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C'est parti

Le poème

Bohémiens en Voyage

 

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

 

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

 

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

 

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857

Qui est Charles Baudelaire ?
Charles Baudelaire est l'un des plus grands poètes français avec Rimbaud et Verlaine ! (source : France Culture)

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

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Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire du poème

Introduction

Publié pour la première fois en 1857, « Bohémiens en Voyage » est le treizième poème de toutes les éditions des Fleurs du mal. Dans cette oeuvre, Baudelaire semble rendre hommage aux Bohémiens, peuple du voyage, dont il décrit les attitudes et les avancées.

« Bohémiens » est un des noms donnés aux tziganes, populations originaires de l'Inde, apparues en Europe au XIVème siècle, dont certaines menèrent (et mènent aujourd'hui encore) une vie nomade. On les appela ainsi puisqu'on supputait qu'ils venaient de l'ancien royaume de Bohême (aujourd'hui en République Tchèque). Ils prennent également le nom de Roms (pour la Roumanie) ou encore de Gypsies (pour l'Egypte).

Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, on les décrit comme des « vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, à l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. » Baudelaire, lui, semble s'être inspiré d'une gravure de Jacques Callot, donnant à ses sujets de représentation une dimension particulière.

Car en invoquant le monde mystique et la Nature, il semble qu'il conduise une analogie qui dépasse la simple description.

Annonce de la problématique

Dès lors, en quoi les Bohémiens se font-ils les égaux du poète ?

Annonce du plan

Nous verrons dans un premier temps comment Baudelaire pose les Bohémiens comme des marginaux de la société. Dans un second temps, nous analyserons les pouvoirs qu'ont en commun poètes et Bohémiens.

De qui s'inspire Baudelaire pour le tableau des Bohémiens ?
Jacques Callot, « Les Bohémiens en voyage », dessin dont s'est inspiré Baudelaire pour son poème

Développement

La description de marginaux

Un groupe autonome et unifié

Dès le premier vers, le lecteur trouve « tribu prophétique », c’est-à-dire une singularisation du groupe avec le pronom singulier défini « la ». Les bohémiens ne font qu’un, et le premier vers ne semble donner que deux prunelles pour tout ce groupe, qui se présente comme un seul corps.

Les bohémiens paraissent bien n’être qu’un gigantesque corps, qu’un seul animal, dans ce premier vers :

  • On trouve le possessif au singulier « son », comme si la tribu n’avait qu’un seul dos
  • « ses petits » ne sont pas différenciés : les enfants sont à tout le monde, et la parentalité ne paraît pas importer. En outre, on peut noter que la locution « petit » fait référence au monde animal plutôt qu’au monde humain.

Il faut en outre noter que le premier quatrain n’est qu’une seule et même phrase, ajoutant encore à l’impression d’un groupe formant un seul corps.

La marginalité du groupe, autant que son autonomie, sont suggérés par le port des armes, au vers 5 : « armes luisantes ». L’adjectif « luisantes », qui fait référence au métal des armes, ajoute un peu plus à la dangerosité desdites armes, augmentant par-là leurs capacités de défense.

Ces hommes protègent ainsi « les leurs », « blottis » (vers 6) à l’intérieur des chariots, lesquels leur assurent d’être toujours chez eux.

Des voyageurs toujours en mouvement

La temporalité place le groupe de voyageurs dans un mouvement déjà commencé, puisqu’elle s’est mise en route « hier ». Ainsi, elle ne se met pas en route : elle l’est déjà, et, quelque part, elle l’est « toujours » (adverbe de temps que l’on retrouve au quatrième vers). « Hier » pourrait alors s’entendre comme « Depuis la nuit des temps ».

L’évocation des « chariots » rappelle qu’ils sont un peuple de nomades, et qu’ils se déplacent toujours. Le fait que les deux premiers quatrains soient chacun une seule phrase complète, faites d’enjambements, insiste également sur l’impression de mouvements, et renvoie à la marche des bohémiens (confère au vers 5 « Les hommes vont à pied »).

Dans les deux derniers tercets, on trouve un vocabulaire relatif au voyage, qui insiste sur le mouvement pédestre du groupe : « passer », « voyageurs », « ouvert », « empire ».

Surtout, les deux derniers vers annoncent que la « tribu prophétique » continuera encore de marcher une fois l’avènement des « ténèbres futures » (c’est-à-dire la mort), puisqu’aucune porte, aucune barrière ne les arrêtera.

Qui sont les Bohémiens ?
Bohémiens au repos, dans Voyage illustré dans les cinq parties du monde en 1846, 1847, 1848, 1849 (p.113), Karl Girardet

Pareils aux poètes

Des personnes mystiques

Dès le début, les bohémiens sont présentés comme une « tribu prophétique », c’est-à-dire qu’ils auraient le don de lire l’avenir sur les lignes de la main.

Mais, parallèlement, l’expression « prunelles ardentes » suggère le feu intérieur des Bohémiens et constitue une métonymie : ils sont capables de divination. Or, le poème « Correspondances » de Baudelaire ne dit pas autre chose sur les capacités du poète. L’analogie entre la tribu des bohémiens et la figure du poète est donc immédiate.

L’allitération au quatrième vers sur les sons « tr » et « pr » renvoient également à la bestialité de la tribu, qui l’intègre dans la Nature plutôt que l’humanité, lui réservant une place particulière dans la cosmogonie.

Plus largement, on trouve tout au long du poème un vocabulaire mystique, qui fait penser à la magie, à la divination : « ardentes », « trésor », « ciel », « chimères ».

Ces bohémiens semblent aussi, tout comme le poète, susceptibles de souffrir du spleen, devant la dure réalité d’une vie privée de cette même mystique dont ils sont pourtant les garants. Le vers 8 invite à penser ce manque, avec l’adjectif « morne », associé au nom commun « regret », qui est une association dépréciative. Car les chimères sont bien « absentes ».

Le passage au mystique se fait, conformément à la tradition du sonnet, à partir du premier tercet : la perspective change, les Bohémiens ne sont plus souffrants, mais plutôt parties prenantes d’une nature magnifique.

Le poème lui-même se termine sur la référence à des « ténèbres futures », dont ils sont « familier[s] », tout comme le poète qui connaît les mondes parallèles. Cette référence (« l’empire familier », c’est-à-dire un empire qu’ils connaissent déjà) fait elle-même écho au premier groupe nominal du poème, qui qualifiait les Bohémiens de « tribu prophétique », donc capable d’anticiper l’avenir.

Qui sont démiurges

Mais pareil au poète, la tribu bohémienne est également toujours prête à produire, à créer, c'est-à-dire qu'ils sont démiurges (= créateurs, animateurs d'un monde).

D’abord, elle est féconde, puisqu’elle contient en son sein « ses petits » (vers 2). Mais pour ces petits, elle a un « trésor toujours prêt », c’est-à-dire qu’elle peut toujours leur offrir du lait, symbole ultime de la fécondité.

Que dit Baudelaire des Bohémiens dans son poème ?
Les Trois Bohémiens, Joseph Alfred Bellet du Poisat, 1857

Mais leur passage sur la terre, qu’ils foulent des pieds, provoque une symbiose tout aussi féconde. Ainsi, le grillon, lorsqu’il les voit passer, « redouble sa chanson » (vers 10) : c’est dire qu’ils mettent en joie la nature, puisqu’ils la font chanter.

La référence à Cybèle, qui est la déesse grecque personnifiant la nature sauvage, la « Magna Mater » (Mère des Dieux), achève de confirmer la toute-puissance des Bohémiens. C’est, d’après les vers de Baudelaire, leur marche qui provoque la fécondité même de la nature (« augmente ses verdures », vers 11). Mais, surtout, ils rendent l’impossible possible, puisque le poète use de deux antithèses pour décrire leurs pouvoirs :

  • « fait couler le rocher », où l’eau naît de la pierre
  • « fleurir le désert », où les plantes naissent dans l’aridité

Les deux derniers vers semblent annoncer l’immortalité des Bohémiens, qui seront en marche même dans les « ténèbres futures », comme s’ils avaient déjà vaincu la mort.

Conclusion

Le poème « Bohémiens en voyage », développe ainsi une allégorie. A travers la figure des voyageurs, Baudelaire suggère que Bohémiens et poètes, pour leur marginalisation de la société autant que pour leur rapport à la nature, sont à une place équivalente.

On pourrait mener une analyse complémentaire en jugeant des capacités « prophétiques » du poète (et donc, du Bohémien) à partir d'une analyse du poème « Correspondances », lui aussi présent dans le recueil Les fleurs du mal.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.