Un veneur : personne qui dirige les chiens d'une chasse à courre.

 

 

 

 

 

Vers         9          Je vis / mille veneurs // descendre / des montagnes

                            '    '      '  '     '     '         '     '    '       '       '      '

                               2               4                        3                      3

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est féminine étant donné qu'elle se termine par un « e » muet. Nous notons aussi la présence d'un enjambement externe (débordement sur un autre vers). Ce vers renferme aussi deux allitérations : une en [v] et une autre en [d] ainsi qu'une assonance en [i].

Sens :
La variance du rythme au sein même du vers témoigne de la cruauté des actes qui suivront. En effet, la lecture est d'abord rapide pour après ralentir dans la deuxième partie. Le rythme lent accentue donc l'image du nombre élevé de chasseurs qui se jetteront bientôt sur la louve. La cruauté est ainsi amplifiée, tandis que le rythme initial montre la surprise du témoin. L'assonance en [i] crée un effet de cri d'horreur et de menace. L'allitération en [d] rappelle un roulement de tambours tout comme lorsque les armées partaient en guerre, tandis que l'allitération en [v] rappelle fortement le vent qui souffle et qui amplifie ainsi la sensation de menace.

Lombarde : issu de Lombardie

Vers         10         Qui bordent / d'un côté // les lombard/es campagnes,

                             '     '      '      '       '  '        '    '     '      '      '       '

                                  3                   3                       3                       3

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est féminine étant donné qu'elle se termine par un « e » muet. Ce vers renferme aussi deux allitérations : une en [l] et une cacophonie qui n'est rien d'autre que la répétition du phonème [k]. Elle heurte la sensibilité d'une oreille habituée aux consonances de la poésie classique.

Sens :
Le rythme est régulier et lent ce qui instaure un instant de tranquillité et de calme. L'atmosphère est serein, le lecteur s'imagine ainsi un lieu naturel rempli de beauté et prospérité. En fait ce vers vise à accentuer le prochain rempli de cruauté et de barbarie. L'effet cacophonique souligne le fait que la louve ne peut pas s'échapper étant donné que les montagnes bordent d'un côté les lombardes campagnes. Les liquides [l] n'ont pas de véritable signification exceptée de souligner le caractère innocent des campagnes de Lombardie.

Vers         11         Et vis / de cent épieux // lui donner / dans le flanc.

                               '    '      '    '      '    '         '     '    '         '     '     '

                              2                   4                       3                   3

Un épieu : arme composée d'un manche garni à une extrémité d'un fer large et pointu qui servait à la guerre et à la chasse.

Un flanc : région anatomique latérale de l'abdomen (de certains animaux)

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est masculine étant donné qu'elle ne se termine pas par un « e » muet. Ce vers renferme aussi une allitération en [d] et une assonance en [] et en [i]
Sens :
La variance du rythme au sein même du vers est significatif. En effet, la lecture est d'abord rapide pour après décélérer dans la deuxième partie. La rapidité initiale souligne le sérieux, la barbarie et l'exagération de la situation. Le témoin semble indigné. La régularité du second hémistiche accentue la cruauté et elle semble prolonger ces instants interminables de sauvagerie. L'assonance en [] renvoie aux gémissements de la louve qui n'arrive pas à se défendre pendant que l'allitération en [d] suggère que les chasseurs s'attaquent aux parties anatomiques vitales de l'animal. La lettre aigue [i] reflète probablement les cris de l'animal et sert aussi à intensifier la menace.

Forme du tercet :
La rythmique est assez similaire, en effet nous constatons seulement une régularisation de celle-ci au dixième vers :
3 – 3 – 3 – 3. La structure de la rime est de type « AAB » dont les deux premiers vers sont des rimes suffisantes (répétition de deux phonèmes identiques : [aɲ]). Le tercet est isométrique étant donné que tous alexandrins ont la même longueur.

Vers         12         Je la vis / de son long // sur la plain/e étendue,

                            '   '   '       '     '      '          '    '     '       '   '    '

                                 3                  3                      3               3

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est masculine étant donné qu'elle ne se termine pas par un « e » muet. Ce vers renferme aussi une allitération en [s] ainsi qu'une assonance en []. La lettre aigue [i] heurte l'oreille du lecteur étant donné qu'elle se démarque des autres sonorités.
Sens :
Le rythme est régulier ce qui traduit une certaine tranquillité voire une prospérité. En effet, après avoir tué sauvagement la louve, le calme revient et le témoin ne peut que constater le résultat de cette action barbare. Le calme revient après la tempête. On pourrait interpréter cela comme une remise en question. L'action était-elle vraiment nécessaire ? La voyelle [i] renvoie au dernier gémissement de l'animal, qui est accompagné de plaintes que produit l'assonance en []. L'allitération en [s] exprime la difficulté de l'animal à trouver sa respiration. Les sifflantes se multiplieront par la suite ce qui signifie que la fin est proche.

Vers         13         poussant / mille sanglots, // se vautre/r en son sang,

                             '     '          '   '     '      '         '     '   '      '      '       '

                                  2                   4                          3                 3

Se vautrer : s'affaler sans retenue (sur quelque chose)

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est masculine étant donné qu'elle ne se termine pas par un « e » muet. Ce vers renferme aussi une allitération en [s] ainsi qu'une assonance en []. De nouveau la lettre aigue [i] se distingue des autres sonorités.
Sens :
La variance du rythme au sein même du vers est significative. En effet, la lecture est d'abord rapide pour après décélérer dans la deuxième partie. La rapidité initiale souligne de nouveau le sérieux, la barbarie et la tristesse de la situation. La régularité du second hémistiche accentue la cruauté et semble de nouveau prolonger ces instants interminables d'agonie de l'animal. Tout comme précédemment l'assonance en [] renvoie aux gémissements de la louve. L'allitération en [s] montre que l'animal a du mal à respirer et qu'elle se force de plus en plus à respirer. Finalement dans un dernier soupir et par un dernier cri aigu dont témoigne la lettre aigue [i] elle s'éteint à jamais. Le verbe « se vautrer » qui ne signifie rien d'autre que : s'affaler sans retenue (sur quelque chose), marque le coup de grâce.

Vers         14         Et dessus / un vieux tronc // dépouill/e la pendue.

                            '      '   '      '       '      '          '     '   '    '    '    '

                                  3                    3                       3                3

Dépouiller : enlever la peau (d'un animal mort)

Forme :
Le vers est subdivisé en deux hémistiches de longueur homogène. La césure est située au centre de l'alexandrin. La rime est féminine étant donné qu'elle se termine par un « e » muet.Sens :
Le rythme est régulier, la tranquillité est donc revenue dans ces campagnes lombardes. Après le meurtre de l'animal, on utilise sa fourrure comme signe de victoire. La louve est devenue objet et c'est l'homme qui a pris le dessus. On voit bien qu'il n'y a aucun respect pour l'animal étant donne que l'adjectif vieux souligne le fait qu'on ne prend même pas le soin de respecter la dépouille.

Forme du tercet :
La rythmique est assez similaire, en effet nous constatons seulement un changement au treizième vers :
2 – 4 – 3 – 3. La structure de la rime est de type « ABA » dont le premier et dernier vers sont des rimes riches (répétition de deux phonèmes identiques : [dy]). Le tercet est isométrique étant donné que tous alexandrins ont la même longueur.

Bibliographie

-       Encyclopédie Microsoft Encarta 2004

-       Eléments de métrique française – Jean Mazaleyrat – 8e édition – Armand Colin

-       Rhétorique générale – Groupe µ - Points

-       Vocabulaire de l'analyse littéraire – Daniel Bergez, Violaine Géraud, Jean-Jacques Robrieux – Nathan université

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !