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  1. 01. Lecture d'un extrait
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C'est parti

Lecture d'un extrait

Il était une fois
une veuve qui avait deux filles ; l'aînée lui ressemblait si fort et
d'humeur et de visage, que qui la voyait voyait la mère. Elles étaient
toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvait vivre
avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la
douceur et pour l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles
qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette
mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion
effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et
travailler sans cesse. Il fallait entre autres choses que cette pauvre
enfant allât deux fois le jour puiser de l'eau à une grande demi lieue
du logis, et qu'elle en rapportât plein une grande cruche. Un jour
qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la
pria de lui donner à boire. Oui-dà, ma bonne mère, dit cette belle
fille ; et rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel
endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours la
cruche afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui
dit : Vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, que je ne puis
m'empêcher de vous faire un don (car c'était une Fée qui avait pris la
forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait
l'honnêteté de cette jeune fille). Je vous donne pour don, poursuivit
la Fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche
ou une Fleur, ou une Pierre précieuse. Lorsque cette belle fille arriva
au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. Je vous
demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si
longtemps ; et en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux
Roses, deux Perles, et deux gros Diamants. Que vois-je ? dit sa mère
tout étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des Perles et des
Diamants ; d'où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois
qu'elle l'appela sa fille. ) La pauvre enfant lui raconta naïvement
tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de Diamants.
Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille ; tenez,
Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle
; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don ? Vous n'avez qu'à
aller puiser de l'eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous
demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. Il me ferait beau
voir, répondit la brutale, aller à la fontaine. Je veux que vous y
alliez, reprit la mère, et tout à l'heure. Elle y alla, mais toujours
en grondant. Elle prit le plus beau Flacon d'argent qui fût dans le
logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine qu'elle vit
sortir du bois une Dame magnifiquement vêtue qui vint lui demander à
boire : c'était la même Fée qui avait apparu à sa sœur mais qui avait
pris l'air et les habits d'une Princesse, pour voir jusqu'où irait la
malhonnêteté de cette fille. Est-ce que je suis ici venue, lui dit
cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire, justement j'ai
apporté un Flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame !
J'en suis d'avis, buvez à même si vous voulez. Vous n'êtes guère
honnête, reprit la Fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque
vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole
que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou un
crapaud. D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : Hé bien, ma
fille ! Hé bien, ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux
vipères, et deux crapauds. ô Ciel ! s'écria la mère, que vois-je là ?
C'est sa sœur qui en est cause, elle me le payera ; et aussitôt elle
courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit, et alla se sauver
dans la Forêt prochaine. Le fils du Roi qui revenait de la chasse la
rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là
toute seule et ce qu'elle avait à pleurer. Hélas ! Monsieur c'est ma
mère qui m'a chassée du logis. Le fils du Roi, qui vit sortir de sa
bouche cinq ou six Perles, et autant de Diamants, la pria de lui dire
d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du Roi
en devint amoureux, et considérant qu'un tel don valait mieux que tout
ce qu'on pouvait donner en mariage à un autre, l'emmena au Palais du
Roi son père où il l'épousa. 

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !