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C'est parti

Le poème

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Charles Baudelaire, 1840

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Étude du paratexte

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, de l'auteur, de la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également vers des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème)
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comme le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Commentaire composé du poème L'Albatros

Introduction

Le poème L'Albatros, de Charles Baudelaire, est extrait de la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal : Spleen et Idéal. Cette sous-partie étaye la posture de l'homme déchiré entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute. Cette tension est à l'origine du spleen, qui peut se définir comme une mélancolie sans cause apparente, caractérisée par le dégoût de toute chose. Dans la poétique baudelairienne, ce spleen est indissociable de la condition humaine et finit, toujours, par triompher.

Baudelaire fut inspiré, pour la rédaction de ce poème, par un voyage passé sur un navire qui devait le mener aux Indes et qui a fini sur l'île Maurice. La figure de l'albatros, ici, doit traduire la conscience d'être différent. Il utilise ainsi l'image de l'oiseau pour dépeindre sa propre condition de poète inadapté à la société. Baudelaire, il faut le souligner, fait partie des poètes maudits, formule qui en appelle à cette incompréhension entre l'artiste et son époque.

Annonce de la problématique

Sachant cela, comment Baudelaire entreprend-il poétiquement la comparaison entre l'albatros et le poète ?

Annonce du plan

Nous verrons d'abord que cette entreprise est menée sur la base de l'établissement de deux mondes radicalement différents. Dans un second temps, il s'agira de comprendre en quoi le poète-albatros, par sa nature, est essentiellement incompatible au monde qu'on lui assigne.

Développement

I. La partition de deux mondes

1. Monde céleste et monde maritime

Baudelaire, par le vocabulaire et les procédés stylistiques, établit dans son poème l'existence de deux mondes, qui s'opposent par leurs caractéristiques. Il y a d'un côté le monde céleste – symptomatique du désir d'élévation – et, de l'autre, le monde terrestre ; par cette partition, Baudelaire annonce la métaphore qui doit faire correspondre l'albatros avec le poète : il y a un monde réservé au poète, un autre à l'homme.

Dès le début du poème s'opposent donc les vocabulaires de deux mondes différents :

  • La terre (= la matérialité) : « navire glissant », « planches », « avirons », « sol »
  • L'air (= la pureté) : « oiseaux », « azur », « ailes », « tempête », « ailés »

Les sonorités fluides et sifflantes du poème suggèrent quant à elles l'harmonie du vol, la tranquillité de l'albatros à vivre dans son monde. Il en est ainsi des allitérations en "l" :

A peine les ont-ils déposés sur les planches

Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Et en « s » :

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers

Ou encore en « v » :

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Que raconte L'Albatros ?
Fabius Brest, Navires de commerce ou de pêche sur le Bosphore, vers 1900
2. Qui se rapportent aux hommes et aux albatros

C'est que, de fait; il y a deux populations.

D'abord, les hommes, qui appartiennent à la terre et à son prosaïsme. Peu décrits, l'accent est mis sur le collectif : « les hommes » au vers, « l’équipage » au vers. Ils sont aussi indifférenciés dans les vers 11-12, ils sont « l’un …l’autre », c'est-à-dire le tout, l'exhaustivité des hommes.

Ils appartiennent au monde des « planches » (au vers 5) et du « sol » (au vers 15) et sont caractérisés par la pipe, par un terme vulgaire de « brûle-gueule » (au vers 11). Baudelaire esquisse ainsi un monde trivial, fruste, grossier, enfermé, cloisonné.

Les albatros sont, eux, du monde céleste, et s'associent ainsi à la pureté de l'air : « vastes oiseaux des mers » au vers 2, « indolents compagnons de voyage » au vers 3, « rois de l’azur » au vers 6, « voyageur ailé » au vers 9, « prince des nuées » au vers 13.

Ces périphrases, par leur longueur (pas moins de 4 syllabes), soulignent l’importance de l’albatros.

Mais alors que Baudelaire décrit de manière sous-jacente l'incompatibilité des deux mondes, le récit nous conte une capture : celle de l'albatros, qui est forcé d'exister dans un univers qui n'est pas le sien.

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II. Qui engage vers une captivité inéluctable

La relation est d'emblée inégale. Dès le premier vers, c'est l'envie des hommes qui prime sur la liberté de l'oiseau : « pour s'amuser », les hommes « prennent ». C'est une décision unilatérale et émanant d'une futilité : les motivations des marins sont d'ordre récréative, en lien avec le prosaïsme de leur monde. L'albatros, lui, est originellement « indolent » ; il est, normalement, indifférent au sort des hommes, qu'il accompagne machinalement.

Le vocabulaire passif du deuxième quatrain insiste sur cette idée d'hostilité du monde qui ne laisse pas l'albatros maitre de sa volonté. Les marins sont eux les sujets de verbes d'actions revêtant un sens actif : "prennent », « ont déposés », « agace », « mime » – tandis que les albatros sont sujets de verbes passifs - « laissent », « est gauche et veule », « est comique et laid ».

Ils sont ainsi capturés, emprisonnés (comme le suggère la formule « au milieu des huées » du vers 15) et leur volonté n'a plus voix au chapitre dans cet univers où tout leur est hostile. Ainsi en est-il des points d'exclamation du troisième quatrain qui traduisent la violence de la moquerie :

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Ce sont-là les marins qui parlent, qui pensent, qui se moquent, qui s'esclaffent.

Que met en scène L'Albatros ?
Le baiser, René Magritte, 1951

La violence de la scène est également rendue par les sonorités avec au troisième quatrain l'assonance déjà présente dans la strophe précédente avec « eu » de « honteux » au vers 6, « piteusement » au vers 7, « à coté d'eux » au vers 8 et l'allitération en [k] et en [g] comme « gauche » au vers 9 et la cacophonie « comique et laid » du vers 10.

C'est qu'il y a une contradiction fondamentale entre le monde des hommes et celui de l'albatros, qui peu à peu, devient la figure du poète, introduite en filigrane par une personnification de l'albatros de plus en plus marquée : l'albatros, d'abord « oiseau des mers » explicite, devient bientôt un homme, successivement « roi », puis « voyageur ailé », et infirme, jusqu'à la comparaison explicite (« semblable au » : outil de comparaison) : le Poète et l'Albatros se confondent.

III. Le sens allégorique, qui se fond dans l'identification des caractères

L'allégorie a une valeur générale et symbolique, qui se traduit avant tout par l'évolution du pluriel vers un singulier : on parle d'abord « des albatros » avant de ne plus jamais lire le pluriel dans la dénomination de l'animal, au travers du processus de personnification, à partir du troisième quatrain.

Photo d'un albatros (photo Alain Bourque)

Le monde de l'albatros, céleste, est alors celui du poète, qui y évolue en symbiose. Chaque fois, le vocabulaire y est mélioratif, grandiose. Mais ce qui confère de la majesté à l'oiseau dans le ciel le condamne d'incompatibilité une fois capturé dans le monde terrestre. Ainsi :

  • dans le monde aérien, les albatros-poètes sont : « vastes oiseaux », « roi », « beau » ou « prince »
  • dans le monde pédestre, les albatros deviennent (et l'on insiste sur ce vers dynamique) : « maladroits », « honteux », « gauche », « veule », « comique », « laid » ou « infirme »

La nature même de l'albatros-poète le rend ainsi inapte à cette vie terrestre, au milieu des autres, tout spécifiquement souligné par les vers :

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Où les ailes, symbole aérien de leur grandeur, ne leur appartiennent plus, devenant quelque chose hors de leur être, de leur « eux », et extérieur. Ils sont comme atrophiés, changés en nature et donc, profondément inadaptés (thème que l'on retrouve dans le dernier vers avec le verbe « empêchent », où c'est leur propre corps qui les rend inaptes).

De même pour les vers :

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Le poète, sur le sol, est « exilé », c'est-à-dire loin de sa patrie, pas à sa place.

On retrouve par ailleurs le thème littéraire traditionnel de la solitude du poète (« au milieu des huées », des cris, des moqueries, aphone)

Aussi, comme l'albatros, le poète est lié à l'idée de grandeur et du détachement du monde matériel. Il devrait – par essence, comme cet albatros aux ailes trop grandes pour marcher – évoluer dans les airs, loin des planches du sol. Cette faculté de voler traduit chez Baudelaire la supériorité morale et spirituelle de l’oiseau-poète.

Le poète, qui évolue en hauteur (« qui hante la tempête »), est ainsi incapable d'adaptation à la bassesse, à la vulgarité du monde pédestre, matériel.

Conclusion

En définitive, ce poème se présente comme une parabole qui se déchiffre à la fin : l'albatros est bien l'allégorie du poète, être supérieur et isolé, incompris, méprisé, qui n'évolue pas dans élément naturel lorsqu'il quitte l'inspiration et ses sphères célestes.

On pourra souligner le caractère inéluctable, fatal – maudit, comme dans la formule "poète maudit" – qui constitue sa condition, notamment par l'utilisation du mot "naguère" : il y a un temps idéal où il l'oiseau-poète se complaisait, mais celui-ci n'est plus, il a chuté – comme les anges ont chuté du Paradis perdu.

L'albatros est ainsi le symptôme de la dualité de l'homme, qui se trouve pris dans les contingences matérielles tout en aspirant à l'infini.

Quand fut publié Les Fleurs du mal ?
Une édition de 1869 des Fleurs du mal, par Charles Baudelaire

Ouverture

Le poème qui suit « l’Albatros » dans Spleen et Idéal est révélateur : dans « Élévation », nous retrouvons bien l'envie aérienne, autrement dit la recherche désespérée de Baudelaire pour s'échapper du mal de vivre :

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins

Qui changent de leur poids l’existence brumeuse.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.