Il n’existe pas à proprement parler de théorie des mouvements sociaux chez Marx. Ceux-ci sont intégrés dans une problématique générale de lutte des classes et plus généralement du mode de production capitaliste au sein duquel elle prend place.

1.                              Le travail est pour Marx au cœur de la condition humaine. Toutefois, lorsque les travailleurs (prolétaires) sont dépossédés du produit de leur travail que s’approprie une classe (la bourgeoisie)  du fait qu’elle est propriétaire des moyens de production (le capital), on aboutit à une situation d’aliénation économique. Le mode de production capitaliste produit ainsi nécessairement du conflit social entre classes aux intérêts distincts : c’est la lutte des classes.

2.                              A noter que l’usage de la notion de « classe » n’est pas spécifique à Marx puisqu’on trouve à la même époque le même terme chez d’autres auteurs tels que Adam Smith, David Ricardo ou chez les socialistes utopiques français comme Saint-Simon. Toutefois, chez Marx, le concept de classe constitue le cœur de son édifice théorique puisque la lutte des classes constituerait le moteur de l’Histoire conduisant vers une société sans classe : le communisme. Le Manifeste du Parti Communiste s’ouvrait par cette célébre phrase : « L’histoire de toute société jusqu’à nous jours est l’histoire de la lutte des classes ».

3.                              Le principal critère de définition d’une classe est économique, puisqu’une classe se définit selon sa position au sein des rapports de production. C’est ainsi que Marx oppose les esclaves et les maîtres ou le Tiers Etat et la noblesse durant l’Ancien régime. Il est important à ce stade de comprendre que l’analyse marxienne des classes est une analyse relationnelle puisqu’une classe sociale se définit toujours dans un rapport conflictuel avec une autre. Ainsi pour Marx, l’identité des conditions d’existence ne suffit pas à définir une classe. La conscience de classe, c'est-à-dire la prise de conscience de sa position et de son rapport d’opposition à une autre classe, constitue la condition primordiale afin que la classe en soi (les conditions homologues d’existence) puissent se transformer en classe pour soi (consciente d’elle-même et de ses intérêts politiques).

4.                              Au delà des textes politiques ou polémiques où il expose la théorie de la lutte des classes, Marx a également rédigé des œuvres qui offrent une analyse fine des processus de constitution d’une classe notamment à partir de l’étude de la stratification sociale ou des conditions matérielle d’existence. Ainsi alors qu’il ne distingue que deux classes dans le Manifeste du Parti Communiste de 1848 (capitalistes et prolétaires), il en compte trois dans Le Capital publié en 1867 (les ouvriers salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers) voire six ou sept dans les Luttes de classes en France (1850)  ou Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852). Au-delà de cette description plus fine de la réalité sociale, on retiendra que pour Marx la loi tendancielle propre à l’organisation capitaliste est à la polarisation des classes et par conséquent du conflit. La dynamique du capitalisme se ramène ainsi à un grand conflit central entre les propriétaires des moyens de production et ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre.

5.                              L’héritage marxiste et son déclin : la théorie de la lutte des classes a alimenté notre façon de penser le social et les conflits sociaux, bien au-delà du seul socialisme. C’est ainsi, par exemple, qu’un auteur libéral comme Raymond Aron souligne en 1964 dans La lutte des classes l’importance des conflits sociaux. La pensée marxienne va cependant faire l’objet de nombreuses critiques théoriques qui affaiblissent la portée. Henri Mendras et Michel Forsé refusent ainsi l’idée que tout conflit social déboucherait nécessairement sur une violence révolutionnaire. Ils contestent ensuite la définition marxienne des classes sur le critère de la propriété des moyens de production. Mais c’est surtout les transformations sociales survenues depuis les années quatre-vingt qui expliquent le déclin de la théorie de la lutte des classes. La baisse de la part des ouvriers dans la population active au profit des « professions intermédiaires » a rendu moins pertinentes certaines dichotomies (=clivages)  à travers lesquelles était pensée la structure social. L’émergence de nouvelles identités et de nouvelles revendications, enfin, vont finir d’achever une théorie du conflit social centrée sur les seuls rapports économiques. L’approche en termes de « nouveaux mouvements sociaux » va dès lors supplanter les analyses fondées sur les classes sociales.

Les conflits sociaux sont, selon la théorie marxienne des classes sociales, la réaction d’un groupe à leur position sociale au regard d’un autre groupe. Pourtant si Marx a donné l’intuition de l’origine des conflits, il n’a que rarement expliqué les processus sociologiques par le biais desquels l’action collective pouvait émerger. C’est cette lacune que va tenter de combler la théorie des ressources et en particulier Mancur Olson.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !