Chapitres
- 01. Un conseil
- 02. Proposition de corrigé
Un conseil
Attention, vous n’avez qu"une heure ! Il faut bien prendre le temps de lire le texte et souligner les notions importantes et le vocabulaire essentiel.
Proposition de corrigé
Entre 1914 et 1918, 70 millions d’Européens sont jetés dans la première guerre de masse d’une longueur et d’une ampleur jamais vues. Quand elle éclate, tout le monde est persuadé qu’elle ne durera que quelques semaines !
Pour témoigner de cet énorme événement, ce sont des centaines de milliers de lettres par jour échangées entre les soldats et leurs familles. La lettre de Joseph Deschanet adressée à son frère le 15 février 1915 est un exemple de cette extraordinaire correspondance pleine de vie et d’émotion. Pour les historiens, ce document « privé » est une source précieuse et un témoignage incontestable de l’expérience combattante d’un soldat français, nous permettant les conditions de vie des poilus et leurs points de vue.
Nous sommes ici dans le cadre de la guerre des tranchées qui se déroule sur le front Ouest de la fin de l’année 1914 au printemps 1918, plus précisément au tout début en février 1915 !
Pourtant, ce type de document comporte des limites. En effet est-il le plus à même de nous faire saisir la réalité de la guerre ?
Un document qui nous révèle les conditions des combattants
1°) une guerre d’un type nouveau : l’usure et la guerre de position avec tout un vocabulaire spécifique ( tranchée, boyau voir ligne 6) .
Le soldat vit dans la boue. On est ici en plein hiver dans une région humide et froide située sûrement dans le nord-est de la France ; JD parle d’une « boue infecte » et de « bains de pieds ». C’est également la souffrance des corps avec la pluie, le froid intense …
2°) un temps rythmé par l’ alternance entre action et inaction. D’ailleurs à la ligne 2, l’auteur évoque ce moment de répit où il va écrire à son frère
3°) des violences faites aux combattants avec de nouvelles armes et de nouvelles pratiques de combat où les corps sont impuissants : Joseph Deschanet évoque ici l’artillerie, c'est-à-dire cet ensemble de canons de tout calibre ; il évoque aussi la sortie des tranchées lorsque l’assaut est lancé, les bombes et les éclats d’obus , « engin terrible » et les dégâts corporels , ces fameuses « horribles choses » dont parle l’auteur avec des corps complètement déchiquetés, des « débris d’hommes », des « hommes enterrés vivants » . C’est donc un véritable enfer que cette vie dans les tranchées, une vie que les soldats ne pouvaient imaginer avant. Il va leur falloir survivre au milieu de ces violences et de ces hécatombes quotidiennes qui se transforment en véritables « boucheries ». On perçoit déjà une impression d’absurdité lorsque l’auteur évoque l’alcool et l’abrutissement à la fin du second paragraphe.
4°) L’ennemi, « le Boche » est évoqué au milieu du second paragraphe.
5°) Le soldat trouve cependant des moyens pour « tenir » : ici, c’est le lien avec l’arrière, notamment avec un frère. On sent ici toute la joie que le soldat a d’écrire à son frère dans le dernier paragraphe ; cela lui rappelle sûrement « avant ». Pourtant, on sent bien également une certaine défiance avec certains civils restés à l’arrière, les « planqués » pourtant donneurs de conseils.
Un document qui comporte néanmoins des limites
1°) C’est la vision d’un individu dans un contexte particulier ; c’est donc forcément subjectif. De plus, ces lettres sont forcément le résultat d’un échange. Ici, un frère mais ce peut être aussi une épouse ou une fiancée.
2°) La date d’une lettre de poilu est évidemment primordiale pour connaître l’état d’esprit : une lettre datant de 1917 n’aura pas la même teneur.
3°) On ne voit pas le poids de la censure. Dans toutes les armées des systèmes de censure veillent à limiter la diffusion d’idées hostiles ou d’indiscrétions. Les soldats ont l’interdiction de préciser dans leurs correspondances le lieu où ils se trouvent.
Effectivement, rien dans la lettre de Joseph Deschanet à son frère ne donne d’indication de lieu. En France dès 1915, un service spécial de renseignements est créé pour vérifier que les hommes n’enfreignent pas l’interdiction. Les soldats se savent lus par les contrôleurs des armées ! donc n’y-a–t-il pas une « autocensure » ?
4°) Le document n’évoque pas non plus les violences faites aux populations civiles qui ont été également des victimes de la Grande guerre. Les terreurs et les angoisses des civils sont donc absentes.
5°) La référence à la défense de la patrie y est absente
Ainsi un document qui nous livre cependant des renseignements sur les conditions de vie des combattants , l’omniprésence de la mort, les nouvelles pratiques de combat et les armes nouvelles qui ne cesseront d’évoluer durant ces 4 années de combats.
Donc une expérience combattante inédite avec des répercussions physiques mais aussi psychologiques.
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