Epreuve corrigée du BAC ES 2012 de philosophie

dissertation   : Peut-il exister des désirs naturels ?

 

On affirme d’ordinaire que le désir est le propre de l'homme et qu'il est au besoin ce que la culture est à la nature. Ainsi on a besoin de boire de l'eau mais on désire telle ou telle boisson. Pourtant les excès de la culture, de la luxure ou de l'immoralité conduise à se demander s'il peut exister des désirs naturels. Autrement dit des désirs ne conduisant pas à la recherche insatiable d'objets impossibles à trouver et incompatible avec l'existence réelle. Question d'autant plus actuelle que la nature redevient un interlocuteur avec lequel nous ne sommes peut-être pas en opposition ou en relation de domination comme une longue tradition nous l'a enseigné.

 

Problématisation :

Comment penser des désirs naturels alors même que le désir semble être la marque de la culture ? Affirmer qu'il existe des désirs naturels n'est -ce pas projeter sur la nature des catégories propres à l'homme (anthropomorphisme) ?

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I Au sens propre on ne peut parler de désirs naturels

I.1 « Naturel » signifie vital, nécessaire, qui n'a pas été modifié par l'homme. En ce sens le désir s'oppose au besoin en tant qu’exigences liées au processus vitales. Les désirs semblent eux au-delà du besoin et donc non nécessaires. D'où la condamnation classique du désir comme  ensemble des phénomènes organiques et psychologiques qui me poussent, de manière illimitée, superflue et irrationnelle,  à posséder un objet en vue d'en tirer plaisir.

II.2 C'est pourquoi le désir porte non pas sur des objets mais sur des représentations toujours liées à la culture. Par exemple le désir sexuel n'est pas s la simple satisfaction d'une pulsion il est lié à un système de signe de valeurs, de représentations, de goûts culturellement construits.

→ Kojève Introduction à la lecture de Hegel :

« le Désir anthropogène diffère donc du Désir animal (constituant un être naturel, seulement vivant et n’ayant qu’un sentiment de sa vie) par le fait qu’il porte non pas sur un objet réel, “positif”, donné, mais sur un autre Désir. Ainsi dans le rapport entre l’homme et la femme, par exemple, le Désir n’est humain que si l’un désire non pas le corps , mais le désir de l’autre, s’il veut “posséder” ou “assimiler” le désir pris en tant que Désir.”

II.3 Plus fondamentalement le désir est la marque de la dimension métaphysique de l'homme qui aspire à satisfaire toujours plus que la simple matérialité.

 cf Rousseau, La nouvelle Héloïse :

"Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit ; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas."

 

Transition : Tandis que que le besoin n’a pour but que la vie strictement biologique, entretenue et renforcée par des satisfactions matérielles déterminées, le désir quant à lui a pour fin la vie de l’esprit, la vie du sujet libre, la plénitude de la conscience de soi. En effet pour l’homme, la vie qui ne serait que la vie biologique n’est pas la vie. Mais c'est justement parce que la nature humaine ne se réduit pas est la simple biologie qu'avec Épicure nous devons inclure également ce qui est nécessaire au bonheur  entendue comme ataraxie, comme  paix de l’âme.

II Les désirs susceptibles de satisfaire la nature humaine

II.1 La richesse de la nature humaine (corps, esprit, sociabilité, morale) suppose d'étendre la sphère des désirs. Comme le fait Abraham Maslow  en établissant une pyramide hiérarchisée des besoins : premièrement besoin primaire ou besoin vital, physiologique. Quelle que soit la société étudiée, il est impossible de s’en passer. Au second niveau la sphère de besoin secondaire ou besoin social. Il est impossible de se passer de ces besoins pour avoir une vie normale en société. Ces besoins sont : se laver, posséder une adresse, porter des vêtements en bon état, savoir lire, etc. Enfin : besoin tertiaire ou besoin personnel. Il sert à se sentir bien, à être en bonne santé mentale ou simplement de bonne humeur. Donc : avoir des passe-temps, acheter une certaine marque.

II.2 Ainsi la vie humaine requiert l’habitation de l’esprit. Or pour aller de soi-même à soi-même dans la dimension de l’esprit, il n’y a pas de voie directe: jamais nous ne possédons la plénitude de notre être. C’est pourquoi à l’origine de toute réalisation humaine, il y a cette force motrice du désir : non pas une donnée première, mais un appétit antérieur à tout objet, la recherche d’une satisfaction qui serait au-delà de toute satisfaction. Cf mythe d'Androgyne dans Le Banquet de Platon

II.3 Le désir est mimétique (René Girard), donc social, donc culturel. Il est toujours de reconnaissance (dialectique du maître et de l’esclave de Hegel ou amour propre décrit par Rousseau)

Transition : Pourtant si chez l'homme la sphère de la nature est non seulement ambiguë mais infiniment extensible, on doit reposer la question lorsqu'il est question du bonheur. Peut-il exister des désirs conformes à ma nature ?

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III De la difficulté d'identifier les désirs conformes à ma nature

III.1          Comme l'affirme Spinoza dans l’Éthique: “le désir est l’essence de l’homme ». Pour autant, faute de connaissance de cette essence, le désir peut se perdre dans le conformisme social, s'organiser en fonction de fausse opinions, de craintes absurdes.

III.2          D'où le détour par la sagesse pour trouver ce que sont ces désirs. D'autant que le désir trouve puise sa force dans une partie peut-être inconsciente de notre psychisme. Ainsi la psychanalyse est le moyen de se connaître soi-même jusque dans ses obscurités et par le détour de la parole et d'autrui.

III.3          Enfin le désir doit être conçue comme accomplissament de soi, de sa nature, et non comme fuite de soi. Cf la critique pascalienne du divertissement (devertere : se détourner, de soi).

Conclusion :

Ainsi toute la particularité de la nature humaine est d’être une seconde nature, choisie, en cours de réalisation et jamais achevée. Ainsi le désir est la marque de notre inachèvement, en même temps que celle de notre effort pour combler la distance entre nous et nous-même.

Par un singulier retournement de perspective, nous sommes amenés à constater que les besoins humains sont pour une bonne part contingents, relatifs, dépendants de la situation historique et sociale de l’individu considéré. Ce dont on a besoin ici est superflu là-bas. Pour autant une naturalité du désir doit être recherchée comme singularité à réaliser. 

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !