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C'est parti

L'extrait commenté du poème

[…] En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse
D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse.
L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé.
Là, d'un enterrement la funèbre ordonnance
D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;
Et plus loin des laquais l'un l'autre s'agaçants,
Font aboyer les chiens et jurer les passants.
Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage ;
Là, je trouve une croix de funeste présage,
Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison
En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison.
Là, sur une charrette une poutre branlante
Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente ;
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant.
D'un carrosse en tournant il accroche une roue,
Et du choc le renverse en un grand tas de boue :
Quand un autre à l'instant s'efforçant de passer,
Dans le même embarras se vient embarrasser.
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file
Y sont en moins de rien suivis de plus de mille ;
Et, pour surcroît de maux, un sort malencontreux
Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs ;
Chacun prétend passer ; l'un mugit, l'autre jure.
Des mulets en sonnant augmentent le murmure.
Aussitôt cent chevaux dans la foule appelés
De l'embarras qui croît ferment les défilés,
Et partout les passants, enchaînant les brigades,
Au milieu de la paix font voir les barricades.
On n'entend que des cris poussés confusément :
Dieu, pour s'y faire ouïr, tonnerait vainement. […]

Nicolas BOILEAU (1636-1711), Les Satires, VI, « Les embarras de Paris », 1666

Qui est l'auteur des « Embarras de Paris » ?
Boileau par Jean-Baptiste Santerre (1678)

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Ici, le commentaire est un commentaire linéaire, c'est-à-dire que l'analyse suit la trame du poème. Ce n'est pas toujours le cas ! Prenez bien garde à correctement identifier quelle est la meilleure manière de commenter un poème. 

Commentaire composé de l'extrait

Introduction

Nicolas Boileau, né en 1636 et mort en 1711, est l’un des poètes du classicisme français. Il a notamment écrit l’Art poétique (1674), où il établit les règles de la versification et du « bon goût ».

Il mettra lui-même en pratique ses idées dans Les Satires, recueil paru en 1666 où il critique certains de ses contemporains ainsi que des faits sociaux de son époque.

L’extrait qui nous occupe vient du sixième poème de ce recueil, qui s’intitule « Les embarras de Paris ». Il y fait une description cinglante de Paris, ville qui paraît ne jamais dormir, victime du vacarme incessant de ses habitants.

Pourquoi comparer Le spleen de Paris avec L'invitation au voyage ?
La Madeleine à Paris, tableau de Pierre Saez, peint vers 1900. Source : www.pierre-saez.fr
Annonce de la problématique

Dès lors, par quels procédés satiriques Boileau décrit-il la vie parisienne ?

Annonce du plan

Nous analyserons dans un premier temps la nature de la description entreprise par Boileau. Puis il nous faudra montrer l’aspect négatif de son jugement sur la ville. Enfin, nous relèverons les marques du comique, caractéristique incontournable du registre de la satire.

Une description de Paris

Le poème de Boileau est d’abord une description sociale de Paris.

Un mélange de tous les genres

Dans le poème, le poète se plaît à évoquer toutes les classes sociales, pour montrer comment la capitale rassemble toutes sortes de gens : il y a le clergé, avec « un enterrement », les « laquais », qui sont des serviteurs, les riches, qui se trouvent dans les « carrosses », et enfin, le bas peuple parisien, qui utilise, lui, les « charrette[s] ».

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Une capitale qui grossit

Surtout, il évoque ainsi de nombreux métiers du bâtiment pour illustrer l’agitation qui y règne : ainsi, il y a des « couvreurs », « des paveurs ». On trouve également les matériaux y afférent, tels qu’un « ais » (qui est une panche en bois), « une poutre » ou encore « l’ardoise et la tuile ».

Ce champ lexical renseigne du même coup sur l’explosion démographique que connaît la ville. Au XVIIème siècle, Paris compte environ 400 000 habitants, ce qui signifie qu’il faut équiper la ville en bâtiments.

Ces grands travaux rendent en outre la ville sale : le poète parle du « pavé glissant » ou d’un « grand tas de boue », qui font voir au lecteur que les égouts n’existent pas encore et que les eaux usées ne sont pas évacuées.

Une effervescence chaotique

Tout ce monde-là fait de Paris une ville chaotique. Pour mieux l’illustrer, le poète crée un parallèle entre le monde animal et le monde humain.

On trouve ainsi des « chiens », des « chevaux » et même « un grand troupeau de bœufs » et « des mulets » ! Dès lors s’opère un amalgame entre les Parisiens et les animaux, les premiers ne valant pas mieux que les seconds. Ainsi, le vers 8 rassemble passants et chiens « Font aboyer les chiens et jurer les passants »

Le vers 25, surtout, mêle les champs lexicaux : « Chacun prétend passer ; l’un mugit, l’autre jure », car, en effet, « mugir » se rapporte en temps normal à un animal.

Paris est ainsi en plein désordre et le vacarme assourdit le poète, comme il le déplore lui même dans les deux derniers vers de notre extrait :

On n’entend que des cris poussés confusément.

Dieu, pour s’y faire ouïr, tonnerait vainement

Cinq points en particulier ajoute à cette impression chaotique :

  • L’utilisation du présent de l’indicatif (« heurte », « suis », « vois », etc.), qui fait penser que la ville est toujours en désordre, comme si les scènes se déroulaient constamment dans le présent de la lecture
  • Les adverbes de temps, qui accélèrent le rythme du récit et submergent le poète : « sans cesse », « à l’instant », « Aussitôt »
  • Les occurrences des participes présents (« l’un l’autre s’agaçants », « s’efforçant de passer », etc.) qui rendent les actions simultanées, ce qui donne l’impression d’une confusion
  • Les deux généralisations du début et de la fin de notre extrait (« En quelque endroit que j’aille » et « partout ») qui ne laissent aucun répit ni lieu de repos
  • L’anaphore sur le « », mot qui apparaît trois fois, et qui participe aussi de cette ambiance toujours en désordre

Que le poète exerce

Une dénonciation assumée

Boileau se fait le dénonciateur de la fureur parisienne.

Le début de l’extrait nous fait voir plusieurs marques de sa présence : « Je vois », « Je trouve ». Mais il appartient lui-même au décor qu’il décrit, comme le montre les verbes actifs « aille » et « il faut fendre ». Enfin et surtout, il est victime : « L’un me heurte » ou les autres lui « bouchent le passage ».

On peut également sentir la détresse d’un homme solitaire qui plonge dans une foule anonyme et chaotique. Ainsi, l’enjambement entre les deux premiers vers l’extrait fait ressortir ce contraste, en même temps que le pléonasme « peuple d’importuns ».

On note enfin l’apparition du pronom personnel « on » au vers 31, qui remplace le « je » originel : il vient donner l’impression que la voix du poète est recouverte par le bruit de la ville, et que lui-même devient anonyme.

Où se se déroule Le Spleen de Paris ?
Une foule parisienne aux Champs-Elysees
Une ville à risques

La ville, par son désordre, en devient même dangereuse.

Le poète s’effraie de « l’ardoise et la tuile » qui pleuvent « à foison », avec l’utilisation d’une hyperbole : on imagine en effet les briques tomber du ciel comme s’il s’agissait d’une tempête. On relève en outre dans ce vers les sonorités rudes, avec [c] et [p], comme autant de coups portés au passant.

Un autre passage utilise la sonorité, avec l’enjambement « sur une charrette une poutre branlante » : l’allitération en [r] évoque la vibration incessante de la ville, qui oblige à rester constamment sur ses gardes (avec, aussi, l’utilisation du participe présent « mençant »). On pense immédiatement au bruit du canon et du boulet qui siffle dans l’air.

Enfin, les vers 17 et 18 :

D’un carrosse en tournant il accroche une roue,

Et du choc le renverse en un grand tas de boue

Avec les allitérations en [k] et en [r], font entendre les bruits de l’accident.

Qui ne se tait jamais

De fait, la ville de Paris ne se tait jamais. Outre l’occurrence de nombreuses hyperboles (« plus de mille »), l’utilisation de l’alexandrin veut montrer le vacarme incessant qui ne cesse de se prolonger, les sonorités brutales, omniprésentes, assaillent le poète qui sort de chez lui.

La fin de l’extrait amplifie encore cette impression d’une ville qui se révèle dangereuse pour tous ses habitants. Ainsi arrivent « cent chevaux », pareils aux chevaux de l’Apocalypse sortis de nulle part.

La ville paraît alors maudite, car même le remède, c’est-à-dire l’arrivée de la police, avec ces fameux chevaux, ajoute encore au bruit insupportable. Elle « croît fermer les défilés » mais ne fait qu’empirer le mal : les passants dressent des « barricades », même en temps de « paix ». Et voilà que tous les cris, entre passants et police, viennent se confondre « confusément » - et même Dieu ne pourrait rien y faire (on note l’utilisation de l’adverbe « vainement »).

Paris paraît donc avoir l’aspect d’un Pandémonium, capitale des Enfers, où Dieu lui-même ne peut exercer son pouvoir...

Quelle est l'image de Paris donnée par Boileau ?
John Martin : Le Pandemonium, inspiré de Paradise Lost, de John Milton (musée du Louvre à Paris), 1841

Teinté du registre comique

L’auto-dérision du poète

Boileau fait lui-même partie intégrante des passants qu’il critique. Il présente certains des maux de la ville sous un jour faussement tragique. Ainsi, le malheur du « ais » qui le touche, c’est que son costume s’en retrouve « froissé ».

Il voit également dans une croix qui passe devant lui un « funeste présage », c’est-à-dire le signe d’une mort prochaine. Le poète joue de son rôle divinatoire et fait semblant de considérer réellement la croix comme le signe de la mort, alors qu’elle est habituellement le signe du salut.

Il utilise également des euphémismes, comme dans l’expression « sort malencontreux » pour donner à son récit une teinte comique.

Le burlesque du récit

Le burlesque consiste dans le mélange des genres, et notamment raconter les choses du quotidien à travers le registre épique, normalement réservé à des grands récits d’aventure.

Ainsi les embouteillages, sujet très vulgaire, sont décrits avec un vocabulaire soutenu et à l’aide d’alexandrins, vers normalement réservés à la tragédie, qui, elle, traite de sujets très nobles.

Enfin, on trouve dans la gradation des chiffres l’impression d’un déluge épique, comme si Boileau racontait l’histoire de Troie :

  • D’abord, « une » charrette (1)
  • Puis « un carrosse » et « un autre » (2)
  • Puis « vingt autres » (20)
  • Puis « plus de mille » (1000)

Enfin, faire intervenir Dieu, qui est censé être tout-puissant, participe de ce comique : on l’imagine au-dessus de la foule, tentant de raisonner les gens en les appelant, sans que ceux-ci puissent l’entendre...

Ainsi, le lecteur a l’impression que sortir dans Paris constitue une véritable épreuve, que le passant moderne est l’équivalent du héros antique.

Conclusion

Le passage étudié ne montre rien d’autre qu’une description d'un point de vue subjectif. Boileau accumule ainsi les exemples pour montrer l’effervescence de la capitale.

Mais la nature de ses exemples tend à faire de sa description une satire de la ville : tout paraît tellement ridicule, bruyant et dangereux, que Paris n’en ressort pas grandie...

La ville, à partir de cette époque, deviendra un véritable thème de la littérature française. On peut faire la comparaison de la vision de Boileau, au XVIIème siècle, avec celle de Baudelaire, dans Tableaux parisiens, témoignage d’un urbain du XIXème siècle.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.