Alfred de Musset est un écrivain et dramaturge du XIXe siècle. Après l'échec de sa pièce, La Nuit Vénitienne, sifflée par le public, il décide de n'écrire plus que des pièces destinées à la lecture rassemblées sous le titre Un Spectacle dans un fauteuil. Sa passion intense et orageuse avec l'écrivain George Sand l'inspirera fortement pour l'écriture de son œuvre. Dans ses pièces de théâtre Musset se libère des règles de la dramaturgie classique et crée des personnages complexes aux émotions contradictoires. Ces héros sont souvent à la fois idéalistes et débauchés, ce qui les rend particulièrement humains. C'est le cas de Lorenzo, héros de la pièce éponyme Lorenzaccio, qui afin de tuer un tyran, le Duc Alexandre de Médicis, se plonge dans le monde du vice et de la débauche. La dualité entre le but, noble et vertueux, et les moyens employés, débauche et luxure, sera très développée par Musset. Cet héros romantique, ressemblant au héros Shakespearien Hamlet, apparaît comme un double de Musset.

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C'est parti

I] Un Lorenzo débauché

Lors de la première scène de la pièce, Lorenzo apparaît comme l'entremetteur du Duc de Médicis. Lorenzo au cours d'une longue tirade parle de la débauche et commence en ses termes : « Nous n'avons avancé que moitié. Je réponds de la petite ». Cette tirade permet au spectateur de comprendre que Lorenzo est un habitué et presque un expert de la débauche. En même temps il apparaît comme un homme très éloquent ; il emploie un vocabulaire soutenu et utilise des métaphores : « Une jeune chatte qui veut bien des confitures mais qui ne veut pas se salir la patte ».

Lorenzo apparaît aussi comme un espion. A la scène 4 de l'acte I le Duc dit de lui qu'il est « glissant comme une anguille ; [qu'] il se fourre partout et [lui] dit tout ». Le Duc enchaîne alors avec une description très dégradante de Lorenzo.

Pourtant l'entourage du Duc, à savoir Sire Maurice et le Cardinal Cibo semblent considérer Lorenzo comme un danger pour Alexandre : « On sait qu'il dirige vos plaisirs et cela suffit ».

Cependant le Duc a totalement confiance en Lorenzo. Il se complait à dégrader Lorenzo aux yeux du Cardinal Cibo et de Sire Maurice, le traitant du « plus fieffé poltron ! une femmelette, l'ombre d'un ruffian énervé ! ».

Il s'ensuit la fameuse scène de l'épée où Lorenzo, après avoir dominé ses adversaires le Cardinal et Sire Maurice par la parole, semble se retrouver démuni lorsqu'on le pousse à la violence et finit par s'évanouir à la vue d'une épée.

Le Duc se réjouit à la vue de cet évanouissement car cela confirme son idée que Lorenzo, qu'il appelle Lorenzetta, n'est qu'un lâche qui ne représentera jamais le moindre danger. Malgré cela la dernière réplique du Cardinal « C'est bien fort, c'est bien fort ! » laisse entendre au spectateur qu'il vient d'assister à une scène de théâtre dans le théâtre et que Lorenzo pourrait bien être un danger Alexandre.

II] Un Lorenzo double

A La sixième scène de l'acte I le spectateur apprend de la bouche de Marie et de Catherine, mère et tante respectives de Lorenzo que ce dernier n'a pas toujours été le débauché mis en avant au début de la pièce. « Sa jeunesse n'a-t-elle pas été l'aurore d'un soleil levant ? » demande Catherine  Marie, dévoilant l'enfance vertueuse de Lorenzo.

Cette duplicité entre le Lorenzo vertueux et le Lorenzo débauché est concrétisée lorsque Marie rêve de Lorenzo à la quatrième scène de l'acte II : « Le spectre s'est aussi auprès de la lampe, (…) et j'ai reconnu mon Lorenzino d'autrefois ».

Mais son corps semble souillé par le vice. A la scène 5 de l'acte IV il tente de corrompre sa tante. Il s'accuse de pouvoir corrompre sa mère « si son cerveau le prenait à tâche ». Il compare son vice à la robe de Déjanire : il ne peut plus s'en débarrasser.

La seule chose à laquelle Lorenzo croit pouvoir se rattacher est le meurtre d'Alexandre. Il y met toute sa force, tout son esprit. Le spectateur découvre au fil de la pièce les détails du meurtre préparé par Lorenzo avec un soin machiavélique.

De l'évanouissement de Lorenzo devant l'épée à la scène 4 de l'acte I pour la confiance du Ducaux répétitions exercées avec Scoronconcolo, son valet qu'il a autrefois sauvé d'une condamnation à mort et qui lui est totalement dévoué, à la scène 1 de l' acte III en passant par la disparition de la cotte de maille du Duc à la scène 6 de l'acte II. Le spectateur voit Lorenzo se plonger dans son futur meurtre comme si cet acte était le dernier bastion de sa vertu passée.

Pourtant Lorenzo semble considérer son geste comme inutile. A la scène 3 de l'acte III il y a un long dialogue entre Lorenzo et Philippe Strozzi, un des chefs du mouvement républicain, ami et confident de Lorenzo. Ce dernier bien que plus âgé semble jeune par contraste avec l'expérience de Lorenzo.

Lorenzo étale devant Philippe le vice des hommes et est persuadé de l'inutilité de la mort d'Alexandre pour la République.

Cependant Lorenzo semble encore assez honnête pour protéger certaines personnes du vice dans lequel il a sombré. Il veut éloigner Philippe du vice à la scène 3 de l'acte III, il se maudit d'avoir tenté de corrompre sa tante à la scène 5 de l'acte IV, et dans la même scène il souhaiterais même que le Duc « fisse [sa] prière avant de venir ce soir dans cette chambre ».

Il reste donc un peu d'espoir et de vertu chez Lorenzo avant le meurtre.

Cependant à la mort du Duc l'absence de réactions de la part des républicains et le massacre des étudiants confortent Lorenzo dans sa vision pessimiste de l'humanité. C'est avec beaucoup d'ironie et de cynisme qu'il apprend la mort de sa mère et qu'il fait face à sa mort. Massacré par le peuple sous les yeux de Philippe, ce dernier s'exclamera « Et quoi! pas même un tombeau ? ».

III. Lorenzo, un héros romantique et un double de Musset

Le personnage de Lorenzo respecte certaines caractéristiques du héros de la tragédie classique. Il a un destin, celui de tuer le Duc. Quelque effort qu'il fasse il sait qu'il est condamné à provoquer la mort d'Alexandre. Malgré cela c'est un destin qu'il s'est lui-même imposé, on ne peut donc pas vraiment parler d'un héros classique.

Lorenzo réunit les principaux traits des héros romantiques. Le vice dont il est souillé est indélébile et lui colle littéralement à la peau à l'image de la robe de Déjanire. Il ne peut plus revenir en arrière, il ne peut qu'atteindre son but, la mort du Duc, même s'il doute de l'utilité de son geste. Lorenzo a besoin de descendre jusqu'au plus bas de l'abjection et se prend même à essayer de tenter Catherine qui était un modèle de vertu.

La complexité du personnage de Lorenzo a amener les critiques et les lecteurs à le comparer avec d'autres héros dramatiques. C'est avec Hamlet que le rapprochement s'est imposé. Selon Pierre Gastinel « Tous deux apparaissent comme de jeunes princes vivant dans la familiarité d'un souverain qui s'est emparé du trône par usurpation […] Ils préparent le meurtre dans le secret, et lentement ; tous deux veulent frapper eux-mêmes ».

Cependant ces parallèles entre les deux personnages ont mis en avant leurs différences fondamentales comme le souligne Claude Berton « Lorenzaccio n'aime personne. Mais Hamlet doute de lui-même, lorsque Lorenzaccio doute surtout des hommes ». En effet il ne faut pas oublier que Lorenzo est un personnage de Musset et non pas une copie de Hamlet.

Musset après avoir été quitté par George Sand multiplie les abus et les liaisons. Ces expériences font de lui un homme désabusé et amer. Cette amertume et cette désillusion de retrouvent dans le personnage de Lorenzo. Musset et Lorenzo sont tous deux des hommes jeunes mais qui, du fait de leur vécu, semblent avoir un esprit trop vieux pour leur corps. Le thème du double utilisé dans Lorenzaccio se retrouve dans sa poésie : Les Nuits expriment son expérience de la solitude et sa douleur. Dans ces poèmes Musset se retrouvera face à son double ténébreux et mystérieux, apparaissant la nuit pour disparaître au lever du jour. Lorenzo est donc l'expression des sentiments et des réflexions d'Alfred de Musset.

Lorenzaccio apparaît d'abord comme une pièce ne respectant pas l'unité d'action, mais en fait les actions secondaires sont étroitement liées à l'action principale et servent surtout à dépeindre le caractère de Lorenzo. En effet il est nécessaire d'avoir les points de vue du Duc, de Philippe Strozzi, de Marie, de Catherine, des gens du peuple et de Lorenzo lui-même pour pouvoir appréhender la complexité du personnage et peut être de mieux comprendre Musset à travers Lorenzo.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !