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C'est parti

Première partie : 1H30

Quand j'avais six ou sept ans, j'ai été volé. Je ne m'en souviens pas vraiment, car j'étais trop jeune, et tout ce que j'ai vécu ensuite a effacé ce souvenir. C'est plutôt comme un rêve, un cauchemar lointain, terrible, qui revient certaines nuits, qui me trouble même dans le jour. Il y a cette rue blanche de soleil, poussiéreuse et vide, le ciel bleu, le cri déchirant d'un oiseau noir, et tout à coup des mains d'homme qui me jettent au fond d'un grand sac, et j'étouffe. C'est Lalla Asma qui m'a achetée.

C'est pourquoi je ne connais pas mon vrai nom, celui que ma mère m'a donné à ma naissance, ni le nom de mon père, ni le lieu où je suis née. Tout ce que je sais, c'est ce que m'a dit Lalla Asma, que je suis arrivée chez elle une nuit, et pour cela, elle m'a appelée Laïla, la Nuit. Je viens du Sud, de très loin, peut-être d'un pays qui n'existe plus. Pour moi, il n'y a rien eu avant, juste cette rue poussiéreuse, l'oiseau noir, et le sac.

Ensuite je suis devenue sourde d'une oreille. Ça s'est passé alors que je jouais dans la rue, devant la porte de la maison. Une camionnette m'a cognée, et m'a brisé un os dans l'oreille gauche.

J'avais peur du noir, peur de la nuit. Je me souviens, je me réveillais quelquefois, je sentais la peur entrer en moi comme un serpent froid. Je n'osais plus respirer. Alors je me glissais dans le lit de ma maîtresse et je me collais contre son dos épais, pour ne plus voir, ne plus sentir. Je suis sûre que Lalla Asma se réveillait, mais pas une fois elle ne m'a chassée, et pour cela elle était vraiment ma grand-mère.

Longtemps j'ai eu peur de la rue. Je n'osais pas sortir de la cour. Je ne voulais même pas franchir la grande porte bleue qui ouvre sur la rue, et si on essayait de m'emmener dehors, je criais et je pleurais en m'accrochant aux murs, ou bien je courais me cacher sous un meuble. J'avais de terribles migraines, et la lumière du ciel m'écorchait les yeux, me transperçait jusqu'au fond du corps.

Même les bruits du dehors me faisaient peur. Les bruits de pas dans la ruelle, à travers le Mellah, ou bien une voix d'homme qui parlait fort, de l'autre côté du mur. Mais j'aimais bien les cris des oiseaux, à l'aube, les grincements des martinets au printemps, au ras des toits. Dans cette partie de la ville, il n'y a pas de corbeaux, seulement des pigeons et des colombes. Quelquefois, au printemps, des cigognes de passage qui se penchent en haut d'un mur et font claquer leur bec.

Pendant des années, je n'ai rien connu d'autre que la petite cour de la maison, et la voix de Lalla Asma qui criait mon nom : " Laïla ! " Comme je l'ai déjà dit, j'ignore mon vrai nom, et je me suis habituée à ce nom que m'a donné ma maîtresse, comme s'il était celui que ma mère avait choisi pour moi. Pourtant je pense qu'un jour quelqu'un dira mon vrai nom, et que je tressaillirai, et que je le reconnaîtrai.

Questions   Une enfance volée

Quel événement le personnage principal a-t-il vécu comme un " cauchemar " ?  A quelles époques de sa vie renvoient les présents " Je ne m’en souviens pas " (ligne 1) et " j’étouffe " (ligne 5) ? Justifiez votre réponse en précisant la valeur de ces présents.   En vous appuyant uniquement sur le texte, dites de quoi la narratrice se sent privée à la suite de l’événement mentionné dans la question 1.   Relevez les deux groupes nominaux qui désignent Lalla dans le texte. Pour quelles raisons la narratrice utilise-t-elle chacune de ces deux expressions ?

Une vie immobile

Relevez quatre indications temporelles. Pourquoi ne permettent-elles pas d’établir une chronologie précise du récit ?

 

Des lignes 14 à 27 quel est le temps dominant ? Quel est l’effet produit par l’emploi

de ce temps ?

La " grande porte bleue " délimite une frontière entre deux mondes, lesquels ? Classez les indications spatiales se rapportant à chacun d’eux.

La " grande porte bleue " délimite une frontière entre deux mondes, lesquels ? Classez les indications spatiales se rapportant à chacun d’eux.

L’enfermement de Laïla lui est-il totalement imposé ? Justifiez votre réponse.    En quête d’humanité

" Je me souviens, je me réveillais quelquefois, je sentais la peur entrer en moi comme un serpent froid. " Identifiez et explicitez la figure de style de la ligne contenue dans cette phrase.   Classez les différents oiseaux en fonction de leurs connotations dans le texte et expliquez votre répartition.  a. Quelles sont les peurs de Laïla ? Expliquez-les en citant le texte." la lumière du ciel m’écorchait les yeux " (ligne 22), quel est l’effet produit par le choix de ce verbe ?

 

" je le reconnaîtrai " (lignes 31-32)

A quelle classe grammaticale appartient " le " ? Quel mot remplace-t-il ? Pourquoi

ce mot est-il si important pour la narratrice ? Identifiez le temps et le mode de " reconnaîtrai ". En quoi révèlent-ils un changement d’état d’esprit chez Laïla ?

Réécriture

Réécrivez le passage de " j’ignore mon vrai nom… " (ligne 29) jusqu’à la fin, en remplaçant " je " par " elle " et en transposant le texte au passé. Respectez la valeur des temps.

Correction

Questions (éléments de corrections) Une enfance volée

L'événement vécu comme un " cauchemar " par le personnage principal est son enlèvement

dans la rue, alors qu'elle avait 6 ou 7 ans.

" Je ne m’en souviens pas " (ligne 1) correspond au moment de l'écriture, c'est un présent d'énonciation; et " j’étouffe " (ligne 5) renvoie au jour où Laïla a été enlevée, c'est un présent de narration, utilisé ici pour renforcer l'impact de la scène sur le lecteur.   La narratrice dit à la ligne 7 : " je ne connais pas mon vrai nom " ; ligne 8 : " ni le nom de mon père, ni le lieu où je suis née ". Elle se sent comme coupée de ses racines, privée de sa véritable identité.   La narratrice désigne Lalla Asma par " ma maîtresse " (ligne 16 et 30) et " ma grand-mère " (ligne 18). Bien que Lalla Asma soit sa "propriétaire", qu'elle doive la considérer comme telle, Laïla trouve auprès d'elle chaleur et réconfort; il y a entre elles un lien quasi familial.

Une vie immobile

" Quand j'avais six ou sept ans "(l.1), " une nuit " (l.9), " ensuite " (l.12), " longtemps "(l. 19), " au printemps " (l.26), " Pendant des années " (l 28). Ces indications temporelles ne permettent pas d’établir une chronologie précise du récit car elles désignent des périodes qui se mélangent et se confondent dans le temps.   Des lignes 14 à 27 le temps dominant est l'imparfait, ce qui a pour effet d'accentuer l'aspect un peu "vague" du récit, comme le souvenir d'émotions habituelles, privées de contours.   La " grande porte bleue " délimite la frontière entre le monde intérieur de la maison où Laïla se sent protégée et "le monde du dehors", qui lui est inconnu et reste dangereux pour elle.

IntérieurExtérieur
"rue blanche de soleil, poussiéreuse et vide" (l .4)
"le ciel bleu" (l. 4)
" dans la rue, devant la porte de la maison" (l .12)
"les bruits de pas dans la ruelle, à travers le Mellah"
"de l'autre côté du mur" (l.24)
"au ras des toits" ( l .25)
"chez elle" (l. 9)
"dans le lit" (l .15)
"la cour" (l .19)
"sous un meuble" (l .21)
"la petite cour de la maison" (l .28)

Non, Laïla pourrait sortir mais elle a peur : elle s'enferme elle-même et veut rester seule, dans son propre monde où elle se sait en sécurité.

En quête d’humanité

" Je me souviens, je me réveillais quelquefois, je sentais la peur entrer en moi comme un serpent froid. " C'est une comparaison (réponse acceptée : métaphore allégorique). La peur s'insinue en Laïla. Elle subit cette influence maléfique qui la glace et la paralyse.   Les différents oiseaux peuvent être classés en deux catégories : - oiseaux de mort (ou du mal, ou qui lui font peur, ou autre formulation) : " l'oiseau noir ", " le corbeau " - oiseaux de renaissance (ou de joie, voyage, printemps, etc…) : " les martinets, les cigognes, les colombes, les pigeons ".   a. Laïla a peur du noir (l.14), peur de la rue (l.19), et des bruits extérieurs (l.23). Comme beaucoup d'autres petites filles, elle a peur de la nuit, peur liée au sac où des mains d'homme l'ont tenue enfermée; traumatisme de son enlèvement en pleine rue, où, plus tard, elle a également perdu l'ouïe.

" écorchait " : La lumière du jour lui est insupportable. Le verbe suggère la douleur, voire la torture.

" je le reconnaîtrai " (ligne 31-32)

" le "  est un pronom personnel (complément). Il remplace " mon nom ". Il est important (et répété plusieurs fois) parce qu'elle ne connaît pas ce nom et que, privé de lui, elle n'a pas le sentiment d'exister. Quand il lui sera enfin révélé, elle prendra vie. b. " reconnaîtrai " est conjugué au futur simple de l'indicatif. Ce mode et ce temps témoignent de la confiance retrouvée de Laïla. Elle se sait un avenir, lié à ce nom qu'il lui reste à découvrir. Elle est pleine d'espoir.

Réécriture

Elle ignorait son vrai nom, et elle s’était habituée à ce nom que lui avait donné sa maîtresse, comme s'il était celui que sa mère avait choisi pour elle. Pourtant elle pensait qu'un jour quelqu'un dirait son vrai nom, et qu’ elle tressaillirait, et qu’elle le reconnaîtrait.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !