Dans ce cours, nous allons définir ensemble ce qu’est un poème versifié, ses caractéristiques, et ses formes les plus communes. Et pour ce faire, nous nous aiderons évidemment d’exemples, qui vous permettront de mieux comprendre ce dont on parle !

Il faut savoir dès à présent que le titre d’un poème ne se souligne pas ; il se met entre guillemets. En revanche, on soulignera le titre du recueil dont il est issu (ou on le mettra en italiques dans le cadre d’une rédaction informatique) - car un livre rempli de poèmes s’appelle un recueil, et on mettra entre parenthèses la date de publication dudit recueil.

Par exemple, on écrira : « L’Albatros », Les fleurs du mal, par Charles Baudelaire.

À noter aussi que nous réserverons une place en fin de cours pour le poème en prose.

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Définition du poème

D’après le dictionnaire du Trésor informatique de la Langue française (disponible via le site CNRTL.fr), le « poème » se définit comme suit : 

Pièce de vers caractérisée par l'application de règles prosodiques particulières.

Dès lors, qu’est-ce qu’un vers ?

Le vers

D’après ce même dictionnaire, un « vers » est définit comme suit :

Segment d'énoncé constituant une unité d'ordre rythmique et phonique fondée sur des règles retenant soit la quantité, l'accentuation soit le nombre des syllabes, et marqué par une légère pause à la lecture et, dans le texte, par une disposition unilinéaire.

Comment est présentée Perette par La Fontaine ?
Le Rêve, Gustave Courbet, 1844

Forme d’un vers

Le début d’un vers est toujours marqué par une majuscule. La fin d’un vers est toujours marquée par un retour à la ligne.

Par exemple, le poème « Tard dans la vie » de Pierre Reverdy commence ainsi : 

Je suis dur

Je suis tendre

Et j’ai perdu mon temps

À rêver sans dormir

À dormir en marchant

Ces quatre lignes sont donc autant de vers différents.

Remarque : à l’écrit, si le vers dépasse la longueur de la feuille, alors la fin du vers ne s'aligne pas sur la marge de gauche comme dans la poésie classique (jusqu'au XIXème siècle), ou comme en prose, mais sur la marge de droite, après un crochet (« [ »).

Enjambement, rejet, contre-rejet

Attention cependant : un vers n’est pas obligatoirement une phrase ! Au contraire, le poète peut jouer avec cette attente et faire finir dans un deuxième vers une phrase commencée dans un premier vers. On parle alors d’enjambement. Par exemple, dans le poème « L’Horloge », de Charles Baudelaire :

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! — Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Ici, « la Seconde chuchote » est un groupe de mots qui fonctionne ensemble. Mais pour le mettre en valeur autant que pour figurer en image et en rythme la cadence de la seconde elle-même, Baudelaire choisit de passer à un nouveau vers au moment de dire son verbe.

L’enjambement est donc une mise en valeur qui permet les rejets et les contre-rejets :

  • un rejet est le fait de finir le sens d’un vers au vers suivant ;
  • un contre-rejet est le commencement d’un vers au vers précédent.

Voici un exemple (en rouge) pour chacune de ces deux situations :

Pour le rejet, dans le poème « Odelette IV » d’Henri de Regnier :

Si j’ai parlé
De mon amour, c’est à l’eau lente
Qui m’écoute quand je me penche
Sur elle ; si j’ai parlé […]

Pour le contre-rejet, dans le poème « Nevermore » de Paul Verlaine :

Souvenir, souvenir que me veux-tu ?
L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone

Groupes de vers

Les groupes de vers qui composent un poème s'appellent des strophes.

Il n'y a pas d’alinéa au début de la strophe, contrairement à la marque du début de paragraphe en prose.

Ces strophes ont des noms différents selon le nombre de vers qui les composent :

Nombre de vers dans la stropheNom de la stropheExemple
2 versDistique« Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé. »
« Fêtes galantes », Paul Verlaine
3 versTercet« Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. »
« Sonnets à Hélène », Pierre de Ronsard
4 versQuatrain« Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! »
« Harmonie du soir », Charles Baudelaire
5 versQuintil « Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles !
C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas. »
« Fantômes », Victor Hugo
6 versSizain« Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel. »
« L’amoureuse », Paul Éluard

Remarque : on appelle « stance » une strophe de vers qui forme un sens complet. Par exemple, dans le poème « Stances à Marquise », de Pierre Corneille :

Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.

Quelle est la définition du fantastique ?
Moritz von Schwind, Apparition dans la forêt, vers 1858, huile sur toile, 42 x 63 cm (collection Schack, Munich)

Forme des vers

Les vers sont composés de syllabes, qu’on appelle « pieds » en poésie.

Selon le nombre de « pieds » qu’ils renferment, les vers ont un nom différent :

Nombre de piedsNom du versExemples
1Monosyllabe
2Dissyllabe« Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort. »
« Les Djinns », Victor Hugo
3Trissyllabe« Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort. »
« Les Djinns », Victor Hugo
4Tétrasyllabe « La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée... »
« La Bonne Chanson », Paul Verlaine
5Pentasyllabe « Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil. »
« L’Éternité », Arthur Rimbaud
6Hexasyllabe« Semez, semez la graine,
Je connais la chanson
Que chante la sirène
Au pied de la maison... »
« Siramour », Robert Desnos
7Heptasyllabe« Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera. »
« En sourdine », Paul Verlaine
8Octosyllabe« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
[…] »
« Demain, dès l’aube », Victor Hugo
9Ennéasyllabe« De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. »
« Art Poétique », Paul Verlaine
10Décasyllabe « Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
O recompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux ! »
« Le cimetière marin », Paul Valéry
11Hendécasyllabe « Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert. »
« Larme », Arthur Rimbaud
12Alexandrin« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »
« Spleen », Charles Baudelaire
12 ou plusVers libre« Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation »
« Zone », Guillaume Apollinaire

Pour compter correctement le nombre de syllabes, il faut observer certaines règles :

  • le -e muet en fin de vers ne compte pas (il n'est d'ailleurs pas prononcé) ;
  • le -e muet suivi d'un son vocalique (c’est-à-dire d’une voyelle) ne compte pas. Par exemple, ce vers de Rimbaud du poème « Sensation » est un alexandrin (il ne faut pas y compter les « -e » : « Par la Natur(e), - heureux comm(e) avec une femm(e) » ;
  • le -e muet suivi d'un son consonantique (c’est-à-dire d’une consonne) compte. Par exemple, le vers suivant extrait de la pièce Iphigènie du dramaturge Jean Racine est un alexandrin (il faut y compter les « -e ») : « On ne m’abuse point par des promesses vaines » ;
  • le poète peut faire prononcer en deux sons ce qu'habituellement on ne prononce qu'en un seul : c'est une diérèse. Par exemple, dans ce vers du poème « Harmonie du soir », de Charles Baudelaire, il faut compter trois syllabes pour « violon » : « Le violon gémit comme un cœur qu’on afflige ».

À noter : jusqu’au XIXème siècle, la poésie était exclusivement en vers. À partir de la seconde moitié du XIXème siècle, les poètes se sont peu à peu libérés des contraintes portant sur la longueur du vers : c'est l'invention du vers libre. La poésie peut alors prendre l'apparence de la prose.

Par exemple, dans ce poème de Guillaume Apollinaire, « Vendémiaire », le poète s’amuse à insérer des vers de treize pieds au milieu d’alexandrins :

Écoutez-moi je suis le gosier de Paris
Et je boirai encore s’il me plaît l’univers

Écoutez mes chants d’universelle ivrognerie

Et la nuit de septembre s’achevait lentement
Les feux rouges des ponts s’éteignaient dans la Seine
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine

Les rimes

Une rime consiste en la répétition de sons identiques à la fin de plusieurs vers.
Pour l’explication, on désignera par des lettres chaque rime différant l’une de l’autre : a, b, c...

La disposition des rimes

Il existe, dans les poésies classique et romantique, trois manières de faire suivre ses rimes.

Il y a les rimes plates, soit a-a-b-b. Par exemple, dans « La fontaine de sang » de Charles Baudelaire :

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.

Il y a les rimes croisées, soit a-b-a-b. Par exemple, dans le poème « Demain dès l’aube » de Victor Hugo :

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Il y a enfin les rimes embrassées, soit a-b-b-a. Par exemple, dans « Mon rêve familier » de Paul Verlaine : 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est chaque fois ni tout-à-fait la même,
Ni tout-à-fait une autre, et m'aime et me comprend.

La valeur des rimes

On juge de la valeur des rimes au nombre de sons qui sont répétés entre chaque rime, sachant que chaque son est codifié par un signe de l'Alphabet Phonétique International.

Voici comment elles sont classées :

ExempleNombre de son(s) en communSon(s) en commun (selon l’API)Valeur (ou nom) de la rime
pensées/croisées1[e]Rime pauvre
âme/femme2[am]Rime suffisante
capitaine/lointaine3 ou plus[ten]Rime riche

Genre des rimes

Les rimes ont aussi un genre, c’est-à-dire qu’on leur donne un genre « féminin » ou « masculin » selon leurs caractéristiques.

Une rime est féminine si et seulement si elle se termine par un -e muet. Par exemple, dans le poème « La Mort et le Bûcheron », de Jean de la Fontaine : 

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.

où les deux mots en rouge qui riment, « ramée » et « enfumée », se terminent par un -e qui ne se prononce pas.

Quelle est l'ambition d'Apollinaire dans Zone ?
Carl Spitzweg, Le Pauvre Poète, 1839

Toutes les autres rimes… sont masculines ! Par exemple, dans cet extrait, les deux mots en vert (« ans » et « pesants »), sont des rimes masculines.

La poésie classique faisait alterner les rimes masculines et féminines. Avant le XIXème siècle, la poésie fait donc suivre des rimes avec des -e muets et d’autres rimes, ou inversement. Lisez donc ce poème de Pierre de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », datant du XVIème siècle, pour vous en rendre compte !

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
.
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Les autres effets de sonorité

Dans un poème, il n’y a pas qu’en fin de vers où l’on peut faire jouer les sons entre eux. On peut au contraire trouver :

  • Des reprises de mots ou de groupes de mots qui créent un effet de sonorité et de rythme. À ce titre, une reprise en début de vers ou de strophe d’une même expression se nomme une anaphore.

Par exemple, dans ce poème de Luc Plamondon, intitulé « Hymne à la beauté du monde » :

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le chant des oiseaux
Ne tuons pas le bleu du jour

  • des reprises de sons à l'intérieur des vers, dans des mots différents mais proches

Par exemple, dans ce poème « Il est grand temps de rallumer les étoiles », de Guillaume Apollinaire :

Les servants se hâtèrent
Les pointeurs pointèrent
Les tireurs tirèrent
Et les astres sublimes se rallumèrent l'un après l'autre

  • une répétition de son vocalique, qui s’appelle une assonance : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant » (Verlaine, « Mon rêve familier »)
  • une répétition de son consonantique, qui s’appelle une allitération : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » (Racine, Andromaque)
Comment la vertu se définie-t-elle chez Montaigne ?
Henri Rousseau, Tiger in a Tropical Storm (Surprised!)

Beaucoup d’autres figures de style sont utilisées en poésie pour jouer sur les sons. Parmi les plus connues, on peut citer :

Figure de StyleTypeUtilisationExemple
MétaphoreAnalogieRapprocher un élément d'un autre sans outil de comparaisonUne beauté divine.
AllégorieAnalogieReprésenter une idée de façon imagéeMarianne est une allégorie de la République.
PersonnificationAnalogieReprésenter une chose ou un animal sous les traits d'une personneLa chaise est habillée d’une toile.
ComparaisonAnalogieRapprocher un élément d'un autre en utilisant un outil de comparaisonIl est beau comme un dieu.
AnimalisationAnalogieReprésenter une chose ou une personne sous les traits d'un animalIl avait les dents d’un loup.
AntithèseOppositionRapprocher deux mots très opposés pour souligner leur opposition« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Corneille)
OxymoreOppositionAlliance de deux mots de signification opposéeUn soleil noir.
ParadoxeOppositionAffirmation allant à l'encontre de la logiqueC’est le plus faible qui a gagné.
AntiphraseOppositionExprimer une idée par son contraireIl est tout rouge, il ne s’est pas beaucoup dépensé.
MétonymieSubstitutionDésigner une réalité par l'une de ses caractéristiques ou un terme ayant un lien logique avec elleIl est mort par le fer.
PériphraseSubstitutionRemplacer un mot par un groupe de mot de sens équivalentLe pays du fromage est connu de tous.
HyperboleAmplificationExagérationEn courant comme cela, tu m’as tué !
GradationAmplification/AtténuationProgression croissante ou décroissanteIl est chétif, il est faible, il est mort.
AnaphoreAmplificationRépétition de mots, groupes de mots ou d'une construction en début de phrase« Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, / Mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire. » (Corneille)
LitoteAtténuationDire le moins pour en comprendre le plus : atténuer une idée pour lui donner plus de force« Va, je ne te hais point. » (Corneille)
PrétéritionAtténuationFaire semblant de ne pas vouloir dire quelque chose mais le dire quand même« DUPOND : Mon cher, si vous comptez sur nous pour vous révéler qu'il s'agit de trafic d'avions, vous vous trompez lourdement. Motus et bouche cousue, c'est notre devise. » (Hergé)
EuphémismeAtténuationRemplacer une réalité par une expression moins bruteIl nous a quittés. (pour dire : « Il est mort. »
JuxtapositionConstructionAllier deux groupes de mots sans mot de liaisonJe l’aime, je m’en vais.
AsyndèteConstructionAbsence de mots de liaison entre deux groupes de mots liés par le sensJe l’aime, je la désire.
PolysyndèteConstructionExagération des mots de liaison entre plusieurs groupes de mots« Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune. » (Racine)

Jeux sur le rythme

Le poète peut aussi s’amuser avec le rythme.

Le milieu d’un vers s’appelle l’hémistiche : c’est un endroit parfait pour créer un effet de rythme binaire (donc en deux temps) agréable à l’oreille. Par exemple, dans ce poème des Contemplations, de Victor Hugo :

J’irai par la forêt, j’irai par la montagne

Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit

Le rythme d’un vers peut être aussi être ternaire (donc en trois temps), ce qui n’est pas moins agréable. Par exemple, dans Surena, de Pierre Corneille :

Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir

Enfin, quand il y a quatre temps, on parle de rythme tétramétrique, et il intervient souvent dans l’alexandrin. Par exemple, dans Phèdre de Jean Racine :

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.

La poésie en prose

Finissons cette revue poétique par l’évocation d’un type de poésie particulier : le poème en prose.

On l’aura compris : la poésie est avant tout une affaire de jeux avec les sons et avec les rythmes . Certains poètes ont poussé cette vérité jusqu’à faire de la poésie en prose, c’est-à-dire en supprimant le vers.

On doit cette invention à Charles Baudelaire, qui nous a légué dans une publication posthume le recueil Le Spleen de Paris, aussi connu sous le nom de Petits poèmes en prose. Voilà ce que cela donne par exemple dans le poème « Le désespoir de la vieille » :

La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile, comme elle, la petite vieille, et, comme elle aussi, sans dents et sans cheveux.

Et elle s'approcha de lui, voulant lui faire des risettes et des mines agréables.

Mais l'enfant épouvanté se débattait sous les caresses de la bonne femme décrépite, et remplissait la maison de ses glapissements.

Alors la bonne vieille se retira dans sa solitude éternelle, et elle pleurait dans un coin, se disant: -- « Ah ! pour nous, malheureuses vieilles femelles, l'âge est passé de plaire, même aux innocents ; et nous faisons horreur aux petits enfants que nous voulons aimer ! »

L’existence de poèmes en prose a surtout un bénéfice : nous apprendre que la poésie se trouve partout, en tous lieux et dans toute idée, sans qu’existe pour cela le besoin de faire des vers.

Alors allez vous-même la chercher, la trouver, la construire ou la célébrer !

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !