Le siècle des Lumières s'ouvre historiquement sur l'année 1715, c'est-à-dire lorsque Louis XIV meurt.

C'est un mouvement à la fois philosophique, littéraire et culturel, issu de la bourgeoisie, mouvement que connaît l'ensemble de l'Europe du XVIIIème siècle (1715-1789). Sa dynamique s'appuie sur la promotion du rationalisme, de l'individualisme et du libéralisme, trois notions qui s'opposent à l'obscurantisme entretenu par l'Église catholique et l'arbitraire de la royauté.

Cette leçon a pour but d'exposer le contexte favorable dans lequel ce mouvement est né puis s'est développé, ainsi que de présenter les principales figures de ce siècle.

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C'est parti

Contexte historique des Lumières

La régence (1715 – 1723)

Le siècle des Lumières commence réellement avec la mort du Roi Soleil, Louis XIV, en 1715. S'installe la régence du duc d'Orléans, alors que le futur Louis XV n'a que cinq ans.

Que dénonce Mariveau dans ses pièces ?
La cour de Louis XIV

Mais la situation laissée par l'ancien monarque absolue est proche de la catastrophe. Les finances sont à l'agonie et l'intolérance religieuse - marquée par la révocation de l'édit de Nantes en 1685 - provoque des exodes et des tensions au sein de la population.

Sur le plan politique, l'autorité monarchique recule, puisque Philippe d'Orléans n'a que peu d'intérêt pour les affaires de l'État.

Les règnes de Louis XV et Louis XVI (1723-1792)

Les deux rois qui succèdent au tout-puissant Louis XIV exercent ainsi une autorité bien moindre. L'influence de la France s'affaiblit, tandis que l'image de la monarchie se ternit.

Le règne de Louis XV est notamment marqué par l'influence de sa favorite la marquise de Pompadour, passionnée par les arts et l'intelligence. Elle protègera ainsi les philosophes des Lumières.

Le pouvoir royal fonctionnant historiquement avec le dogme catholique et l'intolérance religieuse, l'affaiblissement du premier permet l'essor d'une réflexion sur d'autres modes de gouvernement, profitant notamment de l'exemple anglais.

L'Angleterre, en effet, est gouvernée sur la base d'une monarchie constitutionnelle depuis la publication en 1689 de la Déclaration des droits (Bill of rights) : elle contrebalance le pouvoir du monarque anglais par l'établissement d'un parlement.

Développement du savoir

En parallèle, le savoir se diffuse de plus en plus facilement.

La première raison se trouve dans la diffusion croissante du livre. Si, au XVIIème siècle, le lectorat appartenait avant tout à la noblesse et au clergé, le XVIIIème siècle connaît un élargissement de son public.

Les petits bourgeois (commerçants, riches propriétaires terriens) se mettent à la lecture et se donnent la possibilité d'échanger des avis intellectuels et politiques. Ainsi, on voit l'apparition de salons et de clubs (dont les loges maçonniques) dans lesquels on partage des vues politiques. Cela contribue évidemment à la diffusion d'idées nouvelles.

Sur le plan scientifique, enfin, le XVIIIème siècle voit l'apparition de théories décisives, qui remettent en cause les dogmes religieux. Il y a par exemple Newton qui définit la gravité, et permet de comprendre des lois de la nature comme le mouvement des planètes. La physique expérimentale se développe et, par la même occasion, l'essor des individus s'affermit.

Cette profusion de nouvelles connaissances explique par exemple le travail des Encyclopédistes, avec Diderot et d'Alembert en tête, qui se consacrent à la publication de l'Encyclopédie entre 1751 et 1772, ouvrage emblématique du siècle des Lumières.

Le mouvement des Lumières

Définition des lumières

Dans un article publié en 1784 dans une revue berlinoise, le philosophe allemand Kant (1724–1804) donne une définition des lumières :

« Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de l'homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable. Minorités, c'est-à-dire l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des lumières. »

Sapere aude ! est une phrase latine qui signifie littéralement : « Ose savoir ! ». Les Lumières, ce sont donc ces efforts d'usage de la raison et de l'intelligence réalisés par l'homme pour accéder à l'éclaircissement. La raison permet à l'homme d'écarter les préjugés et autres superstitions alimentées par le dogme religieux, afin d'agir au mieux sur le monde.

Dès lors, aucun contenu philosophique particulier ne définit les lumières ; c'est plutôt une aptitude aux dispositions de l'esprit qui soumet tout au libre examen de la raison. De ce premier principe, qui consiste à appliquer l'esprit examinateur aux faits observables et vérifiables, il en découle un second : il s'agit du refus du principe d'autorité.

Ce refus conduit à une relecture, par exemple, de l'histoire et de la Bible. En s'appuyant sur des documents et en consultant les textes originaux, les érudits veulent débarrasser l'histoire des fables qu'elle charrie et remettre en question le caractère sacré de la Bible.

On assiste ainsi à la naissance de la critique historique et de l'exégèse critique. Sans relâche, les Lumières mettent en œuvre leur esprit critique acéré afin de débusquer les superstitions, les préjugés, toutes les sources d'erreurs possibles et de faire reculer l'ignorance.

On trouve comme exemples fameux :

  • Diderot qui combat les préjugés sociaux et moraux dans Le neveu de Rameau (1773)
  • Voltaire qui combat le fanatisme religieux dans Candide (1759)
Qui est l'instigateur de L'Encyclopédie ?
Denis Diderot, rédacteur de L'Encyclopédie

Une critique historico-géographique

Les philosophes des Lumières, dans leur entreprise critique, s'attaquent donc au système monarchique : ils en recherchent les fondements historiques et les soumettent à l'exercice de la raison.

L’examen des différents types de gouvernements qui se sont succédés à travers les siècles amène ainsi Montesquieu, dans De l'esprit des lois (1748), à dégager des constantes dans l'histoire politique.

Il montre que sous leur apparente diversité, les sociétés cachent une logique qui les organise. Chaque type de gouvernement obéit à une logique interne qui seule permet de comprendre les raisons des lois et des mœurs de telle ou telle société. À juste titre, Montesquieu peut apparaître comme le fondateur des sciences politiques.

Dans le même ouvrage, Montesquieu théorise la séparation des pouvoirs (pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire), arguant que, selon lui, un pouvoir royal devrait être encadré par un texte constitutionnel. En parallèle, Jean-Jacques Rousseau, dans Le contrat social, établit les bases de la démocratie.

Cette approche comparatiste de l'histoire débouche naturellement sur une posture relativiste, qui va être renforcée par le comparatisme géographique. En effet, les voyages et les récits de voyageurs se multipliant, le sentiment de relativité universelle s'amplifie.

Les lettres édifiantes et curieuses des Jésuites missionnaires en Chine font par exemple connaître les civilisations asiatiques hautement raffinées et cependant radicalement différentes des sociétés européennes. Le mythe du bon sauvage interroge l'Europe sur le fonctionnement de sa propre société.

Les voyages peuvent aussi être imaginaires ; ils deviennent ainsi un moyen de satire contre la société européenne. Citons par exemple Les lettres persanes (1721) de Montesquieu et Les suppléments au voyage de Bougainville (1773) de Diderot.

Cette nouvelle manière d'appréhender l'histoire et la géographie rend toute tradition sujette à caution et rend également problématique les fondements philosophiques, moraux et religieux d'une société.

La quête du bonheur

La quête du bonheur est au cœur des préoccupations des hommes du XVIIIe siècle. Cette inquiétude signifie un changement important dans les mentalités. Jusqu'au XVIIème siècle, l'homme devait penser à son salut éternel et il devait vivre en conséquence.

À partir du XVIIIe siècle, l'homme veut être heureux ici et maintenant, dès sa vie de mortel. C'est l'idée que proclame Voltaire (1694 – 1778) dans la 25e lettre des Lettres philosophiques (1734), reprise encore dans son poème « Le Mondain », de 1736 :

L’or de la terre et les trésors de l’onde,
Leurs habitants et les peuples de l’air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
O le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l’un et l’autre hémisphère.
Voyez-vous pas ces agiles vaisseaux
Qui, du Texel, de Londres, de Bordeaux,
S’en vont chercher, par un heureux échange,
De nouveaux biens, nés aux sources du Gange,
Tandis qu’au loin, vainqueurs des musulmans,
Nos vins de France enivrent les sultans ?

Le désir de bonheur individuel, lié à l'avènement de l'individu, n'est pas incompatible avec la recherche d'un bonheur collectif en rapport direct avec l'émergence de la notion d'homme social.

Qui est Voltaire ?
Voltaire est le plus grand représentant de la philosophie des Lumières ! (source : Revue des Deux Mondes)

S'agissant des moyens utilisés pour parvenir au bonheur, deux idées coexistent :

  • pour la première, représentée par Voltaire, on considère que l'humanité est en marche vers le bonheur, que son histoire est sous le signe du progrès, le progrès matériel engendrant un mieux-être moral.
  • la seconde, représentée par Rousseau, souscrit au mythe de l'état de nature dans lequel le bonheur se situe dans un âge d'or révolu ; les peuples exotiques et lointains, proches encore de cet état originel, sont souvent perçus comme les dépositaires d'un bonheur perdu par les sociétés civilisées. Retrouver ce type de bonheur impliquerait de cultiver la vertu.

Valorisation de la sensibilité

L'âme  sensible se caractérise par une capacité à très vite ressentir les impressions, quelle qu'elle soit. Perçu comme l'apanage (c'est-à-dire la propriété exclusive) des belles âmes, elle en est la marque distinctive. Sa manifestation, ce sont par exemple des larmes qui coulent en grande quantité.

Jean-Jacques Rousseau, avec son roman La nouvelle Héloïse (1761), exalte, plus que tout autre, cette sensibilité. Si son héros Saint-Preux s'écrit :

que c'est un fatal présent du Ciel qu'une âme sensible !

Il n'en reste pas moins vrai qu'une grande sensibilité, c'est une opportunité d'être proche de la nature, de se mettre au diapason d'elle. C'est également une manière de décupler ses joies comme ses peines - en somme, c'est une manière de vivre profondément.

En outre, si l'on pose que l'homme est originellement bon, alors il suffirait en effet d'écouter son cœur pour faire le bien. La sensibilité serait un moyen infaillible d'être vertueux et la vertu un moyen de parvenir au bonheur.

Science & Progrès

Les Lumières sont également très marquées par le développement parallèle des sciences et des techniques. Ils adoptent par exemple la méthode expérimentale de Newton : la réflexion doit se fonder sur l'observation et l'expérimentation. De là découle une idée du vrai : c'est ce qui peut être vérifié.

Ces avancées scientifiques engagent également vers une voie positive, celle du progrès. Le progrès, c'est en effet la raison et les savoirs qui se diffusent ; de cette diffusion découlera assurément une amélioration de tous les aspects de la vie humaine (politique, social, moral, culture, finance, ...).

Les figures des Lumières

Les philosophes

Montesquieu (1689-1755)

Montesquieu est le fameux auteur de De l'Esprit des lois (1748) où il défend l'idée de séparation des pouvoirs. Mais dans cet essai, il classifie également les différents pouvoirs et leurs principes associés :

  • le pouvoir républicain, où le peuple, voire une partie du peuple, gouverne : son principe est la vertu
  • le pouvoir monarchique, où un seul homme gouverne par des lois fixes et établies : son principe est l'honneur
  • le pouvoir despotique, où un seul gouverne, mais sans lois et sans règles, selon son propre bon vouloir : son principe est la crainte

À titre personnel, Montesquieu reste fidèle à la monarchie, qu'il voudrait cependant constitutionnelle.

Voltaire (1694-1778)

C'est sûrement le philosophe des Lumières le plus connu. Il a mené plusieurs carrières littéraires de front :

  • poète et dramaturge, genres pour lesquels il a eu le plus de succès en son temps, mais dont les œuvres sont aujourd'hui totalement oubliées
  • historien, matière dans laquelle il met des méthodes au point : sa démarche repose sur une documentation précise qui remonte aux sources, même s'il garde un style très narratif (et donc littéraire)
  • philosophe, là il a toujours lutté pour ses idées de tolérance, combattant l'arbitraire et le fanatisme, notamment à travers trois œuvres : Les lettres philosophiques (1734), Le Traité sur la tolérance (1763), qui parle de l'affaire Calas, et Le dictionnaire philosophique (1764)
  • conteur et romancier, car c'est l'auteur des fameux contes philosophiques Zadig ou la Destinée (1747), Candide ou l'Optimisme (1759) et L'Ingénu (1767)
Comment faire le compte-rendu de L'Ingénu et de Memnon ?
Candide ou l'Optimisme est le conte philosophique le plus connu de Voltaire qui fut publié en 1759. Il s'agit d'un récit de voyage et de transformation d'un homme en philosophe ! (source : Opera Online)

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

L'œuvre de Rousseau est abondante : il a écrit des discours, des traités, des écrits autobiographiques, des romans, des opéras, des traités de musique, des ouvrages de botanique, des pièces de théâtre.

De nos jours, il est connu pour des œuvres philosophiques majeures :

  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755)
  • Le contrat social (1762)
  • Émile ou de l'Éducation (1762)

Il a également exposé ses vues philosophiques sur la vertu dans le roman Julie ou la Nouvelle Héloïse, un best-seller contemporain. Il a enfin réinventé le genre autobiographique, en axant la narration sur l'intériorité du moi, avec Les Confessions (1781-1788) et Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778).

Denis Diderot (1713-1784)

Denis Diderot est à l'initiative de l'ouvrage emblématique qu'est L'Encyclopédie.

Il est également connu pour ses Salons, qui sont des compte-rendus des expositions annuelles de peinture et de sculpture du Louvre, et pour plusieurs romans tels que Le Neveu de Rameau (1762) et Jacques le Fataliste (1796).

Les dramaturges

Beaumarchais (1732-1799)

Beaumarchais est de nos jours connu pour ses pièces de théâtre. C'est effectivement par elle qu'il a diffusé certaines des idées centrales dont se nourrira la Révolution française. Il n'est certes pas philosophe, mais use des idées philosophiques des Lumières pour faire parler ses personnages, dont le célèbre Figaro (voir par exemple Le Mariage de Figaro).

Marivaux (1688-1763)

De la même manière que Beaumarchais, Marivaux est aujourd'hui avant tout connu pour ses pièces de théâtre - il est le cinquième dramaturge le plus joué du répertoire !

Mais il était également journaliste, rédacteur dans des journaux où il exposait ses vues philosophiques. Il y décrit une société cloisonnée et hiérarchisée, fait la satire de ses contemporains, développe des conceptions esthétiques.

Ses pièces comme L'Île aux esclaves (1725) ou La Dispute (1744) font montre de ces problématiques philosophiques et de son envie de bousculer les représentations de ses contemporains.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.