Chapitres
La littérature française est l'une des plus réputées au monde du fait du foisonnement d'artistes et de courants littéraires qui la constitue. En effet, de la littérature courtoise au surréalisme en passant par le romantisme, les auteurs français n'ont eu de cesse de créer des chef d’œuvres au cours des siècles de notre histoire. Le XVIIème siècle est une période qui marque un véritable tournant littéraire en France car il suit le tournant politique : celui de Louis XIV, le Roi Soleil. D'un désordre laissé par la Renaissance, on se dirige vers un ordre rigoureux qui caractérise les auteurs modernes de cette période comme Molière ou La Fontaine. Superprof vous propose de découvrir le XVIIème siècle en littérature, une période marquée par le classicisme ainsi que d'autres courants littéraires majeurs, mais aussi par des auteurs que l'on retrouve souvent au programme du collège ou du lycée. Après cette escapade dans la bibliothèque moderne, vous serez sûrement prêts à lire tout Racine !
Un contexte politique, religieux et artistique précis
Le XVIIème siècle est globalement marqué par l'évolution d'un foisonnant désordre vers un ordre rigoureux, dans tous les domaines. En politique, on passe de l'autorité royale, encore contestée par la Fronde, à la monarchie de Louis XIV. En religion, les guerres et les troubles cèdent la place à la toute-puissance de l'Église catholique. En art, l'esthétique baroque conduit à la réaction de classicisme. Le mécénat royal se manifeste sous la forme de pensions attribuées aux artistes. Louis XIV encourage les talents. Il sait que le développement des arts contribue à sa gloire. Au début de son règne, il accorde même sa protection à certains novateurs (Molière). Les excès de l'absolutisme et la progression de la misère provoquent, à la fin du siècle, des réactions d'opposition : critique sociale de La Bruyère dans Les Caractères, mises en garde de Fénelon. Par réaction contre les abus que les guerres ont contribué à étaler au grand jour, la mise en cause de la religion est une des tendances du siècle. Elle s'exprime surtout dans le mouvement du libertinage. Le libertin est un homme qui refuse d'accepter les dogmes, il veut penser par lui-même, loin de toute superstition. Cela peut faire de lui un athée, qui doit alors se protéger soigneusement des foudres de l'Église. Beaucoup d'écrivains ont fréquenté ces cercles libertins (La Fontaine, Molière). Cependant le siècle connaît aussi une certaine ardeur religieuse. Elle peut-être très conformiste et rigide : c'est ainsi que la compagnie du Saint-Sacrement orchestre des cabales contre ceux qui lui semblent ne pas respecter les dogmes et les mœurs chrétiennes (Molière). Elle peut être d'une authentique exigence spirituelle qui pousse le croyant à renoncer au monde pour vivre en accord avec les exigences chrétiennes : c'est le jansénisme (Pascal, Racine). Ce terme a été donné par la critique à la période qui va environ de 1560 à 1760, qui englobe donc la fin du XVIème siècle. Le terme de «baroque» désigne à l'origine, en joaillerie, une perle irrégulière. Le baroque, c'est le goût pour le changement et la métamorphose, parce que le mouvement et l'instabilité sont l'essence même de l'être. Il faut donc savoir saisir le monde des apparences et des illusions, parfois plus vraies que la réalité elle-même. Le baroque aime des déguisements, les jeux de miroir. L'imagination n'est pas bridée, d'où les débordements d'action, de passion. Vous cherchez un cour de francais ?
Les grands mouvements littéraires du XVIIème siècle
Le Classicisme
Le terme de classicisme a été crée par la critique, au XIXème siècle. Il se fonde en réaction à l'esthétique baroque. En effet, le classicisme est d'abord un art de la maîtrise : maîtrise des passions, maîtrise de l'imagination et également de l'écriture. Car le style classique est très sobre. On cherche le mot juste, la phrase claire et bien rythmée : «ce qui se conçoit bien s'énonce clairement», dit Boileau. Cette maîtrise est soutenue par la présence de règles (par exemple, les règles du théâtre classique) et l'imitation des grands écrivains de la culture antique. On ne cultive pas le fuyant et l'éphémère, tout au contraire : on pense qu'il existe un être humain universel présent à travers toutes les époques, et l'art est chargé d'exprimer ce caractère universel de l'être et de la pensée.
La Préciosité
La préciosité est d'abord un phénomène de société. Le mouvement à été impulsé par des femmes de la haute société qui tenaient salon et qui avaient pour double objectif de favoriser un raffinement distingué et d'aider à la diffusion des sciences et des arts, surtout de la littérature. Même si Molière se moque de leurs travers dans Les Femmes Savantes, il n'en reste pas moins vrai que les précieuses ont contribué à l'émergence d'une esthétique qui n'est pas toujours dénuée d'intérêt.
Le Moralisme
Le Moralisme est une doctrine philosophique qui consiste à mettre en avant les valeurs morales. En littérature, il consiste à remettre en cause les normes de la société considérées peu morales. Jean de la Fontaine est l'un des représentants de ce mouvement avec ses Fables.
Le Baroque
Le baroque est un mouvement artistique dont le nom était à l'origine synonyme de bizarrerie et d'étrangeté (péjoratif). En littérature, le mouvement baroque utilise de nombreuses allégories et métaphores pour parler de thèmes comme la religion, la mort et les illusions. Voici un tableau récapitulatif des grands mouvements de la littérature en France au XVIIème siècle :
Mouvement | Caractéristiques | Exemples |
---|---|---|
Burlesque | Utilisation du vulgaire et de l'humour dans un cadre sérieux, comique de situation et violent | Molière |
Classicisme | Idéal de l'honnête homme, recherche de la perfection et utilisation de la raison | Molière, Boileau, Racine, Corneille |
Quiétisme | Cheminement vers Dieu par la passivité spirituelle, absence d'activité | Fénélon, Madame Guyon |
Préciosité | Recherche de l'embellissement de la langue française, raffinement extrême | Madeleine de Scudéry, Madame de Lafayette |
Moralisme | Réflexion sur les mœurs, remise en cause des coutumes et façons de vivre | Blaise Pascal, La Rochefoucauld, La Fontaine |
Baroque | Mise en valeur de l'émotion et du sensible face à la raison, utilisation de l'imaginaire, des contrastes et des allégories | Théophile de Viau, Théodore Agrippa d'Aubigné, Jean de Sponde |
Comment progresser grâce aux cours de francais en ligne ?
Les grands auteurs modernes du XVIIème siècle
Molière
Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673) est un dramaturge et comédien ayant été l'artiste favori du roi Louis XIV. Il écrivit de nombreuses pièces de théâtres comiques et satyriques et joua très souvent le rôle principal de ses pièces. Au total, on compte près de 30 pièces en vers ou en prose qui font partie des références de la littérature dans le monde. Parmi ces pièces, nous pouvons citer :
- Les Précieuses Ridicules,
- L'Ecole des Femmes,
- Dom Juan,
- Le Misanthrope,
- Amphitryon,
- L'Avare,
- Le Tartuffe,
- Les Fourberies de Scapin,
- Le Bourgeois Gentilhomme,
- Les Femmes Savantes,
- Le Malade Imaginaire.
Même si son art tenait du classicisme, Molière n'hésitait pas à remettre en cause les normes sociétales. Il mourut quelques heures après avoir joué le rôle du Malade Imaginaire pour la 4ème fois.
Jean de La Fontaine
Jean de La Fontaine est un poète qui s'est beaucoup inspiré des fabulistes comme Ésope pour écrire ses Fables, des textes courts en vers comportant une morale. Il s'est toujours tenu à l'écart de la cour mais fréquentait ardemment les salons ainsi que le marquis Nicolas Fouquet. Ses Fables sont célèbres dans le monde entier. Elles dépeignent les caractères humains en prenant généralement pour acteurs des animaux. Les recueils de ses fables sont des chefs d’œuvres de la littérature française. Qui plus est, elles sont assez agréables à lire !
Charles Perrault
Charles Perrault est un écrivain de contes très connu pour son recueil, Les Contes de la Mère l'Oye. Il est à l'origine de nombreux contes aujourd'hui popularisés par la franchise Disney comme La Belle au Bois Dormant ou encore Cendrillon. Son travail consistait donc à capter ces histoires orales pour les retranscrire. Il était aussi le chef de file des Modernes dans la querelle des anciens et des modernes. Il est aussi l'auteur de nombreux textes religieux. On considère généralement qu'il est l'un de ceux qui ont mis en forme le Conte de Fées.
Jean Racine
Jean Racine est un dramaturge à qui l'on doit de nombreuses pièces de théâtres du genre tragique et reprenant les personnages de la mythologie grecque comme protagonistes. Ainsi, il est l'auteur d'Andromaque, d'Iphigénie ou encore de Phèdre. Il était souvent opposé à Corneille qui écrivait des pièces plus optimistes.
Madame de Lafayette
Madame de Lafayette (ou La Fayette) est une femme de lettres ayant versé dans le classicisme ainsi que dans la préciosité. Elle est l'auteur de plusieurs romans et nouvelles dont les plus célèbres sont La Princesse de Clèves et Zaïde. Plus tard, Voltaire dira d'elle :
"Sa Princesse de Clèves et sa Zaïde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables".
Voici un tableau récapitulatif des auteurs français du XVIIème siècle les plus célèbres :
Auteur | Dates | Œuvres |
---|---|---|
René Descartes | 1596-1650 | Discours de la Méthode |
Pierre Corneille | 1606-1684 | Le Cid, Médée, L'Illusion Comique |
Madeleine de Scudéry | 1607-1701 | Ibrahim ou l’Illustre Bassa, Artamène ou le Grand Cyrus, Clélie, histoire romaine |
Jean de la Fontaine | 1621-1695 | Le Lièvre et la Tortue, Le Lion et le Rat, la Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard |
Molière | 1622-1673 | L'Ecole des Femmes, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Malade Imaginaire, L'Avare, Le Tartuffe |
Pascal | 1623-1662 | Pensées, Les Provinciales |
Mme de Sévigné | 1626-1696 | Lettres |
Charles Perrault | 1628-1703 | Peau d'Âne, La Belle au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, Cendrillon, Le Petit Poucet |
Mme de Lafayette | 1634-1693 | La Princesse de Clèves, Zaïde, La Princesse de Montpensier, La Comtesse de Tende |
Nicolas Boileau | 1636-1711 | Les Satires, Le Lutrin, L'Art Poétique |
Jean Racine | 1639-1699 | Andromaque, Britannicus, Bérénice, Iphigénie, Phèdre |
La Bruyère | 1645-1696 | Les Caractères |
Les thèmes littéraires à l'aube du XVIIIème siècle
L'idéal de l'honnête homme
C'est un idéal de l'âge classique. L'honnête homme est d'abord un homme de la bonne société. La qualité première est la mesure : s'il est cultivé, il ne le montre pas trop ; s'il est passionné, il doit se maîtriser ; son goût doit s'écarter des extrêmes et cultiver la nuance. Dans les comédies de Molière, les hommes de bon sens qui s'opposent aux esclaves de leurs vices et de leurs obsessions représentent bien cet idéal ; c'est par exemple Chrysalde quand il s'efforce de raisonner Arnolphe dans l'École des femmes. Voici un extrait de La Bruyère dans lequel il décrit le portrait d'une personne allant à l'encontre de l'idéal de l'honnête homme :
"J'entends Théodecte de l'antichambre; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche; le voilà entré : il rit, il crie, il éclate, on bouche ses oreilles, c'est un tonnerre. Il n'est pas moins redoutable par les choses qu'il dit que par le ton dont il parle. Il ne s'apaise, et il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanités et des sottises. Il a si peu d'égard au temps, aux personnes, aux bienséances, que chacun a son fait sans qu'il ait eu l'intention de le lui donner; il n'est pas encore assis qu'il a, à son insu, désobligé toute l'assemblée. A-t-on servi, il se met le premier à table et dans la première place; les femmes sont à sa droite et à sa gauche. Il mange, il boit, il conte, il plaisante, il interrompt tout à la fois. Il n'a nul discernement des personnes, ni du maître, ni des conviés; il abuse de la folle déférence qu'on a pour lui. Est-ce lui, est-ce Euthydème qui donne le repas ? Il rappelle à soi toute l'autorité de la table; et il y a un moindre inconvénient à la lui laisser entière qu'à la lui disputer. Le vin et les viandes n'ajoutent rien à son caractère; Si on joue, il gagne au jeu; il veut railler celui qui perd, et il l'offense; les rieurs sont pour lui : il n'y a sorte de fatuités qu'on ne lui passe".
La querelle des anciens et des modernes
Le culte classique de l'Antiquité provoque dans le dernier tiers du siècle une polémique très vive entre les partisans résolus de l'Antiquité, et les modernes, pour lesquels l'évolution du monde, des mentalités et de la pensée exige la création de chefs-d'œuvre nouveaux qui se libèrent de l'admiration inconditionnelle des modèles anciens. Dans cet extrait d'Art Poétique de Boileau, l'auteur met en avant le talent de Malherbe qui a renouvelé les doctes poétiques face aux anciens du XVIème siècle :
"Enfin Malherbe vint, et, le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. Par ce sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber. Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté".
Plaire et instruire
Voici un extrait de Critique de l'Ecole des Femmes qui illustre bien la volonté de Molière de faire rire tout en instruisant :
"URANIE : Mais, de grâce, Monsieur Lysidas, faites-nous voir ces défauts, dont je ne me suis point aperçue. LYSIDAS : Ceux qui possèdent Aristote et Horace voient d'abord, Madame, que cette comédie pèche contre toutes les règles de l'art. URANIE : Je vous avoue que je n'ai aucune habitude avec ces messieurs-là, et que je ne sais point les règles de l'art. DORANTE : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez tous les jours. Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde; et cependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l'on prend à ces sortes de poèmes; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait aisément tous les jours, sans le secours d'Horace et d'Aristote. Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin. Veut-on que tout un public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun ne soit pas juge du plaisir qu'il y prend ? URANIE : J'ai remarqué une chose de ces messieurs-là : c'est que ceux qui parlent le plus des règles, et qui les savent mieux que les autres, font des comédies que personne ne trouve belles"
Vous savez désormais tout ce qu'il faut savoir concernant la littérature au XVIIème siècle et les auteurs qui l'ont fait vivre. Pour en savoir plus sur la littérature française ou les courants littéraires, Superprof vous invite à consulter ses autres articles ou même à prendre des cours particuliers avec un professeur de français pour vous améliorer !
Si vous désirez une aide personnalisée, contactez dès maintenant l’un de nos professeurs !
Merci de votre precieuse documentation.
Bien expliqué merci
Merci infiniment 🔥
S’il vous plaît j’aimerais savoir quelles sont les sources de cet article
Bonjour,
Les sources de cet article sont plusieurs sites comme universalis ou etudes-litteraires.com pour les détails et ma connaissance personnelle de la littérature du XVIIème siècle pour l’ensemble.
N’hésitez pas à faire des retours si vous constatez une erreur.
Bonne journée !
Merci beaucoup de votre explications.
trop bien
Très persppicace