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C'est parti

Présentation du roman

La symphonie pastorale est un court roman publié par André Gide en 1919. 

Mettant en scène un pasteur rencontrant une aveugle qu'il prend en charge, ce récit traite de la morale religieuse qui peut entrer en conflit avec les sentiments. 

On suit les commentaires du religieux qu'il retranscrit dans son carnet, par intervalles de temps irréguliers. 

André Gide et les Faux-Monnayeurs
André Gide à l'orée de sa vie

Résumé du roman

Premier cahier 

10 février 189.

Le pasteur X, protestant, écrit dans son journal qu’il se trouve bloqué par l’enneigement des routes. En conséquence, il ne peut se rendre à l’endroit qui l’attendait pour célébrer le culte.

Il profite de cette occasion pour confesser le récit de sa dernière relation, avec une âme pieuse du nom de Gertrude.

Deux ans et six mois auparavant, il fut appelé au chevet d’une vieille mourante, par une jeune servante venue le trouver chez lui. Arrivant sur les lieux, il trouve la femme déjà morte, à côté de laquelle se tient une voisine qui la veillait.

Le pasteur, zélé, s’inquiète de savoir s’il existe une parente de la défunte dont il faudrait s’occuper. La voisine lui désigne alors « un être incertain », couchée devant l’âtre. Il s’agit, d’après les dires de la servante, d’une jeune nièce de quinze ans, aveugle et ne parlant pas, ayant toujours vécue avec cette tante sourde qui ne prononçait mot. Pris de compassion, sans réfléchir aux suites de sa décision, et se pensant mis au défi par son Seigneur, le pasteur décide alors de l’emmener avec lui.

En rentrant, il se confronte à la désapprobation de sa femme, Amélie, ainsi que de ses trois enfants, Jacques, Sarah et Amélie (en réalité, le couple possède quatre enfants, mais Claude n’est encore qu’un nourrisson). Sollicitée dans son empathie, sa femme se laisse convaincre d’accepter l’enfant, Gertrude, malgré la charge de travail ménager en plus.

Mais tout de suite après, Amélie se rend compte de la vermine qui recouvre la pauvre aveugle. C’est une nouvelle occasion de dispute, et la famille, servie par leur domestique Rosalie, se retrouve à manger la soupe du soir en silence.

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27 février 

La neige a continué, et le village du pasteur se prépare à être coupé du monde pour un certain temps.

Le pasteur reprend son histoire.

Amélie finit, d’après son récit, par prendre du plaisir en s’occupant de l’infirme. Ils lui choisissent le nom de Gertrude, après une proposition de Charlotte, la cadette.

Pourtant, dans les dix premiers jours, le pasteur ressent de la déception à voir cette jeune enfant rester agressive, obtuse, et ne montrant de l’envie que pour la nourriture à l’heure des repas. Les premiers temps sont ainsi ceux du doute.

Enfin, un ami médecin passe le voir. Le pasteur lui explique la situation de la jeune fille, combien elle se trouve rétive à tout, et son espoir a lui qui s’étiole. Le médecin le conseille alors, et lui dit qu’il lui faut prendre le temps, commencer l’instruction depuis le départ, en lui exposant des exemples de psychologues anglais s’étant retrouvés devant des patients aux situations similaires.

Dès lors, le pasteur s’occupe de l’éduquer. Mais, comme l’avait prévu le médecin, les premiers progrès mettent très longtemps à se faire voir - si longtemps que le Père doit essuyer les reproches de sa femme, qui ne voit là qu’une perte de temps, et une différence d’affection pour Gertrude par rapport à ses propres enfants. 

Le 5 mars, au bout de semaines d’effort, le pasteur assiste enfin à la « naissance » de Gertrude :

« J'ai noté cette date comme celle d'une naissance. C'était moins un sourire qu'une transfiguration. Tout à coup ses traits s'animèrent ; ce fut comme un éclairement subit, pareil à cette lueur purpurine dans les hautes Alpes qui, précédant l'aurore, fait vibrer le sommet neigeux qu'elle désigne et sort de la nuit ; on eût dit une coloration mystique ; et je songeai également à la piscine de Bethesda au moment que l'ange descend et vient réveiller l'eau dormante. »

Ensuite, les progrès se firent très rapides, comme annoncés par le médecin. Le pasteur s’étonnait de la voir aller si vite dans l’apprentissage. Il finit par la faire sortir, pour se rendre compte qu’elle n’avait en fait jamais mis un pied dehors, dans son ancienne tanière. Commencent alors entre les deux des discussions sur la beauté du monde, le trille des oiseaux, la bigarrure des papillons...

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28 février

Si le pasteur s’émerveille des vifs progrès de l’aveugle, notamment en matière de lecture en braille, il se heurte vite à un problème éminemment complexe : comment faire comprendre à Gertrude le monde des couleurs ?

A Neuchâtel, alors qu’ils assistent tous les deux à un concert d’instruments classiques, il a l’idée de comparer le monde des sons à celui des couleurs. Il explique à l’enfant les nuances a partir des différentes notes rendues par les diverses instruments. Cela fonctionne, jusqu’à à arriver aux extrêmes, le noir et le blanc. Pour lui, c’est se rendre compte des différences irréductibles entre l’ouïe et la vue, que de mener une telle expérience d’éducation.

29 février 

Le pasteur explique combien le concert a plu à Gertrude, qui demande alors si le monde est aussi beau que ce qu’elle vient d’entendre. Il lui répond que les gens qui voient ne savent pas voir, et qu’ils manquent leur bonheur.

Elle continue de le questionner, voulant savoir si lui-même est heureux. Il l’assure de son bonheur. Elle lui demande de ne pas mentir, car, alors, elle l’entendrait dans sa voix, comme elle l’a entendu une fois où il a pleuré devant elle, tout en lui assurant qu’il ne pleurait pas. Lui promet de ne pas mentir. Vient alors une question que le religieux a toujours redouté : l’aveugle lui demande si elle est belle. Après avoir refusé de répondre, il finit par lui dire qu’elle sait bien qu’elle est très belle.

Au retour du concert, il trouve sa femme irritée. Amélie lui reproche en effet d’accorder un temps qu’il n’aurait jamais consenti à donner à ses propres enfants. Le pasteur est peiné de l’injustice de sa remarque, et, surtout, indigné de ce qu’elle l’a dit suffisamment fort pour que Gertrude l’entende. Lorsqu’il va la trouver, l’aveugle est ainsi en train de pleurer.

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8 mars

Au cours des vacances qui voient son fils Jacques revenir de ses études de théologie, le pasteur raconte un événement qu’il a surpris.

Quelques jours après le concert de Neuchâtel, il prit l’habitude de laisser Gertrude travailler devant un clavier d’orgue, elle qui montrait tant de passion pour la chose musicale. Lui-même piètre musicien, choisit de la laisser s’exercer seule dans la petite chapelle qu’ils avaient trouvée.

Or, un après-midi qu’il rentrait plus tôt de sa tournée paroissiale, il surprit une scène entre l’aveugle et Jacques, son fils. Se cachant, mu par une curiosité qui ne lui ressemblait pas, il s’étonne de voir Jacques embrasser sa main, au moment où il partait pour explicitement éviter le retour de son père.

Le soir même, après le repas, le pasteur prend à partie son fils, qui lui annonce préférer rester chez ses parents pour les vacances, plutôt que faire le voyage qu’il avait prévu. Le père devine très vite la raison de ce changement d’avis, et questionne Jacques, qui avoue tout de suite son attachement à Gertrude. Alors le pasteur est pris d’une violente colère, et met en garde son fils : jamais il n’autorisera que celui-ci profite de l’innocence et de la candeur de sa protégée. Avec une voix calme, le jeune homme réfute les accusations et les menaces : il dit a son père qu’il aime et respecte Gertrude tout autant que lui, et c’est pourquoi il a pour projet de l’épouser, avec sa bénédiction.

Mais son père, gêné et triste - de son seul aveu -, lui intime de taire ses sentiments, d’attendre que Gertrude soit plus mure, moins fragile. Il lui ordonne ensuite de partir en voyage comme il l’avait prévu, pour un mois durant, et de quitter ainsi le foyer, en même temps que Gertrude.

10 mars

Alors qu’il se retrouve seul avec Amélie pour le thé, le pasteur lui annonce, non sans trembler lui-même, que leur fils est amoureux de Gertrude. La mère lui répond qu’il était temps qu’il s’en rendisse compte, ce pour quoi le père s’offusque.

Il lui parle ensuite des mesures qu’il a prises : envoyer Gertrude chez Mlle de la M..., tout en continuant, lui, à la voir, parce qu’il a envers elle des « obligations ». Devant sa femme qui ne répond rien, il se trouve démuni et hausse le ton. Celle-ci glisse alors des paroles allusives, l’invitant à être plus lucide sur lui-même...

12 mars

Le pasteur et Amélie sont partis pour une promenade en montagne. Après avoir décrit le paysage qu’elle ne voit pas, Gertrude demande au pasteur s’il est vrai que Jacques doit partir le lendemain, pour un mois. Il lui répond positivement, et enchaîne avec honnêteté, pour savoir si elle connaît ses sentiments à son égard. L’aveugle lui répond alors qu’elle l’a senti, mais qu’elle ne peut pas l’aimer en retour, puisque c’est lui qu’elle aime. 

Que raconte La symphonie pastorale, d'André Gide ?
La Parabole des aveugles, Pieter Brueghel l'Ancien, 1568

Deuxième cahier

25 avril

Le pasteur, après avoir relu ses notes, avoue aimer Gertrude, et ne pas comprendre comment il a pu ne pas s’en rendre compte plus tôt. Depuis lors, Gertrude est bien allée habiter chez Mlle de M...

A la semaine de Pâques, néanmoins, il est heurté par la défection dont il est le témoin : Jaques et Amelie, au moment de la communion, ne l’accompagnent pas jusqu’à la Table Sainte, marquant par là un désaccord avec sa personne...

3 mai

Le pasteur se rend compte que son fils et lui éprouvent leur foi d’une manière différente. Si lui-même fait primer la parole du Christ, Jacques est plus sensible à l’évangile de Saint-Paul. Il en résulte chez le jeune homme un dogmatisme qui désole son père : celui-ci pense que la soumission vient de l’amour, et non pas le contraire. Il voit précisément en Gertrude cet être sans péché qui, en conséquence, n’est qu’amour. 

8 mai

Le docteur Martins, qui est venu examiner les yeux de Gertrude, estime que la jeune fille est opérable. Le pasteur choisit de ne rien dire tant que la chose n’est pas certaine.

10 mai

Le pasteur, au retour de Jacques, voit chez son fils la facilité avec laquelle il a accepté ses ordres. Cela le rassure sur le peu d’amour qui devait l’agiter et, en même temps, l’inquiète de ce qu’il voie une occasion d’imposer une rigueur aux autres.

Le temps passant, le quotidien s’arrange autour de la présence de Gertrude à La Grange, chez Mlle de M... Le pasteur, qui y passe autant que faire se peut, découvre avec ravissement les progrès de l’aveugle, qui habite là avec trois autres infirmes que Gertrude éduque elle-même. Les filles dansent et s’amusent souvent.

Le dimanche, Gertrude vient manger avec la famille du pasteur ensuite de quoi ce sont eux qui vont goûter à La Grange. Même Amélie, dans ce qu’il observe, semble y prendre du plaisir.

18 mai

Le Pasteur raconte une discussion avec Gertrude, tenue la veille.

Ils s’étaient retrouvés seuls pour la première fois depuis six mois, c’est-à-dire la conversation de l’aveu amoureux.

Elle lui demande soudain s’il pense que Jacques sait qu’il l’aime. Mais bien vite, la conversation découle sur les mensonges répétés du pasteur, qui embellit systématiquement le monde, pour préserver l’enfant du mal. Elle s’en inquiète, peureuse d’être heureuse sur la base de l’ignorance.

Le pasteur dément vertement ; mais elle finit par lui demander si leur amour, à eux deux, et coupable. Or, elle ne pourrait souffrir de cette fatalité, car, lui dit-elle, elle ne peut pas cesser de l’aimer...

19 mai

Le docteur Martins confirme au pasteur que Gertrude est opérable. Il demande du temps pour lui dire, et se désespère de ne pas être enthousiasmé par la nouvelle.

Nuit du 19 mai

Le pasteur, venu à La Grange, raconte qu’il est allé serrer Gertrude dans ses bras, alors qu’elle était dans sa chambre. Presqu’incidemment, ils se sont alors embrassés… Mais il ne lui dit rien concernant l’opération.

21 mai

Le pasteur, alors que Gertrude entre pour vingt jours à la clinique, perd pied : il n’arrive pas à déterminer si, aux yeux de Dieu, l’amour qu’il porte à Gertrude est un péché - car il est certain qu’il le sent au moins condamné par les hommes.

22 mai

L’opération a réussi.

24 mai

Le pasteur s’inquiète de son apparence, présumant que Gertrude, devenue voyante, pourrait ne plus l’aimer.

27 mai

Le retour de Gertrude est prévu pour le lendemain. Le pasteur, trop angoissé, s’oublie dans le travail tandis qu’Amélie prépare une fête pour le retour.

28 mai

Le pasteur écrit dans son carnet pour tromper l’attente de l’arrivée imminente de Gertrude… 

28 au soir

En revenant à La Grange, alors qu’elle allait cueillir des fleurs le long de la rivière, Gertrude est tombée. Le jardinier ne l’a retrouvée que plus tard, le corps trempée, inconsciente. Le pasteur est paniqué : il craint qu’il ne s’agisse pas là d’un accident, et que Gertrude, n’étant plus aveugle, a compris quelque chose qui ait voulu la faire mourir. Car, en effet, durant le repas, il a cru voir dans son sourire le signe d’un savoir inconnu de lui :

« Durant tout le repas, si gai pourtant, l’étrange sourire, qui ne la quittait pas, m’inquiétait ; un sourire contraint que je ne lui connaissais point mais que je m’efforçais de croire celui même de son nouveau regard ; un sourire qui semblait ruisseler de ses yeux sur son visage comme des larmes, et près de quoi la vulgaire joie des autres m’offensait. Elle ne se mêlait pas à la joie ! On eût dit qu’elle avait découvert un secret que sans doute elle m’eût confié si j’eusse été seul avec elle. […] 

Et pourtant, si tant est qu’elle a voulu cesser de vivre, est-ce précisément pour avoir su ? Su quoi ? Mon amie, qu’avez-vous donc appris d’horrible ? Que vous avais-je donc caché de mortel, que soudain vous aurez pu voir ? »

29 mai

Gertrude, réveillée, demande au pasteur d’aller cueillir des myosotis pour elle, avant que de pouvoir lui révéler son secret. Lorsqu’il revient, il ne peut la voir tout de suite, car elle est endormie. Enfin, le soir venu, il se retrouve seule avec elle.

Alors, elle lui annonce, le coeur serré, qu’elle a bien voulu mourir. Entrant, voyante, dans sa maison, elle a vu combien son existence faisait souffrir Amélie. Elle ne supporte pas l’idée de prendre autant de place dans le coeur et dans l’esprit d’un homme marié. Sa présence, pense-t-elle, est un péché.

Puis, après avoir loué la beauté du monde, elle en vient à parler de Jacques. Elle reproche au pasteur de lui avoir fait refuser ses avances ; car, en l’ayant vu, elle s’est rendu compte que c’est lui qu’elle aimait, que Jacques avait le visage qu’elle prêtait au pasteur… Malheureusement, le fils entre dans les ordres, et leur amour est désormais impossible - raison de plus pour mourir. Puis, après un dernier sanglot, elle ordonne :

« Quittez-moi. Quittons-nous. Je ne supporte plus de vous voir. »

30 mai

Gertrude est finalement morte, après une nuit de délires. 

A la nouvelle de sa mort, Jacques revient, et annonce à son père sa conversion, ainsi que celle de Gertrude. Les deux enfants se rejoindront donc au Ciel, et le père se sent d’autant plus coupable. Il ne trouve même pas de larmes pour pleurer, sentant son coeur trop aride. 

Où se déroule La symphonie pastorale ?
Vue de Neuchatel (source : www.arpenterlechemin.com)

Les principaux personnages

Le pasteur

Il est le narrateur, dont nous suivons les commentaires par l'entremise de son carnet. C'est une personne fondamentalement généreuse.

Il est qualifié par sa cécité religieuse et morale : il ne se rend pas compte qu'il tombe amoureux de Gertrude. Il donne à son élève une connaissance globale mais sélectionne les informations pour ne pas lui présenter un paysage amer et entaché de péchés.

Gertrude

D'abord incapable de parler et aveugle, elle se révèle être belle, profonde, sensible, intelligente et vertueuse.

Elle s'éprend d'abord du pasteur, à mesure qu'elle s'éveille à l'existence à ses côtés. 

Dans la cécité, elle s'inquiète de la souffrance potentielle d'Amélie, la femme du pasteur. Une fois devenue voyante, cette évidence la frappe d'une envie de mourir, envie renforcée par le fait qu'elle découvre aimer Jacques plutôt que le pasteur.

Amélie

Epouse du narrateur, elle est vertueuse mais taciturne, peu apte au dialogue. Elle prend rapidement conscience des égarements de son mari et de son attirance pour Gertrude ; elle ne s'exprime pas clairement, préférant les sous-entendus, les allusions.

Le pasteur la décrit comme ascétique et peu encline à l'allégresse. Malgré tout, c'est une femme emplie de miséricorde et de bienveillance à l'égard de son mari qu'elle sent fauter.

Jacques

Fils aîné du pasteur, il n'hésite pas à affronter son père sur les thèmes bibliques ; en opposition avec son père, il se convertit au catholicisme et deviendra prêtre.

Il tombe amoureux de Gertrude, mais son père l'empêche de déclarer sa flamme. Il sera le premier à lui lire des textes bibliques qui parlent du péché, avec notamment l'évangile de Saint Paul.

Deux figures féminines en opposition

Les deux figures féminines que sont Amélie et Gertrude s'opposent sous bien des angles.

L'âge est le premier écart entre Amélie, qualifiée comme une mère au foyer accomplie et dévouée, et Gertrude, jeune aveugle protégée par le pasteur.

Ces deux femmes ont également un rapport à la culture totalement différente : d'un côté, l'épouse est réticente aux sorties culturelle de toute sorte, elle est plutôt casanière, alors que le protagoniste aime à sortir bras dessus, bras dessous avec Gertrude pour des balades dans les champs qu'il lui décrits ; c'est d'ailleurs ensemble qu'ils se rendent à l'opéra où se joue la symphonie pastorale.

Enfin, il est à remarquer que ces deux femmes s'opposent également dans leur caractère : là où Amélie est une personne silencieuse et prête à juger son mari dans des prises de position opposées aux siennes, Gertrude, quant à elle, est beaucoup plus souriante et apte à l'écoute, à l'échange.

Pistes d'analyse

L'éducation et l'aveuglement

Gertrude est un jeune femme brillante qui fait des progrès rapides et remarquables, tandis que l'éducation du pasteur se fonde essentiellement que les questionnements de l'élève à son maître.

L'éveil intellectuel est établi par des promenades, des sorties. La cécité de Gertrude s'amenuise pour s'effacer complètement au moment même où celle du pasteur grandit : il est aveugle au sentiment amoureux qui s'éveille en lui.

Sa cécité n'est pas physique : elle est symbolisée par la mauvaise foi derrière laquelle le pasteur se cache pour éviter d'affronter la nature réelle de l'amour qu'il ressent.

Des amours multiples

Différentes formes d'amour s'expriment dans le roman.

Amour parental

Amélie reproche fréquemment au pasteur d'aimer davantage Gertrude que ses propres enfants. Elle le voit au temps qu'il consent à passer avec elle, et le pasteur se défend de moins aimer ses enfants que l'aveugle. 

Mais le pasteur avoue aisément qu'il trouve en Gertrude plus de points communs avec lui, et des centres d'intérêt qui se rejoignent. 

Amour conjugal

Le pasteur se plaint souvent de la morosité d'Amélie. S'il a beaucoup de respect pour le labeur et la force morale de sa femme, il lui reproche néanmoins son attitude taiseuse et la lassitude qu'elle n'hésite pas à afficher sur son visage.

Il ressent à ce titre une espèce de culpabilité, en se surprenant à vouloir que sa femme soit différente. Il déplore notamment qu'avec le temps, la joie ait complètement disparu d'elle. 

Amour coupable

Le noeud principal du roman consiste dans l'amour que le pasteur porte à Gertrude. 

Il est coupable à plusieurs égards :

  • le pasteur se ment à lui-même et fait preuve de malhonnêteté 
  • le pasteur est un homme marié et l'adultère est fermement condamné par l'Eglise
  • Gertrude est une âme fragile et innocente, et le pasteur sent profiter dans une certaine mesure de sa position ; ainsi, les reproches qu'il adresse à son fils pourraient tout à fait être dirigés contre lui même :

« S’emparer de ce qui ne peut se défendre, c’est une lâcheté ; je sais que tu n’es pas lâche. »

Le bonheur et la quête du savoir

Gertrude est volontairement tenue dans l'ignorance au sens où le pasteur ne lui enseigne que des éléments du beau (les paysages, le chant des oiseaux ...) et du bien.

La quête du savoir s'effectue ainsi de manière biaisée : elle découvre le malheur, le péché et la peine après l'opération, c'est-à-dire une fois qu'elle a la capacité de voir. Jusqu'alors, le pasteur lui avait unilatéralement caché le mal, celui des hommes notamment.

Dans son aveu, sur son lit de mort, elle prononce une phrase qui fait voir toute la faute du pasteur, tandis qu'il avait sciemment décidé de lui cacher la méchanceté des hommes, source de péché, pour mettre en avant la beauté naturelle du monde :

Quand vous m'avez donné la vue, mes yeux se sont ouverts sur un monde plus beau que je n'avais rêvé qu'il pût être ; oui vraiment, je n'imaginais pas le jour si clair, l'air si brillant, le ciel si vaste. Mais non plus je n'imaginais pas si osseux le front des hommes ; et quand je suis entrée chez vous, savez-vous ce qui m'est apparu tout d'abord... Ah ! il faut pourtant bien que je vous le dise : ce que j'ai vu d'abord, c'est notre faute, notre péché. 

Par ces mots, elle accuse directement le pasteur d'être la cause de son péché, en tant qu'homme qui a agit selon des illusions allant à l'encontre de son devoir de vérité.

Johann Wenzel Peter, Adam et Ève au Paradis Terrestre, XIXème siècle

« Quand je suis entrée chez vous » renvoie à une parabole religieuse (« entrer dans le royaume de Dieu »), mais la révélation est inversée : plutôt que la beauté ou la vérité, Gertrude est assommée par la sensation du péché - et c'est le pasteur qui en est responsable.

La religion

Les références religieuses sont très présentes dans le roman puisque le narrateur est un pasteur et que Jacques étudie la théologie. La religion définit alors les liens entre les personnages.

Les lectures de la Bible entre eux sont sujettes à polémique : le père vit la religion comme une exhortation à l'amour alors que le fils est bien plus rigoureux, considérant le dogme et la privation. Les citations bibliques émaillent le roman en proposant une opposition entre la conception protestante (incarnée par le pasteur) et celle catholique (incarnée par son fils Jacques).

L'ambiance religieuse est source de tensions entre la famille du pasteur et Gertrude ; de même, une tension émerge entre le pasteur et les siens puisqu'il entre en conflit avec son fils.

En réalité, l'importance qu'accorde Gide à cette thématique tient au fait qu'il démontre que les dogmes religieux sont de peu de secours face à la force du sentiment amoureux. Le pasteur fait preuve de mauvaise foi, il refuse longtemps d'accepter cet amour, en se réfugiant derrière des paroles christiques ou celles de Saint Paul.

Or, en y faisant face, il aurait pu le combattre plus dignement. La religion est, en somme, source d'aveuglement ; et c'est Gertrude trouvant la vue qui viendra, de même, éclairer les fautes du pasteur à ses propres yeux. 

Le titre

Le titre de l'oeuvre est significatif puisqu'il fait référence à un passage du texte.

En effet, le couple pasteur-Gertrude assiste à un concert dans lequel est joué la cinquième symphonie de Beethoven. L'équivoque du titre tient au fait qu'il désigne à la fois le journal intime du narrateur, le pasteur (pastoral), et la tonalité musical de l'oeuvre.

Gide établit un parallèle entre la découverte des couleurs et l'harmonie des sons : la musicalité imprègne donc à la fois le fond et la forme du texte. Pour autant, cette analogie entre les couleurs et les sons est insuffisante, lorsqu'il s'essaie à la conduire pour Gertrude : c'est témoigner des manques du langage, et de la supériorité de la vue sur la parole. C'est par ses yeux que Gertrude s'ouvrira véritablement au monde, et sera plus consciente.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.