Chapitres
Le processus de mondialisation s’accompagne de forces qui lui font contrepoids : la fragmentation des territoires et la multiplication des frontières ; on assiste aujourd’hui a un paradoxe : les frontières s’ouvrent et pourtant elles se multiplient. De même, la mondialisation entraîne la différenciation des groupes humains selon des appartenances multiples alors qu’on évoque souvent l’uniformisation culturelle.
Qu’advient-il du rôle des Etats et de leur souveraineté et comment interpréter leur multiplication ? Quels débats et contestations le processus de mondialisation provoque t-il ?
Les États face à la mondialisation
La souveraineté des États limitées par la mondialisation ?
- Parmi les acteurs de la mondialisation, on a souvent tendance à considérer que les États sont ceux qui perdent le plus de pouvoir d'action. En effet, les États ne maîtrisent pas l'ensemble des flux qui ont lieu au sein de leurs territoires.
- On peut prendre l'exemple des flux financiers dans le cadre de la récente crise de la dette, ou encore celui des flux humains, avec l'arrivée en Europe du Sud de nombreux migrants clandestins provenant de la rive sud de la Méditerranée, sans que les États semblent pouvoir maîtriser ce phénomène.
- État est également de plus en plus conditionné par des contraintes externes venant d'autres acteurs de la mondialisation.
- Ainsi, dans le cadre des organisations internationales, les États doivent composer avec leurs partenaires. C'est le cas au sein de l'UE, où la Grande-Bretagne souhaite une révision des tarifs de la PAC qui lui coûte cher, et qui profite essentiellement à l'agriculture française.
- Dans le cadre de l'OPEP, la négociation des tarifs impose parfois à certains États membres des mesures pénalisantes. Les acteurs de la gouvernance économique mondiale comme le FMI ont également un rôle important et peuvent contrôler l'action économique des États.
- Les FTN (firmes transnationales) pèsent aussi très lourd dans les décisions prises par les États, et notamment dans les pays en voie de développement.
- Dans une éco mondialisée, les États semblent des constructions obsolètes et dépassées. Les firmes transnationales exercent leur pouvoir éco sur l’ensemble de la planète et profitent des abaissements des barrières douanières conclus dans le cadre du GATT, puis de l’OMC.
-En cours de géographie, les États ont moins de prise sur les questions éco, qui sont de plus en plus traitées au sein d’organisations internationales (OMC, FMI, Banque mondiale).
- Grâce aux technologies modernes de communication (Internet, téléphonie mobile), les flux d’info sont devenus très difficiles à contrôler, malgré les tentatives pour ériger des « barrières virtuelles ».
Les États demeurent des acteurs clés de la mondialisation ?
- Malgré cela, le rôle des États important dans la mondialisation. Les États sont toujours souverains en matière monétaire et douanière. Ils peuvent ainsi infléchir les flux de marchandises ou les flux financiers. La Chine maintient artificiellement une monnaie faible pour favoriser ses exportations.
- Certains États ont constitué d'importants fonds souverains qui leur permettent de disposer d'un pouvoir d'investissement. C'est le cas des pétromonarchies comme le Qatar, qui multiplie les investissements en France, mais surtout des Émirats arabes unis, avec 750 milliards de dollars investis.
- Les États disposent également de la puissance pol et militaire. Ce sont deux atouts fondamentaux. Les EU imposent un embargo à Cuba depuis 1962. Ils peuvent utiliser l'« arme alimentaire » pour limiter les approvisionnements en produits agricoles d'un pays, ou encore frapper militairement un État considéré comme hostile, tel l'Irak en 2003 lors de la seconde guerre du Golfe. Un État peut aussi décider de se fermer à certains aspects de la mondialisation, comme le montre le cas extrême de la Corée du Nord.
- Attribut essentiel de la souveraineté, la fonction militaire continue d’assurer aux États un rôle géopol majeur : interventions américaines et européennes en Afghanistan (2001), en Irak (2003), en Libye (2011).
- Sur le plan éco, les États les plus riches ont initié le processus de libéralisation des échanges dès 1945. Ils conservent ce rôle en imposant leurs règles au sein des organisations internationales et des organes de gouvernance mondiale (OMC, FMI, G8).
Vers des associations entre États
- Si elles limitent parfois leur pouvoir, les associations entre États peuvent aussi permettre à ces derniers de peser plus lourd sur la scène internationale. C'est le cas du point de vue éc : la création de l'euro, malgré la crise actuelle, a renforcé la présence de l'UE dans le cadre des échanges financiers.
- À l'échelle mondiale, l'ONU et ses différentes agences spécialisées, comme la Banque mondiale ou encore la FAO , peuvent aussi accroître le poids des États en les associant entre eux, comme par exemple pour constituer des forces d'intervention de maintien de la paix ou organiser des politiques de coopération.
- Certaines ont pour unique ambition de faciliter le commerce et les investissements et correspondent à une vision très libérale du rôle de l’Etat : les associations de coopération (APEC), les zones de libre-échange (Alena) qui abaissent les droits de douane.
- D’autres voient les Etats membres adopter des pol communes : les unions douanières dont les membres adoptent une politique commerciale commune (Mercosur), les marchés communs (qui laissent circuler librement les hommes et les capitaux), les unions économiques (UE).
- Les sommets du G8, du G20 ou le forum de Davos, mais aussi les sommets de responsables de gouvernement des grandes aires d’intégration économiques régionales jouent un rôle essentiel dans l’organisation actuelle du monde.
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Les frontières : barrières ou lieux d'échanges mondiaux ?
Les frontières ouvertes
- Signe de la souveraineté des États, les frontières sont des enjeux dans le cadre de la mondialisation et leur rôle peut être débattu. Sont-elles de plus en plus ouvertes, ce qui tendrait à prouver que la mondialisation s'intensifie, ou bien de plus en plus fermées, ce qui montrerait au contraire que les États peuvent maintenir des barrières et que la mondialisation n'est pas inéluctable.
- En effet, un certain nombre de frontières s'ouvrent de plus en plus, avec des conséquences territoriales de part et d'autre. Dans le cadre de l'espace Schengen, certains États de l'UE n'exercent plus aucun contrôle aux frontières internes depuis 1995. Ce cas reste toutefois exceptionnel.
- L'ouverture de certaines frontières a favorisé la valorisation de certains territoires, permettant la création de nouveaux flux. C'est le cas de la frontière entre la Russie et la Chine, le long du fleuve Amour, depuis les années 1991. Des flux de matières premières s'accroissent de la Sibérie vers la Chine, des flux migratoires et d'investissement de la Chine vers la Sibérie.
- Les frontières s'affirment comme des interfaces actives au sein de l'espace mondial. Des dynamiques transfrontalières se mettent ainsi en place entre les États-Unis et le Mexique, et des Eurorégions s'organisent comme SarLorLux entre les régions de la Sarre, de la Lorraine et le Luxembourg.
Les frontières fermées
- En revanche, certaines frontières demeurent fermées pour des raisons politiques ou éco. C'est le cas de la frontière entre Israël et le territoire palestinien de Gaza, ou entre la Corée du Nord et la Corée du Sud depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.
- Il existe des cas où des murs ont même été construits, comme dans certaines zones entre Israël et les territoires palestiniens de Cisjordanie. Les EU ont fait de même, pour s'opposer aux flux migratoires clandestins provenant du Mexique.
Des frontières sélectives
- Les frontières, discontinuités juridiques et politiques, ont tendance à contrôler de plus en plus les flux humains. Cela est vrai lorsqu’elles mettent en contact pays riches et pays pauvres.
- Un certain nombre de frontières s'organisent donc comme des points de passage sélectifs entre différents flux. C'est le cas de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Du point de vue des flux humains, la frontière est fermée aux migrants clandestins du Mexique vers les États-Unis, mais ouverte aux flux économiques. UE, qui promeut la libre circulation des hommes au sein de l’espace Schengen, renforce les contrôles sur ses frontières extérieures.
- Conséquences spatiales sont dissymétriques le long des frontières, ce qui remet en cause l'idée d'une mondialisation qui unifierait les différents espaces. Ainsi, le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, les « villes jumelles » comme San José et Tijuana sont plus peuplées du côté mexicain. Les « entreprises jumelles » localisent leurs bureaux aux États-Unis et leurs usines (« maquiladoras »), au Mexique.
- L'étude des frontières montre que processus de mondialisation est plus complexe qu'un simple accroissement des flux et que des logiques autres qu'économiques organisent aussi l'espace mondial.
Fondée sur un abaissement des barrières douanières, la mondialisation renforce le rôle des États les plus puissants. La mondialisation voit toutefois ses effers nuancés du fait du redéploiement des forces qui lui font contrepoids. En effet, la fragmentation des territoires et la multiplication des frontieres entravers la mondialisation.
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Ce cours est très intéressant pour l’étude de la géographie
Merci bcp ! Très intéressant, sachant que le CAPES 2021 en histoire/géo porte sur les frontières !