Homme de théâtre illustre de la première moitié du XXème siècle, Jacques Copeau disait :

« J'appelle convention au théâtre l'usage et la combinaison infinie de signes et de moyens très limités, qui donnent à l'esprit une liberté sans limite et laissent à l'imagination du poète toute sa fluidité. »

Ainsi, on appelle « convention théâtrale » les éléments d'une pièce qui ne sont ni vraisemblables, ni réalistes (comme des dialogues en vers, des interprétations de rôles, des planches de bois vertes qui font une forêt, etc.) mais qui sont considérés par les spectateurs comme acceptables, signifiantes et nécessaires à la représentation.

Cela sous-entend un partage de normes : les artistes et les spectateurs ont les mêmes codes, ce qui leur permet d'établir le dialogue.

La convention la plus évidente au théâtre est l'absence de quatrième mur. L'aparté en est une autre.

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Pierre Auguste Renoir a peint les grands boulevards de Paris (1875), lieux où se tiennent les pièces de théâtre les plus populaires de son époque
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C'est parti

Spécificité du théâtre

La langue théâtrale ne se résume pas à un texte. Elle est associée à différents éléments qui lui donnent une vitalité sur la scène. Ainsi, il y a des acteurs, qui portent un costume et évoluent dans un décor ; ils utilisent des accessoires.

On peut établir la spécificité du théâtre à travers cinq entités : le texte, la parole, la scène, la représentation et le temps.

Le texte

Il faut bien envisager que le théâtre est d'une nature double : c'est un texte destiné à être représenté. Lorsqu'il est imprimé, il répond déjà à des conventions :

  • Le titre est suivi d'une indication concernant le genre théâtral  de la pièce. Ex : comédie, tragédie, drame, farce, etc.
  • Une pièce de théâtre est généralement divisée en actes , eux-mêmes divisés en scènes
  • Les indications scéniques, laissées par l'écrivain (le dramaturge) à l'intention du metteur en scène, appelées didascalies, sont présentées en caractères italiques

La découpe en acte correspond généralement à une étape importante de l'action, un changement de décor ou de temps. Les scènes, à l'intérieur des actes, annoncent l'entrée ou la sortie d'un ou de plusieurs personnages.

Différentes étapes rythment les pièces traditionnelles :

  • une scène d'exposition (ou plusieurs) qui sont nécessaires à la compréhension de la situation par le spectateur. On comprend qui sont les personnages, quels sont leurs rapports, quel est le genre de la pièce, etc.
  • l'intrigue, qui est une suite de péripéties, la raison de l'histoire
  • le dénouement, qui apporte la résolution de l'intrigue

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La parole

Le dramaturge, au contraire d'un romancier, n'a pas directement la parole. Il fait s'exprimer des personnages ; il n'y a pas de place pour une digression. Il n'y a pas, en fait, de narrateur.

Il faut aussi dire qu'au théâtre, il y a une double énonciation : le personnage parle à la fois pour les autres personnages (ou pour lui-même), et pour les spectateurs.

La parole s'inscrit également toujours dans une action (ou une non-action). De fait, le personnage est toujours « en situation » : il dit quelque chose qui prend sens dans une situation bien particulière. Par exemple, le héros d'une pièce qui parle au public s'exprime pour le renseigner de ce qu'il pense - cela ne se passe pas ainsi dans la vraie vie.

En outre, la parole du théâtre n'est ni la langue parlée, ni la langue écrite. Elle est déclamée (dite à voix haute, sans lire), donc elle n'est pas la langue du roman ou de la poésie et, dans l'illusion de l'histoire, où les spectateurs ne devraient pas exister, elle est censée rappeler la vie réelle. Elle doit donc se rapprocher de la langue parlée. Mais, en même temps, elle n'est pas aussi efficace que le langage courant : elle prend le temps de la beauté, ou de la précision.

Enfin, le choix du registre de langue renseigne sur les intentions de l'écrivain. Par exemple, un langage soutenu annonce une tragédie.

La scène

La scène délimite l'espace de l'action. Puisque celle-là est assez restreinte, il faut utiliser des décors lorsqu'on veut faire changer de lieu ses personnages. Généralement, c'est aux changements de décors que l'on change d'acte.

Le type de décor et l'importance des décors dépendent de l'époque que l'on considère. Ainsi :

  • XVIIème siècle : « théâtre à machine », avec des œuvres à grand spectacle
  • XXème siècle : Brecht refuse l'utilisation de décor pour donner à ses pièces une plus grande valeur symbolique

La représentation

Le mot représentation peut s'entendre de différentes manières :

  • vient du latin repraesentare « rendre présent », qui signifie « rendre sensible un objet aux yeux de quelqu'un ». La pièce doit être incarnée.
  • représenter comme « remplacer », « symboliser » : alors, le théâtre devient une illusion et toutes les réalités qui se déroulent sur scène (texte, acteur, ...) sont là pour représenter d'autres réalités. Toute la pièce est symbole, tout signifie
  • représenter comme re-présenter, c'est-à-dire présenter à nouveau :
  • représenter comme « donneruneimagede », comme vision du monde dont l'auteur témoigne

Surtout, avec tout cela, il faut bien comprendre que la magie du théâtre, c'est que le texte est éternel : l'oeuvre renaît à chaque nouvelle représentation, qui n'est jamais la même.

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Le théâtre est aussi une expérience visuelle comme au cinéma !

Le temps du théâtre

La représentation d'une pièce renferme une temporalité qui lui est propre. Une pièce qui dure 2 heures peut avoir une intrigue qui s'étale sur 24 heures. La parole doit notamment aider le spectateur à se rendre compte à quelle vitesse le temps avance.

Mais ce temps est évidemment double :

  • celui durant lequel les acteurs parlent, qui est le même que celui vécu par les spectateurs
  • celui qui s'écoule entre les actes : cela peut-être quelques heures comme plusieurs années...

Dans le théâtre classique, la règle de l'unité de temps obligeait les dramaturges à faire tenir leur intrigue en 24 heures maximum (dans la temporalité de la pièce).

Les conventions du théâtre

De tout temps, le théâtre a connu des conventions :

  • durant la Grèce antique, les acteurs devaient porter des masques pour signifier des types particuliers de personnages, avec des cothurnes ; en outre, la scène était elle-même très délimitée, pour les entrées et sorties de scènes
  • la commedia dell'arte, en Italie, avec les archétypes (tels Arlequin ou Colombine)
  • le Kabuki et le Nô au Japon
Quels sont les genres de théâtre de la Rome antique ?
Une scène de danse et de musique, mosaïque de Pompéi

Les conventions : une nécessité pour la représentation

A partir du moment où le théâtre se destine à la représentation, il est nécessaire que le spectateur accepte une sorte de contrat pour croire.

La salle de théâtre est un espace qui oppose des contraintes. Il faut pouvoir séparer les acteurs des spectateurs, d'où la scène et les coulisses.

Le décor, également, est l'objet de conventions. Au XVIIème siècle, par exemple, trois toiles peintes, attachées les unes aux autres, représentait un décor simultané, figurant trois lieux proches. Ainsi le décor est censé représenter le réel, tandis que tout le monde sait bien qu'il est faux. Personne ne confond réellement trois branches avec une forêt entière.

C'est que le théâtre est le lieu où les gens acceptent de croire.

La situation de communication

Au moment où la représentation commence, toutes les parties prenantes (acteurs, spectateurs, metteur en scène, auteur, etc.) passent un accord tacite (un accord tu) du fait que l'auteur s'exprime au travers d'acteurs, à destination des spectateurs.

Ainsi, ne pouvant utiliser de narrateur, il utilise des artifices de langage, comme le monologue (personne ne parle à voix haute, tout seul, pour exprimer ce qu'il ressent !) ou l'aparté (tout le monde entendrait, si une personne se mettait à dire ce qu'elle pense à voix haute !).

En outre, le spectateur fait semblant de croire que le personnage se confond avec l'acteur qui l'incarne. Celui-ci ne redevient lui-même qu'une fois la pièce finie, lorsqu'il salue pour remercier le public qui l'applaudit...

Le spectateur est aussi un voyeur : les acteurs doivent faire comme s'ils n'étaient pas là.

Cela dit, le théâtre moderne se plait à remettre en cause ces conventions : on pourra lire Six personnages en quête d'auteur, de Luigi Pirandello (1921).

A quoi correspondait le théâtre durant la Rome antique ?
Giovanni Paolo Panini : Galerie de vues de la Rome antique, 1758

Remise en cause des conventions

Le théâtre de l'absurde s'est plu à remettre en cause le langage théâtral. Deux tenants de ce courant sont Eugène Ionesco (La Cantatrice chauve en 1950 par exemple) et Samuel Beckett (En attendant Godot, 1952). Ils montrent ainsi que le langage n'est pas toujours aisé, et qu'il n'amène pas forcément à la compréhension entre les gens. Cela conduit, fatalement, à la solitude de l'être humain...

Mais d'autres théâtres ont remis en cause d'autres conventions, comme celle de l'illusion par exemple.

Les fonctions du théâtre

  • une fonction de divertissement : le théâtre offre à voir un autre monde
  • une fonction descriptive : représentation de la société, une chance de comprendre l'âme humaine
  • une fonction pédagogique : faire passer des idées, une philosophie
  • une fonction cathartique : catharsis vient du grec « purifier », et cela sous-entend que le théâtre peut évacuer ses mauvais sentiments en les voyant joués sur scène
  • une fonction métaphysique : représentation de l'Homme face à des problématiques essentielles à son statut d'Homme (le destin, le temps, la mort, etc.)

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.