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C'est parti

Le poème

MAI

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

Guillaume Apollinaire, « Rhénanes », Alcools, 1913

Qui est l'auteur du poème « Zone » ?
Guillaume Apollinaire est un poète français, mort de la grippe espagnol après avoir été blessé pendant la 1ère Guerre Mondiale

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

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Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

De quoi Apollinaire parle-t-il dans son poème « Mai » ?
Par Norbert Aepli, Switzerland, CC BY 2.5, voir ici

Le commentaire composé du poème

Introduction

Le recueil Alcools, publié en 1913 par Guillaume Apollinaire, rassemble des poèmes écrits entre 1898-1912 sans suivre un ordre chronologique. Il présente un parcours personnel depuis les poèmes de jeunesse jusqu’à « Zone », poèmes qui sont séparés en plusieurs sections.

« Mai » est ainsi le deuxième poème de la section « Rhénanes » et raconte les amours malheureuses d'Apollinaire avec Annie Playden. Il évoque ainsi, dans une métaphore filée avec le mois de mai qui donne son titre au poème, le temps heureux qui a filé.

Annonce de la problématique

Dès lors, dans quelle mesure Apollinaire se sert-il de la nature pour moderniser des motifs poétiques classiques ?

Annonce du plan 

Nous verrons dans un premier temps de quelle manière Apollinaire joue avec le temps, pour analyser ensuite les parallèles effectués avec les amours déçues, ce qui place le poète dans un statut particulier.

Développement

Le jeu sur le temps

Apollinaire joue avec la notion de temps, qui s'expérimente dans le souvenir, faisant vivre le passé dans le présent, et qui fait sentir son ambivalence entre la fugacité et la permanence.

Le souvenir : un passé dans le présent

Le titre du poème, correspondant au mois de « mai », ainsi que l'anaphore à deux occurrences « Le mai le joli mai », mises en valeur par leurs présences au début des quatrains, concentrent l'attention sur le temps. On peut relever dans cette même lignée « les cerisiers de mai », au vers 6, qui fait référence à la floraison de ces arbres, renforçant un peu plus cette impression de temporalité.

Pourtant, il y a une imprécision quant à la date précise de ce qui est raconté, notamment parce que trois temporalités s'entremêlent :

  • le présent, aux vers 3, 7, 8 et 16 (« Vous êtes », etc.)
  • l'imparfait, aux vers 2, 5, 11 et 12 (« regardaient », « se figeaient », etc.)
  • le passé composé, aux vers 4, 7 et 14 (« a fait pleurer », « j'ai tant aimées »)

Quels sont les effets de ces temporalités ?

  • Premièrement, le présent du premier quatrain est un présent de narration qui actualise un événement pourtant inscrit dans le passé : « Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne », comme si le poète utilisait le discours direct pour faire parler son souvenir.
  • Deuxièmement, l'imparfait traduit une action qui dure, ou une habitude. Le poète témoigne donc d'une certaine persistance des événements qu'il raconte.
  • Enfin, le passé composé vient marquer la continuité entre passé et présent.

Dans les trois cas, il ressort que le présent est imprégné du passé, qui cannibalise son attention, à travers le souvenir des événements passés, qui se rappellent toujours à la conscience.

Mais cette alternance de temporalités provoque également un va-et-vient incessant entre passage et permanence, fuite et présence.

Passage et permanence

Le passage du temps s'entend comme une caractéristique linéaire, c'est-à-dire une continuité entre des événements qui passent, qui s'enfuient.

Se trouve ainsi un champ lexical relevant du mouvement : « en barque », « tombés », « fleuve », « menés », « suivaient une roulotte », « s'éloignaient ».

Par ailleurs, cette fuite du temps est évidemment figurée par les images traditionnelles que sont le fleuve d'une part, et la roulotte d'autre part, ces deux entités allant toujours vers l'avant, ne restant jamais à la même place.

Que dit Baudelaire des Bohémiens dans son poème ?
Les Trois Bohémiens, Joseph Alfred Bellet du Poisat, 1857

En matière de forme, Apollinaire multiplie les enjambements, entre les vers 3 et 4, les vers 6 et 7, des vers 9 à 13 ou encore des vers 14 à 17 ; c'est ainsi que le poème lui-même illustre le temps qui coule à la manière d'un fleuve. L'absence de ponctuation participe de la même impression.

Pourtant, le poète semble nourrir une profonde langueur, face à la lenteur et la monotonie qu'il ressent, paradoxe souligné dès le premier quatrain avec le champ lexical de la fixité : « regardaient », « être », « se figeaient » ou encore « sont ». Passage et permanence s'entremêlent donc, pour présenter un temps ambigu, incohérent, et, par là, potentielle source de souffrance.

La cinquième stance est ainsi faite de cinq vers, qui rompt avec les autres quatrains, et qui rend l'impression de lenteur, tandis que se dégage l'idée d'une répétition lassante des choses.

Outre la référence à un mois, et donc à l'éternelle retour des saisons, le poème est construit de manière circulaire puisque la formule « Mai le joli mai » revient comme un refrain.

Mais l'image ultime de cette permanence réside dans la « ruine » du vers 14, laquelle est mise en valeur par une diérèse. C'est ainsi qu'Apollinaire représente un temps qui résiste et ne se laisse pas complètement ensevelir sur la fugacité des événements.

Entre tradition et modernité

Cette image finale des « ruines » rappelle par ailleurs la propre poésie d'Apollinaire, qui toujours se lit comme un alliage de tradition et de modernité.

Le temps qui fuit est un topos classique de la poésie, tandis que l'absence de ponctuation, la suffisance de certaines rimes (« montagne »/« s'éloigne », « mai »/« aimée », etc.) et l'originalité de certaines comparaisons, comme celle entre les pétales et les ongles de la femme aimée, entre les vers 6 et 8, participent d'une refondation de la poésie, qu'Apollinaire veut inscrite dans la modernité. 

Transition

Mais le passage et permanence lui sont insufflés par le souvenir d'un amour malheureux, qui lui provoque une mélancolie dont il ne sait quoi faire - et nous retrouvons alors d'autres thématiques issues de la tradition poétique.

La souffrance de l'amour

Le souvenir d'un amour impossible, évoqué à travers plusieurs procédés par le poète, provoque chez celui-ci une profonde mélancolie, qu'il s'applique à figurer.

Un amour sans issue

Dès le premier quatrain, Apollinaire reprend les codes de l'amour courtois, courant poétique du Moyen-Âge :

  • « les dames » qui fait référence à « la dame » de l'amour courtois
  • « Vous êtes si jolies », qui est une adresse à ces « dames » que le poète tente par l'utilisation de l'hyperbole (« si jolies ») de séduire

Manifestement donc, il s'agit d'un poème traitant de l'amour. Pourtant, ce thème est marqué par le malheur et la contrainte, comme l'annonce très violemment la conjonction « mais » du vers 3, créant par la même occasion une homophonie avec le mois de « mai ».

Car, dans le même temps, le poète travaille le champ lexical de l'éloignement et du hors d'atteinte : « du haut de », « s'éloigne », « en arrière », « s'éloignaient », « lointain », etc. Cela témoigne de ce que le poète se trouve dans un endroit qui lui interdit toute rencontre avec la femme (ou les femmes) aimée(s).

Que raconte La nuit de mai ?
François Boucher : Erato The Muse Of Love Poetry, 18ème siècle

Le poète est en effet « en barque » et le flux incessant du fleuve l'éloigne de l'objet de son amour. Il en va de même pour l'image du rosier au vers 15 qui, par ses épines, empêche tout saisissement.

Cela provoque chez le poète une profonde lassitude, une mélancolie qu'il figure par les images offertes par la nature.

Le poète mélancolique

La première image manifeste associant nature et mélancolie est celle du saule pleureur :

Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

La forme interrogative vient par ailleurs souligner l'impuissance autant que l'incompréhension du poète face à la situation qu'il ne peut qu'observer. Lui-même semble pleurer lorsqu'il évoque les « pétales » des cerisiers qui tombent. Il faut noter que faire de la nature le reflet de l'intériorité du poète est là encore une démarche longuement développée par la tradition poétique.

Apollinaire utilise aussi une paronomase (= Procédé consistant à utiliser des paronymes de façon rapprochée, CNRTL) entre « fleuris » et « flétris » pour souligner la fugacité de sa relation amoureuse, contre laquelle il n'a rien pu faire.

Son impuissance est enfin traduite dans son effacement progressif du poème, le poète laissant la place à cette nature qui prend le dessus sur les ruines dans le dernier quatrain. Le « je » ou les adresses à un potentiel interlocuteur disparaissent, et les énumérations de la faune ou de la flore se multiplient : « Un ours un singe un chien », ou bien « De lierre de vigne vierge et de rosiers ».

La perte de l'objet désiré

Dans le dernier quatrain, le poète disparaît complètement et laisse entière place à la nature. Pourtant, cette nature est l'objet de références au genre humain, avec :

  • les différentes personnifications, avec le mois de mai : « le joli mai a paré les ruines », le vent du Rhin qui « secoue sur le bord les osiers » et « les roseaux jaseurs »
  • l'évocation des ruines, résultats de construction humaine - en l'occurrence ici, la relation amoureuse déçue
  • la « vigne vierge » qui évoque le corps de la femme, tout comme les « fleurs nues des vignes », renforçant cette analyse

Ainsi, le poète semble regretter la perte de la femme aimée, mais profite de son statut de spectateur de la nature pour y plonger son désir, comme si c'était lui qui faisait vivre le monde.

Conclusion

Apollinaire profite de son voyage rhénan pour évoquer, à travers les images de la nature, la souffrance provoquée par un amour impossible.

Mais, dans le même temps, le poète en profite pour développer une vision du temps qu'il associe à celle de la poésie, entre fixité et mouvement : la modernité exige que l'on puise dans la tradition poétique pour faire un art nouveau, comme lui-même le réalise à partir d'une ponctuation absente, ou d'images modernes.

Ouverture

Cette tension entre tradition et modernité est peut-être plus perceptible encore dans le poème « Les colchiques », issu du même recueil.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.