Un
nouveau comportement démographique se met en place. Le
maintien d'un taux de natalité important, alors que la
mortalité s'effondre en raison notamment d'une meilleure
hygiène et d'une meilleure alimentation, provoque un fort
accroissement naturel. La population européenne passe de 240
millions en 1850 à 460 millions à la veille de la
guerre. Cette augmentation provoque un fort accroissement naturel et
un excédent de population qui permet à l'Europe de
peupler le monde. Quarante millions d'émigrés quittent
l'Europe entre 1865 et 1914 et les deux tiers se rendent aux
Etats-Unis.

La
population urbaine s'accroît en raison notamment de l'exode
rurale. Si les petites villes aux activités traditionnelles
stagnent, les centres industriels et les grandes métropoles
connaissent une forte croissance. En Europe, le nombre de villes de
plus de 100 000 habitants passe de 23 en 1800 à 135 en 1900
et, en 1913, 15% des Européens habitent des villes de plus de
100 000 habitants. Les capitales des principaux pays européens
dépassent largement le million d'habitants : Vienne et
Saint-Petersbourg, 2 millions; Berlin, 2,6 millions; Paris,
près de 2,9 millions; Londres, 4,5 millions.

Ces
grandes villes accueillent des activités diverses :
commerciales, financières, administratives, culturelles mais
aussi industrielles. Elles sont confrontées à des
problèmes nouveaux et de grande ampleur : entassement des
nouveaux venus dans des quartiers mal adaptés et difficultés
de logement; construction d'immeubles collectifs (immeubles
haussmanniens à Paris, premiers gratte-ciel à Chicago),
nécessité de réaménager et d'équiper
les villes (éclairages au gaz puis à l'électricité,
mise en place de moyens de transport nouveaux, tramways et
métropolitains); approvisionnement; hygiène; forte
spéculation.

Pouvoir
d'achat et niveau de vie s'améliorent. En France, le revenu
moyen par habitant passe de 820 F en 1880 à 980 F en 1913.
Les progrès et la diversification de l'alimentation conduisent
à un meilleur état physiologique de la population. A
la fin du siècle, l'essor de la consommation se traduit aussi
au niveau de l'habillement ou du mobilier. Le niveau culturel
augmente avec la diffusion de l'instruction ou le développement
de la presse à bon marché.

Les
écarts sociaux restent cependant importants. 70% des habitants
des grandes villes françaises ont des patrimoines très
réduits à leur mort. Le clivage entre des riches, de
plus en plus riches, et les pauvres reste profond et s'exprime à
travers une nouvelle différenciation sociale. Les catégories
anciennes demeurent (paysannerie, domesticité, artisanat
ancien) mais de nouveaux groupes sociaux se développent
rapidement (ouvriers, couches moyennes). Les tensions sociales se
multiplient, qu'elles soient traditionnelles (émeutes de la
faim, agitation paysanne) ou nouvelles (grèves ouvrières).

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C'est parti

La diversité du monde des campagnes

Le
monde rural connaît des transformations inégales selon
les différentes parties de l'Europe.

Dans
l'Europe méditerranéenne et orientale, peu touchée
par l'industrialisation, la population rurale demeure majoritaire
(80% de la population en Russie, 52% des actifs en Italie et 62% en
Hongrie). Les structures agraires demeurent archaïques, avec
souvent la cohabitation de micropropriétés paysannes et
de grands domaines aristocratiques. L'agriculture reste
traditionnelle, que ce soit pour l'outillage ou les méthodes
de culture. Les rendements sont faibles (3 à 5 quintaux de
céréales à l'hectare). La masse de la
paysannerie est marquée par la pauvreté. Exclue de la
propriété, astreinte à de lourdes charges
(impôts et redevances dues aux propriétaires), elle a du
mal à subsister.

Dans
la partie occidentale de l'Europe, la population rurale connaît
un déclin relatif mais reste encore importante. En 1910, elle
regroupe 22% de la population anglaise mais atteint 40% en Allemagne
et 56% en France.

L'agriculture
connaît un certain nombre de transformations : machines
nouvelles, utilisation accrue des engrais, concentration foncière.
Les rendements augmentent et peuvent atteindre 25 quintaux de blé
à l'hectare. Cette agriculture est de plus en plus tournée
vers le marché et tire profit de l'amélioration des
moyens de transports (chemin de fer, routes secondaires).

Le
monde rural est davantage ouvert sur l'extérieur (progrès
de l'instruction, rôle du service militaire). Il est cependant
confronté à un certain nombre de difficultés :
crise agricole des années 1880 et baisse du revenu paysan,
exode rural, adaptation difficile à la modernisation et retard
par rapport au monde urbain.

Le monde des villes

Une
certaine diversité sociale se manifeste dans les villes où,
à côté des classes dominantes, se mêlent
couches populaires et couches moyennes.

2.1)
Couches populaires urbaines et ouvriers

Les
couches populaires urbaines constituent un ensemble hétérogène
composé d'ouvriers, de travailleurs isolés, de
domestiques et des personnes exerçant de 'petits métiers'
traditionnels issus de l'ancien régime économique
(rempailleurs, rémouleurs, barbiers, marchands divers, etc.).

Elles
ont des traits communs : elles exercent des métiers manuels;
leurs revenus sont généralement faibles et incertains;
elles se concentrent dans les mêmes quartiers où
l'habitat est souvent de médiocre qualité.

Dans
cet ensemble, les femmes occupent une situation plus difficile encore
: beaucoup travaillent à domicile et sont payées à
la pièce; dans l'industrie, leurs salaires sont souvent
inférieurs de moitié à ceux des hommes. Leur
situation est beaucoup plus précaire. Parmi ces couches
populaires, un nouveau groupe fait son apparition : les ouvriers
d'usine qui n'ont que leur travail pour vivre.

Leur
nombre augmente au Royaume-Uni et en France, atteignant
respectivement 42% et 35% de la population active en 1907. La poussée
est plus tardive et plus brutale en Allemagne où ils
représentent 40% des actifs.

Issus
du monde rural, ils connaissent dans un premier temps des conditions
de travail très difficiles : journées de travail
longues (12 à 15 heures); usines bruyantes et mal aérées;
règles de sécurité rares et peu respectées;
discipline dure. Les femmes et les enfants sont employés
massivement dans certains secteurs (textile, mines).

Leur
situation est précaire : ils sont à la merci du chômage
ou de l'accident. Les salaires sont bas et la vie quotidienne
difficile. Habitant des quartiers différents de ceux de la
bourgeoisie, ils se trouvent rejetés à la périphérie
des villes ou dans les cités ouvrières que le patronat
leur construit et leur réserve, comme à Roubaix,
Malhouse ou dans la Ruhr. Les logements sont petits, mal
meublés et mal meublés et mal chauffés. Souvent
insuffisante, la nourriture est médiocre, de même que
l'hygiène et les vêtements. L'alcool est souvent la
seule distraction. L'espérance de vie est faible.

Malgré
tout, dans la dernière partie du XIXeme siècle et au
début du XXeme siècle, la condition matérielle
des ouvriers s'améliore dans l'ensemble. Dans la plupart des
pays d'Europe occidentale, le salaire nominal se maintient en dépit
des difficultés économiques ('grandes dépression'
de la fin du siècle), alors que le coût de la vie
baisse. Le pouvoir d'achat progresse donc.

Une
législation sociale est mise en place par l'Etat dans certains
pays industrialisés, comme l'Allemagne puis l'Angleterre, mais
d'autres (Italie) restent à l'écart du mouvement. Dans
certains cas, les patrons se préoccupent davantage du sort de
leurs ouvriers. Inspirés par des idées
philanthropiques, souhaitant combattre l'influence des idées
socialistes et attacher durablement la main-d'oeuvre à
l'entreprise, ils essayent de fournir à leurs ouvriers de
meilleures conditions de logement, un encadrement médical, une
organisation des distractions, etc.

En
dépit de ces progrès, la situation des ouvriers demeure
précaire. Leur intégration dans l'ensemble de la
société est médiocre et s'évader de cette
condition reste difficile : le fossé qui les sépare des
couches moyennes demeure profond.

2.2)
Le monde complexe des classes moyennes

Les
couches moyennes constituent un ensemble complexe, très divers
et aux limites incertaines. Parfois qualifiées de 'petite
bourgeoisie', on y trouve des composantes multiples : des groupes
indépendants de type ancien (greffiers, huissiers, etc.); les
petits patrons du commerce, de l'industrie et de l'artisanat, dans
une position intermédiaire entre les couches populaires et les
entrepreneurs; le monde des boutiquiers qui, en cas de mauvaises
affaires, retombent facilement dans les classes populaires; les
membres les plus modestes des professions libérales et les
tout petits rentiers.

Ces
classes moyennes comprennent aussi des éléments
nouveaux : les salariés du secteur tertiaire dont le nombre se
multiplie en raison des mutations et du progrès économiques,
mais aussi du rôle de plus en plus important de l'Etat. Il
s'agit alors des employés de bureau, de banque, des personnels
des grands magasins qui se développent dans les grandes
villes, des cadres moyens, des journalistes, des fonctionnaires (on
en compte 550 000 en France en 1906).

Ces
classes moyennes regroupent plusieurs millions de personnes. Elles se
différencient des couches populaires par un travail moins
précaire et un niveau culturel plus élevé, mais
leur niveau de vie reste assez proche. Surtout leur comportement est
différent : elles se croient très éloignées
du monde ouvrier et refusent de se fondre dans le peuple. Elles
rêvent d'appartenir à la bourgeoisie, tentent de se
comporter comme elle et adhèrent aux valeurs de la classe
dominante. Elles constituent ainsi un facteur de stabilité
sociale mais les difficultés économiques et sociale,
débouchent sur un malaise au sein de ces couches moyennes.

2.3)
L'essor de la bourgeoisie

La
bourgeoisie est le groupe social qui tire le plus de profit des
transformations économiques. Une certaine inégalité
se manifeste selon les pays. Puissante en Angleterre, en France et en
Allemagne, la bourgeoisie reste faible en Russie mais elle voit son
poids s'accroître en Italie et en Autriche.

Très
diverse, elle comprend la petite et la moyenne bourgeoisie des
rentiers (oisifs vivant des revenus de leur fortune et
'propriétaires' possédant des immeubles), des
professions libérales (grands médecins et avocats,
notaires, etc.), des hauts fonctionnaires. Mais les groupes les plus
importants sont ceux qui jouent un rôle décisif dans
l'économie : entrepreneurs capitalistes, banquiers, hommes
d'affaires. En Europe centrale, l'aristocratie foncière est
encore dominante.

La
bourgeoisie regroupe les fortunes les plus importantes mais, si être
bourgeois implique la possession d'une certaine fortune, c'est aussi
une façon de vivre : la bourgeoisie impose son mode de vie et
ses idées.

Les
appartements ont d'importantes pièces de réception. Les
domestiques sont présents. Les vêtements répondent
à ces codes (veston sombre pour l'homme, robes aux couleurs
vives et chapeau pour la femme). Il faut posséder un certain
type de savoir et de culture acquis par les études (en France,
le baccalauréat devient un brevet de bourgeoisie). La
bourgeoisie est attachée à certaines valeurs : primauté
du travail et de l'épargne, importante de la réussite
individuelle, de l'argent, rôle primordial de la famille,
liberté de l'individu.

Dans
les années 1900, un petit groupe de privilégiés
s'affirme dans cette bourgeoisie. En Angleterre, 100 000 personnes
bénéficient de la moitié du revenu national. En
France, la fortune de 15 000 Français dépasse le
million de francs. Cette haute bourgeoisie constitue de véritables
dynasties (Say et Schneider en France, Krupp et Thyssen en Allemagne,
Agnelli, Pirelli et Olivetti en Italie,
Poutilov en Russie). Elle s'allie à des familles de l'ancienne
noblesse qui ont su se lancer dans les activités nouvelles et
dont le poids est encore important. Elle forme avec cette noblesse
une classe dirigeante qui joue un rôle prépondérant
en Europe sur le plan culturel et politique.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !