Révolution de 1848, Commune de Paris en 1871, manifestations d'étudiants en mai 68, mobilisations anti-avortement dans les années 70, mouvement de décembre 95 contre le "plan Juppé" de réforme des retraites, protestations "altermondialistes" de Porto Alegre... Les mouvements sociaux semblent diverger les uns des autres. Mais si la protestation s'oppose aux formes les plus organisées et officielles d'expression, elle a aussi ses règles et ses constantes. C'est cette régularité que recouvre la notion de "répertoire d'action collective" élaborée par l'historien américain Charles Tilly pour suggérer l'existence de formes d'institutionnalisation propres aux mouvements sociaux

Charles Tilly définit dans son ouvrage majeur (La France</personname /> conteste de 1600 à nos jours) publié en 1986 son concept de répertoire d'action collective à partir d'une métaphore musicale : "Toute population a un répertoire limité d'actions collectives, c'est-à-dire de moyens d'agir en commun sur la base d'intérêts partagés (…). Ces différents moyens d'action composent un répertoire, un peu au sens où on l'entend dans le théâtre et la musique, mais qui ressemble plus à celui de la commedia dell'arte ou du jazz qu'à celui d'un ensemble classique. On en connaît plus ou moins bien les règles, qu'on adapte au but poursuivi" (p.541).

Notons que:

1. Il souligne ainsi que tout mouvement social ne naît pas de rien mais a recours a une palette préexistante de formes protestataires plus ou moins codifiées. La manifestation, le tract, la pétition ou encore la grève sont des formes routinisées d'expression d'une revendication.

2. De même, l'univers des moyens pour lutter n'est pas infini, mais bien borné. Tout n'est pas pensable ou utilisable pour faire triompher ses intérêts ou ses revendications. Charles Tilly introduit ainsi l'historicité des formes d'action collective puisqu'il démontre que les conflits sont structurés sur un temps long.

3. C</metricconverter />'est toujours cette historicité qui explique que les formes de protestation évoluent. Tilly met ainsi en évidence, à partir de l'exemple de la France</personname />, une tendance à la nationalisation des répertoires. Cette centralisation des conflits s'explique par une concentration du pouvoir politique et du capital. Ainsi les conflits pé-insdutriels s'expriment dans un espace local à travers les relations de patronage (via l'intervention d'un notable) tandis qu'à partir du 19ème siècle les mouvements de protestation se délocalisent en s'orientant de plus en plus vers les autorités centrales, c'est-à-dire Paris.

4. Enfin, à partir de la métaphore musicale, Tilly suggère que ce répertoire peut être, de même qu'une partition, interprété de façon différente. La manifestation est probablement un bon exemple des variations que peut connaître les formes d'actions collectives. Quoi de commun entre un défilé d'un parti politique institutionnalisé et les marches festives ou tragiques organisées par des associations comme Attac, Act-Up ou la Confédération</personname /> paysanne. Toutes ces variations renvoient bien sûr aux particularités du groupe mobilisé. Chaque catégorie d'acteurs (avocats, éboueurs, patrons, prostituées, étudiants, enseignants...) disposant de ressources distinctes.

Conclusion: Il faut retenir de la notion de "répertoire d'action collective" que les formes de protestations ne sont pas aléatoires mais qu'elles s'inspirent de registres ou répertoires préexistants qui peuvent faire l'objet d'adaptations selon les dispositions sociales des acteurs qui se mobilisent.

Bravo, vous avez terminé l’introduction, vous pouvez alors entamer la lecture du premier chapitre. De nombreux sociologues ont proposé de rendre compte des conflits sociaux, fournissant ainsi des théories alternatives souvent contradictoires. Nous allons dans un premier temps nous intéresser à quelques auteurs ayant interprété les conflits sociaux comme la conséquence d’inégalités sociales. La version la plus connue de ce courant d’analyse est bien sûr la théorie marxiste qui considère que les conflits sociaux sont l’expression d’un conflit entre classes économiques antagonistes.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !