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C'est parti

Présentation de l'auteur de l'oeuvre

Qui est l'auteur de Sarrasine ?
Dire que Balzac aurait pu ne jamais être écrivain !

Honoré de Balzac naît à Tours en 1799 au sein d'une famille de la petite bourgeoisie apparue avec les mutations de l'époque. Les premières années de l'écrivain ne sont pas toutes roses car il ne reçoit pas beaucoup d'amour de ses parents. Il se tourne donc vers sa sœur Laure avec qui il entretient une relation forte jusqu'à la fin de sa vie.

Sa scolarité débute par le pensionnat, à Vendôme, avant de revenir en 1813 à Tours en tant qu'externe. Avec la restauration de 1814, la famille de Balzac décide de s'installer à Paris et il ne quittera plus cette ville. Deux ans plus tard, Balzac se lance dans des études de droit et dans le même temps pratique le métier de clerc de notaire.

Alors qu'il n'a que 20 ans, Balzac est bachelier en droit. Cependant, il va à l'encontre de cette filière et décide de se lancer dans l'écriture. Sa première oeuvre, la pièce de théâtre Cromwell, ne reçoit pas un très bon accueil en 1820. Pour contrer cette défaillance, il se met à écrire des petites histoires d'aventure pour subvenir à ses besoins.

A partir de 1830, il commence la rédaction de son oeuvre : La Comédie Humaine, son grand projet littéraire !

Voici un tableau récapitulatif des plus grandes œuvres d'Honoré de Balzac :

OuvrageDate
Les Chouans1829
La Maison du Chat-Qui-Pelote1830
La Peau de Chagrin1831
Le Chef-d'œuvre Inconnu1831
Le Colonel Chabert1832
Ferragus, Chef des Dévorants1833
Eugénie Grandet1834
La Duchesse de Langeais1834
Le Père Goriot1835
La Fille aux Yeux d'Or1835
Le Lys dans la Vallée1836
Illusions Perdues1839
Splendeurs et Misères de Courtisanes1847
La Cousine Bette1847
Le Cousin Pons1847

Sarrasine : Partie 4

Qu'est-ce que la nouvelle Sarrasine de Balzac ?
Vous pouvez reprendre la lecture de la nouvelle avec cette partie 2 !

J'avais amené cette jeune femme au bal de Mme de Lanty. Comme elle venait pour la première fois dans cette maison, je lui pardonnai son rire étouffé ; mais je lui fis vivement je ne sais quel signe impérieux qui la rendit tout interdite et lui donna du respect pour son voisin. Elle s'assit près de moi. Le vieillard ne voulut pas quitter cette délicieuse créature, à laquelle il s'attacha capricieusement avec cette obstination muette et sans cause apparente, dont sont susceptibles les gens extrêmement âgés, et qui les fait ressembler à des enfants.

Pour s'asseoir auprès de la jeune dame, il lui fallut prendre un pliant. Ses moindres mouvements furent empreints de cette lourdeur froide, de cette stupide indécision qui caractérisent les gestes d'un paralytique.

Il se posa lentement sur son siège, avec circonspection, et en grommelant quelques paroles inintelligibles. Sa voix cassée ressembla au bruit que fait une pierre en tombant dans un puits. La jeune femme me pressé vivement la main, comme si elle eût cherché à se garantir d'un précipice, et frissonna quand cet homme, qu'elle regardait, tourna sur elle deux yeux sans chaleur, deux yeux glauques qui ne pouvaient se comparer qu'à de la nacre ternie.

“ J'ai peur, me dit-elle en se penchant à mon oreille.

- Vous pouvez parler, répondis-je. Il entend très difficilement.

- Vous le connaissez donc ?

- Oui. ” Elle s'enhardit alors assez pour examiner pendant un moment cette créature sans nom dans le langage humain, forme sans substance, être sans vie, ou vie sans action. Elle était sous le charme de cette craintive curiosité qui pousse les femmes à se procurer des émotions dangereuses, à voir des tigres enchaînés, à regarder des boas, en s'effrayant, de n'en être séparées qui par de faibles barrières. Quoique le petit vieillard eût le dos courbé comme celui d'un journalier, on s'apercevait facilement que sa taille avait dû être ordinaire. Son excessive maigreur, la délicatesse de ses membres, prouvaient que ses proportions étaient toujours restées sveltes. Il portait une culotte de soie noire, qui flottait autour de ses cuisses décharnées en décrivant des plis comme une voile abattue. Un anatomiste eût reconnu soudain les symptômes d'une affreuse étisie en voyant les petites jambes qui servaient à soutenir ce corps étrange. Vous eussiez dit de deux os mis en croix sur une tombe. Un sentiment de profonde horreur pour l'homme saisissait le coeur quand une fatale attention vous dévoilait les marques imprimées par la décrépitude à cette casuelle machine. L'inconnu portait un gilet blanc, brodé d'or, à l'ancienne mode, et son linge était d'une blancheur éclatante. Un jabot de dentelle d'Angleterre assez roux, dont la richesse eût été enviée par une reine, formait des ruches jaunes sur sa poitrine ; mais sur lui cette dentelle était plutôt un haillon qu'un ornement. Au milieu de ce jabot, un diamant d'une valeur incalculable scintillait comme le soleil.

Ce luxe suranné, ce trésor intrinsèque et sans goût, faisaient encore mieux ressortir la figure de cet être bizarre. Le cadre était digne du portrait. Ce visage noir était anguleux et creusé dans tous les sens.

Le menton était creux ; les tempes étaient creuses ; les yeux étaient perdus en de jaunâtres orbites. Les os maxillaires, rendus saillants par une maigreur indescriptible, dessinaient des cavités au milieu de chaque joue. Ces gibbosités, plus ou moins éclairées par les lumières, produisirent des ombres et des reflets curieux qui achevaient d'ôter à ce visage les caractères de la face humaine. Puis les années avaient si fortement collé sur les os la peau jaune et fine de ce visage qu'elle y décrivait partout une multitude de rides ou circulaires, comme les replis de l'eau troublée par un caillou que jette un enfant, ou étoilées comme une fêlure de vitre, mais toujours profondes et aussi pressées que les feuillets dans la tranche d'un livre. Quelques vieillards nous présentent souvent des portraits plus hideux ; mais ce qui contribuait le plus à donner l'apparence d'une création artificielle au spectre survenu devant nous, était le rouge et le blanc dont il reluisait. Les sourcils de son masque recevaient de la lumière un lustre qui révélait une peinture très bien exécutée. Heureusement pour la vue attristée de tant de ruines, son crâne cadavéreux était caché sous une perruque blonde dont les boucles innombrables trahissaient une prétention extraordinaire. Du reste, la coquetterie féminine de ce personnage fantasmagorique était assez énergiquement annoncée par les boucles d'or qui pendaient à ses oreilles, par les anneaux dont les admirables pierreries brillaient à ses doigts ossifiés, et par une chaîne de montre qui scintillait comme les chatons d'une rivière au cou d'une femme. Enfin, cette espèce d'idole japonaise conservait sur ses lèvres bleuâtres un rire fixe et arrêté, un rire implacable et goguenard, comme celui d'une tête de mort. Silencieuse, immobile autant qu'une statue, elle exhalait l'odeur musquée des vieilles robes que les héritiers d'une duchesse exhument de ses tiroirs pendant un inventaire. Si le vieillard tournait ]es yeux vers l'assemblée, il semblait que les mouvements de ces globes incapables de réfléchir une lueur se fussent accomplis par un artifice imperceptible ; et quand les yeux s'arrêtaient, celui qui les examinait finissait par douter qu'ils eussent remué.

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Sarrasine : Partie 5

Quelles sont les œuvres d'Honoré de Balzac ?
C'est important de prendre le temps de lire durant la journée !

Voir, auprès de ces débris humains, une jeune femme dont le cou, les bras et le corsage étaient nus et blancs ; dont les formes pleines et verdoyantes de beauté, dont les cheveux bien plantés sur un front d'albâtre inspiraient l'amour, dont les yeux ne recevaient pas, mais répandaient la lumière, qui était suave, fraîche, et dont les boucles vaporeuses, dont l'haleine embaumée semblaient trop lourdes, trop dures, trop puissantes pour cette ombre, pour cet homme en poussière ; ah ! c'était bien la mort et la vie, ma pensée, une arabesque imaginaire, une chimère hideuse à moitié, divinement femelle par le corsage.

“ Il y a pourtant de ces mariages-là qui s'accomplissent assez souvent dans le monde ”, me dis-je.

“ Il sent le cimetière ”, s'écria la jeune femme épouvantée qui me pressa comme pour s'assurer de ma protection, et dont les mouvements tumultueux me dirent qu'elle avait grand-peur. “ C'est une horrible vision, reprit-elle, je ne saurais rester là plus longtemps. Si je le regarde encore, je croirai que la mort elle-même est venue me chercher. Mais vit-il ? ” Elle porta la main sur le phénomène avec cette hardiesse que les femmes puisent dans la violence de leur désirs ; mais une sueur froide sortit de ses pores, car aussitôt qu'elle eut touché le vieillard, elle entendit un cri semblable à celui d'une crécelle. Cette aigre voix, si c'était une voix, s'échappa d'un gosier presque desséché. Puis à cette clameur succéda vivement une petite toux d'enfant, convulsive et d'une sonorité particulière. À ce bruit, Marianina, Filippo et Mme de Lanty jetèrent les yeux sur nous, et leurs regards furent comme des éclairs. La jeune femme aurait voulu être au font de la Seine. Elle prit mon bras et m'entraîna vers un boudoir. Hommes et femmes, tout le monde nous une place. Parvenus au fond des appartements de réception, nous entrâmes dans un petit cabinet demi-circulaire. Ma compagne se jeta sur un divan, palpitan d'effroi, sans savoir où elle était.

“ Madame, vous êtes folle, lui dis-je.

- Mais, reprit-elle après un moment de silence pendant lequel je l'admirai, est-ce ma faute ? Pour quoi Mme de Lanty laisse-t-elle errer des revenant dans son hôtel ?

- Allons, répondis-je, vous imitez les sots. Vous prenez un petit vieillard pour un spectre.

- Taisez-vous ”, répliqua-t-elle avec cet air imposant et railleur que toutes les femmes savent si bien prendre quand elles veulent avoir raison. “ Le joli boudoir ; s'écria-t-elle en regardant autour d'elle. Le satin bleu fait toujours à merveille en tenture. Est-ce frais ; Ah ! le beau tableau ! ” ajouta-t-elle en se levant, et allant se mettre en face d'une toile magnifiquement encadrée.

Nous restâmes pendant un moment dans la contemplation de cette merveille, qui semblait due à quelque pinceau surnaturel. Le tableau représentait Adonis étendu sur une peau de lion. La lampe suspendue au milieu du boudoir, et contenue dans un vase d'albâtre, illuminait alors cette toile d'une lueur douce qui nous permit de saisir toutes les beautés de la peinture.

“ Un être si parfait existe-t-il Il ” me demanda-t-elle après avoir examiné, non sans un doux sourire de contentement, la grâce exquise des contours, la pose, la couleur, les cheveux, tout enfin.

“ Il est trop beau pour un homme ”, ajouta-t-elle après un examen pareil à celui qu'elle aurait fait d'une rivale.

Oh ! comme je ressentis alors les atteintes de cette jalousie à laquelle un poète avait essayé vainement de me faire croire ! la jalousie des gravures, des tableaux, des statues, où les artistes exagèrent la beauté humaine par suite de la doctrine qui les porte à tout idéaliser.

“ C'est un portrait, lui répondis-je. Il est dû au talent de Vien. Mais ce grand peintre n'a jamais vu l'original, et votre admiration sera moins vive peut être quand vous saurez que cette académie a été fait d'après une statue de femme.

- Mais qui est-ce ? ” J'hésitai.

“ Je veux le savoir, ajouta-t -elle vivement.

- Je crois, lui dis-je, que cet Adonis représente un.., un... un parent de Mme de Lanty. ” J'eus la douleur de la voir abîmée dans la contemplation de cette figure. Elle s'assit en silence, je me mis auprès d'elle, et lui pris la main sans qu'elle s'en aperçût ! oublié pour un portrait ! En ce moment le bruit léger des pas d'une femme dont la robe frémissait retentit dans le silence. Nous vîmes entrer la jeune Marianina, plus brillante encore par son expression d'innocence que par sa grâce et par sa fraîche toilette elle marchait alors lentement, et tenait avec un soir maternel, avec une filiale sollicitude, le spectre habillé qui nous avait fait fuir du salon de musique ; elle le conduisit en le regardant avec une espèce d'inquiétude posant lentement ses pieds débiles. Tous deux, ils arrivèrent assez péniblement à une porte cachée dans la tenture. Là, Marianina frappa doucement. Aussitôt apparut, comme par magie, un grand homme sec, espèce de génie familier. Avant de confier le vieillard à ce gardien mystérieux, la jeune enfant baisa respectueusement le cadavre ambulant, et sa chaste caresse ne fut pas exempte de cette câlinerie gracieuse dont le secret appartient à quelques femmes privilégiées.

“ Addio, addio ! ” disait.-elle avec les inflexions les plus jolies de sa jeune voix.

Elle ajouta même sur la dernière syllabe une roulade admirablement bien exécutée, mais à voix basse, et comme pour peindre l'effusion de son coeur par une expression poétique, le vieillard, frappé subitement par quelque souvenir, resta sur le seuil de ce réduit secret. Nous entendîmes alors, grâce à un profond silence, le soupir lourd qui sortit de sa poitrine : il tira la plus belle des bagues dont ses doigts de squelette étaient chargés, et la plaça dans le sein de Marianina.

La jeune folle se mit à rire, reprit la bague, la glissa par-dessus son gant à l'un de ses doigts, et s'élança vivement vers le salon, où retentirent à ce moment les préludes d'une contredanse. Elle nous aperçut.

“ Ah ! vous étiez là ! ” dit-elle en rougissant.

Après nous avoir regardés comme pour nous interroger, elle courut à soit danseur avec l'insouciante pétulance de son âge.

“ Qu'est-ce que cela veut dire ? me demanda ma jeune partenaire. Est-ce son mari ? Je crois rêver. Où suis-je ?

- Vous ! répondis-je, vous, madame, qui êtes exaltée et qui, comprenant si bien les émotions les plus imperceptibles, savez cultiver dans un coeur d'homme le plus délicat des sentiments, sans le flétrir, sans le briser dès le premier jour, vous qui avez pitié des peines du coeur et qui à l'esprit d'une Parisienne joignez un âme passionnée digne de l'Italie ou de l'Espagne... ” Elle vit bien que mon langage était empreint d'un ironie amère ; et, alors, sans avoir l'air d'y prendre garde, elle m'interrompit pour dire : “ Oh ! vous le faites à votre goût. Singulière tyrannie ! Vous voulez que je ne sois pas moi.

Sarrasine : Partie 6

Comment lire la nouvelle Sarrasine de Balzac ?
Sarrasine est l'une des nouvelles les plus connues de l'auteur !

- Oh ! je ne veux rien, m'écriai-je épouvanté à son attitude sévère. Au moins est-il vrai que vous aimez à entendre raconter l'histoire de ces passion énergiques enfantées dans nos coeurs par les ravissantes femmes du Midi ?

- Oui. Hé bien ?

- Hé bien, j'irai demain soir chez vous vers neuf heures, et je vous révélerai ce mystère.

- Non, répondit-elle d'un air mutin, je veux l'apprendre sur-le-champ.

- Vous ne m'avez pas encore donné le droit de vous obéir quand vous dites : "Je veux. "

- En ce moment, répondit-elle avec une coquetterie désespérante, j'ai le plus vif désir de connaître ce secret. Demain, je ne vous écouterai peut-être pas...

Elle sourit, et nous nous séparâmes ; elle toujours aussi fière, aussi rude, et moi toujours aussi ridicule en ce moment que toujours. Elle eut l'audace de valser avec un jeune aide de camp, et je restai tour à tour lâché, boudeur, admirant, amant, jaloux.

“ À demain ”, me fît-elle vers deux heures du matin, quand elle sortit du bal.

“ Je n'irai pas, pensais-je, et je t'abandonne. Tu es plus capricieuse, plus fantasque mille fois peut-être... que mon imagination. ” Le lendemain, nous étions devant un bon feu, dans un petit salon élégant., assis tous deux ; elle sur une causeuse ; moi, sur des coussins, presque à ses pieds, et mon oeil sous le sien, la rue était silencieuse. La lampe jetait une clarté douce. C'était une de ces soirées délicieuses à l'âme, un de ces moments qui ne s'oublient jamais, une de ces heures passées dans la paix et le désir, et dont, plus tard, le charme est toujours un sujet de regret, même quand nous nous trouvons plus heureux. Qui peut effacer la vive empreinte des premières sollicitations de l'amour ?

“ Allons, dit-elle, j'écoute.

- Mais je n'ose commencer. L'aventure a des passages dangereux pour le narrateur. Si je m'enthousiasme, vous me ferez taire.

- Parlez.

- J'obéis.

- Ernest-Jean Sarrasine était le seul fils d'un procurent de la Franche-Comté, repris-je après une pause. Son père avait assez loyalement gagné six à huit milles livres de rente, fortune de pratricien qui, jadis, en province, passait pour colossale. Le vieux maître Sarrasine, n'ayant qu'un enfant, ne voulut. rien négliger pour son éducation, il espérait en faire un magistrat, et vivre assez longtemps pour voir, dans ses vieux jours, le petit-fils de Matthieu Sarrasine, laboureur au pays de Saint-Dié, s'asseoir sur les lys et dormir à l'audience pour la plus grande gloire du Parlement ; mais le ciel ne réservait pas cette joie au procureur. Le jeune Sarrasine, confié de bonne heure aux jésuites, donna les preuves d'une turbulence peu commune. Il eu l'enfance d'un homme de talent. Il ne voulait étudier à sa guise, se révoltait souvent, et restait parfois des heures entières plongé dans de confuses méditations.

“ occupé, tantôt à contempler ses camarades quand ils jouaient, tantôt à se représenter les héros d'Homère Puis, s'il lui arrivait de se divertir, il mettait une ardeur extraordinaire dans ses jeux. Lorsqu'une lutte s'éleva entre un camarade et lui, rarement le combat finissa sans qu'il y eût du sang répandu. S'il était le plus faible, il mordait, Tour à tour agissant ou passif, sans aptitude ou trop intelligent, son caractère bizarre le fit redouter de ses maîtres autant que de ses camarade, Au lieu d'apprendre les éléments de la langue grecque il dessinait le rêvèrent père qui leur expliquait un passage de Thucydide, croquait le maître de mathématiques, le préfet, les valets, le correcteur, et barbouillait tous les murs d'esquisses informes. Au lieu de chanter [es louanges du Seigneur à l'église, il s'amusait, pendant les offices, à déchiqueter un banc ; ou quand il avait volé quelque morceau de bois, il sculptait quelque figure de sainte. Si le bois, la pierre ou le crayon lui manquaient, il rendait ses idées avec de la mie de pain.

soit qu'il copiât les personnages des tableaux qui garnissaient le choeur, soit qu'il improvisât, il laissait toujours à sa place de grossières ébauches, dont le caractère licencieux désespérait les plus jeunes pères ; et les médisants prétendaient que les vieux jésuites en souriaient.

Enfin, s'il faut en croire la chronique du collège, il fut chassé pour avoir, en attentant sort tour au confessionnal, un vendredi saint, sculpté une grosse bûche en forme de Christ. L'impiété gravée sur cette statue était trop forte pour ne pas attirer un châtiment à l'artiste.

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Mathieu

Professeur d'histoire, de français et d'anglais dans le secondaire et le supérieur. J'aime la littérature, les jeux vidéo et la tartiflette. La dalle angevine me donne soif de savoirs !