ZOLA, Le docteur Pascal (1893)

Chapitre 2 : Le Paradou

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C'est parti

Explication

Pascal,
accompagné de Clotilde, vient de terminer ses visites à ses malades.
Sur le chemin du retour, ils passent par le Paradou. Zola réintroduit
ici le jardin qui avait servi de cadre aux amours de Serge et d’Albine,
héros de la Faute de l’abbé Mouret. Seulement, ce n’est plus un
jardin paradisiaque et enchanteur que traversent Pascal et Clotilde,
puiqu’il vient d’être déboisé et défriché.
Zola insère alors ici
une mise en abyme. Il faudra donc s’interroger sur l’utilité et la
nécessité de cette mise en abyme dans l’action.

I - La mise en abyme comme " résumé et conclusion " de la Faute de l’abbé Mouret

A) Le résumé
Zola
a inséré à l’intérieur de ce passage un résumé de ce roman, donné par
Pascal. Le médecin ne revient pas entièrement sur l’histoire, il se
contente de revenir sur les points essentiels. Il s’agit de renseigner
le lecteur qui n’a pas lu l’oeuvre, sans lasser celui qui l’a lue. On
comprend qu’il s’agit d’une histoire d’amour impossible, entre Albine,
jeune fille naturelle et sauvage, et Serge, " curé ". On retrouve ici
l’opposition nature / culture.
Le jardin a été à la fois le cadre
et le moteur de l’action : " le grand jardin tentateur ". Il apparaît
donc comme un jardin d’Eden, mais le pouvoir magique que lui confère la
personnification par l’adjectif " tentateur " le rattache aussi aux
jardins d’Armide, du Tasse. Le jardin a également protégé les amants :
" au sein de la nature ". On sait enfin que cette histoire se termine
mal : Albine meurt, abandonnée par Serge, repris par ses devoirs, comme
l’indique la question de Clotilde, " Serge ne l’aimait donc point qu’il
l’a laissée mourir ? "

B) Première conclusion : la critique des valeurs humaines
Pascal,
en racontant ce " drame d’amour ", accuse les responsables de la mort
d’Albine. C’est d’abord Serge, qui est un " assassin ". Mais, les
véritables responsables sont les hommes : " ce serait trop beau si les
hommes ne gâtaient pas tout ". L’accusation est donc générale ;
d’ailleurs, mentionnant la culpabilité de Serge, Pascal a utilisé le
pronom indéfini : " on peut être un assassin et servir Dieu ",
phrase qui prend une valeur de maxime, avec le présent de vérité
générale. C’est donc un triste constat sur la société humaine qu’énonce
Pascal.
Toutefois, à travers ces valeurs humaines, c’est surtout
la religion qui est attaquée, avec les " faux liens " qui lui ont
permis de reprendre Serge. L’accusation est très forte, avec la maxime
" on peut être un assassin et servir Dieu ". En apparence, il s’agit
d’un paradoxe, le sens en devient terrible dès lors que l’on considère
que ces deux aspects sont d’autant plus conciliables que c’est au prix
de la mort d’Albine que Serge a rejoint l’Eglise.

C) Seconde conclusion : l’éloge des valeurs de la nature
Les
valeurs des hommes se caractérisent donc par la cruauté et la
pourriture (" gâtaient "). Elles viennent détruire des valeurs d’amour,
celles de la nature " complice ", par l’intermédiaire du jardin
" tentateur ". Les valeurs de la nature ont fait naître un amour plein
de force, comme l’indique l’expression " flot de vie " soulignée par
l’exclamatif " quel ".
Ces valeurs naturelles trouvent leur
incarnation dans le personnage d’Albine, dont le physique montre le
lien avec la nature. Ses bras sont " nus et dorés ", ses cheveux sont
pleins de " fleurs sauvages ", elle-même est comme un " grand
bouquet ". Elle est en fait en osmose avec cette nature. Elle en révèle
la beauté dénuée d’artifices, la simplicité (elle est " heureuse de ses
fleurs "), et surtout la pureté, que son prénom souligne, le prénom Albine dérivant du mot aube. Cette
fille simple et sauvage permet donc à Zola via Pascal de donner une
clef du bonheur, c’est-à-dire une vie la plus éloignée possible des
valeurs sociales. Le personnage de Désirée confirme d’ailleurs la
vision, elle qui " a la chance d’être à moitié idiote ".

II - L’intégration de la mise en abyme dans l’action du Docteur Pascal

A) La rendre naturelle
Cette
mise en abyme s’insère dans un dialogue entre Pascal et Clotilde.
Clotilde a posé une question, Pascal y répond. Faire raconter un autre
roman par un personnage présente deux avantages. Tout d’abord, cela
permet de produire une illusion de réel forte chez le lecteur, en lui
donnant l’impression que l’histoire a réellement eu lieu. Mais surtout,
l’histoire se poursuit puisque le personnage qui raconte va ressentir
une émotion. Il n’y a donc pas de cassure entre le récit encadré et le
récit encadrant ; au contraire, l’un va se nourrir de l’autre.

B) Emotion des personnages
Pascal
revit la scène, qu’il raconte au présent de narration : " Albine,
[...], je la revois ". Ses yeux sont " perdus dans le passé ". Son
récit le coupe d’abord de la destinatrice : " il ne la savait plus
là ". A la fin du récit, il semble se " réveiller ". Tout ceci donne
l’impression d’un moment de magie, comme si le personnage, à la
question de Clotilde, avait été plongé dans un état hypnotique.
De même, Clotilde est " troublée, à cet ardent murmure de paroles ",
qui l’éloigne aussi de Pascal-narrateur, puisqu’elle se met à penser à
la passion de jeunesse de Pascal. A cet instant, une parole lui échappe
- " Et celle qui est morte, celle qu’on pleure... " qui donne aussi
l’impression qu’elle a été plongée dans une sorte d’état second. Le
rythme de cette phrase, construite sur une anaphore, le fait qu’elle
reste inachevée et qu’elle entre dans le texte sans aucun élément
introducteur, lui confèrent aussi une dimension mystérieuse, quasi
magique. On voit donc que cet épisode du Paradou agit sur les
personnages.

C) Le pouvoir du Paradou
Le récit a agi
sur Pascal et Clotilde, mais peut-être aussi le jardin : " Quelque
chose avait passé, un même souffle venait de les traverser tous deux. "
Le narrateur premier ne donne pas de réponse précise, reste
mystérieux : " quelque chose ". La mention du " souffle " permet à Zola
de poursuivre le travail de personnification de la nature, et surtout
de l’assimiler à une divinité, le souffle, étant le signe biblique du
passage de Dieu. Nous entrons là dans le domaine de l’inexpliqué, de
l’ineffable, celui de la naissance de l’amour. En effet, les
personnages ne se comportent plus de la même façon après le récit :
" ils ne se reprirent pas le bras ". Ils évitent donc le contact
physique. Tous deux portent les signes de l’amour : elle a les joues
" empourprées ", lui est " frémissant de la retrouver près de lui ".
Toutefois, ils n’ont pas encore pris conscience de ce qui arrive :
" sans savoir pourquoi ".

Cet extrait, tout en rappelant un épisode
antérieur du cycle, permet de faire avancer l’histoire, puisque
s’annonce ici la suite du roman, l’amour de Clotilde et Pascal. Cette
histoire devient le reflet de celle d’Albine et Serge. Leur amour sera
aussi un amour interdit, il emportera aussi les " faux liens ", et il
se terminera aussi tragiquement, à cause des hommes. C’est Zola poète
et métaphysicien qui s’exprime ici pour réaffirmer la toute puissance
de la nature et de la vie, du recommencement malgré la destruction.

 

 

© Stéphanie LASSABE - reproduction interdite

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !