Chapitres
Présentation : L'Europe
L’EUROPE apparaît aujourd’hui de plus en plus à ses citoyens comme un «bricolage mal fichu» très éloigné du rêve de Jean MONNET et très éloigné des aspirations des populations. Le refus de cette Europe s’est traduit par le NON des Français au référendum de 2005, suivi par celui des Hollandais! Ce net refus de la part de deux pays fondateurs (parmi les six de 1957) fut souverainement méprisé par nos dirigeants… Cette Europe-là n’est pas à l’évidence un modèle de démocratie, ce n’est pas l’Europe des peuples au service de son peuple, c’est l’Europe des « technocrates » (hauts fonctionnaires) inféodés au «grand capital». Ce point de vue ce qui nous semble à juste titre des défauts structurels, des erreurs de conceptions, sont des avantages pour le «business» : les dysharmonies sociales ou fiscales entre les états membres favorisent en effet les acteurs économiques qui savent en jouer. Et il serait trop simple de considérer ces «tares» comme le fruit de l’incompétence des dirigeants. Les dirigeants Européens sont compétents et efficaces mais ils «travaillent pour eux ». L’Europe est ainsi plus un «grand marché» selon la vision anglo-saxonne du libéralisme économique, qu’une entité politique démocratique et indépendante. L’Europe est en effet intégrée au capitalisme mondialisé dominé par les Etats-Unis, et sa faiblesse politique la contraint de facto à un rôle de vassal face à ce puissant empire Américain. Notons encore pour étayer ce propos la position ambigüe de l’Angleterre (alliée privilégiée des USA), qui fait partie de l’UE sans en partager ni la monnaie (Euro) ni les frontières (Schengen) et joue dans la construction Européenne le rôle du sable dans un mécanisme d’engrenages. Remarquons aussi la Suisse, paradis fiscal situé au cœur du continent, qui reste (définitivement) hors de l’Union Européenne… Et je ne parlerai pas du Luxembourg …
Les limites de l'Union
Récemment nous avons vu des crises : celle de la Grèce puis du Portugal et de l’Irlande. Ces crises illustrent les difficultés d’Union Européenne sans véritable cohérence économique ni volonté politique. On notera aussi que d’une façon assez injuste, les populations ont tendance à rejeter la responsabilité de leur malheur sur une Union Européenne qui leur apparaît comme une structure lointaine opaque et autiste. La complexité de cette organisation la rend incompréhensible et inefficace. De ce point de vue, il est clair que l’Europe reste à faire et peut-être qu’avant de penser à son élargissement, il serait utile d’en faire sérieusement les fondations. Certains pensent même qu’un recentrage sur les Six du Traité de Rome (1957), voire sur le seul couple Franco-Allemand serait salutaire à la survie du projet, tant l’Europe des 27 menace de se désagréger. Dans ces conditions la question des limites géographiques de l’UE n’est pas d’actualité. Mais on peut aussi dire qu’à long terme l’Union Européenne devra s’étendra à l’ensemble de la planète. En effet, dans une économie mondialisée, la nécessité d’un gouvernement et d’une administration à la même échelle va finir par s’imposer logiquement…
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La Turquie et son intégration
Spécifiquement la Turquie pose un problème, il est établi que si les dirigeants européens sont massivement favorables à son intégration, les peuples sont au contraire extrêmement réticents pour deux raisons assez simples.
D’abord, un calcul économique basique pourrait nous faire craindre que l’arrivée massive de populations pauvres ne soit pas un facteur de richesse pour l’ensemble de l’Union Européenne. D’autres arguments économiques, tout aussi discutables, prétendent exactement le contraire, à savoir que l’arrivée de la Turquie «boosterait» la croissance de l’ensemble de la zone, sans néanmoins préciser à qui profitera cette croissance…
Mais la plus grande crainte des peuples Européens est bien entendue liée à l’Islam. Bien qu’étant un état laïque, la Turquie est peuplée de musulmans qui sont non seulement très nombreux mais qui bénéficient (ou souffrent) d’une progression démographique nettement supérieure à celle de l’Europe (qui est plutôt en déclin démographique). Tous les Turcs ne sont certes pas des religieux fanatiques, mais ils sont néanmoins travaillés par les fondamentalistes islamiques comme l’ensemble des musulmans. Remarquons que l’actuel dirigeant Turc est présenté comme un « islamiste modéré », on mesurera ainsi la régression par rapport à l’idéal de modernité (et de laïcité) de Mustapha Kemal. Le problème majeur est que l’Islam est une religion politique qui a bien du mal (et n’a pas vocation) à se limiter à la sphère privée (et donc à se conformer à nos principes de laïcité). L’Islam est un projet de société, incontestable pour les croyants car directement dicté par Dieu et ce projet universaliste répond et s’oppose à cet autre universalisme qu’est notre civilisation occidentale. L’échec de l’installation de la «démocratie» dans l’Irak «libéré» par les Américains montre bien la difficulté de la cohabitation entre les valeurs de l’Occident et celles de l’Islam. Si on peut ainsi craindre légitimement qu’une Turquie Européenne soit la tête de pont de l’islamisme vers l’Europe, il est aussi vrai que refuser l’entrée de l’UE à la Turquie serait prendre le risque de la rejeter dans les griffes des islamistes les plus radicaux …
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Pour conclure
On voit bien que les tergiversations sur Chypre ou sur la reconnaissance du génocide arménien ne sont au fond des prétextes pour gagner du temps, car les peuples Européens sont pour l’instant majoritairement hostiles à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. Les problèmes de la construction Européenne sont bien plus profonds.
D’abord il faudrait se mettre d’accord sur l’Europe que nous voulons, un grand marché ou un véritable état fédéral et démocratique. S’il ne s’agit que de faire une vaste zone de libre échange économique, la Turquie y a sa place et on pourrait aussi intégrer tous les pays du pourtour méditerranéen ainsi que la Russie et le Moyen-Orient. Construire un véritable état Européen, c’est une autre paire de manches, et dans ce cas plutôt que de regarder vers la Turquie, il serait peut-être plus avisé de remettre en cause nos modèles de démocratie et de développement économique avant de prétendre les imposer comme le modèle absolu de la civilisation. Il faudrait aussi reconsidérer notre position par rapport au monde anglo-saxon , cet empire «Anglo-Américain »(avec donc le Royaume-Uni) qui joue son propre (double) jeu, à la fois allié et rival de l’Europe.
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