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C'est parti

L'extrait commenté

Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force, plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je l’étais, de passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe. Selon toute apparence, il avait été temporairement et tout récemment abandonné. Nous nous installâmes dans une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées. Elle était située dans une tour écartée du bâtiment. Sa décoration était riche, mais antique et délabrée. Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux trophées héraldiques de toute forme, ainsi que d’une quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes, pleines de style, dans de riches cadres d’or d’un goût arabesque. Je pris un profond intérêt, — ce fut peut-être mon délire qui commençait qui en fut cause, — je pris un profond intérêt à ces peintures qui étaient suspendues non seulement sur les faces principales des murs, mais aussi dans une foule de recoins que la bizarre architecture du château rendait inévitables ; si bien que j’ordonnai à Pedro de fermer les lourds volets de la chambre, — puisqu’il faisait déjà nuit, — d’allumer un grand candélabre à plusieurs branches placé près de son chevet, et d’ouvrir tout grands les rideaux de velours noir garnis de crépines qui entouraient le lit. Je désirais que cela fût ainsi, pour que je pusse au moins, si je ne pouvais pas dormir, me consoler alternativement par la contemplation de ces peintures et par la lecture d’un petit volume que j’avais trouvé sur l’oreiller et qui en contenait l’appréciation et l’analyse.

Qui est l'auteur du Portrait ovale ?
Un portrait de Egard Allan Poe (crédits : MARY EVANS - SIPA)

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

Remarque : nous visons ici l'exhaustivité et tentons de citer un maximum de choses pour appuyer notre propos. Vous n'aurez jamais le temps de tout repérer et de tout écrire le jour de l'épreuve !

Le commentaire de l'extrait

Introduction

Le portrait ovale est une micronouvelle (une nouvelle contenue en un nombre de mots extrêmement restreint) écrite par l'auteur américain Edgard Allan Poe (1809-1949) en 1842. Elle ne compte que pour deux pages dans la première édition des Nouvelles histoires extraordinaires (recueil de nouvelles paru en France en 1857).

Edgard Allan Poe est un auteur américain qui affectionnait le genre fantastique - il en est d'ailleurs l'une des plus grandes plumes. La nouvelle qui nous occupe ici est ainsi l'un des meilleurs exemple du genre : elle est sombre à souhait, et laisse le lecteur béat une fois la chute arrivée.

Annonce de la problématique

Aussi, comment cet incipit contribue-t-il d'emblée à créer un sentiment d’attente ?

Annonce des axes

Nous analyserons dans un premier temps les procédés concrets qui rendent cet incipit intriguant. Nous verrons dans un second temps comment cette ouverture de récit prépare le genre fantastique, auquel se rapporte la nouvelle.

Développement

Un incipit intriguant

Le début de cette nouvelle intrigue indéniablement. Il y a d’abord la figure de ce narrateur, que le lecteur ne connaît pas et avec lequel il est pourtant immédiatement lié, comme si, précisément, il le connaissait. Et puis il y a ce château, qui semble chargé d’une lourde histoire, propice à tous les événements futurs.

Un narrateur in media res

Cette nouvelle est caractéristique d’un incipit in media res. Cette formule latine signifie que le lecteur débarque dans une histoire déjà commencée ; il n’y a pas de présentation des personnages ou de la situation, et l’action est déjà en branle.

C’est bien le cas ici. Le récit est mené à la première personne, donc présenté à travers une focalisation interne : « mon domestique », « me permettre », « je l’étais », … Le lecteur vit l’histoire à travers le regard et les sensations de ce narrateur qui parle à la première personne.

Mais surtout, tout se passe comme s’il manquait une partie d'un texte précédent, car une foule de questions sont provoquées par ce début d’histoire : comment s’appelle le narrateur ? où se trouve-t-il ? pourquoi est-il blessé ? qui est « mistress Radcliffe » ? et ainsi de suite.

Cela crée donc, pour le personnage du narrateur, une figure intrigante. On peut tout imaginer à son propos : qu'il s'agit d'un riche noble qui a échappé à des brigands, ou bien que c’est lui-même un brigand aidé de son domestique, ou encore qu’il s’est blessé pendant une partie de chasse, ou à cause d'un guerre… Nous n’en savons rien, et nous en savons encore moins sur sa personnalité.

Une fois qu’il pénètre dans le château, nous pouvons cependant émettre une hypothèse à ce sujet : cet homme est curieux, comme le suggère son attitude vis-à-vis du décor du château. Citons le champ lexical relatif à cette curiosité : « profond intérêt », « bizarre architecture », « je désirais », « contemplation », « j’avais trouvé », ...

Transition

Cette curiosité qui appartient au narrateur n’est cependant pas innocente : elle permet de présenter l’aspect pour le moins étonnant de l’intérieur du château. En même temps que celui du narrateur, c’est l’intérêt du lecteur qui grandit…

Un environnement chargé

Car le château provoque au moins autant de questions que la figure du narrateur.

Depuis l’extérieur, déjà. Il est dit de lui qu’il est un « mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe. »

Il y a là un vocabulaire grandiloquent et romantique (« grandeur », « mélancolie », « imagination »), mêlé à des superlatifs (« si longtemps », « aussi bien dans la réalité que dans l’imagination »), ce qui porte à s’imaginer un château gigantesque. Du reste, il est « abandonné », ce qui est le comble du mystère : ainsi, pourquoi ce château est-il abandonné ? Cette situation initiale est à même de provoquer les plus grands fantasmes.

L’intérieur, quant à lui, renferme ce même côté mystérieux. Relevons le champ lexical qui s’y rapporte : « antique », « délabrée », « héraldiques », « arabesque », « bizarre », … Mais, en parallèle de cet aspect spécifique, ce qui frappe l’imagination du lecteur, c’est surtout que cette « petite » chambre semble saturée de décorations. Là encore, il y a le champ lexical s’y afférent : « somptueusement », « riche », « tapisseries », « décorés », « nombreux trophées », « toute forme », « quantité vraiment prodigieuse », « pleines de style », « riches cadres », …

Cela provoque un peu plus l’intérêt du lecteur : quelle est donc l’histoire de ce lieu si richement chargé, et pourtant abandonné ?

Transition

Les questions, à la lecture de cet incipit, sont multiples. Or, c’est là une préparation parfaite au genre fantastique, puisque celui-ci se caractérise précisément par une question résiduelle et insoluble

La préparation au fantastique

Le genre fantastique se définit par l'irruption du surnaturel dans le cadre réaliste d'un récit, de telle sorte que le lecteur est incapable de donner une explication rationnelle (de l'ordre de la raison) pour le dénouement de l'histoire. Or, cet incipit prépare à merveille cette irruption, par une ambiance obscure d'abord, par la possibilité d'une réalité alternative ensuite.

Une ambiance obscure

La nuit, fatalement, est le moment le plus adéquate pour l’irruption du surnaturel. C’est donc tout à fait logiquement que le récit s’ouvre au moment où le jour est déjà tombé – ce qu’il se charge de préciser très vite, dès la première phrase :

Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force, plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je l’étais, de passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe.

Quelles sont les œuvres de Hoffmann ?
Une bonne histoire de fantôme se déroule toujours la nuit !

Mais, au cas où le lecteur ne se l’imaginerait pas correctement, la fin du paragraphe le rappelle encore, en mettant en évidence par deux tirets la formule décisive :

si bien que j’ordonnai à Pedro de fermer les lourds volets de la chambre, — puisqu’il faisait déjà nuit, — d’allumer un grand candélabre à plusieurs branches placé près de son chevet, et d’ouvrir tout grands les rideaux de velours noir garnis de crépines qui entouraient le lit.

Du reste, le fait qu’il fasse nuit n’est pas le seul élément qui contribue à l’ambiance obscure. Un château « abandonné », une « tour écartée », une décoration « délabrée » participent de cette même atmosphère. On note encore la formule « lourds volets » qui ajoute au sentiment pesant de la scène.

Mais c’est aussi que la couleur noire semble partout dominer, surtout une fois que les « rideaux de velours noirs » sont déployés autour du lit. Cela prouve en outre que le narrateur crée de lui-même l’ambiance propice à l’irruption surnaturel : c’est lui qui fait tout (certes inconsciemment) pour son propre effroi en même temps que celui du lecteur.

Transition

La nuit tombée, le narrateur est donc dans son lit : le voilà donc prêt à rêver, c'est-à-dire en proie à une réalité alternative.

Une réalité alternative

Car la nuit, c’est bien cet univers où tout peut sembler irréel – c’est le sens de la fameuse question : « N’ai-je pas rêvé ? »

C’est ce que cet incipit veut contribuer à créer : un espace où la question finale sera « N’était-ce pas qu’un rêve ? ». Outre le temps de la nuit, d’autres éléments viennent y contribuer.

Il y a notamment une phrase décisive qui invite le lecteur à se méfier de ce qu’il s’apprête à lire :

ce fut peut-être mon délire qui commençait qui en fut cause

Par ces mots, le narrateur signifie en effet au lecteur qu’il n’est « peut-être » plus lucide, et que tout ce qu’il raconte n’est cause que de son « délire ». Mais, par le « peut-être », il ne disqualifie pas non plus la véracité de son histoire. Seulement, il permet au doute de s’immiscer. C’est le même doute qui sera provoqué par la formule :

si je ne pouvais pas dormir

Par là, le lecteur est invité à comprendre qu’il y a une possibilité pour que le narrateur ne dorme pas et, en même temps, pour qu’il dorme…

Comment est présentée Perette par La Fontaine ?
Le Rêve, Gustave Courbet, 1844

En outre, il s’enferme tout seul en fermant les rideaux noirs sur lui :

si bien que j’ordonnai à Pedro de fermer les lourds volets de la chambre, — puisqu’il faisait déjà nuit, — d’allumer un grand candélabre à plusieurs branches placé près de son chevet, et d’ouvrir tout grands les rideaux de velours noir garnis de crépines qui entouraient le lit.

Tel un dormeur plongé dans ses rêves, le voilà seul dans son lit, fermé du monde qui l’entoure, sinon celui dans lequel il s’apprête à plonger à travers la contemplation de ces peintures. Car ces peintures renferment elles-mêmes des mondes à part entière, dont le narrateur n’a encore aucune idée mais qui seront assurément des voyages imaginaires.

Il y a enfin une atmosphère ésotérique (= choses qui nécessitent une initiation, souvent spirituelle, pour être comprises) qui s’installe, issue notamment des « trophées héraldiques », le mot « héraldique » renvoyant aux blasons, aux armoiries. De même, le « candélabre à plusieurs branches » peut renvoyer au judaïsme, ou en tout cas à une doctrine éminemment spirituelle, qui introduit l’idée de la présence d'esprits dans la petite pièce.

Le paragraphe s’achève surtout sur un « petit volume » qui contient « l’appréciation et l’analyse » de peintures étonnantes que le narrateur voit : cela ressemble furieusement au grimoire d’un mage ancien qui cherche à initier un nouveau venu...

Conclusion

L'incipit du Portrait ovale d'Elan Edgard Poe se situe donc parfaitement dans la mouvance fantastique que l'auteur affectionne particulièrement. Le lecteur, débarquant in media res dans une histoire inconnue, verra son intérêt rapidement croître au sujet de ce personnage dont il ne sait rien, mais qui va - peut-être - vivre une histoire extraordinaire.

Ouverture

On pourrait dès lors comparer la fin de la nouvelle avec cet incipit, sachant qu'il s'agira d'un récit enchâssé contenant à son tour les caractéristiques du genre fantastique...

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !