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C'est parti

Le texte étudié

HORACE
Ô Ciel ! Qui vit jamais une pareille rage !
Crois-tu donc que je sois insensible à l'outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d'un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.
CAMILLE
Rome, l'unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encore mal assurés !
Et si ce n'est assez de toute l'Italie,
Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie ;
Que cent Peuples unis des bouts de l'Univers
Passent pour la détruire, et les monts, et les mers !
Qu'elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !
HORACE, mettant l'épée, à la main, et poursuivant sa sœur qui s'enfuit.
C'est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les Enfers plaindre ton Curiace !
CAMILLE, blessée derrière le théâtre.
Ah ! Traître !
HORACE.
                        Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain !
Horace, Pierre Corneille, 1640, Acte IV, Scène V (extrait)
Qui est l'auteur du Cid ?
Pierre Corneille, un portrait

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Commentaire composé

Introduction

Horace est une tragédie écrite par Pierre Corneille (1606-1684) et représentée pour la première fois en 1640.

Corneille s’inspire d’un épisode de l’Histoire Romaine de Tite-Live (Ier siècle av. J-C – Ier siècle ap. J-C) et a pour cadre la guerre entre Rome et Albe, autre ville italienne située à dix-neuf kilomètres. Afin d’y mettre un terme, les trois champions des deux villes doivent s’affronter. Le seul à sortir vivant du combat, Horace, doit faire face à sa sœur à son retour ; celle-ci aimait en effet l’un des Albains morts.

Aussi, après une dispute, Horace décide-t-il de tuer Camille, considérant que son amour est un affront fait à Rome, leur ville. La scène étudiée est précisément celle du meurtre de Camille par son frère.

Annonce de la problématique

Aussi, en quoi le meurtre de Camille par Horace devient-il nécessaire, tel qu’il nous l’est présenté ?

Annonce du plan 

Nous analyserons d’abord l’expression de la souffrance de Camille qui accuse Rome ; nous verrons enfin comment les imprécations de Camille forcent la réaction d’Horace.

Que raconte la pièce Horace de Pierre Corneille ?
Le Serment des Horaces, J-L David, 1784-1785 (Musée du Louvre)

Développement

La souffrance de Camille se manifeste avant tout par la violence de ses intentions. Elle ne peut pas supporter de voir son frère fêter la mort de son amant ; et, comme un effet de miroir, elle lui renvoie cette même violence meurtrière dont il a été, selon elle, coupable.

Une souffrance qui accuse Rome

L’extrait étudié commence avec une réplique d’Horace, qui finit par « Rome » : c'est l'occasion pour Camille de laisser exploser toute sa haine, à l'aide d'une anaphore. « Rome » est ainsi le premier mot des quatre premiers vers de sa réplique. C'est là marquer explicitement l'objet de son « ressentiment ».

Sa souffrance s'exprime en outre à l'aide de la ponctuation : on trouve ainsi neuf points d'exclamation dans la longue tirade de Camille. Cela témoigne aussi de la violence de son ton ; et de manière assez singulière, il n'y a pas de champ lexical relatif à la tristesse. C'est la colère et la violence qui l'emportent plutôt :

  • champ lexical de la colère : « ressentiment », « hais », « courroux », « entrailles »
  • champ lexical de la violence : « immoler », , « saper », « détruire », « renverse », « déchire », « courroux », « déluge », « foudre », « cendre », « poudre »

Les propos de Camille revêtent ainsi un caractère guerrier, qui fait écho à la guerre entre Rome et Albe, et à la propre violence de son frère qui a fini par tuer son amant.

De fait, si l'amour de Camille se porte sur Curiace, ce qui justifie sa haine présente, l'amour d'Horace va tout entier à Rome, comme elle le suggère dans le vers suivant :

Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !

A quoi correspondait le théâtre durant la Rome antique ?
Giovanni Paolo Panini, Galerie de vues de la Rome antique, 1758

Leurs deux états sentimentaux sont donc incompatibles car, pour la gloire de Rome, son amant a dû mourir. Aussi, pour mieux haïr cette ville responsable de sa souffrance, elle opère une personnification : Rome devient une personne - ce qui, du reste, sert aussi à mieux exposer l'amour d'Horace à l'égard de cette ville.

Elle est ainsi désignée plusieurs fois à travers le pronom personnel « elle ». Par exemple, « elle » honore Horace pour avoir tué son amant, comme si Rome était une personne en chair et en os.

La souffrance de Camille s'exprime donc à travers la violence de son propos ; or, c'est cette violence qui la fait ennemie, dangereuse pour Rome. Cette même violence rend donc nécessaire son meurtre par Horace.

L'ennemie de Rome qui doit mourir

L'extrait commence avec les mises en garde d'Horace :

Crois-tu donc que je sois insensible à l'outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?

Horace prévient bien sa soeur des dangers de son discours et l'exhorte à se ranger du côté des vainqueurs :

Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,

Plutôt que d'aimer son amant, Camille devrait se mettre à aimer cette mort - traduisant par là tout le côté inhumain du combat pour la survie de Rome, puisqu'elle personnifie une ville pour exterminer des hommes.

Pourtant, la soeur se fait sourde aux mises en garde et contribue d'elle-même à se faire l'ennemie de Rome. Elle en vient à identifier Rome à Horace, et inversement, notamment par l'utilisation des pronoms personnels. Ainsi transparaît une opposition entre « tu » et « je » :

  • « ton bras » versus « mon amant »
  • dans le vers : « Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! », la relation de causalité, avec « parce que », manifeste bien des raisons de la haine de Camille pour Rome : c'est parce que la ville fête Horace comme meurtrier qu'elle ne peut pas être elle-même Romaine. Cela serait trahir son amour.

Camille amplifie encore sa haine à l'aide de figures de style telles que l'hyperbole :

Et si ce n'est assez de toute l'Italie,
Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie ;
Que cent Peuples unis des bouts de l'Univers
Passent pour la détruire, et les monts, et les mers !

Sa fureur donne l'impression de déferler lorsqu'elle en appelle aux « cent Peuples » qui viendraient des « bouts de l'Univers ». De même, l'énumération « et les monts, et les mers » rend le sentiment d'exhaustivité : toute la Terre est concernée par l'écrasement de Rome voulu par Camille.

La volonté de malédiction est en outre assumée par Camille elle-même : elle se plaît à revendiquer sa haine devant son frère. Au-delà de la terre, elle en appelle même aux dieux avec l'utilisation du subjonctif sur le mode de l'invocation :

Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encore mal assurés !

Et son discours gagne encore en intensité, jusqu'à se clore avec une dernière anaphore sur le mot « dernier » dans le vers « Voir le dernier Romain à son dernier soupir » qui, là encore, témoigne de la volonté d'extermination de Camille, qu'elle cite comme une véritable source de plaisir par anticipation :

Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !

Pourquoi Horace tue-t-il sa soeur Camille ?
Jean-Baptiste Frédéric Desmarais, Horace tue sa soeur Camille, 1785, Paris, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts

L'antithèse entre « mourir » et « plaisir » rajoute à l'aspect terrifiant et hostile de Camille : devant ces menaces, où elle prend les dieux à partie, Horace ne peut que la considérer comme une ennemie qui doit mourir.

C'est ainsi la raison plus que tout autre chose qui réclame la mort de Camille : Horace dit « C'est trop, ma patience à la raison fait place », ce qui confirme que l'attitude de Camille doive, de manière objective (avec l'utilisation de l'article défini « la » pour « la raison » qui contraste avec le possessif « ma » dans « ma raison »), mourir pour la sécurité de Rome.

Conclusion

La réplique de Camille oblige Horace à changer sa vision de sa soeur. Alors qu'au début de l'extrait commenté, il parle encore de « sang », c'est-à-dire qu'il la considère encore comme sa soeur et souhaite la faire changer d'avis, la violence de ses mots et de ses souhaits l'obligent finalement à la voir comme une ennemie :

              Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain !

Le « Quiconque » confirme bien le nouveau statut indifférencié qu'a Camille dans les yeux de son frère : qu'importe qu'elle soit sa soeur, elle est avant tout une ennemie de Rome, puisqu'elle refuse d'arrêter de « pleurer un ennemi romain ».

Pour Horace, l'amour pour sa patrie doit primer ; Camille se refuse, elle, à aimer une patrie qui a souhaité la mort de son amant. Cette divergence irréconciliable condamne Camille.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.