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C'est parti

Texte

   Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude: termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.
Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant; et si de certaines places paraissent lui êtres fermées, c'est qu'à ses yeux elles ne valent pas la peine d'être visitées.
Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privé l'égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente.
Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui passe.
Il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne fût-ce que pour humilier un instant leur sot orgueil, qu'il est des bonheurs supérieurs au leur, plus vastes et plus raffinés. Les fondateurs de colonies, les pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires exilés au bout du monde, connaissent sans doute quelque chose de ces mystérieuses ivresses; et, au sein de la vaste famille que leur génie s'est faite, ils doivent rire quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agitée et pour leur vie si chaste.

Le Spleen de Paris, Charles Baudelaire, 1869

Qui est l'auteur du poème Les Foules ?
Portrait de Charles Baudelaire par Etienne Carjat (1863)

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Étude du paratexte

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, de l'auteur, de la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également vers des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème)
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comme le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

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Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Commentaire composé

Introduction

Dans Le Spleen de Paris, le poète Charles Baudelaire (1821-1867) trouve une autre forme d’inspiration. Il se détache du carcan du poème fixe pour laisser vagabonder son inspiration, et pour converser plus librement avec le lecteur.

Dans sa dédicace à Arsène Houssaye, il définit son rêve :

« Une prose poétique musicale sans rythme et sans rime assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience »

C’est justement en se promenant dans la ville, en se mêlant à la foule qu’il atteint son idéal obsédant.
Dans le douzième poème de Spleen de Paris, intitulé Les Foules, le locuteur définit une nouvelle conception de la poésie : c’est en se flânant dans cette « universelle communion » qu’il atteint un autre univers de correspondances.

Comment Baudelaire entreprend-il, par une nouvelle forme de poésie, l'établissement de la supériorité du poète ?

Où se se déroule Le Spleen de Paris ?
Une foule parisienne aux Champs-Elysees

Annonce du plan

Nous verrons d'abord en quoi ce poème est d'un nouveau genre, par le ton didactique qu'il revêt. Nous montrerons, dans un deuxième temps, comment Baudelaire sépare le monde en deux, entre la solitude et la multitude. Enfin, il s'agira d'assimiler cette partition au pouvoir de l'imagination, apanage du poète solitaire.

Un poème didactique d'un nouveau genre

Le poème se présente sous un jour nouveau, celui de la prose. Baudelaire affirme par la forme que la poésie existe indépendamment du vers et il adopte, pour ce faire, une structure souple qui épouse les soubresauts de l'âme.

Comme dans un texte argumentatif, chaque paragraphe correspond ainsi à un but discursif précis : le poète défend un point de vue et l'appui d'exemples ou d'images révélatrices.

Baudelaire commence prosaïquement par une définition : celle de l'art de jouir de la foule, qui caractérise le poète dans son amour du travestissement.

Ce goût du travestissement est consacré par l'utilisation d'une paronomase au deuxième paragraphe (= procédé qui consiste à rapprocher, à l'intérieur d'une phrase ou d'un vers, des paronymes, c'est-à-dire des mots à la forme similaire mais au sens différent,  dans un but stylistique, Larousse) :

« Multitude, solitude : termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. »

Le troisième paragraphe décrit alors le pouvoir de métamorphose du poème en reprenant par le groupe nominal emphatique « cet incomparable privilège » ce qu'il décrit plus haut.

Le quatrième paragraphe est le lieu de la thèse la mieux explicitée : il met en valeur la grandeur du poète.

Les deux derniers paragraphe font l'utilisation d'un raisonnement logique : c'est l'opposition du poète face aux autres hommes, qui leur est supérieur comme un missionnaire venant éduquer les sauvages.

Ainsi la structure argumentative est marquée par un mouvement d'ouverture et d'amplification, renforcée par le mouvement déductif et analogique qui valorise la caractérisation du poète.

Le poème procède comme une marche, comme le solitaire qui avance au milieu de la foule : la procession s'ouvre vers l'inconnu et l'imprévu, pour finalement se fermer sur une comparaison, par laquelle le poète devient pareil à ceux qui éprouvent des plaisirs supérieurs.

Cette structure révèle donc la dualité du locuteur qui s'ouvre à la contemplation et, en même temps, théorise sur lui-même, comme s'il s'observait dans un miroir.

Mais c'est également un dialogue avec le lecteur d'ordre nouveau, jonché d'aphorismes (= phrase, sentence qui résume en quelques mots une vérité fondamentale, Larousse). Aussi le locuteur met-il en valeur le caractère unique du poète dans chacune de ses strophes :

  • 1er paragraphe : il débute par une formule négative qui doit signifier la singularité du poète face au commun des mortels
  • 2ème paragraphe : il présente le poète fécond comme celui capable de tout, indépendamment de la situation
  • 3ème paragraphe : le poète est présenté avec un pouvoir paradoxal qui peut réunir les contraires et est omnipotent (« lui-même » et « autrui »)
  • 4ème paragraphe : il insiste sur le caractère unique du poète, avec la répétition anaphorique de l'adjectif indéfini « tout », qui le relie avec l'étonnante faculté d'épouser la foule
  • 5ème paragraphe : le poète se désolidarise du reste de l'humanité, affirmant qu'il possède une compréhension du monde que celle-là n'a pas
  • 6ème paragraphe : même procédé que précédemment avec la désolidarisation (« ce monde », comme s'il n'en faisait pas partie) ; le poète est frappé du génie dès la naissance, orgie de plaisir à laquelle certains hommes par leur vie

Cette forme aide donc le poète, par les procédés stylistiques péremptoires dont il use, à manifester son point de vue. Par celui-là, Baudelaire veut convaincre qu'il existe deux mondes : celui de la multitude et celui de la solitude.

Multitude de la foule et solitude du poète

Baudelaire fonde la dynamique de son poème sur l'opposition systématique entre le monde de solitude et celui de la multitude : « chacun » qui s'oppose à « multitude », « celui-là seul » qui est aux dépens du « genre humain », « seul » contre « la foule », « ces âmes errantes » versus « un corps », le « promeneur solitaire » dans « la foule, « les hommes » en face de « l'inconnu ».

Quel est le thème des Foules, de Charles Baudelaire ?
La Solitude, Camille Corot (1866)

Mais cette opposition n'est indépassable que pour le commun des mortels. Plutôt que de les rendre insoluble l'une à l'autre, la multitude et la solitude sont mariables, comme le suggère la formule qui contient à la fois une asyndète (= suppression du terme de liaison entre des mots ou des propositions qui se trouvent cependant dans un rapport de coordination, Larousse) et une paronomase :

« Multitude, solitude »

Cette manière de dire vient mimer le couple que le poète forme avec la foule, couple marqué par le mouvement qui veut relier solitude et multitude.

La solitude caractérisant le poète est ainsi, pour l'auteur, ce qui lui permet d'épouser facilement la foule et de s'ouvrir à tous :

« Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut être à sa guise lui-même et autrui. »

C'est ainsi en devenant autrui que l'artiste échappe à la puisse du temps, comme invite à le penser l'emploi constant du présent à valeur générale.

La structure du poème est calquée sur la dilatation de l'âme du poète : le rythme binaire est ainsi remplacé par le rythme tertiaire à partir du quatrième paragraphe. Et, enfin, la succession des propositions relatives, qui termine les phrases ainsi que le poème, veut suggérer la démultiplication du bonheur grâce à la foule.

Ce n'est donc pas que la solitude est supérieur à la multitude : il s'agit plutôt, pour Baudelaire, de montrer que la solitude donne à sentir, à l'intérieur de soi, la multitude caractéristique du monde. Il établit, en fait, la supériorité de l'intérieur sur l'extérieur, puisque cet extérieur est atteignable par la force de l'imagination qui gît à l'intérieur du poète, doté à la naissance par la « fée » qui insuffla le « goût du travestissement et du masque ».

La supériorité du poète sur le réel

Baudelaire présente le poète comme doté à la naissance d'un pouvoir supérieur, qui peut s'incarner, selon l'un de ses exemples, de la « passion du voyage ». Pourtant, il n'y a aucune scène exotique qui suit cette première introduction : le lieu de vie du poète n'est que le milieu de la foule, endroit où il rencontre des visages, des « personnages ».

Même si l'imagination n'est pas définie explicitement, il s'agit pourtant de cette faculté à s'évader, à voyager malgré l'enveloppe corporelle du corps. Le poète n'est qu'une âme qui traverse la matière :

« Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. »

Il appartient au monde de manière transcendantale, lui qui s'ouvre à chaque invitation de l'extérieur, comme une prostituée :

« cette sainte prostitution de l'âme qui se donne toute entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montrer, à l'inconnu qui passe. »

La poésie s'assimile ainsi à de la démiurgie, à l'art de la métamorphose (Baudelaire utilise les termes de « travestissement » et de « masque »). Et cette faculté à sortir de lui pour rencontrer l'extérieur, l'altérité, lui confère la possibilité de vivre ces « mystérieuses ivresses », qui sont « ineffables » - qu'on ne peut que vivre ou ressentir, donc.

Le dernier paragraphe affirme explicitement la supériorité du poète, avec le champ lexical y afférent : « bonheurs supérieurs », le superlatif « plus » par deux fois, « génie ». Baudelaire finit par comparer le poète aux missionnaires qui fondent les civilisations et guident les peuples.

Conclusion

Baudelaire affirmait qu’il est impossible qu’un poète ne contienne pas aussi un critique. Ce poème en prose des Foules nous révèle le bien fondé de cette affirmation.

C’est en prenant du recul sur la création poétique que le poète redevient poète d’un nouveau genre : converser sur la poésie s’assimile ainsi pour lui à une promenade intellectuelle et sensoriel. En se regardant et en regardant le monde, le poète puise une nouvelle forme d’énergie qui lui fait rejoindre l’ivresse dionysiaque.

Où Charles Baudelaire vécut-il ?
Plaque commémorative 1, rue du Dôme à Paris

Ce poème qui épouse parfaitement les méandres du poète, nous dévoile un des thèmes essentiels du Spleen de Paris. Mais ce peut être aussi un dialogue avec lui-même, multiple, car tout à la fois moraliste, philosophique et poétique.

C’est par cette nouvelle forme de poésie que le locuteur exprime le mieux la dualité et nous invite nous aussi à devenir poète, c'est-à-dire à regarder le monde en éternel mouvement, semblable « aux nuages qui passent là bas… là bas… aux merveilleux nuages ! » (L’Étranger, Albert Camus)

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.