Chapitres
La question de la bonne volonté
Nous
savons que pour Kant, philosopher signifie dans son acte même vouloir se déterminer
purement comme raison, une bonne volonté qui répond au principe de base de
l'impératif catégorique. Nous retrouvons l'invocation de la volonté libre de
l'autre au sens d'une délivrance de l'erreur par le maître chez Platon.
Cependant, le recours à cette bonne volonté n'est en rien kantien. Chez ce
dernier, la question relève d'un problème ontologique, la volonté est l'origine
absolue, par conséquent, la volonté est conçue comme une cause libre, , elle
est la raison d'être de la liberté et la liberté, la raison par laquelle la
volonté est connue. Dans son opposition à Saint Augustin, Kant n'envisage pas
la bonne volonté comme le désir de vivre droitement et honnêtement. On ne peut
pas s'assurer de la réalité de la bonne volonté. Il y a une identification de
la liberté et de la bonne volonté, c'est le bien lui-même. Nous sommes en
désaccord avec les stoïciens qui concevaient que le bien n'est pas le but visé.
La fin est la manière même de vouloir. Si c'est la manière même de mon but qui
compte, les biens visés sont un exercice. Le bien, la sagesse n'est autre que
la liberté dans cet exercice. Ils considèrent que le seul fait d'avoir une
bonne volonté suffirait car c'est l'assurance d'être en possession d'au moins
quatre vertus comme la tempérance... Le bien restant toujours la commune mesure
de la liberté par opposition à Platon qui évoque le Bien au sens d'un principe
de tous les autres biens. Nous avons donc un mélange de volonté et de savoir.
Descartes parle de sagesse comme d'une volonté qui serait d'une « ferme et
constante résolution». Le philosophe rationaliste nous invite à vivre avec
droiture. Mais de quelle manière l'homme peut-il faire valoir sa liberté ? Le
déterminisme annihile t-il la liberté ?
La volonté d'un point de vue ontologique
Poser la
volonté au sens d'un point de départ absolu, non négociable, catégorique ramène
la question de la bonne volonté au niveau ontologique. En effet, il nous faut
pour cela la considérer comme une cause libre, c'est la raison pour laquelle
Descartes l'assimile en l'homme à une faculté infinie tandis que Kant considère
que la volonté est la raison d'être de la liberté, cette dernière nous
permettrait de connaître la volonté. La question ontologique est la suivante :
comment poser une cause libre dans un monde déterminé par le principe de
causalité? Plusieurs réponses sont possibles. Dans un premier temps, nous
pouvons adopter la position cartésienne et admettre que la volonté est la
faculté d'un sujet qui en tant que tel n'appartient pas à l'ordre naturel.
Descartes fait ainsi de la volonté la propriété de la chose pensante. Kant y
voit un noumène. Admettre que l'ordre naturel n'est qu'une apparence et que
l'être véritable est volonté a son origine chez Kant, nous la retrouvons chez
Schopenhauer et Nietzsche.
La bonne volonté au sens augustinien
Dans son
opposition à St Augustin, Kant n'envisage pas de rapport possible entre la
bonne volonté et le sentiment. Descartes fait référence à un sentiment, on peut
s'assurer en soi par le sentiment; Mais comment? Kant n'envisage pas cette
possibilité car toute la question est de savoir si on est ou pas de bonne
volonté. Pour Saint Augustin, le bien si grand de la bonne volonté est
immédiatement disponible car pour avoir la bonne volonté, il suffit de l'aimer;
L'aimer, c'est être de bonne volonté. Pour le philosophe, le libre arbitre est
un doute sur la perfection de Dieu, sa bonté, sa générosité. Il nous faut
remonter vers Dieu comme vers une cause, un être une lumière qui voit; La
supériorité de cette lumière, sa transcendance se marquent par son universalité,
c'est un bien commun, c'est la lumière par laquelle tous les hommes peuvent
voir. Cela fonde la possibilité d'un être en commun; nous avons à vivre une
relation verticale de nous-mêmes à Dieu. Nous retrouvons cette idée chez
Descartes. Cela signifie que le problème de la liberté souffre de n'être pensé
que comme liberté de l 'homme et non des hommes. Il faut nous envisager avec
autrui également dans l'échange des rencontres, autre figure contingente du
destin; Cela nous ouvre la possibilité d'une liberté en nous-mêmes. La liberté
d'une reconnaissance par autrui, cette façon de voir, est la manière
Augustinienne de remonter à la transcendance de la lumière comme possibilité
pour partager et fonder un «moi» commun. C'est ainsi que nous arrivons à poser
l'être en commun.
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