Chapitres
🌅 "Demain, dès l'aube" est l'un des poèmes les plus célèbres du recueil "Les Contemplations" de Victor Hugo. Publié en 1856, le poème exprime la douleur profonde de l'auteur suite à la perte de sa fille adorée, Léopoldine.
🧎♂️ À travers des vers émouvants et introspectifs, Hugo évoque sa visite au cimetière où repose Léopoldine, dévoilant sa peine, sa solitude et son désir de se connecter avec l'au-delà. Les images pittoresques de l'aube, du fleuve et du lieu de sépulture créent une ambiance mélancolique, tandis que la quête de communion avec l'âme de la défunte révèle les thèmes universels de la mort, de la douleur et de l'espoir transcendant la réalité terrestre.
Résumé rapide : un triste adieu 😢
💖 Ce poème est une vraie déclaration d'amour à Léopoldine Hugo, tragiquement disparue. Pour Victor Hugo, cela va bien au-delà d'une simple expression de ses sentiments : il livre ici une incantation. Il souhaiterait pouvoir la voir à nouveau, la tenir dans ses bras. Pour cela, il est prêt à tout, à commencer par entamer ce voyage pour la retrouver. Paysages, sentiments, solitude, nature : les thématiques romantiques sont toutes réunies.
🔆 Toutefois, l'auteur offre ce poème d'une façon pudique. Il n'y a pas d'épanchement, juste de la sincérité, de l'amour et l'expression intime de la douleur de son deuil. Pour Hugo, il n'est pas question de tout montrer mais de suggérer la peine, la souffrance, le manque. À l'image de sa fille, Hugo a choisi de rester dans une réserve touchante mais puissante.
La structure du poème 🌹
Ce poème, particulièrement poignant, est l'un des plus connus de Victor Hugo.
Voici des informations sur sa structure, sa forme et sa tonalité.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Victor Hugo, Les Contemplations, 3 septembre 1847
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
📝 « Demain, dès l'aube » est un poème composé de trois strophes de quatre vers chacune:
- Ces vers sont composés de 12 pieds, ce sont donc des alexandrins ternaires (trimètres romantiques) et binaires en rimes croisées (ABAB)
- Cet effet stylistique crée un rythme à la lecture : le lecteur doit respecter la ponctuation, avec des césures qui divisent le vers en deux hémistiches
Sur le plan stylistique, Hugo utilise une imagerie poétique saisissante pour exprimer ses émotions et ses pensées. Les images du voyage, de la nature et de la lumière se mêlent à la douleur personnelle de l'auteur. Le poème est narré à la première personne, invitant le lecteur à partager l'intimité des pensées du poète.
🛻 La progression thématique suit une structure chronologique. Le poème commence par une anticipation du voyage du poète au lendemain, à l'aube, vers un lieu de repos spécifique. Cette anticipation crée un suspense subtil pour le lecteur. Chaque quatrain dévoile un fragment de l'émotion et de la réflexion du poète alors qu'il se rend sur la tombe de sa fille. Le ton général est empreint de tristesse, de solitude et de désir de communion avec l'au-delà.
😭 Le dernier quatrain apporte une conclusion touchante, où le poète exprime son désir de se reposer aux côtés de sa fille. Cette conclusion renforce la tonalité mélancolique et témoigne de l'amour éternel du poète pour sa fille disparue.
Ainsi, la structure en quatrains, la métrique régulière, les images évocatrices et la progression thématique soigneusement orchestrée contribuent à faire de "Demain, dès l'aube" un poème riche en émotion et en signification, incarnant les caractéristiques du mouvement romantique.
Piste d'analyse du poème de Victor Hugo 💭
Passons désormais à l'analyse du poème. On distingue trois strophes différentes, chacune agissant comme un nouveau tournant dans le récit.
En quoi ce poème sublime-t-il les retrouvailles entre Hugo et sa fille Léopoldine ?
Un long voyage : vers où ?
L'indication temporelle
⏳ Le premier vers fait référence au départ imminent du narrateur. Ce départ, il l'annonce en trois temps différents :
- « Demain » (2 syllabes)
- « dès l'aube » (2 syllabes)
- « à l'heure où blanchit la campagne » (8 syllabes)
Par là, le narrateur introduit son intention de partir et l'annonce avec l'heure et le moment exact où il le fera. Ce voyage ne se terminera qu'au vers 9, lorsque la journée se termine : « l'or du soir qui tombe ».
Ainsi, ce voyage dure une journée entière et se déroule sans aucune interruption
L'indication spatiale
🍃 La nature prend une place importante au sein du poème. Hugo attache une certaine importance à révéler le paysage, sans pour autant s'attarder sur les détails de celui-ci. Cela donne lieu à une énumération assez sommaire des lieux qu'il dépasse :
- « la campagne »
- « la forêt »
- « la montagne »
Dans les deux premières strophes, le paysage semble donc assez sauvage, bien que les éléments que nous ayons à disposition restent vagues.
⛵️ À partir de la strophe 3, un changement de paysage s'opère : « Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur ». En citant une commune normande, Hugo ancre le poème dans le réel. Fini la campagne et la forêt, nous sommes désormais face à l'eau. Ce chemin aux mille paysages agit également comme un symbole : celui de l'homme prêt à affronter vents et marées pour retrouver celle qu'il aime... Et qu'il a tragiquement perdue.
- La petite commune normande de Harfleur, lieu cité par Hugo dans son célèbre poème « Demain, dès l'aube... ».
La détermination du voyageur
🛣️Le voyageur indique son intention de se mettre en mouvement grâce à plusieurs verbes d'action conjugués au futur simple :
- « Je partirai »
- « J'irai »
- « Je marcherai »
- « J'arriverai »
L'itinéraire est clairement énoncé et chaque verbe marque l'évolution de celui-ci, du départ jusqu'à l'arrivée. À chaque strophe se trouve ces verbes qui marquent une nouvelle étape : on retrouve « je partirai » (v.2) et « j'irai » (v.3) dans la première strophe, qui indiquent l'intention du mouvement ; « je marcherai » (v.5) qui souligne la mise en mouvement ; et enfin « j'arriverai » (v.11) qui traduit la fin de l'action et le but réalisé. Cette répétition de verbe a pour effet de souligner la détermination sans faille du voyageur, qui a déjà intellectualisé les différentes étapes et qui sait pertinemment où il va.
L'expression des sentiments : alliance des registres lyriques et pathétiques
« Demain, dès l'aube... » est un poème rédigé à la première personne, première personne qui s'oppose continuellement au pronom personnel « tu ». Dans le cas présent, Victor Hugo investit le « Je » et Léopoldine est le « Tu ».
Pour le poète, il est question de s'adresser directement à sa fille défunte : le poème devient un prétexte pour lui parler, pour se livrer à elle. Ce dessein est à proprement parler lyrique, l'auteur cherche à exprimer ses sentiments à travers le texte. Mais quels sont les sentiments que nous retrouvons le plus tout au long du poème ?
La solitude
Ce voyage est celui d'un pèlerin, seul face au chemin qu'il décide d'emprunter. Cette solitude se traduit à plusieurs moments dans le texte et est un thème romantique : celui du moi profond confronté à ses sentiments et, notamment, à sa mélancolie.
Ici, le champ lexical de l'absence est omniprésent :
- « loin de toi » (v.4)
- « sans rien » (v.6)
- « aucun » (v.6)
- « seul » (v.7)
👨👧 Cela traduit la solitude totale du poète et le vide qu'il ressent au fond de lui suite à la disparition de sa fille. Même l'univers semble avoir disparu : Hugo est livré à lui-même dans ce drame. Mais cette solitude a un effet bien plus tragique puisqu'elle mène à la dépersonnalisation du narrateur (« inconnu » v.7). De plus, le poète est complètement indifférent au monde extérieur, il est seul dans sa bulle :
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit (...) Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit
Il ne fait plus la différence entre les paysages, ne se soucie plus du temps ni de l'espace. Sa solitude est totale.
La tristesse
❤️🩹 Cette solitude s'accompagne d'une tristesse voire d'une réelle souffrance du narrateur. Face à cela, le lecteur ne peut qu'éprouver de la compassion pour Hugo : c'est toute la force du registre pathétique. La douleur est ici physique et morale, elle est omniprésente, omnipotente, elle englobe littéralement le poète :
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées / Triste
Le rejet du mot « Triste » au vers suivant a pour effet d'accentuer la douleur ressentie. Par ailleurs, cette tristesse se lit également dans le procédé stylistique employé : celui de l'accumulation. La juxtaposition des mots, séparés par une virgule, renforce le poids de la douleur.
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Ça va, Morane, Je voudrai ton aide personalisée
Le premier son est malheureusement entaché d’erreurs de lecture qui font des alexandrins de treize syllabes.
Sur le fond, c’est un excellent commentaire.
Développer la tristesse du poéte
Merci. L’analyse de ce poème de V. Hugo, m’a beaucoup impressionnée. Vous avez touché à tout pour permettre au lecteur de bien saisir le sens et la force de sa pensée. Je me suis bien instruit sur le contenu du langage que le poète a utilisé, son vocabulaire et ses verbes.
Bonjour Henri ! Merci beaucoup pour votre retour. Passez une excellente journée ! 🙂
Mon commentaire est timide de s’adresser au savoir et lui demander de l’aide sur un poème du grand pouvoir de l’écrivain et poète Victor Hugo le titre tout simplement est L’enfance et je n’arrive pas à l’analyser pouvez vous m’aider ?
Désormais, visiter Harfleur sera mon objectif, je suis très touché par ce poême qui reste peut le moment vécu par tout le monde a la disparition d »un être cher
Merci
Merci beaucoup
Merci beaucoup ^_^