait 4

VOLTAIRE, Candide (1759), chapitre 3
Comment Candide se sauva d'entre les Bulgares et ce qu'il devint

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C'est parti

Introduction :

Candide : conte philosophique, une des formes d'apologue. (= récit à visée argumentative). Candide, enrôlé dans l'armée bulgare pour faire la guerre contre les abares, participe à sa première bataille. Ce chapitre fait référence à la guerre de 7 ans qui ensanglantait l'Europe lorsque V. s'est mis à rédiger Candide. Mais récit prend dimension beaucoup plus large.

Question : quels sont les moyens choisis par Voltaire pour exprimer une condamnation de la guerre ?

Analyser la dimension narrative de l'extrait, et notamment le choix d'une focalisation sur le personnage de Candide ; puis l'emploi très efficace de deux registre, ironique et pathétique ; enfin, montrer que, par un certain nombre de détails, V. parvient à donner dimension universelle à sa condamnation.

I- Dimension narrative

Idée directrice : le déroulement de la bataille est racontée du point de vue d'un soldat naïf, Candide, auquel peut s'identifier le lecteur. Le mouvement du texte épouse son trajet de l'admiration à l'horreur.

a) Construction de l'extrait : les trois phases de la bataille vues à travers les réactions et les déplacements de C. : focalisation interne Cf. Q 4
- les préparatifs : le combat lui-même « Candide (...) se cacha du mieux qu'il put. » ; les conséquences sur les civils cf. le déplacement de C : « Il passa (par dessus des tas de morts et de mourants) et gagna d'abord un village voisin. ».

b) L'évolution des réactions de C. : là aussi, nous avons trois phases distinctes.
- l'admiration du jeune soldat novice devant le spectacle des deux armées. Cf. Q 5-6.
- la peur. Cf. Q 4-6
- Puis l'horreur : « Candide s'enfuit au plus vite. »

c) Les références à la philosophie de Pangloss : point de vue ironique sur le héros, qui trente de trouver du sens à la violence absurde du combat.

Transition : le lecteur est amené à suivre la même évolution que C. par ailleurs, le narrateur développe dans le cours du récit deux registres différents pour amener le lecteur à réagir face à l'atrocité du combat.

II- La double stratégie

Idée directrice : V. recourt avec beaucoup d'efficacité à deux registres différents, le registre ironique et le registre pathétique.

a) 1er paragraphe : le registre ironique pour raconter avec un détachement feint le déroulement du combat. Cf. Q 1-2.
→ démythifier la guerre. Montrer que son apparence héroïque cache un massacre absurde. Le lecteur est amené à s'indigner.

b) 2e paragraphe : les conséquences sur le civils décrites selon le registre pathétique pour susciter a compassion du lecteur.
Hypotypose (« Ici », « là », « d'autres ») = une seule phrase à la syntaxe complexe, qui permet de voir une accumulation de détails horribles. Cf. Q 3.
Mais : même dans ce passage pathétique, V. recourt à des procédés ironiques. Cf. Q 8.
→ ironie grinçante, mais nécessaire : il ne s'agit pas seulement de s'apitoyer sur les victimes mais de s'indigner contre les bourreaux

Transition : très grande efficacité narrative. Voltaire amène son lecteur à une condamnation universelle de la guerre.

III- La condamnation universelle de la guerre

Idée directrice : pas de discours argumentatif proprement dit. Mais un certain nombre de détails amenés dans le récit pour donner à cette condamnation de la guerre une portée universelle.

a) La mise en cause de la monarchie et de la religion. Cf. Q 7
« tandis que les deux rois faisaient chanter des Te deum chacun dans son camp » (l. 10). Cette mise en cause des autorités politiques et religieuses est d'autant plus cinglante qu'elle est suivie immédiatement de l'évocation des malheurs du peuple. La juxtaposition des deux tableaux prend une valeur polémique.

b) La guerre : s'attaque aux fondements mêmes de l'ordre naturel et humain.
« des vieillards criblés de coups » (noter l'allitération en "k" qui insiste sur la violence) + « tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes » : oxymore.
→ la dernière phrase du 2e paragraphe : idée d'un retour au chaos (cf. « enfer » mentionnée dès la ligne 3, d'autant plus scandaleux qu'il frappe non des damnés mais des innocents.

c) la phrase qui clôture l'extrait → équivalence dans la cruauté entre les peuples.
→ renforce universalité de la condamnation.

Conclusion :

a) Bilan : force du récit telle que même pas besoin d'un commentaire argumentatif. Le lecteur amené à tirer lui-même la leçon de l'apologue. La composition de la page exprime même le passage de l'illusion héroïque à la lucidité de la boucherie. Mélange très dérangeant d'ironie et de pathétique.

b) Ouverture : plusieurs ouvertures sont possibles.
     - Vers d'autres textes de V. cf. l'article « Guerre » dans le « Dictionnaire philosophique portatif » (manuel P. 543) notamment les deux premiers.
     - Vers le topos du récit de bataille : le modèle épique ; sa parodie dans l'épisode de Frère Jean ; ici le point de vue naïf  (mais avec toujours le point de vue surplombant du narrateur), qui sera poussé à l'extrême par Stendhal dans la Chartreuse de Parme.
     - L'évolution de la réflexion sur la guerre de l'humanisme aux Lumières : dans Gargantua, Rabelais admet une guerre juste, défensive, menée avec modération ; des bons (Gargantua), et des méchants (Picrochole). V. lui dénonce la guerre injuste en tant que telle ; plus de bons ni de méchants. Mais dès la Révolution s'impose un autre modèle de guerre juste : la guerre patriotique, pour défendre « la patrie en danger » ou... pour étendre la Révolution en Europe. Ne faudra-t-il pas attendre 1917 et l'atrocité de la guerre de tranchées pour voir ressurgir un pacifisme radical (cf. le Bardamu du Voyage au bout de la nuit, comme cousin moderne de Candide).
    - Vers la représentation visuelle des horreurs de la guerre : « Guernica » de Picasso (1937) ou la scène de la bataille dans Barry Lyndon de Kubrick (contre le cliché de la « guerre en dentelles ») cf. l'illustration du manuel p. 525.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !