Chapitres
- 01. Sa vie
- 02. Son œuvre
- 03. Recueil publiés par Paul Eluard
Paul Eluard, né Eugène Grindel, est un poète français du XXème siècle.
Il fut un membre du courant dada et, plus tard, l'une des figures de proue du surréalisme, aux côtés d'André Breton.
Son action politique, durant la Seconde Guerre Mondiale notamment, a eu beaucoup de poids. Il est considéré comme le poète de la Résistance par excellence et, même une fois la guerre terminée, son action pour la Paix ne s'est jamais relâchée.
Sa vie
Paul Eluard est né à Saint-Denis le 14 décembre 1895. Son père, Clément Grindel, est d'abord comptable puis deviendra directeur d'agence immobilière ; sa mère est couturière.
En 1908, la famille s'installe à Paris et Eluard entre, avec une bourse, à l'école supérieure Colbert. Il doit interrompre ses études à l'âge de seize ans) à cause d'une tuberculose. Il restera hospitalisé au sanatorium de Clavadel jusqu'en février 1914. Il y rencontre une jeune Russe, Helena Diakonova, à qui il donne le surnom de Gala. Elle l'impressionne pour sa forte personnalité et sera la première source de ses élans poétiques amoureux. Ils lisent d'ailleurs ensemble des poètes comme Gérard de Nerval, Lautréamont, Guillaume Apollinaire ou encore Charles Baudelaire.
Il est brièvement mobilisé, comme infirmier militaire, pour la Première Guerre mondiale mais, atteint du bronchite aigüe, il doit être éloigné des combats. Cette expérience le traumatise et il en tire son recueil, publié en 1918, Poèmes pour la Paix.
Il épouse Gala le 14 décembre 1916, qui accouchera d'une fille deux ans plus tard.
La fin de la guerre, en 1918, l'amène à une profonde réflexion sur l'absurdité du monde, qu'il traduit artistiquement par son adhésion au mouvement Dada.
En fondant sa revue Proverbe, Eluard témoigne de son obsession pour les questions relatives au langage. Il est d'ailleurs le seul du groupe à affirmer que le langage peut-être un « but », tandis que ses compagnons le voient d'abord comme un « moyen de détruire ».
En 1922, il promet à André Breton, futur fondateur du mouvement surréaliste, de « ruiner la littérature » et de ne plus rien produire. Dans le recueil Mourir de ne pas mourir, publié en 1924, il note pour exergue « Pour tout simplifier je dédie mon dernier livre à André Breton ». Revenant d'un bref tour du monde, il participera pourtant au pamphlet Un cadavre, réunissant les membres du surréalisme, en réponse aux funérailles nationales réservées à Anatole France.
Dès lors, l'existance d'Eluard se confond avec celle du surréalisme. Il écrit avec Benjamin Péret 152 proverbes mis au goût du jour ; avec André Breton, ce sera L'Immaculée Conception ; et avec René Char, Ralentir travaux.
En 1925, il soutient la révolte marocaine. En 1927 commence son adhésion au Parti Communiste (en compagnie de Louis Aragon et André Breton), qu'il justifie dans le tract Au grand jour.
En 1926 et en 1929 sont respectivement publiés deux de ses plus importants recueil : Capitale de la douleur et L'Amour la poésie.
En 1928, il tombe à nouveau malade et doit repartir au sanatorium. Gala l'accompagne mais ce sera la dernière fois : elle partira vivre avec Salvador Dali, quittant le poète pour le peintre. Paul Eluard, lui, se remariera avec Maria Benz (surnommée Nusch), une artiste de music-hall, en 1934. Il voit en elle l'incarnation même de la féminité, avec qui il éprouve la sensualité, la fidélité et la complicité.
Les années 30 sont pour lui l'occasion de voyager dans toute l'Europe pour diffuser l'esprit du surréalisme, alors que les régimes fascistes commencent à s'imposer. En 1937, il rédige un poème en mémoire du bombardement à Guernica, Victoire de Guernica, tandis qu'il se rapproche de Pablo Picasso. Il lui écrira : « Tu tiens la flamme entre tes doigts et tu peins comme un incendie ». C'est en 1938 qu'Eluard rompt avec André Breton et le mouvement surréaliste, pour des raisons politiques aussi bien que littéraires (il refuse, notamment, le principe de l'écriture automatique).
Il est mobilisé dès septembre 1939 pour l'intendance de la France mais l'armistice est vite signé. En 1942, le couple quitte Paris pour s'installer près des maquis, à Vézelay. Il demande alors sa réinscription au Parti Communiste, de manière clandestine (il en avait été exclu dans le courant des années 30). Son poème Liberté est publié dans le premier numéro de la revue Choix et parachuté par milliers au-dessus de la France.
En 1943, il fait publier, avec d'autres, les textes de poètes résistants dans L'Honneur des poètes. Les artistes y glorifient l'espoir et la liberté. En novembre de la même année, il doit se réfugier, avec Nusch, à l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban, où sont déjà cachés de nombreux juifs et résistants.
Pour cette activité sans relâche, une fois la France libéré, il est considéré, avec Louis Aragon, comme le grand poète de la Résistance.
Commence alors, avec Nusch, une période où il enchaîne les conférences pour la Paix autour du monde. Le 28 novembre 1946, il apprend néanmoins que sa femme est morte subitement d'une hémorragie cérébrale. Il écrit, en sa mémoire :
Vingt huit novembre mil neuf cent quarante-six
Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour
En trop : le temps déborde.
Mon amour si léger prend le poids d'un supplice.
Il retrouvera peu à peu l'espoir et l'envie de vivre, par un cheminement qui est retracé dans le recueil De l'horizon d'un homme à l'horizon de tous.
En avril 1948, il est invité avec Picasso à participer au Congrès pour la paix à Wroclaw. Il publie la même année les Poèmes politiques. Il est le délégué du Conseil mondial de la paix l'année suivante, qui se tient à Paris. En septembre, il est à Mexico pour un nouveau congrès de la paix et y rencontre Dominique Lemort, avec qui il se marie en 1951. Cette même année, symboliquement, pour souligner le renouveau de l'espoir, il publie le recueil Le Phénix.
Il est à Genève en février 1952 pour une conférence au sujet de la Poésie de circonstance. Le même mois, il représente « le peuple français » lors du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Victor Hugo à Moscou.
Il meurt d'une crise cardiaque le 18 novembre 1952, à Charenton-le-Pont. Il sera inhumé au Père-Lachaise, tandis que le gouvernement refusa les funérailles nationales.
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Son œuvre
Le dadaïsme et le surréalisme
Paul Eluard s'est successivement rattaché aux mouvements dada et surréaliste. Sans entrer dans les détails, il convient d'expliquer ici les enjeux de ces courants artistiques.
- Le dadaïsme : mouvement intellectuel, artistique et littéraire du début du XXème siècle, il veut remettre en question les conventions et contraintes idéologiques et esthétiques. Dans le Manifeste littéraire de 1915, signé par Hugo Ball et Richard Huelsenbeck, il se donne pour but de « supprimer le désir pour toute forme de beauté, de culture, de poésie, pour tout raffinement intellectuel, toute forme de goût, socialisme, altruisme et synonymisme. »
- Le surréalisme : il comprend l'ensemble des procédés de création (peinture, cinéma, littérature, musique, etc.) qui puisent dans les forces psychiques (le rêve, l'inconscient, la spontanéité) affranchies du contrôle de la raison. Défini par André Breton dans le premier Manifeste du surréalisme (1924), le surréalisme repose sur la toute-puissance du rêve et sur le désintéressement de la pensée.
Libérer le langage
Les deux mouvements présentés se marient parfaitement avec la volonté essentielle d'Eluard de rendre évidente, par son langage poétique, l'association des mots, des images qui, pourtant, échappe à la logique. Il en est ainsi de son fameux vers :
« La terre est bleue comme une orange »
L'Amour la Poésie, Paul Eluard
Tout est ainsi possible à qui sait voir. Il faut savoir s'affranchir des limites de sa pensée pour trouver l'absolu poétique.
Exaltation du sentiment amoureux
Eluard cherche d'abord, dans sa poésie, à exalter le désir. Son recueil Capitale de la douleur (1926) justifie l'omniprésence de la maladie, de la solitude et de la mort par le prix à payer pour accéder au bonheur.
L'amour égoïste, vécu à deux, sert également au bonheur de tous, comme lorsqu'il glorifie celui qu'il ressent pour Nush. Sa mort est l'occasion d'un espoir fou, d'un authentique recommencement.
Pour le poète, l'amour, par nécessité intérieure, rend possible la vue, la vie, l'envie d'un monde sans horreur, qui s'épanouirait dans toutes les dimensions de l'Homme. La seule exigence à avoir, c'est celle du bonheur :
« Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre ».
Le Château des pauvres, Paul Eluard
Un engagement politique fort
Paul Eluard, comme le montre sa biographie, s'est férocement engagé pour la paix, contre la guerre. On compte ainsi de nombreux écrits explicitement politiques :
- Cours naturel, 1938
- Facile proie, 1938
- Le Livre ouvert, 1941
- Poésie et vérité, 1942
- Poèmes politiques, 1948
- Poème à Staline, Cahiers du communisme, janvier 1950
Le point d'orgue de cette carrière d'engagement se résume peut-être au poème « Liberté » :
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Il est également le poète de la résistance au quotidien. Il écrit ainsi contre l'ordre du monde, sans cesse au branle-bas de combat. La poésie est, pour lui, l'entreprise de désaliénation par excellence, c'est-à-dire le mouvement qui remet en cause les normes et l'aveuglement.
Un dialogue approfondi entre les arts
Paul Eluard était très ami avec des peintres ou des sculpteurs, ce qui l'engageait vers de fréquentes dédicaces ou des collaborations avec eux.
Son recueil Capitale de la douleur, par exemple, recèle de nombreuses œuvres de peinture, signées par Picasso, Miro ou Ernst, qui ont pour intérêt non l'illustration des poèmes, mais plutôt l'engagement d'un dialogue entre les œuvres.
Recueil publiés par Paul Eluard
- 1913 : Premiers Poèmes
- 1916 : Le Devoir
- 1917 : Le Devoir et l'Inquiétude
- 1918 : Pour vivre ici
- 1920 : Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux
- 1923 : L'Amoureuse
- 1924 : La Courbe de tes yeux
- 1924 : Mourir de ne pas mourir
- 1925 : Au défaut du silence
- 1926 : La Dame de carreau
- 1926 : Capitale de la douleur
- 1926 : Les Dessous d'une vie ou la Pyramide humaine
- 1929 : L'Amour la poésie
- 1930 : Ralentir travaux, collaboration avec André Breton et René Char
- 1930 : À toute épreuve
- 1930 : L'Immaculée Conception
- 1932 : Défense de savoir
- 1932 : La Vie immédiate
- 1935 : La Rose publique
- 1935 : Facile
- 1936 : Les Yeux fertiles
- 1937 : Quelques-uns des mots qui jusqu'ici m'étaient mystérieusement interdits, GLM
- 1938 : Les Mains libres, collaboration avec Man Ray.
- 1938 : Cours naturel
- 1938 : La Victoire de Guernica
- 1939 : Donner à voir
- 1939 : Je ne suis pas seul
- 1941 : Le Livre ouvert
- 1942 : Poésie et Vérité 1942
- 1942 : Liberté
- 1943 : Avis
- 1943 : Courage
- 1943 : Les Sept poèmes d'amour en guerre
- 1944 : Au rendez-vous allemand
- 1946 : Poésie ininterrompue
- 1946 : Le Dur désir de durer
- 1947 : Le Cinquième Poème visible
- 1947 : Notre vie
- 1947 : À l'intérieur de la vue
- 1947 : La Courbe de tes yeux
- 1947 : Le temps déborde
- 1948 : Poèmes politiques
- 1951 : Le Phénix
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comment savoir qui est la personne a qui il s’adresse.
Il faut lire: il est né, une tuberculose, et en profita, d’artistes-peintres, Guerre Mondiale.
L’idée du poème en lien est très intéressante!